«  Il n’y a pas pire aveugle… » – 4e dimanche de Carême, Année A

« Je suis venu dans le monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas, puissent voir et que ceux qui voient deviennent aveugles » (Jean 9, 1-41)

Le 4° dimanche de Carême est traditionnellement appelé dimanche de la laetare, c’est-à-dire dimanche de la joie. Peut-on imaginer une joie plus grande que celle d’un aveugle-né qui retrouve la vue ? C’est ce qui advient dans l’évangile de ce dimanche.

Avec – cependant – un curieux retournement. L’aveugle voit, mais les docteurs de la loi – dont la fonction est justement de faire voir au peuple les chemins de Dieu – sont aveugles devant l’évidence.

« Il n’y a pas pire aveugle, que celui qui ne veut pas voir », dit la sagesse populaire. Curieux paradoxe : C’est ceux qui se pensent les plus clairvoyants, qui se révèlent être les plus aveugles. Nos plus gros défauts sont en général ceux que nous refusons de voir. Ils nous dominent d’autant plus. A méditer en cette moitié de Carême…

Basilica of Cointe – What is ‘Shameful’? What is ‘Tasteless’?

I am upset. Even angry. On reading the article published by the Daily Telegraph about the so-called basilica of Cointe:  Row over plans to turn Belgian WW1 memorial church into restaurant and climbing wall (telegraph.co.uk), I wonder what the critics of the project to put new life into this massive church, are up to.
Being in charge of the church buildings of the diocese of Liège since more than seven years, I have experienced that nobody really cared about that sacred building. Being the property of a private association with no funds (which is exceptional in Belgium, where most churches belong to the public domain), it was out of order since years.
Whilst the allied memorial tower was restored in order to receive heads of state for the centenary of World War I in 2014, the church building was left to decay.  When the Duke of Cambridge came to the memorial, the only thing which was done by the authorities to mask the appalling state of the church, was to paint some seagulls on its walls…
The authorities of the city told the diocese to find a solution, making it clear that they wouldn’t invest a penny in the project. We launched an appeal for candidates, making it clear that the choir would remain a place of remembrance. Two candidates came up with plans transforming the basilica into flats and offices. The Gehlen group proposed a lighter project, that of a climbing wall, which left the building untouched. What is more, sport and spirituality have a lot in common, climbing being a way of elevating oneself.
Of course, I much would have preferred to keep the whole building intact, serving as a place of prayer and remembrance (the crypt remains active though, as a parochial chapel). But times have changed. Everyone seemed indifferent about the sacred place. The church was but worth some painted seagulls…
Now that a new project is on its way, I hear these critics – so long silent – waking up and telling us that it is ’shameful and tasteless’… But I ask you: What is shameful? What is tasteless?
It would have been shameful and tasteless not to do anything. There would have been no critics and… no future for the building. A path of cowardice.

«  L’eau vive » – 3e dimanche de Carême, Année A

« Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire » (Jean 4, 5-42)

Elle est touchante la rencontre entre le Christ et cette femme. Jésus brise un double tabou: A l’époque, un homme ne parlait pas avec une femme seule et un Juif ne s’adressait pas une Samaritaine. Qu’importe – Jésus lui demande à boire. La femme s’étonne et le prend de haut. Alors, le Fils de l’homme lui parle d’une autre eau. Celui qui en boira n’aura plus jamais soif, car cette eau n’apaise pas la soif du corps, mais celle de l’âme. Il s’agit de l’Esprit – qui donne d’adorer Dieu en « esprit et vérité ».

Les disciples sont perplexes et gênés par la scène. Jésus leur reproche leur aveuglement : « Regardez les champs qui se dorent pour la moisson ». De fait – voici que cette femme à la vie maritale peu orthodoxe, devient le premier apôtre de Samarie.

«  Lumière d’En-Haut » – 2e dimanche de Carême, Année A

« Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements blancs comme la lumière » (Matthieu 17, 1-9)

Transfiguration – c’est le contraire de défiguration. Le péché – défigure. Il suffit d’observer les « tronches » de personnes qui sont submergées par la haine.  L’amour, le pardon, la bienveillance,… – transfigurent. Regardez une photo de Mère Térésa de Calcutta : son regard est comme un brasier qui nous révèle le meilleur de nous-mêmes.

La transfiguration de Jésus sur la montagne, c’est l’expérience de l’infinie puissance d’amour de Dieu qui s’exprime à travers Lui. Difficile de décrire ce que les trois apôtres ont vu, mais ils ont ressenti leur Maître comme rayonnant d’une Lumière d’En-Haut. A ses côtés – Moïse, qui donna la loi, et Elie, modèle des prophètes. Les disciples pressentent donc que le Christ récapitule la loi et les prophètes et, dès lors, toute l’histoire sainte d’Israël.

« Dressons trois tentes », dit Pierre. Ils ont envie de rester dans cet état d’extase et de bien-être. Mais non, il faut redescendre de la montagne et poursuivre sa route. Une expérience de transfiguration est faite pour nous nourrir spirituellement et nous fortifier. Pas pour nous retirer du monde. Poursuivons donc notre chemin de Carême.

«  Carême – le temps du plus » – 1er dimanche de Carême, Année A

« Il fut conduit par l’Esprit à travers le désert » (Matthieu 4, 1-11)

Carême… A la suite du Christ, l’Esprit conduit les chrétiens 40 jours au désert. Le désert est le lieu où la tentation reçoit son vrai visage : « Ordonne à ses pierres de devenir du pain ». Vais-je vivre pour les biens matériels, plutôt que spirituels ? Tentation de l’avoir. « Prosterne-toi devant moi et je te donnerai les royaumes de la terre » Vais-je vivre en m’asservissant à la logique du prince de ce monde ? Tentation du pouvoir. « Jette-toi en bas du sommet du temple et les anges viendront pour te porter ». Vais-je vivre en cherchant à séduire la galerie ? Tentation du valoir.

Carême… Un temps que notre société de consommation associe traditionnellement à un « moins » – soit tout ce dont je vais « devoir me priver ». En réalité, le carême est le temps du « plus ». Il signifie un retour à l’essentiel pour plus de vie. Celui qui choisit – 40 jours durant – de renoncer à ce qui distrait des vrais enjeux, fêtera Pâques avec une intensité spirituelle… en plus.

«  La gifle » – 7e dimanche de l’Année, Année A

« Eh bien, moi je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. (…) Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. »  (Matthieu 5, 38-48)

Dans la logique des humains, il y a ceux que nous considérons comme alliés et ceux que nous voyons comme adversaires. Les premiers nous paraissent naturellement sympathiques, au contraire des seconds – bien plus antipathiques.

La parole du Christ bouleverse ces évidences, telle une gifle à notre bonne conscience. Accueillir le regard d’amour inconditionnel que Dieu pose sur chacune de nos vies, n’est possible qu’à celui qui pose un regard similaire sur son prochain.

Si cela ne transforme pas la terre en un lieu où tout le monde « il est beau et gentil », cela fait en sorte que même l’ennemi est considéré comme un frère en Christ. Malgré nos désaccords et conflits, il s’agit de prier pour lui. Et s’il nous fait du mal – à nous de vouloir son bien.

En recommandant cela, Jésus ne nous en demande-t-Il pas trop ? A vue humaine, sans aucun doute. Seul l’Esprit peut nous inspirer un amour à la mesure de Dieu, c’est-à-dire sans mesure. Demandons donc la force de l’Esprit.

« Accomplir la loi » – 6e dimanche de l’Année, Année A

« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Matthieu 5, 17-37)

L’humain est prompt à se fixer des règles de vie en société… et à juger son prochain qui les transgresse.

Le Christ ne remet pas en cause la loi, issue de la tradition croyante en Israël. Mais alors – objectent ses critiques – pourquoi guérir le jour du Sabbat ou pardonner à la femme adultère ? Jésus répond qu’il existe un accomplissement de la loi. Il est de l’ordre de la Grâce, c’est-à-dire de la vie de l’Esprit.

La Grâce révèle que tout humain est quelque part dans la transgression. Tel, parce qu’il a pensé mal de son prochain. Tel autre, parce qu’il a secrètement désiré la femme de son voisin. Bref – personne n’est justifié par ses œuvres, mais chacun peut être sauvé, en accueillant dans son âme un Amour plus grand. Alors – sa vie devient bienveillance et pardon.  

«  Le goût de Dieu » – 5e dimanche de l’Année, Année A

« Vous êtes le sel de la terre. » (Matthieu 5, 13-16)

L’Esprit-Saint nous donne le goût de Dieu. Pas un goût doucereux, qui fait de nous des béni-oui-oui.  Pas un goût amère, qui fait de nous d’éternels frustrés. Pas un goût fade, qui fait de nous des êtres apathiques. Mais bien un goût pimenté. Un goût qui réveille. Un goût qui éveille à la vie, au sens de Dieu et à l’amour des hommes. Les chrétiens sont moins nombreux aujourd’hui ? Indéniablement – mais nul besoin de mettre beaucoup de sel sur les aliments. Une petite pincée suffit. A condition que ce sel ait du goût, car « si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien ».