Catégorie : Non classé
Les véritables blasphémateurs sont les fondamentalistes – La Libre p.51
La parabole du bon garçon – 24° dimanche, Année C
« Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi et ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait bien festoyer et se réjouir ». (Luc 15, 1-32)
Le personnage central n’est pas toujours celui que l’on croit. Le fils prodigue est un enfant gâté, qui dilapide la fortune familiale et revient parce qu’il a faim. Mais l’aîné, c’est le bon garçon que tout parent espère d’engendrer. Année après année, il se tue à la tâche sans se plaindre. Il n’a jamais rien réclamé. Il veut que ce père, tant admiré, soit fier de lui.
Et le voilà qui rentre après une dure journée de labeur. Abasourdi, il entend : musique, danses, ripailles… Il s’approche et demande ce qui se passe. Un serviteur lui répond : « Ton jeune frère est rentré. Alors, ton père fait la fête ». Qui de nous ne réagirait pas de comme suit ? « Cela fait tant et tant d’années que je suis à ton service. Jamais je n’ai désobéi à tes ordres. (…) Mais quand celui-là revient, « ton fils » qui a mangé ta fortune avec des prostituées, pour lui, tu tues le veau gras. »
Ici advient la phrase la plus importante de la parabole : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi et ce qui est à moi est à toi » Avec cet ajout : « Mais il faut festoyer et se réjouir ». En effet, le vaurien est ton frère. Extérieurement, il prenait du bon temps. Intérieurement, il était mort. Son épreuve commence à le faire revivre. Alors – partage ma joie.
En entendant ces paroles, le bon Belge pense : « C’est un peu facile ». Mais non. L’amour inconditionnel d’un père est ce qu’il y a de plus difficile. Demandez à Dieu.
RIP. SM la Reine Elizabeth II – London bridge is down…
Il y a deux jours, une photo la montrait dans son château préféré, Balmoral, nommant son 15e premier ministre, en la personne de Liz Truss.
En grande professionnelle, elle avait soigné son « look » – comme toujours – afin de faire discrètement passer un message: arborant un kilt écossais et le bâton de highlander à la main. La Reine aura plaidé jusqu’au bout pour l’unité du Royaume qu’elle servait depuis 70 ans.
Ce fut son chant du cygne. Cette chrétienne convaincue, qui parlait de sa foi à chaque message de Noël, a connu son grand passage.
Celle qui a occupé une place si particulière dans le monde, combinant la pompe monarchique avec l’humour – en compagnie de James Bond ou de l’ours Paddington – veillera sur son Royaume et le Commonwealth depuis l’Eternelle Lumière.
Prions pour cette grande Dame et pour son successeur.
God save the King!
Comme tant de personnes, je me sens triste. Cela est-il bien raisonnable, alors qu’il y a des choses bien plus terribles en ce monde? Bien sûr… Néanmoins, j’ai tenté, il y a plus de dix ans de m’expliquer de cet attachement, dans une chronique publiée dans le quotidien La Libre.
La voici:
—————-
Ma’am…
Ma’am, voilà soixante ans que vous êtes montée sur le trône comme d’autres entrent en religion. Soixante ans que vos tenues rose fuchsia ou jaune canari sillonnent les recoins de l’ancien Empire. Soixante ans que – de Churchill à Cameron – c’est en votre nom qu’au pays de Shakespeare toute politique se fait. Ma’am, en soixante années, vous êtes devenue le symbole même de l’idée monarchique. Idée surannée ? Voire. La monarchie place l’attachement émotionnel au sommet de l’Etat, là où la république privilégie l’arithmétique électorale et donc la raison. Les deux archétypes de ces régimes sont la couronne britannique et les Etats-Unis d’Amérique. Au Royaume-Uni, toute pompe va au monarque qui n’exerce pas la moindre once de pouvoir. Son rayonnement est de l’ordre de l’affection. Par équilibre, la politique est rabaissée symboliquement : Downing street ressemble à une bâtisse de notaire et son occupant n’a pas le droit de s’asseoir lorsque le souverain s’adresse au parlement. Aux Etats-Unis, la logique électorale joue jusqu’au sommet de l’Etat. Les élections présidentielles sont dures, mais désignent un vrai chef. Ce dernier n’a droit qu’à deux mandats, afin d’empêcher toute dictature. Le chef est reconnu de tous, mais reste l’homme d’un camp : demandez aux républicains ce qu’ils pensent de leur président démocrate, vous aurez la même réponse que celle des démocrates, alors que le président était républicain… Choisir entre monarchie constitutionnelle et régime présidentiel, c’est donc un peu comme choisir entre Tintin et Largo Winch. Tintin, c’est la ligne claire : un dessin simple et des personnages typés. Et pourtant, il se dégage de l’ensemble une émotion qui fait toucher au « plus-que-réel ». Il en va de même en monarchie : chacun sait bien que quelque part, Ma’am, vous êtes presque une granny comme les autres, mais le principe monarchique vous investit du poids émotionnel de représenter la Nation. La république, elle, c’est le monde de Largo Winch : un univers réaliste qui se calque froidement sur la réalité. Elle introduit dès lors l’arène politique jusqu’au sommet de l’Etat.
Un système est-il préférable à l’autre? Tout est question de choix, d’opportunité et de subjectivités… Ma’am, quand vêtue du vert d’Irlande, vous déposiez en mai dernier une gerbe au Garden of Remembrance de Dublin – lieu qui fait mémoire des patriotes tombés pour l’indépendance – chacun comprit que c’était toute la nation britannique qui faisait amende honorable. A celui qui essaierait de symboliser cela avec autant de force en république, je donne à parier une boîte de biscuit « choco-prince de Beukelaer » qu’il n’y réussira pas. A contrario, la monarchie a ses talons d’Achille. Il y a le piège de la santé mentale : il est si tentant de devenir gentiment condescendant quand le monde entier vous fait des courbettes. Et puis, il y a le coût du naufrage : Nixon démissionna sans que l’Amérique ne vacille, mais Edouard VIII n’abdiqua que sur fond de crise de régime. Quand la couronne chancelle, l’Etat perd la tête. Voilà pourquoi, si d’un côté de l’Atlantique on intercède pour la Nation, de l’autre on implore pour son incarnation. Au ‘God bless America’, répond le ‘God save the Queen’. Dans les deux cas, cette référence séculière au divin en appelle à un au-delà de la politique : la Nation se reconnaît mortelle et insérée dans une destin qui la transcende. Ma’am, c’est donc au nom du Très-Haut que la couronne fut posée – il y a soixante ans d’ici – sur vos jeunes épaules. Depuis vous la portez contre vents et marées, avec un rare sens du devoir et ce flegmatique ‘never complain, never explain’. Si vous n’êtes pas vraiment à plaindre, pareille cage dorée n’est pas non plus à envier. Voilà pourquoi, même au XXIe siècle, ce naïf « Dieu sauve la Reine » n’a guère perdu de son actualité.
« Pas la fin du monde. Le début d’un monde nouveau » – 23° dimanche, Année C
« Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens, ne peut être mon disciple ». (Luc 14, 25-33)
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » L’Evangile de ce dimanche nous met mal à l’aise. Jésus serait-il un de ces illuminés qui – pour le suivre – exige de quitter femme et enfants ? Un de ces prophètes de l’apocalypse – comme on en croise à tous les carrefours ?
Que du contraire. Plutôt que la fin du monde, Jésus inaugure un monde nouveau : le Royaume de Son Père – là, où l’Esprit règne dans les cœurs. Pour faire advenir ce règne, il s’agit de comprendre qu’aucun attachement humain – si beau soit-il – ne peut prendre toute la place dans mon cœur. Car si mon conjoint ou mes enfants deviennent mon dieu, ils seront idolâtrés et empêcheront ma croissance spirituelle.
Ce n’est que dans la mesure où le Christ devient la pierre angulaire de ma vie, que toute réalité terrestre – conjoint, enfants, parents, fortune, carrière, etc. – trouvera sa juste place dans mon cœur. Alors, je goûterai la liberté spirituelle du disciple.
RIP – Gorby le juste
« Bulletin de vie » – 22° dimanche, Année C
« Qui s’élève sera abaissé. Qui s’abaisse sera élevé ». (Luc 14, 1-14)
En ce temps de rentrée scolaire, il est bon d’inviter nos têtes blondes à viser l’excellence académique. En effet, tous nous avons reçu une intelligence du Créateur. Il s’agit donc de la développer – chacun à notre mesure – afin de prendre notre place dans la société.
Mais, malheur à nous, si nous enseignons que dans la vie, le but est d’occuper les meilleurs places – et tant pis pour les autres. Celui qui transmet cela, éduque son enfant à devenir un éternel envieux. Et l’envie – tel un feu – lui consumera le cœur et brûlera tous ceux qui s’approchent.
Telle est l’antique sagesse que Christ rappelle : Ce qui a le plus de prix dans la vie d’un homme – l’amour, l’amitié, l’honneur, le bonheur, le respect,… – ne s’achète pas. C’est gratuit. Cela n’a donc pas de prix. Un peu comme cet homme de l’Evangile qui fait un banquet pour tous les paumés de son quartier. Ceux-ci ne peuvent le remercier que par des sourires. Ils n’en seront que plus vrais. « Tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre ».
Foi et Raison: chaîne Youtube de deux jeunes «cathos laïcs»
Foi et Raison est une chaîne Youtube de théologie animée par deux cathos laïcs (https://www.youtube.com/c/FoietRaison).
Ils espèrent donner goût à la théologie, à tout un chacun, croyant ou non, en présentant des thématiques variées (théologie fondamentale, dogmatique, philo, histoire, exégèse…) avec le souci d’être brefs et rigoureux.
Thomas Remy (ex athée) est professeur de religion catholique dans le secondaire (Belgique) et étudiant en théologie (UCLouvain).
Ahmed Yetrib (ex musulman) est théologien de formation et étudiant en philosophie (UCLouvain). Il enseigne également la religion catholique dans le secondaire (Collège du Christ-Roi).
Voici un exemple de réalisation: La crise moderniste et les théologiens qui l’ont surmontée
Cathobel leur a consacré un article: www.cathobel.be/2021/08/deux-jeunes-theologiens-conjuguent-foi-et-raison-sur-youtube
Comme ils en témoignent, ils réalisent leurs vidéos: «sur nos [leur] petits fonds propres et sur notre [leur] (rare) temps libre alors pour nous [les] soutenir en nous [les] aidant à acheter du meilleur matériel, se former en montage, faire la promo de notre chaîne, etc.: https://fr.tipeee.com/foi-et-raison 🙏»
Merci de les soutenir, en suivant leurs productions, voire en vous y abonnant.
« La porte des enfants » – 21° dimanche, Année C
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». (Luc 13, 22-30)
Vous souvenez-vous du conte de Lewis Carroll ? Afin d’accéder au « Pays des Merveilles », la jeune Alice doit passer par une minuscule porte. Pour y parvenir, une seule solution : diminuer de taille. C’est un peu cela, le thème de la « porte étroite ». Le Christ avertit ceux qui se gonflent, parce que : « Nous avons mangé et bu en ta présence ». Confits d’orgueil, ces bienpensants sont trop gros pour passer la porte du Salut. Le Maître leur répondra : « Je ne sais pas d’où vous êtes. Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal ».
Comment faire alors ? Telle Alice au pays des merveilles, nous devons nous faire petits : « Amen, je vous le dis, si vous ne devenez pas comme les enfants, vous n’entrerez jamais dans le royaume des cieux » (Matthieu 18, 3) Dieu est Père. Il ne faut pas de ticket d’entrée pour rencontrer son papa. Seulement un peu d’amour et beaucoup de confiance. Seul celui qui vient à la rencontre du Père en ouvrant les bras, tel un enfant – entrera par la porte étroite.