« Dieu de vie » – 13° dimanche, Année B

 «Je te le dis, lève-toi». (Marc 5, 21-43)

C’est sans doute un des clichés les plus injustes concernant le christianisme : ce soupçon tenace chez tant de nos contemporains, qu’il s’agirait d’une religion hostile à la vie. A les entendre, la foi chrétienne empêcherait d’être pleinement vivants. Même si des maladresses peuvent parfois donner cette impression, la vérité est à l’opposé. Ainsi, l’Evangile de ce dimanche, qui nous montre un Jésus qui redresse, relève, ranime… Bref, un Christ qui rend à la vie. Le Dieu de l’Evangile nous veut vivants. Et les exigences morales de notre foi, ne sont pas là pour nous empêcher de profiter de l’existence. Il s’agit de balises destinées à nous faire goûter à la liberté spirituelle.

La vie est une course d’endurance. Avec ses épreuves. Mais l’arrivée est promise à tous, même pour les ouvriers de la 11° heure. La seule chose à éviter, c’est de nous décourager. Le Christ est là, qui nous lance à chaque chute : « Je te le dis, lève-toi ».

« Abide with me » – 12° dimanche, Année B

«En ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : Passons sur l’autre rive. » (Marc 4,35-41)

La vie est passage – de l’enfance à l’adolescence ; de l’âge adulte à l’automne de la vie. Nous passons d’une rive à l’autre et – parfois – de violentes tempêtes secouent le frêle esquif de nos existences. Alors, nous prenons peur et – même si nous ne sommes pas très religieux – une prière s’échappe de nos lèvres : « Seigneur, je coule – cela ne te fais rien ? »  Et pourtant, si souvent, le Seigneur semble endormi, comme s’Il nous laissait seul, avec notre frayeur.

Le Christ n’a jamais promis qu’il n’y aurait pas de tempêtes. Il n’a pas, non plus, promis que – tel Zorro – Il nous sortirait de toute épreuve. Non – il a simplement promis qu’Il resterait avec nous dans la barque – jusqu’à ce que celle-ci ait rejoint l’autre rive. Alors, soyons dans la paix.

S’il y a des paroles que j’aimerais entendre au jour de mes funérailles, ce sont celles du vieil hymne anglican de Henry Lyte, “Abide with me” (« Reste avec de moi »): ”I fear no foe, with Thee at hand to bless; Ills have no weight, and tears no bitterness. Where is death’s sting? Where, grave, thy victory? I triumph still, if Thou abide with me.” (« Je ne crains aucun ennemi, tant que – tout proche – Tu bénis. La maladie ne pèse pas et les larmes ne sont pas amères. Où est l’aiguillon de la mort? Où la victoire de la tombe? Je triomphe de tout cela, Seigneur, tant que Tu restes avec moi ».)

Au pays du surréalisme, l’électeur est roi

La radio RTBF Première annonce qu’elle se cherche de nouveaux humoristes.
Je me tâte pour tenter ma chance avec un billet surréaliste.
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Imaginons des élections dans notre Royaume, constituant au sud du pays un bloc de centre-droit.
Que celui-ci prenne le nord du pays de vitesse dans la constitution des exécutifs.
Que la Flandre – elle – temporise, ne pouvant former de majorité sans les socialistes.
Qu’enfin, médias et experts voient comme candidat premier ministre, le patron d’un parti prônant la fin du pays.
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Bon, je ne pense pas envoyer ce billet.
Pareil scénario est décidément trop surréaliste.

Elections – Le vote des jeunes…?

La citation est attribuée, tour à tour, à G.B. Shaw et à A. Briand: « l’homme qui n’est pas socialiste à 20 ans n’a pas de coeur, mais s’il l’est encore à 40, il n’a pas de tête ». 
Force est pourtant de constater que, ce dimanche, l’augmentation des primo-votants n’a pas fait basculer la Belgique à gauche…
Aux analystes politiques d’en tirer des conclusions, mais je me permets un petit témoignage.
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Samedi soir, je me trouvais dans la campagne condruzienne liégeoise pour y conférer, au nom de l’évêque, le sacrement de la confirmation.
Après la célébration, les parents organisaient un pain-saucisse et le hasard a voulu que je retrouve entouré de 5 confirmés masculins, auxquels s’ajoutèrent leurs copains (qui n’avaient pas choisi de demander la confirmation), venus par sympathie. Tous avaient entre 16 et 18 ans.
J’ai constaté qu’ils prenaient au sérieux leur devoir d’électeur, mais n’ai pas cherché à découvrir pour qui ils voteraient.
Par contre, je les interrogeai sur leurs futurs choix professionnels et les réponses furent éclairantes : crimino, armée, cuisine, sport professionnel…
Quand je leur demandai leurs raisons, la réaction fut quasi unanime : « parce que c’est cadré ».
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Les jeunes beatniks, hippies, voire même yuppies (ma génération), semblent ne plus être dans le vent.
Ces garçons, assez représentatifs de leur génération ayant reçu une éducation « écoutante et compréhensive », cherchaient paradoxalement tous la discipline et l’exigence…
Dans certains pays, cela les amène à soutenir l’extrême-droite, ignorants les enseignements de l’histoire.
En Belgique francophone, il serait intéressant de chercher à découvrir où leur vote s’est majoritairement porté.

« Deviens ce que tu reçois » – Fête du Corps et du Sang du Christ, Année B

«Ceci est mon corps… Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, répandu pour la multitude». (Marc 14, 12-26)

Le dimanche de la fête du Corps et du Sang du Christ – appelé communément « la Fête-Dieu – est d’origine liégeoise. Comme le rappela le pape Paul VI en 1965 : « elle fut célébrée la première fois au diocèse de Liège, spécialement sous l’influence de la Servante de Dieu, sainte Julienne du MontCornillon, et Notre Prédécesseur Urbain IV l’étendit à l’Eglise universelle » (encyclique Mysterium Fidei n°63).

Instituée au XIIIe siècle, cette fête rappelle que l’Eucharistie est le sacrement qui – par excellence – exprime l’Eglise : si le Christ se rend sacramentellement présent dans l’Eucharistie, c’est afin que ceux qui communient à Lui deviennent présence du Christ dans le monde.

Comme l’enseignait saint Augustin aux chrétiens qui participaient à l‘Eucharistie : « Deviens ce que tu contemples, contemple ce que tu reçois, reçois ce que tu es : le Corps du Christ ».

« Trois fois Saint » – Sainte Trinité, Année B

«  De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». (Matthieu 28, 16-20)

La Trinité n’est pas un problème de mathématiques. Pourtant, comme l’amour ne s’additionne pas, mais se multiplie – ne dit-on pas le « Dieu trois fois Saint » ? – chacun peut vérifier que 1 X 1 X 1, cela fait toujours 1.

La Trinité : 3 Personnes divines en un seul Dieu. Mais bien plus qu’un problème de mathématique, la Trinité est Mystère d’amour. Le peu que la révélation chrétienne nous ait donné de percevoir de l’infinité de Dieu, est que celui-ci est une éternelle Relation de Don : entre le Père qui est Source de tout Don, le Fils à Qui le Don est destiné et qui le rend au Père dans l’unité de l’Esprit – qui est Don.

La Bible nous enseigne que l’homme est créé à l’image de Dieu. Voilà pourquoi nous sommes des êtres relationnels et voilà pourquoi seul le Don de nous-mêmes nous fait rejoindre notre vérité profonde. Devenir disciple du Christ et vivre son baptême, c’est dans l’Esprit s’unir au don du Fils pour devenir enfant du Père.      

«  Le goût de Dieu » – Pentecôte, Année B

« Quand Il viendra, lui l’Esprit de vérité, Il vous conduira dans la vérité tout entière ». (Jean 15, 26 – 16, 15)

Un jour une catéchiste demanda à un enfant : « Tu aimes le chocolat ? » Réponse affirmative – bien évidemment. Elle lui dit alors : « Mais comment peux-tu me dire cela ? Il n’y a pas de chocolat ici ». Perplexité de l’enfant. La catéchiste dit alors : « Tu peux me dire cela, parce que tu as déjà goûté au chocolat et que tu as donc son goût en toi. Sans cela, le mot ‘chocolat’ resterait aussi abstrait pour toi que si je te parlais de la planète Pluton. Ainsi agit l’Esprit. L’esprit est Celui qui nous donne le goût de Dieu. Sans l’Esprit, Dieu reste loin et abstrait. Mais quand l’Esprit touche un cœur, celui-ci « goûte » l’Amour du Christ. Désormais, le goût de Dieu l’accompagnera toute sa vie. Dieu ne sera plus jamais une abstraction ».

Telle est « la vérité tout entière » vers laquelle conduit l’Esprit. Il donne de saisir que Dieu n’est pas un concept, mais une présence de vie. Voilà pourquoi l’Esprit est représenté comme du feu qui éclaire et réchauffe. Comme du vent qui souffle et oxygène. Comme la terre qui porte le fruit, comme de l’eau qui désaltère.

En cette Pentecôte, demandons donc à l’Esprit de nous donner le goût de Dieu.     

«  La joie de l’Evangile » – 7° dimanche de Pâques, Année B

« Je parle ainsi en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés. Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde… » (Jean 17, 11-19)

La joie est un des signes les plus sûrs de la présence de l’Esprit dans un cœur. Non pas la joie mondaine – qui est éphémère et souvent suivie de tristesse. Non pas la joie forcée de celui qui prétend que tout va toujours bien, même quand cela va mal. Non. La joie profonde. La joie spirituelle. Celle qui demeure, même quand « le monde » vous prend en grippe. La joie de celui qui se sait aimé d’un Amour qui n’est pas de ce monde.

Ne jugeons pas nos frères (et nous-mêmes) sur la joie et nous ne serons pas jugé. Mais demeurons lucides. Là où se trouve tristesse, amertume ou cynisme – l’Esprit du Vivant ne peut être présent. Là où demeure la joie – même au cœur des larmes, des injustices et des souffrances – le souffle du Crucifié-Ressuscité nous caresse le visage.

Durant l’ultime semaine qui nous sépare de la Pentecôte – fête du don de l’Esprit, prions chaque jour. Demandons que le Souffle de Dieu nous procure Sa joie.

«  Libres en Esprit » – Solennité de l’Ascension, Année B

« En mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains ; et s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera aucun mal… » (Marc 16, 15-20)

Si le Ressuscité avait voulu nous garder sous sa coupe, Il se serait contenté d’apparaître de temps en temps dans les églises ou au coin des rues. Plus besoin d’Evangile, de Vatican, de curés et chacun serait convaincu… Convaincu, oui. Croyant, non. Il faut être libre pour vivre l’aventure de la foi. Le Christ – qui est liberté suprême – ne s’impose pas à notre conscience. Avec l’Ascension, Il retourne dans la gloire de Son Père et nous envoie Son Esprit.

Les signes de l’Esprit ? Celui qui chasse le mauvais esprit autant que les esprits mauvais. Celui dont le langage renouvelle les relations humaines – même s’il n’est pas polyglotte. Celui qui n’a pas peur de se salir les mains – quitte à prendre à bras-le-corps toutes les vipères que la vie nous fait croiser. Celui que le poison de la médisance ou de la vanité ne tue pas…

Neuf journées séparent l’Ascension de la Pentecôte – fête du don de l’Esprit. Prions chacune de ces neuf journées. Demandons que le Souffle de Dieu nous renouvelle.