Paradoxal hommage aux Médias Catholiques

Depuis des années, les Médias Catholiques font un effort pour se professionnaliser. Leur directeur, le diacre Luc Tielemans y travaille avec acharnement et ses efforts commencent à payer. Depuis peu, Jean-Jacques Durré – un journaliste chevronné – pilote la rédaction. Sous son égide, les Médias Catholiques développent une ligne éditoriale précise et la signature médiatique en sort renforcée. Le fait qu’une attaque informatique concertée ait mis à terre leur site Catho.be à l’approche de Pâques, constitue un acte lâche et un déni du droit à la libre expression. Il s’agit surtout d’un paradoxal hommage aux médias catholiques. Cet organe de presse (Catho, Cathobel, Dimanche,…) commence à compter et à se faire entendre sur la place publique. Les Médias Catholiques font donc peur à d’aucuns. Ceux-ci veulent les faire taire… comme on fit taire le Christ.

Passage à vie – Le Vif 12 avril p.56

Cette semaine sainte est parue ma première chronique dans l’hebdo Le Vif/l’Express, sous le titre générique « l’Esprit du temps ».
Elle traite tout naturellement de Pâques. Je veille cependant à ne pas oublier que je m’adresse dans cet hebdomadaire à un public fortement pluraliste.
Vous pouvez lire ce que j’ai écrit en cliquant sur le lien suivant :  Passage à vie.

Merci à la rédaction du Vif de m’offrir cet espace d’expression.

Un millier de participants au chemin de croix dans les rues de Liège

C’est sous un soleil de printemps que se vécut le chemin de croix dans les rues de Liège de ce vendredi 6 avril – vendredi saint. Présidé par Mgr Jousten, évêque de Liège, il rassembla – selon les chiffres de la police – un milliers de participants. Parmi la foule, des enfants, des jeunes, des parents et des grands-parents. Nombre de prêtres, diacres, religieux et religieuses, aussi. Quelques élus du peuple étaient présents.

Le chemin de croix a débuté en l’église Saint-Pholien, a fait un arrêt sur la place Saint-Lambert et s’est achevé à la cathédrale. C’est là que Mgr Jousten présida l’office du vendredi saint dans une cathédrale bondée, comme aux grands jours.

 

 

RTBF, Archevêque et scénarisation

Les lecteurs habitués s’en sont rendus compte – du moins je l’espère :  ce blog n’aime pas les règlements de compte. Il vise, par contre, à offrir un espace de réflexion sur l’Eglise et la société, en s’efforçant de débusquer des schémas de prêt-à-penser qui nous empêchent tous – et moi le premier – de vraiment faire bouger les choses dans la bonne direction.

C’est à cet effet que j’invite chacun à se pencher sur cette dépêche de deux journalistes de la RTBF. En février, ils avaient fait une séquence sur un professeur flamand de droit constitutionnel aux Facultés Universitaires de Namur, qui est un proche conseiller de la NVA. Deux mois plus tard, l’hebdomadaire flamand Knack, relayé par  le quotidien De Standaard en font une affaire médiatique : la RTBF sèmerait à nouveau la haine envers la Flandre. Dans leur dépêche, les deux journalistes s’étonnent de ce que leur sujet fasse problème plusieurs semaines après diffusion. Ils invitent chaque lecteur à aller voir la séquence, afin de se faire une opinion sur l’éventuelle partialité du sujet. Allez écouter la bande son de l’interview du directeur de la rédaction, Jean-Pierre Jacqmin. Celui-ci renchérit en s’irritant du fait qu’au nord du pays, des personnes qui n’ont même pas vu le sujet incriminé, n’en ratent pas une pour « tacler » la RTBF.

J’ai regardé la séquence et – aussi loin que je puisse en juger – il n’y a pas de quoi fouetter un chat. D’ailleurs, les deux journalistes en question sont d’excellents professionnels. Alors, pourquoi pareille poussée de fièvre au nord du pays ? Tout simplement de parce qu’en Flandre, la RTBF fait désormais partie de la « scénarisation médiatique ». Elle représente – symboliquement – au yeux d’un certain public flamand, le reflet d’une Belgique francophone méprisante à son égard. Cela n’est pas forcément conforme à la réalité, mais n’en reste pas moins médiatiquement très efficace : renforcer les clichés simplifie la lisibilité des enjeux.

Remplacez « RTBF » par « Mgr Léonard » et voyons ce que cela donne… Combien de fois, étant porte-parole des évêques ou après,  ne me suis-je pas étonné – voire énervé – de ce que des médias (RTBF en tête) se saisissent d’une petite phrase d’un livre de l’archevêque que, à peu près personne n’avait lu ou même vu dans les rédactions, pour – plusieurs mois après publication – en faire une nouvelle « affaire Léonard » ? Mes réactions de dépit face à ces poussées de fièvre à répétition, font en sorte que je comprends la réaction du jour de Jean-Pierre Jacqmin : ses mots auraient pu être les miens.

Pourquoi ces attaques contre l’archevêque ? Certains disent qu’il le cherche. Mais non. Certaines formules sont peut-être moins heureuses, mais je pense que la raison principale se trouve, une fois de plus, du côté d’une « scénarisation médiatique », même pas totalement consciente: Mgr Léonard représente – symboliquement – pour une certaine société belge, l’archétype d’un monde que mai ’68 a voulu clore. Donc, on lui fait assumer des propos-clichés, pour mieux s’en indigner en choeur. « L’archevêque dénigrerait telles minorités. Il stigmatiserait certains malades. Il s’en prendrait même au parlement ».  Pourtant, même les libres-exaministes les plus pointus qui ont débattu avec l’homme d’Eglise, reconnaissent qu’il vaut bien mieux que les clichés médiatiques répandus sur son compte. Mais ces poussées de fièvre n’en restent pas moins médiatiquement très efficaces : renforcer les clichés simplifie la lisibilité des enjeux.

Voilà pourquoi, je crains que des « affaires Léonard » éclateront encore.
… Tout comme des « affaires RTBF » au nord du pays.

 

 

 

 

 

Chemin de croix dans les rues de Liège

Vendredi 6 avril, c’est vendredi saint. Les chrétiens font mémoire de la mort de Jésus sur la croix, deux jours avant de fêter sa résurrection à Pâques. A cette occasion, la « Pastorale Urbaine » qui organise diverses animations pour les catholiques de Liège, renoue avec une antique tradition : organiser un chemin de croix dans les rues de la ville. Chapeauté par les doyens des deux rives de la ville (Rive-droite, doyen Jean-Pierre Pire et rive-gauche, doyen Eric de Beukelaer), il sera présidé par Mgr Aloys Jousten, évêque de Liège.  Le chemin de croix partira à 18h de l’église Saint-Pholien pour arriver à 19h à la Cathédrale. Les marcheurs suivront symboliquement une grande croix et porteront des cierges. Des intentions seront présentées par des représentants des paroisses et des mouvements (comme Sant’Egidio), mais aussi de la société civile (le monde de la justice, le MOC, le monde scolaire, les mouvements de jeunesse, les victimes de la violence, les étrangers,…) L’événement s’adresse à un large public. Chacun peut librement y participer: Liégeois ou non, jeune ou aîné, croyant ou peu, pratiquant ou pas. Le chemin de croix est une prière par les pieds. C’est un message d’amour universel qui s’adresse bien au-delà des habitués des églises. La Pastorale Urbaine remercie l’administration communale et les forces de police. Grâce à leur aimable collaboration, pareille démarche a pu s’organiser dans d’excellentes conditions.

Pourquoi organiser cela? Un chemin de croix est une démarche populaire. En sortant de leurs églises, les catholiques veulent aller à la rencontre de tous les Liégeois et porter le message de Pâques au cœur même de la Cité. Le chemin de croix symbolise la souffrance innocente, mais aussi la victoire de l’amour sur toute forme de violence. Voilà pourquoi, un arrêt est prévu sur la place Saint-Lambert, lieu du martyr de l’évêque Saint-Lambert, mais aussi en mémoire des victimes de la tuerie de décembre dernier, sans oublier le drame de la rue Léopold et les petites victimes du terrible accident de Sierre.

Ensuite : Les participants au chemin de croix seront ensuite invités à prolonger leur démarche en participant à l’office du vendredi saint présidé par l’évêque à 19h à la cathédrale. Comme le Vendredi Saint est le jour par excellence pour reconnaître notre imperfection humaine, au terme de l’office celles et ceux qui souhaitent pourront recevoir le sacrement du pardon (la confession).

Concrètement : RDV à Saint-Pholien le vendredi 6 avril à partir de 17h30. Chemin de croix dans les rues de Liège entre 18h à 19h. Pour ceux qui le souhaitent : office à la cathédrale de 19h à 20h15, suivi d’un temps libre pour les confessions jusque 21h15.

Déroulement :

  • 18h, Saint-Pholien : courte lecture de la passion du Christ, courte monition de l’évêque, trois intentions : paroisses rive-droite (prière pour les désespérés de la vie), paroisses rive-gauche (prière pour les malades et handicapés), communauté Sant Egidio (prière pour les démunis économiques)
  • Marche vers la place S.Lambert en passant par la rue Neuvice (chants et méditations).
  • Place Saint-Lambert : courte lecture de la passion du Christ, courte monition de l’évêque, quatre intentions : directeur d’école (prière pour le monde scolaire face à la violence), un scout (prière pour les mouvements de jeunesse au service de la paix), un avocat (prière pour la justice en face du palais de justice), une victime de la violence de décembre dernier (prière pour les victimes).
  • Marche vers la cathédrale en passant par Vinave d’Île (chants et méditations).
  • Vierge Delcour : courte lecture de la passion du Christ, courte monition de l’évêque, trois intentions : MOC (économie à visage humain), Union royale des étudiants catholiques (les jeunes face à l’avenir), la communauté africaine (accueil des étrangers)
  • 19h Entrée dans la cathédrale pour l’office du vendredi saint.

VENEZ NOMBREUX!

 

Scoop – une collégiale majeure de Liège bientôt réaffectée

En ce 1er avril, la nouvelle fait l’effet d’une bombe dans la Cité ardente : par déclaration commune, l’échevin Omar Al’Armorikên et le représentant de l’évêché, l’abbé Louga, ont annoncé qu’une des plus anciennes collégiales de Liège serait bientôt réaffectée. En effet, l’Aquarium de Liège cherchait un endroit pour s’étendre. Ce sera bientôt chose faite par la transformation d’une des plus vénérables collégiales liégeoises en bassin pour requins.

Comme le souligne l’échevin, ceci aura une double utilité : celle de permettre aux squales d’admirer la ville à travers les vitraux, mais aussi celle de servir de piscine pour étudiants en finance – histoire de leur donner un avant-goût de leur future vie professionnelle.

« Que du bonheur ! » renchérit l’abbé. « Nous pensons utiliser des chanoines pour nourrir ces petites bêtes, quitte à offrir l’un ou l’autre d’entre eux en pâture – histoire de veiller à un renouvellement écologique des effectifs du chapitre cathédrale. Comme cela se fera par tirage au sort et que – si on en croit  la chanson du petit navire – le sort tombe invariablement sur le plus jeune, tout le monde sera gagnant, surtout les internautes qui n’auront plus à perdre leur temps en lisant de bêtes articles sur ce blog ».

 

 

L’avenir des églises

Le dossier paru ce jeudi 29 mars dans les pages du quotidien « l’Avenir » traite avec pertinence de la gestion des bâtiments d’église.
Il s’agit d’une question délicate et brûlante. En la matière il est à peu près impossible de proposer quelque chose sans se faire critiquer. Entre le « moi vivant, rien ne changera » et le « virez-moi tous ces curés qui pompent l’argent public », il y a pourtant nombre de nuances à manier.

Constats :
Oui – Entre 1800  et 1960, le nombre d’églises a triplé en Belgique. Il s’agissait d’accompagner l’évolution démographique d’une population qui comptait encore, jusqu’en 1968, 95% de baptisés catholiques.
Oui – la pratique du culte régulier est en baisse dans l’église catholique et les églises sont donc moins utilisées.
Non – une église ne sert pas qu’à célébrer des Eucharisties. Elle est un lieu de prière, de mémoire, de silence – voire de simple respiration hors du brouhaha quotidien.
Non – une église n’est pas réservée aux catholiques pratiquants. Elle accueille tous ceux et celles qui y entrent : catholique ou non, croyant ou mécréant, jeune ou vieux, etc.

La sécularisation et le pluralisme religieux changent la donne quant au patrimoine immobilier catholique. Il est donc normal que le sujet fasse débat et que le pouvoir politique s’en saisisse. Surtout en temps de récession économique, où chaque denier d’argent publique doit être justifié. Mais le faire en lorgnant exclusivement vers les statistiques de pratique dominicale, est totalement hors propos.

Reste une question d’importance : une église qui reste fermée en-dehors des heures de culte, est une église qui sommeille. Il faut donc tout faire pour les garder ouvertes. Si elles ont un sacristain rémunéré ou bénévole, cela est évidemment plus facile. A défaut, pourquoi ne pas créer une chaine de pensionnés bénévoles, assurant des permanences de surveillance ? Avec un fond de musique religieuse pour que les passants se sentent accueillis, je peux assurer que les visiteurs ne manqueront pas. Il existe des associations qui peuvent aider les communautés paroissiales à faire vivre leurs lieux de culte. Ainsi, www.eglisesouvertes.be – qui fait un travail remarquable.

Distinction entre les églises:
En schématisant à l’extrême, je dirais qu’il existe trois types d’églises :
Il y a les églises qui recèlent un patrimoine artistique exceptionnel. Dans l’unité pastorale au cœur de Liège dont je suis le curé, il y a quatre collégiales millénaires. Elles font la fierté des Liégeois et sont un des arguments majeurs de l’attrait touristique de la Cité ardente. Si elles n’étaient plus, du moins partiellement, consacrées à leur raison d’être – qui est le culte – elles perdraient une bonne part de cet aura. Bref, sauf situation exceptionnelle, désacraliser de tels joyaux serait néfaste pour les finances publiques. Les désaffecter impliquerait de devoir continuer à les entretenir pour un rayonnement moindre. Cela coûterait donc plus cher en rapportant moins. Sauf arguments idéologiques anticléricaux, comment justifier pareille option ?

A l’autre bout de la chaine, il y a les églises de villages. Elles forment le cœur géographique d’une communauté humaine. Les détruire ou les désaffecter, éventrerait l’urbanisme campagnard. Bonne chance à celui qui voudrait convaincre les villageois de le faire. Tout au plus, peut-on songer en concertation avec la fabrique d’église, à ce qu’elles accueillent avec prudence d’autres activités, respectueuses du culte. Et si une église de village trop endommagée doit être démolie, je pense qu’il convient d’y reconstruire ne fut-ce qu’une petit chapelle.

Enfin, il y a toutes les « autres » églises. Il s’agit, soit de lieux de culte appartenant à un collège ou à un couvent, soit d’églises de faubourgs. La plupart sont néogothiques et datent du 19° siècle ou de la première moitié du 20° siècle. Certaines aussi, ont été construite dans le style « froid béton » de la seconde moitié du 20e siècle. Ici, une discussion peut s’engager. Si elles n’ont plus d’utilité pastorale et que leur état est déficient, faut-il toutes les garder ? Personnellement, je suis d’avis que – si une église est devenue un fardeau et n’a plus de réelle utilité religieuse – le mieux est de la démolir. La réaffectation ne s’impose que quand le bâtiment garde un caractère architectural suffisant et que la nouvelle utilisation ne choquera pas. Pour ce type d’église, la politique du pourrissement ou du fait accompli, est néfaste. Au contraire, une vaste concertation entre les autorités publiques, l’évêché et les populations concernées s’impose.

Une ultime remarque cependant : la culture latine est plus sensible aux symboles que les pays germaniques ou anglo-saxons. Il s’agit d’en tenir compte en cas de réaffectation d’un lieu de culte. Une église devenue bibliothèque – cela passe sous nos contrées. Une église transformée en bar – comme en Ecosse ou aux Pays-Bas – choquera. Petite expérience personnelle : j’ai été curé d’une paroisse où une grange avait jadis servi de chapelle. Une fois l’église paroissiale construite, cette grange était devenue la salle paroissiale. A chaque fête de mouvement de jeunesse, je recevais les remarques acerbes de voisins qui ne fréquentaient jamais la paroisse et ignoraient donc qu’il ne s’agissait plus d’un lieu de culte. C’étaient inlassablement  les mêmes doléances : « j’ai beau ne pas être croyant et même anticlérical, cela me choque qu’une église serve de salle de bal ! » Messieurs les élus du peuple, si vous tenez à garder vos électeurs, n’oubliez pas mon conseil : soyez prudents avant d’accepter un projet de réaffectation de lieu de culte.  

Fabriques d’église :
Les responsables catholiques ne me semblent pas opposés à une modernisation de la législation sur les fabriques d’église. Une certaine fusion des fabriques d’église (par commune ?) pourrait être une piste de solution. Pareil regroupement serait utile pour aider nombre de petites fabriques qui aujourd’hui sont déficientes par manque de bénévoles. Cela permettrait, en outre, là où cela s’impose, d’engager un régisseur, payé sur le budget de fabrique. Ceci, en vue d’une gestion plus efficace et moins lourde pour les trésoriers de fabrique. Enfin, si certaines églises sont devenues une charge inutile, une fabrique regroupée sera la plus apte à suggérer la désacralisation, en dialogue avec les autorités ecclésiales et communales.
Cependant, si on ne veut pas former un mammouth déconnecté de la population locale, il est tout aussi important de conserver le caractère de proximité du soin pour les églises. Donc, toute centralisation des fabriques doit être intelligemment dosée avec des antennes locales. La force publique perdrait sinon l’engagement efficace et généreux de nombreux bénévoles. Et les remplacer par des fonctionnaires payés, ferait exploser le budget des cultes.

Je pense que le politique se tromperait en privant les fabriques du pouvoir de décision sur le budget des églises, au profit des administrations communales. Si le bourgmestre – ou son échevin délégué – siège au conseil de fabrique, comme cela est prévu (mais peu mis en œuvre), l’autorité communale a les moyens de faire connaître ses priorités au conseil de fabrique. De plus, les décisions des conseils de fabriques sont soumises à la tutelle conjointe de la Province et de l’Evêché, sans oublier les autorisations particulières à demander à la Région pour des actes de gestion extraordinaire. Changer ce mode de fonctionnement qui responsabilise les fabriques d’église, serait faire un mauvais calcul. Le rôle d’un conseil de fabrique peut, en effet, être comparé à celui d’un Pouvoir Organisateur (PO) dans une école du réseau libre. Or, le système de gestion d’une école par un PO a démontré son efficacité et son caractère économe. Il en va de même pour les fabriques d’église : comme les PO, elles reposent sur l’engagement bénévole de citoyens et représentent donc une économie substantielle pour les finances publiques.

« Je l’aime à mourir » – Dimanche des Rameaux et de la Passion, Année B

« La sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte: Eloï, Eloï, lama sabachthani? ce qui signifie: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? (…) Jésus, ayant poussé un grand cri, expira. Le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le centenier, qui était en face de Jésus, voyant qu’il avait expiré de la sorte, dit: Assurément, cet homme était Fils de Dieu.». (Marc 14, 1-15, 47. Marc 15, 1-39)

Avec le dimanche des Rameaux débute la « Semaine Sainte », c’est-à-dire la sainte semaine des chrétiens. La semaine où est résumé tout le mystère de notre foi en un Dieu qui aime l’humanité à en mourir. De cet Amour fou qui transfigure nos péchés, les rameaux qui orneront les crucifix de nos maisons, sont le rappel tout au long de l’année.

Ne vivons pas cette semaine de façon distraite. Si nous le pouvons, participons aux offices de la semaine sainte et au chemin de croix dans les rues de Liège. Ainsi, nous retrouverons-nous pour célébrer la Pâques du Christ avec un cœur de ressuscité.

Ma’am… – La Libre 27 mars p.55

Ce mardi 27 mars ma chronique du mois a été publiée en p.55 du quotidien La Libre.

Il me fut demandé de diversifier mes thèmes de réflexion. J’ai donc profité du jubilé de diamant de la « Queen » pour réfléchir sur la différence entre monarchie constitutionnelle et république démocratique.

Vous pouvez lire cette chronique en cliquant sur le lien suivant : Ma’am…

Merci à la rédaction de La Libre de m’offrir cet espace d’expression.

Avortement blabla

La démocratie – comme enceinte de débat face à des idées qui ne sont pas les nôtres – ne nous est pas connaturelle. Pour s’en assurer, il suffit de se trouver un beau jour au sein d’une minorité idéologique et puis d’analyser comment la « majorité bienpensante » vous traite. Quelqu’un qui en a fait les frais – dans un tout autre domaine – est l’ex-Ecolo Bernard Westphael. D’où sa conclusion : « Je pars sans réelle amertume (du parti Ecolo) car la politique est d’abord un rapport de force ».

Rapport de force ? Trop souvent oui. Celui qui vient remettre en question nos belles « certitudes » est un empêcheur de ronronner en rond. Il éveillera donc en nous une sourde violence. Votre serviteur n’est pas immunisé de ce réflexe de défense infantile. Farouche défenseur d’une attitude écologique responsable, j’ai souvent la tentation de me boucher les oreilles, plutôt que de débattre avec les climato-sceptiques. A tort, bien évidemment: le débat grandit ses protagonistes et – s’il n’est pas un dialogue de sourd – affine les analyses. Dans un autre ordre d’idée, c’est exactement ce qui arriva à l’ULB lors du chahut « Burqa blabla ». Caroline Fourest dérangeait. Plutôt que de débattre avec elle, il fallait l’empêcher de parler. D’où mon indignation répétée dans ce blog face à pareil chahut – moi qui suis tout sauf un fan de Madame Fourest.

Dans le cadre du débat sur l’avortement – où l’homme assez politiquement correct que je suis en général, a le malheur de se trouver pour une fois clairement dans le camp de la minorité idéologique – cela donne quelque chose de détonnant. De quoi s’agit-il dans ce débat ? D’une question de « curseur ». Où place-t-on le curseur du respect de la vie humaine à naître et pourquoi ? Je fais partie de ceux qui pensent que la vie humaine est trop précieuse pour placer un pareil curseur. La majorité dans ce pays n’est pas de cet avis. Bien. Débattons donc…

Catéchisme de ceux qui déclarent ne pas en avoir.
Débattre ? Pas si facile… Mis à part quelques voix respectueuses de la diversité dans le débat sur l’avortement – que je salue – l’approche de la 3° Marche pour la Vie de Bruxelles fut plutôt accueillie par des canonnades.

Ainsi cette carte blanche parue vendredi dernier dans les colonnes du Soir (pp.14-15), intitulée : « La loi sur l’avortement face aux discours totalitaires » . « Totalitaires »… ça commence bien : me voilà déjà assimilé à un fils spirituel de Goebbels. Passons au début de l’article : « L’évolution de nos sociétés oppose généralement deux tendances forcément antagonistes : les progressistes et les conservateurs. L’aile ultra des conservateurs se montre aujourd’hui prête à tout pour revenir sur des progrès qu’elle estime contraires à des valeurs du passé, présentées comme respectueuses de « la vie »… » Cela est curieux. Voilà des personnes qui se réclament du « relativisme philosophique » (chacun son choix de vie) et récusent toute vision « dogmatique » de l’histoire, mais qui scandent haut et fort que l’humanité se divise « urbi et orbi » en deux camps : les gentils (bref, les progressistes, c’est-à-dire ceux qui pensent comme eux) et les méchants (conservateurs… bref, ceux qui ne pensent pas comme eux – bref, moi). Mesdames et Messieurs les gentils, sur quel catéchisme basez-vous telle certitude péremptoire ?

Dans un style plus soft, mais nullement moins efficace, il y eut cette séquence du JT, qui commence par ce commentaire navré : «Aujourd’hui encore, le droit à l’avortement – un combat que l’on pouvait croire gagné, acquis, est encore remis en question ».

Même son de cloche chez les jeunes MR, parti cette fois de centre-droite: « Parallèlement, les Jeunes MR condamnent fermement la « Marche Pour la Vie » qui se déroulera ce dimanche à Bruxelles. Bien que défenseurs de la liberté d’expression, les Jeunes MR ne conçoivent pas qu’en 2012 encore, certains s’adonnent à autant de prosélytisme pour stigmatiser des milliers de femmes qui ont recours à l’avortement ». Bref, voilà des jeunes qui sont défenseurs de la liberté d’expression – seulement si on exprime ce qu’ils jugent concevable en 2012. Une fois de plus, au nom de quel catéchisme ?

Après le « Burqa blabla », voici « Avortement blabla ». Ce que les opposants au droit à l’avortement défendent – c’est-à-dire qu’il ne peut s’agir d’un « droit », mais tout au plus d’une transgression dépénalisée – est trop dérangeant. L’expression de leur opinion est donc balayée d’un revers de la main, du genre : « comment peut-on encore penser comme ça en 2012 ? », plutôt qu’accueillie au sein d’un débat aussi respectueux que musclé.

Moutons de Panurge
Non décidemment, la démocratie – comme enceinte de débat face à des idées qui ne sont pas les nôtres – ne nous est pas connaturelle. Le psychologue Pascal de Sutter s’en explique dans le Vif de cette semaine (p.58) : « Or les études de plusieurs psychologues-chercheurs ont démontré qu’en société l’être humain est d’un conformisme stupéfiant. Chaque sujet tente d’ajuster son opinion à ce qu’il pense être le consensus du groupe. Même si, au départ, il avait une opinion différente. Chacun aligne sa pensée à celle du groupe sans trop se soucier de savoir ce qui est vrai ou faux. Le cerveau de l’être humain semble programmé génétiquement pour favoriser ce que les psychologues nomment « la pensée de groupe ». Ce que l’on retrouve aussi sous les vocables de « pensée unique », de « prêt à penser »… ».  
Je ne pense pas que le professeur de Sutter partage mon point de vue sur l’avortement (mais au fond, je n’en sais rien), mais je crois qu’il serait de ceux qui accepteraient d’en débattre. Car tel est le prix de la démocratie.