Scoop – une collégiale majeure de Liège bientôt réaffectée

En ce 1er avril, la nouvelle fait l’effet d’une bombe dans la Cité ardente : par déclaration commune, l’échevin Omar Al’Armorikên et le représentant de l’évêché, l’abbé Louga, ont annoncé qu’une des plus anciennes collégiales de Liège serait bientôt réaffectée. En effet, l’Aquarium de Liège cherchait un endroit pour s’étendre. Ce sera bientôt chose faite par la transformation d’une des plus vénérables collégiales liégeoises en bassin pour requins.

Comme le souligne l’échevin, ceci aura une double utilité : celle de permettre aux squales d’admirer la ville à travers les vitraux, mais aussi celle de servir de piscine pour étudiants en finance – histoire de leur donner un avant-goût de leur future vie professionnelle.

« Que du bonheur ! » renchérit l’abbé. « Nous pensons utiliser des chanoines pour nourrir ces petites bêtes, quitte à offrir l’un ou l’autre d’entre eux en pâture – histoire de veiller à un renouvellement écologique des effectifs du chapitre cathédrale. Comme cela se fera par tirage au sort et que – si on en croit  la chanson du petit navire – le sort tombe invariablement sur le plus jeune, tout le monde sera gagnant, surtout les internautes qui n’auront plus à perdre leur temps en lisant de bêtes articles sur ce blog ».

 

 

L’avenir des églises

Le dossier paru ce jeudi 29 mars dans les pages du quotidien « l’Avenir » traite avec pertinence de la gestion des bâtiments d’église.
Il s’agit d’une question délicate et brûlante. En la matière il est à peu près impossible de proposer quelque chose sans se faire critiquer. Entre le « moi vivant, rien ne changera » et le « virez-moi tous ces curés qui pompent l’argent public », il y a pourtant nombre de nuances à manier.

Constats :
Oui – Entre 1800  et 1960, le nombre d’églises a triplé en Belgique. Il s’agissait d’accompagner l’évolution démographique d’une population qui comptait encore, jusqu’en 1968, 95% de baptisés catholiques.
Oui – la pratique du culte régulier est en baisse dans l’église catholique et les églises sont donc moins utilisées.
Non – une église ne sert pas qu’à célébrer des Eucharisties. Elle est un lieu de prière, de mémoire, de silence – voire de simple respiration hors du brouhaha quotidien.
Non – une église n’est pas réservée aux catholiques pratiquants. Elle accueille tous ceux et celles qui y entrent : catholique ou non, croyant ou mécréant, jeune ou vieux, etc.

La sécularisation et le pluralisme religieux changent la donne quant au patrimoine immobilier catholique. Il est donc normal que le sujet fasse débat et que le pouvoir politique s’en saisisse. Surtout en temps de récession économique, où chaque denier d’argent publique doit être justifié. Mais le faire en lorgnant exclusivement vers les statistiques de pratique dominicale, est totalement hors propos.

Reste une question d’importance : une église qui reste fermée en-dehors des heures de culte, est une église qui sommeille. Il faut donc tout faire pour les garder ouvertes. Si elles ont un sacristain rémunéré ou bénévole, cela est évidemment plus facile. A défaut, pourquoi ne pas créer une chaine de pensionnés bénévoles, assurant des permanences de surveillance ? Avec un fond de musique religieuse pour que les passants se sentent accueillis, je peux assurer que les visiteurs ne manqueront pas. Il existe des associations qui peuvent aider les communautés paroissiales à faire vivre leurs lieux de culte. Ainsi, www.eglisesouvertes.be – qui fait un travail remarquable.

Distinction entre les églises:
En schématisant à l’extrême, je dirais qu’il existe trois types d’églises :
Il y a les églises qui recèlent un patrimoine artistique exceptionnel. Dans l’unité pastorale au cœur de Liège dont je suis le curé, il y a quatre collégiales millénaires. Elles font la fierté des Liégeois et sont un des arguments majeurs de l’attrait touristique de la Cité ardente. Si elles n’étaient plus, du moins partiellement, consacrées à leur raison d’être – qui est le culte – elles perdraient une bonne part de cet aura. Bref, sauf situation exceptionnelle, désacraliser de tels joyaux serait néfaste pour les finances publiques. Les désaffecter impliquerait de devoir continuer à les entretenir pour un rayonnement moindre. Cela coûterait donc plus cher en rapportant moins. Sauf arguments idéologiques anticléricaux, comment justifier pareille option ?

A l’autre bout de la chaine, il y a les églises de villages. Elles forment le cœur géographique d’une communauté humaine. Les détruire ou les désaffecter, éventrerait l’urbanisme campagnard. Bonne chance à celui qui voudrait convaincre les villageois de le faire. Tout au plus, peut-on songer en concertation avec la fabrique d’église, à ce qu’elles accueillent avec prudence d’autres activités, respectueuses du culte. Et si une église de village trop endommagée doit être démolie, je pense qu’il convient d’y reconstruire ne fut-ce qu’une petit chapelle.

Enfin, il y a toutes les « autres » églises. Il s’agit, soit de lieux de culte appartenant à un collège ou à un couvent, soit d’églises de faubourgs. La plupart sont néogothiques et datent du 19° siècle ou de la première moitié du 20° siècle. Certaines aussi, ont été construite dans le style « froid béton » de la seconde moitié du 20e siècle. Ici, une discussion peut s’engager. Si elles n’ont plus d’utilité pastorale et que leur état est déficient, faut-il toutes les garder ? Personnellement, je suis d’avis que – si une église est devenue un fardeau et n’a plus de réelle utilité religieuse – le mieux est de la démolir. La réaffectation ne s’impose que quand le bâtiment garde un caractère architectural suffisant et que la nouvelle utilisation ne choquera pas. Pour ce type d’église, la politique du pourrissement ou du fait accompli, est néfaste. Au contraire, une vaste concertation entre les autorités publiques, l’évêché et les populations concernées s’impose.

Une ultime remarque cependant : la culture latine est plus sensible aux symboles que les pays germaniques ou anglo-saxons. Il s’agit d’en tenir compte en cas de réaffectation d’un lieu de culte. Une église devenue bibliothèque – cela passe sous nos contrées. Une église transformée en bar – comme en Ecosse ou aux Pays-Bas – choquera. Petite expérience personnelle : j’ai été curé d’une paroisse où une grange avait jadis servi de chapelle. Une fois l’église paroissiale construite, cette grange était devenue la salle paroissiale. A chaque fête de mouvement de jeunesse, je recevais les remarques acerbes de voisins qui ne fréquentaient jamais la paroisse et ignoraient donc qu’il ne s’agissait plus d’un lieu de culte. C’étaient inlassablement  les mêmes doléances : « j’ai beau ne pas être croyant et même anticlérical, cela me choque qu’une église serve de salle de bal ! » Messieurs les élus du peuple, si vous tenez à garder vos électeurs, n’oubliez pas mon conseil : soyez prudents avant d’accepter un projet de réaffectation de lieu de culte.  

Fabriques d’église :
Les responsables catholiques ne me semblent pas opposés à une modernisation de la législation sur les fabriques d’église. Une certaine fusion des fabriques d’église (par commune ?) pourrait être une piste de solution. Pareil regroupement serait utile pour aider nombre de petites fabriques qui aujourd’hui sont déficientes par manque de bénévoles. Cela permettrait, en outre, là où cela s’impose, d’engager un régisseur, payé sur le budget de fabrique. Ceci, en vue d’une gestion plus efficace et moins lourde pour les trésoriers de fabrique. Enfin, si certaines églises sont devenues une charge inutile, une fabrique regroupée sera la plus apte à suggérer la désacralisation, en dialogue avec les autorités ecclésiales et communales.
Cependant, si on ne veut pas former un mammouth déconnecté de la population locale, il est tout aussi important de conserver le caractère de proximité du soin pour les églises. Donc, toute centralisation des fabriques doit être intelligemment dosée avec des antennes locales. La force publique perdrait sinon l’engagement efficace et généreux de nombreux bénévoles. Et les remplacer par des fonctionnaires payés, ferait exploser le budget des cultes.

Je pense que le politique se tromperait en privant les fabriques du pouvoir de décision sur le budget des églises, au profit des administrations communales. Si le bourgmestre – ou son échevin délégué – siège au conseil de fabrique, comme cela est prévu (mais peu mis en œuvre), l’autorité communale a les moyens de faire connaître ses priorités au conseil de fabrique. De plus, les décisions des conseils de fabriques sont soumises à la tutelle conjointe de la Province et de l’Evêché, sans oublier les autorisations particulières à demander à la Région pour des actes de gestion extraordinaire. Changer ce mode de fonctionnement qui responsabilise les fabriques d’église, serait faire un mauvais calcul. Le rôle d’un conseil de fabrique peut, en effet, être comparé à celui d’un Pouvoir Organisateur (PO) dans une école du réseau libre. Or, le système de gestion d’une école par un PO a démontré son efficacité et son caractère économe. Il en va de même pour les fabriques d’église : comme les PO, elles reposent sur l’engagement bénévole de citoyens et représentent donc une économie substantielle pour les finances publiques.

« Je l’aime à mourir » – Dimanche des Rameaux et de la Passion, Année B

« La sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte: Eloï, Eloï, lama sabachthani? ce qui signifie: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? (…) Jésus, ayant poussé un grand cri, expira. Le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le centenier, qui était en face de Jésus, voyant qu’il avait expiré de la sorte, dit: Assurément, cet homme était Fils de Dieu.». (Marc 14, 1-15, 47. Marc 15, 1-39)

Avec le dimanche des Rameaux débute la « Semaine Sainte », c’est-à-dire la sainte semaine des chrétiens. La semaine où est résumé tout le mystère de notre foi en un Dieu qui aime l’humanité à en mourir. De cet Amour fou qui transfigure nos péchés, les rameaux qui orneront les crucifix de nos maisons, sont le rappel tout au long de l’année.

Ne vivons pas cette semaine de façon distraite. Si nous le pouvons, participons aux offices de la semaine sainte et au chemin de croix dans les rues de Liège. Ainsi, nous retrouverons-nous pour célébrer la Pâques du Christ avec un cœur de ressuscité.

Ma’am… – La Libre 27 mars p.55

Ce mardi 27 mars ma chronique du mois a été publiée en p.55 du quotidien La Libre.

Il me fut demandé de diversifier mes thèmes de réflexion. J’ai donc profité du jubilé de diamant de la « Queen » pour réfléchir sur la différence entre monarchie constitutionnelle et république démocratique.

Vous pouvez lire cette chronique en cliquant sur le lien suivant : Ma’am…

Merci à la rédaction de La Libre de m’offrir cet espace d’expression.

Avortement blabla

La démocratie – comme enceinte de débat face à des idées qui ne sont pas les nôtres – ne nous est pas connaturelle. Pour s’en assurer, il suffit de se trouver un beau jour au sein d’une minorité idéologique et puis d’analyser comment la « majorité bienpensante » vous traite. Quelqu’un qui en a fait les frais – dans un tout autre domaine – est l’ex-Ecolo Bernard Westphael. D’où sa conclusion : « Je pars sans réelle amertume (du parti Ecolo) car la politique est d’abord un rapport de force ».

Rapport de force ? Trop souvent oui. Celui qui vient remettre en question nos belles « certitudes » est un empêcheur de ronronner en rond. Il éveillera donc en nous une sourde violence. Votre serviteur n’est pas immunisé de ce réflexe de défense infantile. Farouche défenseur d’une attitude écologique responsable, j’ai souvent la tentation de me boucher les oreilles, plutôt que de débattre avec les climato-sceptiques. A tort, bien évidemment: le débat grandit ses protagonistes et – s’il n’est pas un dialogue de sourd – affine les analyses. Dans un autre ordre d’idée, c’est exactement ce qui arriva à l’ULB lors du chahut « Burqa blabla ». Caroline Fourest dérangeait. Plutôt que de débattre avec elle, il fallait l’empêcher de parler. D’où mon indignation répétée dans ce blog face à pareil chahut – moi qui suis tout sauf un fan de Madame Fourest.

Dans le cadre du débat sur l’avortement – où l’homme assez politiquement correct que je suis en général, a le malheur de se trouver pour une fois clairement dans le camp de la minorité idéologique – cela donne quelque chose de détonnant. De quoi s’agit-il dans ce débat ? D’une question de « curseur ». Où place-t-on le curseur du respect de la vie humaine à naître et pourquoi ? Je fais partie de ceux qui pensent que la vie humaine est trop précieuse pour placer un pareil curseur. La majorité dans ce pays n’est pas de cet avis. Bien. Débattons donc…

Catéchisme de ceux qui déclarent ne pas en avoir.
Débattre ? Pas si facile… Mis à part quelques voix respectueuses de la diversité dans le débat sur l’avortement – que je salue – l’approche de la 3° Marche pour la Vie de Bruxelles fut plutôt accueillie par des canonnades.

Ainsi cette carte blanche parue vendredi dernier dans les colonnes du Soir (pp.14-15), intitulée : « La loi sur l’avortement face aux discours totalitaires » . « Totalitaires »… ça commence bien : me voilà déjà assimilé à un fils spirituel de Goebbels. Passons au début de l’article : « L’évolution de nos sociétés oppose généralement deux tendances forcément antagonistes : les progressistes et les conservateurs. L’aile ultra des conservateurs se montre aujourd’hui prête à tout pour revenir sur des progrès qu’elle estime contraires à des valeurs du passé, présentées comme respectueuses de « la vie »… » Cela est curieux. Voilà des personnes qui se réclament du « relativisme philosophique » (chacun son choix de vie) et récusent toute vision « dogmatique » de l’histoire, mais qui scandent haut et fort que l’humanité se divise « urbi et orbi » en deux camps : les gentils (bref, les progressistes, c’est-à-dire ceux qui pensent comme eux) et les méchants (conservateurs… bref, ceux qui ne pensent pas comme eux – bref, moi). Mesdames et Messieurs les gentils, sur quel catéchisme basez-vous telle certitude péremptoire ?

Dans un style plus soft, mais nullement moins efficace, il y eut cette séquence du JT, qui commence par ce commentaire navré : «Aujourd’hui encore, le droit à l’avortement – un combat que l’on pouvait croire gagné, acquis, est encore remis en question ».

Même son de cloche chez les jeunes MR, parti cette fois de centre-droite: « Parallèlement, les Jeunes MR condamnent fermement la « Marche Pour la Vie » qui se déroulera ce dimanche à Bruxelles. Bien que défenseurs de la liberté d’expression, les Jeunes MR ne conçoivent pas qu’en 2012 encore, certains s’adonnent à autant de prosélytisme pour stigmatiser des milliers de femmes qui ont recours à l’avortement ». Bref, voilà des jeunes qui sont défenseurs de la liberté d’expression – seulement si on exprime ce qu’ils jugent concevable en 2012. Une fois de plus, au nom de quel catéchisme ?

Après le « Burqa blabla », voici « Avortement blabla ». Ce que les opposants au droit à l’avortement défendent – c’est-à-dire qu’il ne peut s’agir d’un « droit », mais tout au plus d’une transgression dépénalisée – est trop dérangeant. L’expression de leur opinion est donc balayée d’un revers de la main, du genre : « comment peut-on encore penser comme ça en 2012 ? », plutôt qu’accueillie au sein d’un débat aussi respectueux que musclé.

Moutons de Panurge
Non décidemment, la démocratie – comme enceinte de débat face à des idées qui ne sont pas les nôtres – ne nous est pas connaturelle. Le psychologue Pascal de Sutter s’en explique dans le Vif de cette semaine (p.58) : « Or les études de plusieurs psychologues-chercheurs ont démontré qu’en société l’être humain est d’un conformisme stupéfiant. Chaque sujet tente d’ajuster son opinion à ce qu’il pense être le consensus du groupe. Même si, au départ, il avait une opinion différente. Chacun aligne sa pensée à celle du groupe sans trop se soucier de savoir ce qui est vrai ou faux. Le cerveau de l’être humain semble programmé génétiquement pour favoriser ce que les psychologues nomment « la pensée de groupe ». Ce que l’on retrouve aussi sous les vocables de « pensée unique », de « prêt à penser »… ».  
Je ne pense pas que le professeur de Sutter partage mon point de vue sur l’avortement (mais au fond, je n’en sais rien), mais je crois qu’il serait de ceux qui accepteraient d’en débattre. Car tel est le prix de la démocratie.

«Le chemin de la Pâques» – 5e dimanche de Carême, Année B

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit.  ». (Jean 12, 20-33)

Pâques signifie « passage ». Nous sommes tous des passants : embryon, enfant, adolescent, adulte, vieillard,… Du point de vue de la matière, nous passons de la vie à la mort. Parfois de manière brutale et beaucoup trop tôt – comme ces enfants fauchés à la vie de retour de Suisse. Mais pour tous, la mort terrestre est la seule issue biologique dont nous soyons assurés. Cependant, il existe un autre regard : celui de l’Esprit (ou même de l’esprit avec un petit « e », car ce qui suit vaut aussi – de façon adaptée à leurs convictions – pour les agnostiques et les athées). Spirituellement nous ne vivons pas pour mourir, mais sommes au contraire appelés à mourir pour vivre. Chaque décision que nous prenons est une mort à tous les possibles que pareille décision élimine, en vue de vivre le choix que nous avons fait.

Comment choisir ? Ici, le Christ nous enseigne Sa voie radicale – le chemin de la Pâques : mourir à tout ce qui est repli sur soi pour vivre de la seule réalité spirituelle qui ne passe pas, car elle vient de Dieu et retourne à Dieu – l’amour. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit.  ». Précision : Il ne s’agit pas de l’amour sentimental ou fusionnel, mais bien de l’amour qui donne et reçoit en vérité. Un amour à l’image de la Trinité – éternel échange d’amour entre le Père et le Fils dans l’Esprit. Le chemin de la Pâques est un chemin exigeant et souvent à contre-courant de notre société de consommation. Mais il n’a rien de masochiste. Il s’agit au contraire d’un chemin de résurrection et de vie : « Celui qui aime sa vie (c’est-à-dire égoïstement) la perd ; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle ». 

Dimanche 25 mars, 3° Marche pour la Vie – Pourquoi je participe.

Ce dimanche 25 mars vers 12h40 – rendez-vous est donné à la gare des Guillemins de Liège, sur le quai du train qui part pour Bruxelles à 13h. Rendez-vous adressé à qui le désire, de rejoindre la 3° Marche pour la Vie. Celle-ci débute à 14h au Mont des Arts (près de la gare centrale de la capitale). Pourquoi cet appel qui prend à rebrousse-poil une opinion très majoritaire en Belgique, en manifestant pour que la question de l’avortement ne soit pas évacuée du débat citoyen ?

Je participais ce mardi à une rencontre sur l’Europe. A la fin du repas, une jeune militante me signale qu’elle participera à la manifestation « pro-choice » de samedi 24. Elle me demande mon avis « sincère » sur la question de l’avortement – sous-entendu : pas celui que je suis censé défendre comme prêtre. Je lui réponds que je serai « sincèrement » présent le 25 à la Marche pour la Vie, mais que je comprends que les adversaires manifestent la veille, car la démocratie naît du débat d’idée et puis aussi parce que cette contre-manifestation contribue à faire de la publicité autour du débat concernant la vie à naître.
S’ensuit un laborieux échange entre elle et moi. Difficile à résumer, mais j’ai l’impression de ne recevoir de sa part que des arguments de forme et non de fond. J’entends dans sa bouche : « mais le débat sur l’avortement a déjà eu lieu au parlement il y a des années et la question fut tranchée ». Je lui réponds que le parlement n’a pas pour vocation de promulguer des dogmes infaillibles et que – sur tant d’autres dossiers – le parti où elle milite remet en cause des débats tranchés par le passé. Elle me dit : « mais comment est-ce qu’une opinion philosophique sur le début de la vie peut empêcher une femme de décider librement de sa grossesse » ? Je réponds que tout l’enjeu est là. La liberté d’un citoyen s’achève là où commence celle d’un autre. Dénier à l’embryon le statut de sujet de droit, c’est le chosifier. Au nom de quoi et à partir de quand peut-on décider qu’une vie humaine en développement n’est pas inviolable ? Pourquoi ne pas également « chosifier » le nouveau-né ? Le petit enfant ? Qui décide et au nom de quels critères ?

Je n’ai jamais eu, de la part des pro-choice, de réponses satisfaisantes à mes interrogations. C’est pourquoi je me joins à la 3° Marche pour la Vie. Celle-ci se veut une démarche citoyenne avec pour objectif de remettre justement à l’ordre du jour la question cruciale : « à partir de quand et pourquoi une vie humaine est-elle inviolable ? » Elle demande que l’on cesse de glisser de la dépénalisation au « droit à l’avortement » ; de la transgression non pénalisée à la justification de pareille transgression.
Il y a quelques années j’ai abordé la question de l’avortement dans un ouvrage – sorte de joute philosophique avec mon ami Baudouin Decharneux, professeur à l’ULB (Une cuillère d’eau bénite et un zeste de soufre, édition EME)). Baudouin était d’un autre avis sur la question de l’avortement, mais ne m’a jamais dit que j’étais complètement idiot d’avoir les convictions que je défendais. Ci-dessous ce que j’écrivais à l’époque. Je n’ai pas changé d’avis.

Une cuillère d’eau bénite et un zeste de soufre – extrait
Avec l’avortement nous touchons à un des sujets les plus cruciaux du débat politique. Normal : Il s’agit d’un enjeu de vie ou de mort ; la question qui consiste à définir à partir de quand la vie humaine est inviolable et donc protégée par la loi. L’humanisme dont se réclament, avec d’autres, les catholiques ne tergiverse pas avec ce respect : Selon ses critères, la vie humaine est inviolable depuis son origine naturelle (conception) et ce, jusqu’à sa fin naturelle (mort). Limiter ce droit, c’est se lancer sur une pente glissante – slippery slope, disent les britanniques – pour l’état de droit : Quand la vie humaine devient « conditionnellement » inviolable (avant autant de semaines, la vie de l’embryon dépend de la volonté de sa mère à le garder ou non…), cette valeur centrale pour notre civilisation des droits de l’homme, perd son caractère « sacré » pour devenir relative à nos besoins du moment.
J’accepte que d’autres citoyens ne partagent pas cet avis, mais je m’énerve quand ils dénaturent le plaidoyer qui est ici fait. Non, il ne s’agit pas d’imposer sa religion à des femmes enceintes  – comme j’entends beaucoup  trop souvent déclarer – mais bien de défendre l’inviolabilité de toute vie humaine au nom d’un humanisme sans concession. L’enjeu n’est donc pas religieux, mais philosophique et politique. C’est à ce niveau-là que doit se situer le débat, s’il se veut honnête.
Je précise cependant qu’une conviction forte ne peut bannir le bon sens et l’humanité. Dans les chambres d’hôpital, des thérapeutes se trouvent souvent bien seuls face à tant de drames humains à gérer. Il faut de la retenue et beaucoup de pudeur avant de condamner ce qu’ils ont décidé de faire en âme et conscience. La défense de l’humain est un idéal avec lequel il n’y a pas à transiger. N’en faisons pas pour la cause un système sourd qui juge, sans entendre le cri des hommes. J’ai rencontré des millionnaires américains – catholiques bon teint – qui ne voulaient pas entendre parler d’avortement, mais n’imaginaient pas non plus, hélas, de financer une sécurité sociale un tant soit peu élaborée, pour aider les filles mères. A chacun – et donc à moi-même – s’adresse l’avertissement du Christ : « Sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes et les Pharisiens : faites donc et observez tout ce qu’ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes : car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt. » (Matthieu 23, 2-4) 
La dépénalisation de l’avortement a contribué à banaliser ce qui reste un acte d’interruption de vie. Je suggère plutôt de favoriser l’accouchement sous X avec possibilité d’adoption. N’est-il pas curieux que nous vivions dans un pays où il semble à celles qui vivent une grossesse non-désirée, plus facile d’avorter que de permettre l’adoption ? Et nous voyons les couples sans enfants parcourir la moitié du globe terrestre pour pouvoir accueillir un enfant. Je pense qu’il y a ici matière à réflexion, même pour cette majorité de mes concitoyens qui ne partagent pas mon point de vue sur l’IVG.

Le vengeur masqué et les larmes des anonymes

Je devais avoir 4 ans, lorsque habillé en Zorro, je voulus sauter avec mon frère du premier étage de la maison de mes parents. S’ils n’étaient pas arrivés à temps, je ne serais peut-être plus là pour le raconter. Il est puissant chez les fils d’Adam (moins chez les filles d’Eve – fort heureusement) le syndrome du vengeur masqué qui – seul et héroïque – combat les forces du mal. C’est ce désir – dévoyé en délire meurtrier – qui animait jadis les CCC et autres Rote Armee Fraktion, mais aussi des loups solitaires – aussi paumés qu’idéologisés. Aujourd’hui, la figure du djihadiste Ben Laden a remplacé celle du commandante Che Guevara. Mais le danger social est le même :  la mort des enfants juifs de Toulouse et celle de l’imam shiite de Bruxelles le prouvent.

A l’autre bout de la chaine, il y a toutes ces larmes des anonymes. Frappés par la fatalité comme à Lommel et Louvain. Terrassés par un vengeur masqué de pacotille, comme à Bruxelles et Toulouse. Ces jours-ci, il y eut de poignants et dignes hommages aux victimes – cérémonies laïques, catholiques, musulmanes et juives… Les larmes des anonymes n’ont ni religion, ni couleur.

« Laetare – sobre joie » – 4e dimanche de Carême, Année B

« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ». (Jean 3, 14-21)

Le 4° dimanche de Carême est traditionnellement appelé dimanche de la laetare, c’est-à-dire dimanche de la joie. Il ne s’agit pas d’une joie provoquée par des excitants externes (on dit alors « ivre de joie »), mais bien de la joie qui rayonne de l’intérieur – une joie sobre. Telle est la joie qu’éprouve celui ou celle qui accepte de se laisser regarder par le Christ en croix. Le Crucifié pose sur chacun de nous un regard sans complaisance, mais aussi sans jugement. Un regard d’amour inconditionnel, qui murmure : « Voilà qui tu es, par-delà tous tes masques. Eh bien, tel que tu es, Je te reconnais comme mon frère et Je t’aime ». Celui qui fuit ce regard « est déjà jugé », car il s’enfonce dans les ténèbres de ses propres mensonges et ne vit qu’au niveau des apparences. Au contraire, celui qui accueille le regard du Christ ne cherche plus d’excuses. Il désire la divine Lumière : « celui qui agit selon la Vérité, vient à la lumière ». Telle est l’expérience du salut. « Amazing grace » (grâce surprenante)  chante une vieil hymne écossais – en poursuivant : « j’étais perdu et maintenant, je suis trouvé ». D’où la joie, « parce qui il y a plus de joie pour un pécheur qui se repent que pour mille justes ». (Luc 15,7)

Medeleven… Condoléances

Woorden schieten tekort als het ondenkbare voorkomt. Toch dient er iets gezegd te worden midden onder de tranen, de vragen, de stilte en misschien ook het gebed. Daarom deze verklaring van de Belgische bisschoppen:

‘De bisschoppen van België leven mee met de slachtoffers busongeval en hun families’
De bisschoppen van België zijn ontzet bij het vernemen van de vreselijke tol aan jonge mensenlevens die het dramatische busongeval vannacht in het Zwitserse Sierre heeft geëist.
Ze bieden hun christelijke deelneming aan de zwaar getroffen families van de dodelijke slachtoffers aan en bidden om een spoedig herstel van de vele zwaargewonde kinderen.
De bisschoppen roepen de katholieke gemeenschap in ons land op tot medeleven, steun en gebed voor al wie door dit drama is getroffen en wensen alle betrokkenen sterkte en moed.
Mgr. Patrick Hoogmartens, bisschop van Hasselt, brengt momenteel een bezoek aan de getroffen school in Lommel om er persoonlijk zijn medeleven over te brengen.
Mgr. André-Joseph Léonard, aartsbisschop van Mechelen-Brussel, en mgr. Leon Lemmens, zijn hulpbisschop voor het vicariaat Vlaams-Brabant en Mechelen, zullen hetzelfde doen in de school in Heverlee.
De bisschoppen van België

« Les évêques de Belgique présentent leurs condoléances aux familles des victimes de l’accident de car»
Les évêques de Belgique sont consternés d’apprendre l’accident de car qui a eu lieu cette nuit à Sierre (Suisse), et qui a causé la mort de 28 personnes dont 22 enfants, originaires d’ Heverlee et de Lommel. Ils pensent aux familles dramatiquement plongées ainsi dans le deuil.
Les évêques sont de cœur avec les familles touchées auxquels ils présentent leurs chrétiennes condoléances. Ils les assurent de leur prière et de leur soutien. Ils prient aussi pour le meilleur rétablissement des blessés.
Ils appellent les catholiques de Belgique à s’unir dans le soutien, l’affection et la prière à tous ceux et celles qui sont touchés par ce tragique accident en leur souhaitant courage et force.
Mgr Patrick Hoogmartens, évêque de Hasselt, s’est rendu ce matin dans l’école des victimes à Lommel, pour remettre ses condoléances.
Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles, et Mgr Leon Lemmens, son évêque auxiliaire pour le vicariat du Brabant flamand et Malines, se rendront dans l’école d’Heverlee.
Les évêques de Belgique