Incendie de la mosquée Rida à Anderlecht – année 1433 de l’Hégire

Deux choses me frappent dans le drame de la mosquée shiite de Bruxelles :

La première, est la grande maturité démocratique de la communauté shiite de Belgique. Il y eut des appels au calme et au recueillement, ainsi que le souci de laisser la justice faire son travail. Voilà qui tranche avec certains clichés sur la jungle urbaine de souche musulmane.

La seconde chose que cet attentat révèle est un autre « choc des civilisations ». Non pas la guerre tant annoncée par d’aucuns entre les musulmans et le reste du monde, mais bien celle de musulmans entre eux. D’un côté les Syriens, les Irakiens, les Libanais et les Iraniens et de l’autre les insurgés syriens, les Qatari et nombre de sunnites de par le monde entier. Comparaison n’est pas raison, mais le calendrier musulman affiche l’an 1433 de l’Hégire. Dans le calendrier chrétien, le XVe siècle a vu advenir un réveil de l’identité chrétienne, mais aussi d’incessantes luttes intestines entre disciples du Christ – d’abord suite à la naissance des nations modernes et ensuite, de par la réforme protestante. Il serait abusif et gratuit de tirer comme conclusion que le XVe siècle musulman se calque sur le XVe siècle chrétien. Cependant, des traits communs existent : l’islam connaît également un réveil identitaire et celui-ci se vit au travers de dures luttes entre musulmans. Espérons seulement que – contrairement aux chrétiens –il ne faudra pas deux siècles aux disciples de Mohammed pour signer une paix durable.

Le livre « Jésus » de Jean-Christian Petitfils

Plus de 70000 exemplaires vendus, dont plus de 15000 en Belgique. Le livre « Jésus » de Jean-Christian Petitfils (éditeur Fayard) est un succès de librairie auquel sont peu habitués les spécialistes de la Bible. Aujourd’hui, il fut gratifié d’une pleine page dans le quotidien « le Soir » (p.15) – nullement moqueuse.

Suite à une interview de l’auteur dans « le Point », je suis justement en train de lire ce bouquin et ne suis pas déçu. Non, il ne s’agit pas d’un ouvrage de critique historique pointue. Mais ce n’est pas non plus une œuvre romancée ou un livre de piété. Petitfils est chrétien, mais écrit en historien. Seulement, il a l’audace de celui qui n’a pas à craindre le peer review (le regard des confrères). Ainsi, aucun exégète (théologien spécialiste de la Bible) ne baserait une partie de ses écrits sur le suaire de Turin. Petitfils, lui, ose.

Je ne dis pas que tout dans son livre est « parole d’évangile », mais son regard est rafraichissant. C’est un peu ce que j’exprimais dans mon dialogue sur l’économie mondiale avec Bruno Colmant (« La bourse et la vie » éd. Anthémis) : Quand l’économie est laissée au soin exclusif des économistes, quelque chose finit par coincer. Il faut y adjoindre le regard neuf et frais d’un outsider qui ramène à quelques évidences fondatrices. Les anglo-saxons appellent cela : to think out of the box.

Il en va de même pour les biographies de Jésus. Sans nullement discréditer les experts, il est bon et sain que des non-théologiens secouent quelque peu la poussière de l’érudition, afin de renouveler notre regard sur le Fils de l’Homme.

 

Fukushima…

Personne ne connaissait ce nom. Depuis, Fukushima est devenu aussi tristement célèbre que Tchernobyl. Il y a un an, je consacrais plusieurs billets à ce drame:  « courageux Japon », « het gevaar » (en néerlandais), « Godzilla » (dans les deux langues nationales) et, plus tard, « l’héroïsme ordinaire ».

Aujourd’hui, la désolation demeure au pays du soleil levant et les déchets suivent les courants du Pacifique. Le nucléaire fait encore un peu plus peur, mais quand il fait -15° chez nous en hiver, chacun se demande comment se payer du chauffage. Bref, les risques pour l’environnement sont connus, mais les choix à faire par nos politiques sont cornéliens. Que celui qui connaît la solution-miracle à ce dilemme, leur jette donc la première pierre.

Blog : un an déjà

Voilà, il est minuit. Nous sommes le 11 mars 2012. Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. Bref, il a tout juste un an. Avec une moyenne de 3300 visites par mois – soit 110 par jour – son impact n’est en rien comparable aux grands médias, mais il offre une plateforme de réflexion et de débat aux internautes qui me font l’honneur de me lire.

Qui sont mes lecteurs ? Quelques politiques et journalistes et puis surtout « un peu de tout » : cela va de catholiques convaincus à nombre d’agnostiques ou d‘athées. Pareille diversité me correspond. Parfois, je reçois des commentaires négatifs. Ceci n’est pas un souci et permet au contraire de faire avancer le débat. La seule chose qui m’indispose, c’est quand on joue l’homme. Pourquoi être agressif ou blessant, tout simplement parce qu’on n’est pas d’accord ?

L’impact de mes écrits ? Difficile de répondre. A quelques reprises, je fus cité par la presse écrite – ce qui est flatteur. Mais ce n’est pas le but. Ce qui me touche par-dessus tout, c’est quand je croise un de mes anciens scouts, ou même une personne que je ne connais pas et qui me lance : « je lis régulièrement ton blog ». Alors je me dis que le temps que je grignote sur mon sommeil quand j’alimente mon blog – c’est-à-dire après 23h – n’est pas du temps perdu et que, si Dieu veut, je pourrais bien signer pour une année de plus.

Merci à tous mes lecteurs. Ceux qui réagissent et ceux qui ne disent rien. Ceux qui sont réguliers et ceux qui ne font que passer. Ceux qui sont toujours d’accord et ceux qui sont souvent critiques. Bref, merci. Et rendez-vous d’ici quelques jours pour mon prochain ‘post’.

« Nettoyage de printemps » – 3e dimanche de Carême, Année B

« Il n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme : il connaissait par lui-même ce qu’il y a dans l’homme » (Jean 2, 13-25)

Le « doux Jésus » n’était pas mièvre. Il décide d’organiser un grand « nettoyage de printemps » dans le temple de Jérusalem et en chasse les marchands sans ménagement: « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic ! » En s’attaquant aux juteuses rentrées que ce commerce fournissait à la classe sacerdotale, le Nazaréen se fait de puissants ennemis. Ils seront à terme les premiers artisans de son élimination.

Quand on lui demande de justifier son acte, Jésus répond : « Détruisez ce temple et en trois jours,  je le relèverai ». Ses adversaires le trouvent présomptueux, mais ne comprennent pas que le nouveau temple – c’est le Christ. En effet, c’est en Lui que la présence du Père se manifeste pleinement.

Par notre baptême, nous faisons partie de ce corps spirituel du Christ qui est l’Eglise. Pourtant, notre cœur reste souvent un lieu de marchandage et de sombres trafics. Le Christ n’en est pas dupe car « Il connaît le cœur de l’homme ». Voilà pourquoi, son Esprit nous invite durant ce temps de carême à entreprendre – à notre tour – un grand nettoyage de printemps, afin de vivre la Pâques avec une âme qui soit plus authentiquement un temple digne de notre Père céleste.

Chapeau-bas, Mesdames !

Il me reste une heure pour écrire quelque chose sur la journée des femmes. Je pense évidemment à toutes celles que je côtoie chaque jour dans ma famille, parmi mes amis et en paroisse… Que serions-nous – les hommes – sans elles ?
Je voudrais aussi en distinguer quelques-unes. Non pas parce qu’elles sont exceptionnelles en tout, mais tout simplement parce qu’elles ont récemment dit ou fait quelque-chose qui m’a touché.

Je cite en premier lieu la ministre socialiste de l’Audiovisuel Fadila Laanan, qui a demandé l’avis du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) sur l’opportunité d’imposer un quota d’œuvres néerlandophones aux radios privées et publiques. « La présence de chansons néerlandophones sur les ondes des radios privées et publiques me paraît une bonne chose pour faire découvrir des artistes du nord du pays et habituer notre oreille à une autre langue nationale », a déclaré la ministre. C’est ce que j’écrivais le 14 juin 2011, dans un ‘post’ intitulé « Belgique – un an de crise politique ». Alors que les radios flamandes passent régulièrement de la chanson française, le contraire est totalement inexistant – renforçant au sud du pays le cliché que le flamand est une sous-culture. Puisque c’est la journée de la femme, écoutez donc une artiste comme Eva De Roovere et vous changerez peut-être d’avis. Fallait-il une ministre francophone d’origine maghrébine pour le découvrir ?

Je cite ensuite la nouvelle co-présidente d’Ecolo, Emily Hoyos, qui a renoncé à sa prime de départ du parlement. Le greffe du parlement wallon, qui a reçu mercredi un courriel en ce sens, précise que le montant du renoncement s’élève à 120.000 euros. « Si je n’avais pas de travail, j’aurais eu besoin de cette somme, mais ce n’est pas le cas puisque je deviens coprésidente d’Ecolo », justifie Emily Hoyos. Elle explique qu’il s’agit « juste d’être conforme à mes valeurs et celles de mon parti ». Sans doute que son geste découle aussi d’un calcul politique. So what ? C’est ce genre de geste symbolique qui rend confiance en nos gouvernants. (Ce 9 mars mars, je découvre que dans l’édito du Soir la plume de Béatrice Delvaux partage ma conclusion).

Dans la même famille politique, mais en France, il y a cette confession d’Eva Joly dans le quotidien catholique « La Vie » de cette semaine : « A l’agence norvégienne de développement, j’ai acquis la certitude que les paradis fiscaux sont une source de malheurs multiples. Je désespérais que ma dénonciation soit entendue. Au final, j’ai été invitée au Vatican. J’ai pris la parole devant les cardinaux. J’ai été écoutée comme jamais. Ils m’ont assurée que la lutte contre les paradis fiscaux ferait partie de la doctrine sociale de l’Église. J’ai vérifié : c’est désormais le cas. » Qu’un politicien – en campagne, il est vrai – reconnaisse l’importance de la doctrine sociale de l’Eglise – voilà qui dénote d’une réelle liberté d’esprit.

Enfin, j’invite à regarder cette vidéo des Médias Catholiques. Elle reprend une interview de Frigide Barjot de passage à Bruxelles. Ca, c’est de la nouvelle évangélisation : rien n’est coincé ni too much. Madame, vous sonnez juste. Merci !

 

Le site internet du Vatican hacké par Anonymous

L‘info 
Le site internet du Vatican (www.vatican.va) est hacké depuis ce mercredi après-midi – une attaque revendiquée par Anonymous, le mouvement des pirates informatiques militants. Anonymous affirme vouloir punir « l’Eglise apostolique romaine corrompue et toutes ses émanations ».
« Anonymous a décidé aujourd’hui d’assiéger votre site en réponse à la doctrine, aux liturgies et aux concepts absurdes et anachroniques que votre organisation à but lucratif (l’Eglise apostolique romaine) diffuse dans le monde entier », écrit le site italien d’Anonymous. « Cette attaque N’EST PAS dirigée contre la religion chrétienne ou les fidèles du monde entier mais contre l’Eglise apostolique romaine corrompue et toutes ses émanations », ajoute le communiqué. « Vous avez brûlé des textes d’une immense valeur historique et littéraire, vous avez tué de manière barbare vos détracteurs et critiques les plus virulents au cours des siècles (…), vous avez conduit des ingénus à payer pour obtenir l’accès au paradis avec la vente des indulgences », accuse le site d’Anonymous. Les pirates informatiques accusent également l’Eglise catholique d’avoir « réduit en esclavage des populations entières ». « Dans des temps plus récents, vous avez eu un rôle significatif dans l’aide offerte aux criminels de guerre nazis pour leur permettre de trouver un refuge dans des pays étrangers et éviter la justice internationale », poursuit le communiqué. « Vous permettez quotidiennement que des représentants du clergé se rendent responsables de harcèlement envers des enfants et vous les couvrez si les faits sont révélés au public », ajoute Anonymous exprimant l’espoir que l’Eglise « sera reléguée à ce qu’elle est… une relique des temps passés ». (VIM)

L’analyse
A l’heure où je publie ce ‘post’, le site du Vatican est toujours bloqué. J’ai essayé de trouver la revendication d’Anonymous sur leur site italien, mais n’y suis pas parvenu. Par contre, j’ai découvert sur You Tube la vidéo suivante, au message tout aussi explicite.  Sans nier les erreurs, fautes et crimes commis par nombre de responsables catholiques au cours de l’histoire. (cfr. mon ouvrage « Quand l’Eglise perd son âme »), les accusations proférées dans cette vidéo sont un ramassis de clichés faciles. Je dénonce donc cette attaque informatique, qui – même si elle n’est pas physique – n’en reste pas moins une forme de violence à l’encontre de l’Eglise catholique.

Cependant, c’est un autre aspect de cette histoire qui me pose question. En s’en prenant à une institution avant tout religieuse et non plus uniquement à des pouvoirs politiques ou économiques,  Anonymous rend son masque encore un peu plus opaque. S’agit-il d’une mauvaise blague de potache, sorte d’« entartage informatique » du Vatican, ou bien le mouvement des indignés du Web est-il en train de muter ? Le risque n’est, en effet, pas illusoire de voir la composante la plus radicale de ces Robins des Bois de l’ère numérique se transformer insidieusement en nouvelle internationale de l’anarchisme. Or, l’histoire enseigne que – au fur et à mesure que se durcit leur militance – les mouvements anarchiques ont une propension à véhiculer une violence diffuse et polymorphe envers tout corps institué. Après les Eglises, pourrait alors venir le tour du monde médical, scolaire, médiatique,… Et cela, n’est pas sans danger pour la démocratie : ces institutions sont loin d’être au-dessus de tout reproche – elles sont à l’image de l’humanité – mais sans elles aucune société ne peut se maintenir dans la durée.

Terroriste Anonymous ? Il ne s’agit heureusement pas (encore) de cela, mais le mouvement pourrait se travestir en nébuleuse menaçante et potentiellement récupérée par tous ceux qui ont intérêt à affaiblir les démocraties occidentales. Cruel paradoxe – si les justiciers masqués n’y prennent garde, ils pourraient se transformer en réalité qui musèle la libre expression – cette valeur dont ils se voulaient initialement les plus ardents défenseurs.

Foire du livre : dix livres fondateurs…

Je l’avais annoncé sur ce blog – ce dimanche 4 mars à 17h, je débattais à la foire du livre de Bruxelles avec Hervé Hasquin sur le thème : « Franc-Maçonnerie et Eglise catholique: ennemis ou alliés face à la démocratie »? Il y avait la foule des grands jours au stand du « Soir ». J’espère que c’était aussi pour nous, mais sans doute également un peu parce que Christophe Deborsu et Bert Kruismans nous précédaient et surtout parce que Mgr Léonard suivait face à Denis Ducarme (MR), Georges Lallemand (CDH), Karin Lalieux (PS) et Philippe Lamberts Ecolo) – débat animé par Jean-Jacques Durré (Médias Catho, organisateur de l’événement), Christian Laporte (La Libre) et Ricardo Gutierrez (le Soir). Ce fut d’ailleurs une belle marque d’intérêt et de simplicité de la part de l’archevêque de venir assister à notre débat comme simple spectateur – avant de monter à son tour dans l’arène. Le débat avec Hervé Hasquin fut comme chaque fois courtois, passionné et… trop court (nous sommes tous les deux redoutablement intarissables une fois sur l’estrade :-)).

Le lendemain, lundi 5 mars, j’étais invité à participer à un débat bien différent à la même foire du livre. Amnesty international organisait différentes rencontres entre deux acteurs de la vie civile, avec pour thème : les 10 livres qui ont fondé vos valeurs. Cela était programmé juste avant la clôture de la foire. Je croisais mes lectures avec le laïque Paul Danblon, sous la modération de Jean-Jacques Jespers (professeur de journalisme ULB). Au milieu d’exposants qui commençaient à faire leurs caisses, nous avons donc commencé à parler devant une petite dizaine de personnes. Heureusement, l’assistance gonfla et nous avons passé la dernière animation de la foire du livre 2012 dans une excellente ambiance et devant un honorable public. Paul Danblon fut – comme à son habitude – charmant et intelligent et Jean-Jacques Jespers tint brillamment son rôle (pour un ancien présentateur-vedette de JT, qui en douterait ?)

Voici donc – par ordre vaguement chronologique de lecture – les 10 livres que j’ai présentés, car ils ont forgé les valeurs qui me font vivre:

  1. Depuis ma plus tendre enfance : la Bible, évidemment – parce qu’elle parle dès ses premières pages des « hommes et femmes créés à l’image de Dieu » (Genèse 1, 27) et qu’elle précise que « la vie est la lumière des hommes » (Prologue de S. Jean 1, 4) Et puis, aussi pour cette parole du Christ (Matthieu 25, 31-40): «Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire (…) ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’ Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’ Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’ » Ou encore (Matthieu 5, 43-45) : « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. Alors vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.».
  2. Depuis mon enfance : Le Petit Prince de Saint-Exupéry. Ce livre subit le même sort que les « Quatre Saisons » de Vivaldi : à force de trop l’entendre… Cependant, il s’agit de le relire tous les 10 ans, afin de se prémunir contre la vieillesse spirituelle – celle des « grandes personnes ». « Si vous ne devenez pas comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Matthieu 1, 3)
  3. Durant mon adolescence : Le Royaume près de la Mer de Jean-Claude Alain. Ce bouquin faisait partie des livres de jeunesse (genre littérature scoute), qui me venaient de la bibliothèque de ma mère. Ecrit fin des années 50 en pleine guerre froide, celui-ci était différent. Il racontait l’amitié improbable entre un jeune bourgeois catho et un jeune communiste militant. A la fin, le communiste meurt lors d’une grève et – par fidélité – son ami choisit d’embrasser la condition ouvrière. Récit naïf sans doute, mais décapant. Avec cette préface de l’auteur: « Il est impossible que tu ne sois un jour placé dans l’axe éblouissant de la Vérité. Ceinture-toi alors à elle, pour ne pas la perdre et vivre dans la médiocrité. Ce qui est beau avec la vérité est qu’elle est éblouissante, mais ce n’est qu’un éclair ».
  4. A la fin de mes études secondaires dans un collège international au Pays de Galles : Small is beautiful de Ernst-Friedrich (Fritz) Schumacher. Ecrit en 1973, ce livre annonce la sortie du gigantisme industriel des 30 glorieuses et la prise de conscience écologique. Ainsi : « le pétrole n’est pas une ressource naturelle infinie, mais un capital non-renouvelable ». Son sous-titre “ A Study Of Economics As If People Mattered” n’a décidément rien perdu de son actualité.
  5. Durant mes études universitaires : Les Frères Karamazov de Dostoïevski. Surtout pour sa légende du Grand Inquisiteur, un des sommets de la littérature chrétienne : A Séville au XVIe siècle – en pleine terreur de l’inquisition – le Christ revient parmi les hommes. Il fait des guérisons et est reconnu par la foule, mais le Grand Inquisiteur – austère vieillard – le fait arrêter. La nuit tombée, il va visiter son prisonnier et lui dit qu’il sait fort bien qui Il est. Il lui reproche alors d’avoir voulu apporter la liberté et lui démontre que les hommes ne la méritent pas et ne la veulent pas. Ils veulent être rassasiés (de pain et de miracles), rassurés (par le mystère), conduits (avec autorité). Le Christ se tait et – pour toute réponse – lui offrira un baiser, en mémoire du baiser de Judas.
  6. A mon entrée au séminaire : Mémoire d’une âme de Ste Thérèse de Lisieux. La petite religieuse normande écrit dans une style à l’eau de rose bien de son époque, mais le fond de sa pensée ramène aux sources du christianisme : Dieu ne se gagne pas à force d’efforts et bonne œuvres. Son amour est donné… gratuit. Celui qui l’accueille en est transformé.
  7. Comme jeune prêtre : Lettre aux Anglais de Georges Bernanos : écrite en 40 depuis son exil brésilien, ce chrétien conservateur crucifie la lâcheté bien-pensante du régime de Vichy et ce Français viscéral, loue la résistance d’Albion.
  8. Il y a plusieurs années : The second World War de Winston Churchill – parce qu’il est un récit de résistance héroïque. J’ai toujours été fasciné par l’implosion molle des démocraties dans les années ’30 et par la résistance héroïque – seuls contre tous – des Britanniques en ’40. A l’heure où tant d’hommes firent naufrage face à la Bête, un vieux lion se dressa et promit à son peuple « sang, labeur, larmes et sueur ». Le 18 juin ’40, alors que la BBC offrait ses antennes pour relayer l’appel à la résistance d’un général français encore obscur, une voix grave accompagnée d’un léger zézaiement s’élève dans la chambre des Communes. Le  Premier ministre britannique se doit de convaincre son peuple de combattre – seul – contre l’ennemi victorieux : « De cette bataille dépend le sort de la civilisation. […] Hitler sait qu’il devra nous vaincre dans notre île ou perdre la guerre. Si nous parvenons à lui tenir tête, toute l’Europe pourra être libérée et le monde s’élèvera vers de vastes horizons ensoleillés. Mais si nous succombons, alors le monde entier, y compris les États-Unis, et tout ce que nous avons connu, aimé, sombrera dans les abîmes d’un nouvel âge des ténèbres, rendu plus sinistre et peut-être plus durable par les lumières d’une science pervertie… ». Aux heures les plus sombres, pareille détermination transforma cette résistance en ‘heure la plus belle’ (‘finest hour’).
  9. Par la suite: Nemesis et Hubris, les  deux tomes de la formidable biographie d’Hitler rédigée par le britannique Ian Kershaw. Parce qu’elle démontre que l’horreur naît de l’ordinaire. Hitler, c’est d’abord une personnalité assez banale – voire médiocre – mais avec quelques traits de caractère exceptionnels, tel son art oratoire. Petit à petit, le délire s’installe et devient raison d’état. Et pourtant, l’homme n’en demeure pas moins jusque 1943, le chef d’état le plus populaire de l’histoire d’Allemagne. Comme quoi la Bête sommeille en chacun de nous d’un sommeil plutôt léger.
  10. Juste après la sortie du premier film de la trilogie : Le Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien. Le fan d’Harry Potter que je suis, a voulu lire ce récit fondateur du genre heroic fantasy avant d’aller au cinéma. Durant des vacances, j’ai dévoré les trois tomes en m’étonnant de trouver là un des plus grands ouvrages de théologie chrétienne du XXe siècle. Ce n’est que par après que j’ai appris que Tolkien était un fervent catholique et ne faisait pas mystère de la visée religieuse de son œuvre: L’Anneau du pouvoir absolu a été retrouvé. Fabriqué quelques millénaires plus tôt par Sauron, maître des ténèbres, il lui assura la domination sur toute créature jusqu’au jour où le roi Isildur réussit à le lui arracher. Mais les hommes sont faibles et le roi succomba aux charmes de l’Anneau. Au lieu de le détruire dans les gorges de la montagne de feu, il voulut le garder pour lui et périt dans une embuscade tendue par d’autres qui convoitaient un tel trésor. Lors de l’attaque surprise, l’Anneau tomba dans les gorges d’un fleuve profond et disparu. Ainsi se fit-il oublier. Le monde en perdit la mémoire et – privé de tout pouvoir – le maître des ténèbres lui-même devint une légende. Un beau jour pourtant, l’Anneau fut retrouvé par hasard et sa présence maléfique réveilla l’œil noir de Sauron. Fort heureusement, le bijou était tombé entre les mains d’une créature naturellement dépourvue d’ambition, un hobbit, sorte de demi-homme aux mœurs  agraires. C’est ainsi que le jeune hobbit Frodo devint le porteur de l’anneau, escorté pour sa sécurité par l’élite des guerriers – elfes, sorciers, hommes et nains – ceux qu’on appelle « les compagnons de l’anneau ». Au sein de ce groupe, l’orage gronde en permanence, car l’anneau attire la convoitise. La tentation est grande pour ces hommes valeureux de s’en emparer en vue de vaincre Sauron une fois pour toute. La sagesse du sorcier Gandalf, démasque un tel piège. Si une créature de lumière devenait à son tour Seigneur de l’Anneau, ce serait une calamité plus grande encore que la victoire finale de Sauron. En effet, cela signifierait que le Bien s’est laissé corrompre par l’Anneau du pouvoir. Un Seigneur de lumière serait un tyran bien plus terrible que le maître des ténèbres, car il ferait le bien de ses sujets malgré eux. Avec lui, le Bien deviendrait esclave de l’Anneau du pouvoir et sous le masque de la Vertu, c’est l’Anneau qui se soumettrait jusqu’aux forces de lumière. Non – clame Gandalf – l’Anneau doit être détruit. De par l’humilité de sa condition naturelle et grâce à la pureté de ses intentions, seul Frodo le Hobbit peut en avoir la garde sans être totalement dévoré par son pouvoir de séduction. Il reçoit pour mission suicidaire de se rendre aux gorges de la montagne de feu située au cœur même du royaume de Sauron afin d’y détruire l’Anneau. Frodo accepte cette folie, bien conscient que, ce faisant, il marche vers le sacrifice…

 

Blog: bilan du mois de février

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées. La fréquentation baissa durant les vacances, car le blog – aussi – pris du repos. Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. En décembre, 3203 visites pour 4754 pages visionnées. En janvier, 3143 visites pour 4815 pages visionnées. En février, cela donne 3709 visites pour 5501 pages visionnées. Bref, cela représente une augmentation de près de 15% par rapport au mois dernier. Le blog retrouve son niveau de juin 2011, malgré le fait que le rythme de renouvellement quotidien a été remplacé par deux à trois articles par semaine (par manque de temps). Cela signifie que le lectorat par article augmente. J’en suis honoré.

Le lectorat reste majoritairement belge (3253 visites). La France suit avec 260 visites. Vient ensuite le Royaume-Uni avec 24 visites. L’article le plus fréquenté est « Cher Saint Valentin » avec 786 visites. Vient ensuite « Chahut peu catholique à l’ULB » du 10 févier avec 463 visites, suivi de « Chahut peu catholique à l’ULB » du 11 févier avec 360 visites et le post en néerlandais « Ghost, de junkie Jezus clip van dEUS » avec 354 visites et une flatteuse couverture par la presse du nord du pays. Une fois de plus, la polémique fait recette…, mais c’est l’amour qui l’emporte avec la Saint Valentin !

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain

 

 

 

« Plus blanc que blanc » – 2e dimanche de Carême, Année B

« Il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille » (Marc 9, 2-10)

Transfiguration – c’est le contraire de défiguration. Le péché, le mal, la souffrance,… –défigurent. Pour comprendre, il suffit d’observer les « tronches » de personnes qui sont submergées par la haine.  L’amour, le pardon, la bienveillance,… – transfigurent. Regardez une photo de Mère Térésa de Calcutta : son regard est comme un brasier qui nous révèle le meilleur de nous-mêmes.

La transfiguration de Jésus sur la montagne, c’est l’expérience de l’infinie puissance d’amour de Dieu qui s’exprime à travers Lui. Difficile de décrire ce que les trois apôtres ont vu, mais ils ont ressenti leur Maître comme « plus blanc que blanc » – et ce n’était pas dû à quelques poudres à lessiver miracles – avec à ses côtés Moïse, qui donna la loi, et Elie, modèle des prophètes. Pierre, Jacques et Jean pressentent donc que le Christ récapitule la loi et les prophètes et donc toute l’histoire sainte d’Israël. Ils ont envie de rester dans cet état de béatitude : « dressons trois tentes », dit Pierre. Mais non, il faut redescendre de la montagne et poursuivre sa route. Une expérience de transfiguration est faite pour nous nourrir spirituellement et nous fortifier. Pas pour nous retirer du monde.