Je lis sur un site fort catholique, sous la signature courageusement anonyme de « un ami nous écrit », les considérations suivantes: « En Belgique, les catholiques, singulièrement les évêques et une partie du clergé semblent timorés à l’extrême quand il s’agit de demander la reprise du culte public. Pourtant c’est une très grave erreur (et dans le cas de certains, probablement un péché très grave). » S’ensuit l’argumentation qui invite à soutenir une plainte en justice, en vue d’une reprise des cultes.
Mon point de vue est le suivant: il est de la liberté de tout baptisé de se situer face à la crise sanitaire et les mesures de confinement. De ce point de vue-là, je puis comprendre que d’aucuns (dont des évêques) trouvent les mesures gouvernementales exagérées et le fassent entendre devant les tribunaux, au regard de la liberté de culte. Il est vrai que, quand je vois les rues commerçantes pleines de monde et les églises limitées à 15 personnes, il y a de quoi y perdre son latin. Je comprends donc ces chrétiens qui protestent, mais la moutarde commence à me monter très solidement au nez quand je lis que ceux qui auraient une autre attitude, seraient (je cite) « timorés à l’extrême », (je cite encore) dans une « très grave erreur », voire (je cite toujours ) « probablement dans un péché très, très,… très grave ».
Quitte à revendiquer mon statut de pécheur public, qu’il me soit permis de leur répondre que je n’ai de leçons à recevoir de personne. Car – je l’ai écrit et je persiste – je suis de ceux qui pensent qu’il est plutôt du devoir d’un chrétien par les temps qui courent, de se montrer solidaire de l’action gouvernementale – même si, je le répète, les mesures prises me semblent exagérément sévères pour les cultes, voire dédaigneuses de ceux-ci cf. mon post précédant. Je rappelle que le gouvernement belge ne cherche pas à empêcher la liberté de culte par fureur idéologique, mais à restreindre la possibilité de se rassembler, afin que l’épidémie cesse de se propager. Il ne me semble donc pas anti-chrétien de se plier à ces mesures, comme le fait par ailleurs le pape François… Et de s’y plier, non pas par attitude « cou-couche panier » face au gouvernement (autre « charitable perle » lue sur ce site), mais bien par souci du bien commun.
Que d’autres aient une attitude différente, fait partie du sain débat en Eglise. Mais que me soient épargnés les jugements de valeurs. Le jour où je paraîtrai devant le Trône céleste, je suis assez lucide pour savoir que bien des choses pourront m’être reprochées. Mais certainement pas d’avoir été « timoré à l’extrême » pour défendre l’honneur du Christ à temps et à contretemps dans les médias ou ailleurs, jusque dans les cénacles les plus anticléricaux.
Bref, messieurs les charitables donneurs de leçons, je vous invite en ce temps de l’Avent à pieusement méditer sur « la paille et la poutre » (Luc 6, 41)… Bien fraternellement,
Eric de Beukelaer (car – oui – moi, je signe par mon nom)