In memoriam Pape François

Difficile de ne pas répéter ce que tant d’autres commentateurs ont dit et redit en ce jour de décès du Pape François.
Ce qui m’a touché chez ce successeur de l’apôtre Pierre, c’est sa capacité à vivre la pastorale à hauteur d’homme. 
Pas d’abord en proposant des principes moraux, qu’il n’a jamais niés. 
Ni en cherchant à jouer au progressiste, qu’il n’a jamais cherché à être. 
Il prenait chaque homme là où il se trouvait, pour que l’Esprit du Christ puisse l’élever. 
Honni des cathos identitaires.
Critiqué par tant d’auto-proclamés « progressistes ».
Le Pape a suivi son chemin, en digne fils de saint Ignace, selon les lumières de l’Esprit. 
Son ultime souffle terrestre fut usé à nous souhaiter hier de saintes Pâques, lors de la bénédiction « urbi et orbi ». 
Puisse-t-il désormais se reposer et vivre de l’Eternelle Lumière. 
  

«  Une vie avant la mort » – Nuit et jour de Pâques, Année C

« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, Il est ressuscité. » (Luc 24, 1-12)

La mort biologique est la seule certitude humaine que nous ayons. Tous nous allons mourir. Même Jésus, le Verbe divin fait homme, a connu la mort. Et la mort horrible et injuste de la croix. Cependant, la mort n’est pas une réalité ultime. Tel est le credo de Pâques que les chrétiens proclament à la face du monde depuis plus de 2000 ans. Mais les baptisés ne se contentent pas de croire en une vie après la mort. Ils annoncent aussi une vie avant la mort. L’Esprit du Christ rend vivant. Dans un monde qui insidieusement nous transforme en zombies – enfermés dans les tombeaux de l’avoir, du pouvoir et du valoir – l’Esprit souffle sur notre âme et nous éveille à la Vie : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? »  

Pâques signifie « passage ». Passage par la mort vers une vie plus vive – une vie en Dieu. Tel est le grand signe de la résurrection du Christ, prémisse et gage de notre propre résurrection. Dés maintenant ne laissons pas la peur, l’égoïsme et les ténèbres prendre pied dans nos vies. Vivons en enfants de la résurrection et de la lumière. « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, Il est ressuscité. » Alléluia !

« Ils ne savent pas ce qu’ils font » – Dimanche des Rameaux et de la Passion, Année C

« Et il disait : ‘Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne.’ Jésus lui dit : ‘Amen, je te le déclare, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.’ » (Luc 22, 14-23, 56. Luc 23, 1-49)

Avec le dimanche des Rameaux débute la « Semaine Sainte », c’est-à-dire la sainte semaine des chrétiens. La semaine qui résume notre foi en un Dieu qui aime l’humanité de façon déraisonnable. Un Dieu crucifié par amour, qui pardonne les péchés jusqu’à son dernier souffle, car « ils ne savent pas ce qu’ils font ». De cet Amour fou, les rameaux qui orneront les crucifix de nos maisons, sont le rappel tout au long de l’année.

Ne vivons pas cette semaine de façon distraite. Participons dans la mesure du possible aux offices de la semaine sainte et (si vous le pouvez) au chemin de croix dans les rues (ainsi : à Liège, le soir du vendredi saint). Ainsi, nous retrouverons-nous pour célébrer la Pâques du Christ avec un cœur de ressuscité.

Miséricordieuse vieillesse… – 5e dimanche de Carême, Année C

« Ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés » (Jn. 8, 1-11)

L’histoire de la femme adultère révèle toute la finesse psychologique de Jésus. Au lieu de plaider l’acquittement de la coupable « car il faut bien être chrétien – n’est-ce pas mon bon Monsieur ? », Jésus met une condition à sa lapidation : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ».

Avec humour, l’évangéliste note : « Ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés ». La vieillesse a cela de bon, qu’elle rend souvent l’homme plus lucide sur lui-même… Et parfois même, plus miséricordieux envers les autres.

D’autant plus qu’un chrétien sait que Celui qui est sans péché, ne jette – Lui – jamais la pierre : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

Let’s make Lidge great again. 

En ce 1er avril, il se murmure que le diocèse de Liège se met à l’école de figures inspirantes, déclarant vouloir reprendre le Groenland, le Canada, le Panama, etc.
L’ancienne principauté ecclésiastique déciderait ainsi de récupérer le diocèse de Namur, des morceaux du diocèse de Tournai, l’archidiocèse du Grand-Duché, le diocèse de Hasselt et de Roermond, ainsi qu’une bonne partie du Brabant et de la province d’Anvers.

Que les fidèles de ces diocèses n’aient aucune envie de rejoindre Liège, ne fera que renforcer la paisible certitude principautaire que ces gens n’ont tout simplement pas compris que ceci est la meilleure des choses qui puissent leur arriver.
Nous vivons décidément dans un monde formidable, où il suffit de vouloir quelque chose pour que cela devienne une idée géniale, n’en déplaise aux personnes concernées.

Rendons donc à la Principauté ecclésiastique de Liège sa grandeur.  Et que les esprits sans imagination ne pensent pas qu’il ne s’agit là que d’un vulgaire canular. Quand la réalité dépasse les plus folles fictions, c’est chaque jour poisson d’avril… 😇

In memoriam Jean-Marie Roberti (1940-2025)

J’apprends avec émotion le décès de Jean-Marie Roberti. 
Je présente mes condoléances à son épouse Marie-Cécile, à leur fille et petites-filles.
Je l’ai connu en sa qualité de Consul honoraire du Mexique.
Il fut toujours avec moi d’une attention parfaite, Marie-Cécile et lui me recevant fort gentiment à quelques reprises. 
Il me fit même entrer dans la comité accompagnant les consuls honoraires.
 
La silhouette voutée de Jean-Marie cachait une intelligence vivre, un regard enjoué et une ardente volonté de justice.
Issu d’une famille traditionnelle de culture catholique, Jean-Marie s’engagea depuis sa jeunesse dans le militantisme de gauche.
Il fut journaliste au « drapeau rouge » et travailla à la chose publique, toujours en retrait.
Il me parlait de son aversion pour une certaine gauche tiède et parfois affairiste.
Il gardait intact son idéal d’un socialisme au service des plus petits.
 
Son domicile à Chênée connut les affres des inondations. 
Heureusement, à ce moment-là il était à l’étranger.
Marie-Cécile et lui ont déménagé dans un appartement de la ceinture verte de Liège, où il me reçut une fois encore.
Ces derniers temps, je le vis moins souvent, étant moi-même moins disponible pour les activités des consuls honoraires. 
Jean-Marie a donné son corps à la science et a choisi de partir sans cérémonie publique. 
Je prierai pour lui qui était agnostique. 
Je suis persuadé que le Dieu auquel je crois accueille ce défenseurs des plus humbles.
« Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25,40). 
 

«  La parabole de la miséricorde » – 4e dimanche de Carême, Année C

« Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi » (Luc 15, 1-32)

Mi-carême. Dimanche de la « laetare » (joie). En guise de cadeau, l’Eglise reçoit comme Evangile la plus touchante des paraboles racontées par Jésus. A tort, on l’appelle la « parabole du fils prodigue ». En fait, le personnage central, c’est le fils aîné. Cette parabole devrait donc se nommer : la « parabole du bon garçon ».

Relisez la parabole avec les yeux de ce fils exemplaire et elle prend une toute autre perspective. L’aîné de famille se crève au travail pour son père, tandis que le cadet s’amuse. Un jour, ce dernier « se casse » en emportant sa part d’héritage. L’aîné ne dit rien, mais redouble d’ardeur – sans râler. Plus tard, il apprend que son jeune frère a dilapidé sa fortune et se dit : « bonne leçon ». Un soir, ce fils sans reproche rentre tard, épuisé par le labeur des champs. Il entend des bruits de fêtes. Là, il apprend que son cadet indigne est rentré et que son père lui fait la fête. Alors, son indignation explose : « Il y a tant d’années que je me crève à ton service et je ne t’ai jamais rien demandé. Mais quand ce vaurien rentre après avoir dilapidé ton bien avec des filles, tu fais tuer le veau gras ! Et moi alors, qui suis-je pour toi ? » Colère bien compréhensible du juste, face à un Dieu qui pardonne si facilement.

C’est ici que vient la phrase-clef de la parabole. Le père répond : « Mais toi, mon enfant, tu es toujours avec moi. Et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il faut se réjouir… ! Car celui que tu appelles « vaurien » est ton frère. Tu pensais qu’il profitait de la vie, mais en fait, il était spirituellement mort. Et maintenant, il commence à revivre. Alors, je t’en supplie, partage ma joie. » La miséricorde, en quelque sorte.

« Patience et espérance » – 3e dimanche de Carême, Année C

« Seigneur, laisse-le encore cette année… Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir » (Luc 13, 1-9)

La patience n’est pas une vertu facile. Quand notre entourage se méconduit, cela nous déçoit. Et nous pensons que Dieu ferait bien de montrer qu’Il n’est pas content, Lui non plus. Voilà pourquoi, quand arrive une catastrophe, beaucoup y lisent la « main de Dieu ». Comme on disait jadis aux gosses : « Le petit Jésus t’a bien puni ». Ceci, malgré le livre de Job qui explique que le juste souffre autant que le coquin.

Au temps de Jésus, la vision archaïque d’un « Dieu punisseur » était encore fort répandue. Le Christ s’en distancie avec vigueur : Ces gens massacrés par Pilate, ou écrasés par une tour ? Cela pourrait être chacun de nous. Raison de plus pour ne pas les juger coupable de quoi que ce soit, ou de nous croire innocent de tout. « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de la même manière ».

Puis, le Fils de l’homme explique que son Père – lui – prend patience. Tel ce jardinier qui demande au propriétaire d’un figuier stérile de lui laisser sa chance. « Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir ».

A méditer, en cette année jubilaire, consacrée à l’espérance : Ne pas voir en l’autre ce qu’il est (ou n’est pas), mais bien ce qu’il pourrait devenir sous le souffle de l’Esprit. Car c’est ainsi que le Père nous regarde.

In memoriam Marcel Bolle de Bal (1930-2025)

La nécrologie du « Soir » m’apprend le décès de Marcel Bolle De Bal. 
L’homme au physique de patriarche et à la barbe fleurie, était professeur de sociologie et de psychosociologie de l’ULB. 
Même si je l’ai moins fréquenté ces dernières années, nous avons débattu ensemble et avons correspondu.
Un honnête homme et une belle intelligence; toujours respectueux et bienveillant à mon égard.  
Il se déclarait athée et ne faisait pas mystère de son appartenance à la franc-maçonnerie. 
Plus original: il se voulait également personnaliste, mais d’un personnalisme – je le cite – dégagé de ses origines chrétiennes (Emmanuel Mounier). En 2018, il publiait: « le paradoxe d’un personnaliste laïque et franc-maçon. ». 
 
Nos échanges n’étaient pas tissés de langue de bois. Ainsi, en 2011, il m’écrivit: «  Je suis bien d’accord avec toi que l’accent mis sur l’autonomie (droit à l’IVG et à l’IVV : interruption volontaire de vie ou euthanasie) constitue une différence fondamentale entre les anthropologies laïque et catholique. (…) Ne pouvons-nous être d’accord sur nos désaccords ainsi clarifiés et délimités ? » 
 
En 2019, il répondit à mes voeux de Noël, par ces mots: «  Puisse la Foi continuer à donner du sens à ta vie, puisque telle est sa vocation : ce sera un voeu fraternel » 
 
Je te dis « A-Dieu », cher Marcel.
Mes pensées rejoignent ton épouse, tes enfants et petits-enfants, ainsi que tes nombreux amis.
Je sais que tu ne m’en voudras pas de prier pour toi.
Désormais, tu sais…