Saint-Nicolas… attention danger ?

Le 6 décembre s’éloigne et j’en profite pour lancer une réflexion concernant la fête de Saint-Nicolas – populaire en Belgique, aux Pays-Bas et dans quelques autres régions du monde. Il est évidemment sympathique d’imaginer que le saint patron des enfants vienne gâter les petits par quelques cadeaux. Cependant, il y a un gros « mais »…
Une chose est d’entraîner son enfant dans la magie de la fête (comme pour « père Noël »), une autre est de lui cacher la vérité. Tant que l’enfant ne pose pas de questions – car il ne fait guère de distinction entre vérité et rêve – pourquoi ne pas le bercer? Mais quand le petit commence à s’éveiller et à s’interroger, il n’est pas sain de vouloir le maintenir dans l’illusion – en lui cachant ce qu’il a le droit de savoir : que ce sont les parents qui « jouent » à Saint-Nicolas.

Je me rappelle le moment où cela m’est arrivé. J’avais 6 ans et mon frère aîné avait posé des questions à mes parents, en ma présence. Mon père et ma mère avaient d’abord prétendu que c’était bien Saint-Nicolas qui portait les cadeaux aux enfants, avant de se raviser le lendemain et de nous dire la vérité. Je me souviens très précisément de la réflexion qui – à cet instant – traversa ma petite tête (à l’époque) blonde : « Oh, mes parents m’ont fait croire en quelque chose qui n’est pas vrai. Mais, heureusement, ils ont rétabli la vérité. Je pourrai donc encore avoir confiance en eux ».
Peut-être pensez-vous que j’étais bien trop jeune pour me dire tout cela. Et pourtant, c’est ainsi : un gosse est capable de raisonner en philosophe. Je vais même plus loin : j’ai l’intime conviction que si j’avais dû découvrir la sympathique supercherie par moi-même, quelque chose en moi se serait brisé. A l’adolescence, j’aurais dès lors sans doute rangé le petit Jésus dans le même tiroir que le grand Saint-Nicolas : au rayon des fables pour enfants, dont le jeune adulte doit se libérer.

Voilà pourquoi, je dis « oui » à la magie de Saint-Nicolas, mais « non » à la tromperie parentale. En cachant à leurs enfants la vérité, des parents ne cherchent pas à protéger leur gosse. Ils ont tout simplement peur de les voir grandir.

Blog: bilan du mois de novembre

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées. La fréquentation baissa durant les vacances, car le blog – aussi – pris du repos. Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. La baisse de fréquentation s’explique par le fait que j’écrive moins souvent.

Le lectorat reste majoritairement belge (2138 visites). La France suit – et augmente sa fréquence – avec 291 visites. Le nouveau venu est la Canada (Québec) avec 71 visites. L’article le plus fréquenté est « Le Vatican face à Benetton » avec 245 visites. Vient ensuite « Les catholiques belges et la franc-maçonnerie – une préface » avec 225 visites et « Vient de paraître : Valet de trèfle – Roman (éditions EME)» avec 144 visites.

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain.

Ressourcement

Ces jours-ci, un manifeste fait le tour de Flandre. Il demande que l’Eglise institutionnelle s’adapte pour répondre au manque de prêtres. Les adaptations font, de fait, partie de la vie en Eglise – pour peu qu’elles soient portées par l’Esprit. Quant à savoir si c’est le cas des diverses exigences de ce manifeste, je laisse la question ouverte. Non que j’aie peur d’y répondre, mais parce que je ne pense pas que le salut vienne des structures. Elles sont nécessaires, mais pas essentielles. Le passé nous a, en effet, suffisamment appris qu’une Eglise avec un grand nombre de ministres du culte, ne signifiait pas – pour autant – une Eglise vivante. Non, le vrai changement vient d’un authentique ressourcement des baptisés.
D’où un autre manifeste – plus radical et, sans doute aussi, plus gênant: Je rêve d’une Eglise où les baptisés apprennent à leurs enfants comment prier – non pas tels de petits automates, mais comme des enfants du Père céleste. Je rêve d’une Eglise dont les croyants lisent régulièrement la Bible, ou alors un livre spirituel de qualité. Je rêve de chrétiens qui demandent à leurs prêtres: “Parlez-moi de Dieu” ou encore “Puis-je me confesser?” Je rêve enfin de fidèles qui osent s’afficher comme tels en dehors des églises. Comme David Bowie himself le fit devant des milliers de personnes à Wembley.
Soit l’Evangile n’est qu’un appendice d’une éducation du passé. Alors, autant s’en débarrasser sans remords. Soit la vie avec Christ est une chose essentielle et belle. Dans ce cas, je rêve d’une Eglise dont chaque membre – et pas seulement ses pros – se sente responsable. Afin que les générations à venir fassent à leur tour pareille Expérience de Vie. Cela aussi, vaut un manifeste.

Herbronning

In Vlaanderen maakt een Kerkmanifest de ronde: de institutionele Kerk moet zich aanpassen om het priestertekort tegemoet te komen. Aanpassingen behoren tot het leven van het Godsvolk, indien geïnspireerd door de Geest. Of de eisen van dit manifest allen tot deze categorie behoren, laat ik hier in het midden. Niet dat ik niet durf om mij daarover uit te spreken. Maar omdat ik eigenlijk weinig heil verwacht van “top-bottom” aanpassingen. Ze zijn nodig, maar niet essentieel. Het verleden heeft ons nl. ruim genoeg geleerd dat een Kerk met veel ambtenaren van de eredienst, niet automatisch een levende Kerk is. Essentie is de herbronning van elke gedoopte.
Daarom een ander manifest – radicaler en waarschijnlijk ook meer gênant : Ik droom van gedoopte die hun kinderen dagelijks leren bidden – niet als brave automaten, maar als kinderen van de Hemelse Vader. Ik droom van gelovigen die regelmatig de Bijbel, of een deftig spiritueel boek lezen. Ik droom van christenen die aan hun priester vragen: “Vertel eens over God” of nog : “Zou ik mogen biechten?”  Ik droom tenslotte van kerkgangers, die ook buiten de kerk durven opkomen voor hun geloof. Zoals bv. David Bowie himself het deed voor duizenden in Wembley stadion.
Ofwel is het Evangelie maar een onderdeel van een traditioneel Vlaamse opvoeding. Voor hetzelfde geld mogen we dat detail dan laten droppen. Maar indien het leven met Christus iets essentieels betekent, droom ik van een Kerk waarvan elk lid – en niet alleen de professionals – zich verantwoordelijk voelt. Opdat ook onze nakomelingen deze Levenservaring zouden maken. Dit is zeker ook een manifest waard.

« Non, ce n’est pas le père fouettard » – 2e dimanche de l’Avent, Année B

« A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur » (Marc 1, 1-8)

Quel est cet étrange compagnon du 2e dimanche de l’Avent ? Il habite dans le désert et est habillé d’une tunique de chameau. Vu son apparence austère, certains enfants croiront peut-être qu’il s’agit du père fouettard (*), débarquant quelques jours avant son patron. Mais non. Cet homme ne vient pas départager les gamins sages de ceux qui sont… un peu moins sages. Sa parole rugueuse s’adresse à tous. Qui donc est ce type bizarre qui baptise dans le Jourdain ? Il est une voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ! »

Le temps de l’Avent c’est justement cela… Dans le désert spirituel de nos villes et de nos vies, préparer les chemins du Seigneur. Et nous de répondre à ce drôle de prophète : « Oui mais dis… pas facile, hein ! Tu ne te rends pas compte des obstacles ? Et puis, je ne suis pas un prophète professionnel. De plus, quand je parle de Dieu, on se moque de moi ». Mais nos objections ne déstabilisent pas le Baptiste. Il dit : « Si un obstacle se dresse, aplanissez la route. Ne craignez pas :  Vient bientôt un plus grand que moi. Lui baptisera dans l’Esprit Saint ».

(*) Pour les non-Belges ou non-Alsaciens, le père fouettard est le personnage de type mauresque qui accompagne Saint Nicolas, patron des enfants – qui vient gâter les petits chaque 6 décembre. Si l’enfant n’a pas été sage, le père fouettard lui réserve son martinet… Comme tous les enfants sont sages, cela n’arrive jamais et le serviteur du bon saint passe le plus clair de son temps à distribuer des friandises.

Il est 7 heures. Liège s’éveille (La Libre 29/11 p.55).

Ce 29 novembre ma chronique du mois dans le quotidien la Libre, a été publiée en p.55. Vous pouvez la lire en cliquant sur le lien suivant :  Il est 7 heures. Liège s’éveille.

Je remercie, une fois de plus, la rédaction de La Libre de m’offrir cet espace d’expression.

 

« Le Philosophe, le Prêtre et le Polar » – ce vendredi à Spa: présentation de deux ouvrages de fiction

VENDREDI 2 décembre « Le Philosophe, le Prêtre et le Polar »

Baudouin Decharneux, Professeur de philosophie des religions à l’ULB et l’abbé Eric de Beukelaer, curé-doyen du centre de Liège ont chacun récemment publié un roman policier aux éditions EME. « Meurtre en kabbale » http://www.eme-editions.be/product.php?id_product=45743 de Baudouin Decharneux se situe dans le monde des loges maçonniques du nord de la France. « Valet de Trèfle » http://www.eme-editions.be/product.php?id_product=47233 de Eric de Beukelaer se passe dans un univers ecclésiastique au cœur de la ville de Spa, quelque peu recréée pour l’occasion. Les deux auteurs sont amis et leurs écrits se veulent, entre autre, une critique souriante de la mode des romans écrits sur fond d’un ésotérisme de bazar.

De 17 h à 18 h, les deux auteurs seront à la librairie Pages après Pages pour une séance de dédicaces

Ils se trouveront ensuite de 18 h à 19 h à l’office du tourisme de Spa, Place Royale 41 à 4900 Spa, pour une présentation, suivie d’un échange avec le public et du verre de l’amitié

 Librairie Pages après Pages

7 Rue Dr Henri Schaltin 4900 SPA          087/22.67.28     www.pagesaprespages.be

 

« Les sentinelles de la crèche » – 1er dimanche de l’Avent, Année B

« Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » (Marc 13, 33-37)

Avec le temps de l’Avent, s’ouvre une nouvelle année liturgique : nous quittons l’année durant laquelle l’Evangile selon Saint Matthieu fut lu chaque dimanche à l’église et entrons dans l’année consacrée à Saint Marc.

Plus immédiatement, l’Avent est le temps de quatre semaines qui nous prépare à la Nativité. Alors que la devanture de tant de magasins se met aux couleurs de la fête, l’Eglise nous propose de préparer nos cœurs à la venue de l’Enfant de la crèche. Ce serait dommage qu’arrivé le temps de la Messe de minuit, nous nous disions soudainement – comme surpris : « déjà Noël ! » Un mois nous est donné, afin d’apprêter la crèche de nos cœurs à recevoir le Divin Enfant. C’est tout le symbole des couronnes de l’Avent qui ornent nos églises et – je vous y invite – également nos maisons : à chaque semaine, la lumière qui jaillit de la couronne augmente. De même, nous sommes appelés à devenir chaque semaine davantage lumineux de Noël.

L’Avent nous invite à nous ressaisir, afin que l’esprit de Noël ne se vive pas qu’une petite journée par an. Alors, soyons des sentinelles de la crèche. Il vient l’Enfant qui porte l’Amour au monde. Ne le ratons pas, parce que notre cœur somnole.  «Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !» (Marc 13, 33-37)

« Malheureux vous les riches » (Luc 6, 24)

Je me suis intéressé à une dépêche de presse RTL, tombée ce jour : l’an dernier, le milliardaire Karl Rabeder a annoncé qu’il allait renoncer à sa fortune. En effet, M. Rabeder aurait réalisé que le luxe ne le rendait pas heureux. L’Autrichien s’est donc séparé de sa maison et de son entreprise dans l’espoir de vivre le réel bonheur. Par ailleurs, il a versé l’argent récolté par la vente de ses biens à une société de micro-crédit qu’il avait créée et qui aide les populations du tiers monde à survivre ou à réaliser leurs projets. Le milliardaire s’est habitué à une vie trop confortable, le poussant à acheter des biens sans cesse et dont il n’avait pas besoin. Lors d’un voyage à Hawaï, Karl Rabeder a eu une révélation. Tout lui a soudainement paru faux: « Le personnel jouait le rôle de personnes amicales, les autres vacanciers jouaient le rôle de personnages importants et personne n’était réel« . Lors de certains voyages, Karl Rabeder a également ressenti un sentiment de culpabilité. C’est le fait de visiter des régions pauvres et d’être confronté à une réalité difficile qui l’a poussé à mettre ses biens en vente au profit des autres. Aujourd’hui, l’homme vit dans une petite maison en bois et se dit plus heureux que jamais. M. Rabeder a expliqué que « si dans un premier temps l’argent peut rendre heureux parce qu’il apporte une vraie liberté, une fois passé le bonheur du changement, on se rend compte que tout n’est qu’illusion« . Même s’il s’est reconverti, M. Rabeder est un ex-homme d’affaires et sait comment faire de l’argent. Avec ses activités actuelles de coach personnel et conférencier, il gagne encore très bien sa vie, mais ne conserve que 1.000€ pour lui. Le reste, il le verserait à la société de micro-crédit qu’il a créée.

Voilà une parabole des temps modernes. Quand il prononce son sévère « malheureux vous les riches » (Luc 6,24), le Christ ne condamne pas la création de richesse par des entrepreneurs plus créatifs et travailleurs que la moyenne de la population. Non, le Fils de l’homme dénonce le fait de rester prisonnier du besoin d’amasser des fortunes sidérales. La recherche frénétique de lucre apaise les angoisses de manque et flatte la vanité par des produits de luxe. Mais le cœur de l’homme n’en est pas nourri. Surtout quand la richesse se vit dans un océan de misère. Quel confort de vie possède l’homme qui doit se réfugier derrière des barrières et se protéger de son prochain affamé par des gardes armés ? A méditer dans les années de crise économique aiguë qui s’annoncent. « Malheureux vous les riches »…

Evidemment, nous ne sommes pas tous des François d’Assise, mais heureux l’homme nanti qui a découvert la joie du partage et de l’authentique redistribution. Une sagesse populaire dit que les chrétiens ont souvent le cœur à gauche, mais le portefeuille à droite. Ils aiment les généreuses idées, mais protègent avec zèle leur pouvoir d’achat. Je me reconnais volontiers dans cette boutade. En fait, c’est le contraire qu’il faut faire advenir : un chrétien se doit d’avoir le cœur à droite, mais le portefeuille à gauche. Il est bon qu’il défende les bonnes vieilles valeurs traditionnelles – du travail bien fait, du respect de l’autre, du sens du devoir – mais que si la vie lui donne l’aisance matérielle, il trouve tout naturel de partager pour en faire profiter son prochain. Non pas « pour gagner son paradis », mais afin de trouver joie et bonheur dès ici-bas… Vous ne comprenez toujours pas ? Demandez à Monsieur Rabeder.

« Le Roi crucifié » – Dimanche du Christ-Roi, 34e dimanche, Année A (Matthieu 25, 31-46)

«Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Matthieu 25, 31-46)

En ce dernier dimanche de l’année liturgique – dimanche du Christ-Roi – l’Evangile nous fait réfléchir sur ce qu’on appelle communément « le jugement dernier ». Des générations entières ont eu l’imagination marquée par les représentations de jugement dernier sculptées sur les portails de nos cathédrales: le Christ-Roi y trône en majesté.

Mais cette représentation-là ne correspond pas pleinement à celle de l’Evangile. Dans l’Evangile, le Christ est un roi dont la seule couronne est d’épine et l’unique trône, le bois d’une croix. Un roi humilié. Un roi crucifié. Un roi qui se fait le frère de tous les laissés-pour-compte de l’histoire. Telle est donc l’unique question que ce Roi nous posera lors du jugement dernier : quand tu as croisé la route de ce pauvre type, nu, malade, prisonnier, affamé… L’as-tu servi comme un Roi? Si tu l’as méprisé, comment pourrais-tu me reconnaître comme ton Roi ?  Regarde-moi : je suis nu, malade et prisonnier. «Chaque fois que tu as fait du bien à un de ces petits qui sont mes frères, c’est donc à moi que tu l’as fait»