Ci-dessous ma chronique parue dans l’hebdo Marianne-B de cette semaine p.39. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:
« Ridicule », film de Patrice Leconte (1996), décrit le Versailles de Louis XVI, où pour briller il fallait faire preuve d’esprit. « Le bel esprit » est une forme de comique, qui marie drôlerie et méchanceté. La culture française en reste imprégnée. Dans l’Hexagone, on aime rire de celui que vise la flèche. Ainsi, ces virtuoses du bel esprit que sont Bedos, père et fils. Ainsi encore, l’excellent Laurent Ruquier. Qu’est-ce que le « flop 10 » qui ouvre son émission-phare « On n’est pas couché » sur France 2, si ce n’est un brillant exercice de bel esprit ? Bien différent est le sens comique manié par l’humour. Quand, à l’occasion de l’ouverture des jeux olympiques de Londres, la Reine fit mine de sauter en parachute avec James Bond, le monde entier éclata de rire, sans que personne ne soit ridiculisé. En se prêtant à pareille mise en scène surréaliste, la monarque fit preuve d’un authentique sens de l’humour. Autre exemple – notre Virginie Hocq nationale, drôle sans jamais être méchante. Si l’humour ne ridiculise personne, c’est parce qu’il se moque de tous, à commencer par celui qui le manie. Voilà pourquoi – là où le comique d’esprit divise, l’humour rassemble. Un jour, j’entendis Virginie Hocq expliquer qu’elle n’avait collaboré que peu de temps avec Laurent Ruquier, vu le décalage entre leurs univers du rire. Entre esprit et humour – la cohabitation n’est pas aisée. A méditer en pleine affaire Dieudonné… murmurerait un mauvais esprit.