« Noël dans la joie et dans la peine » – Nativité du Seigneur, Année B

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Luc 2, 1-14)

Toutes les mamans le savent : une naissance peut être douloureuse. La raison en est que le petit d’homme naît avec une boîte crânienne fort développée, qui – en quittant le sein maternel – fait souffrir sa maman bien plus que cela n’arrive dans le monde animal. Et pourtant, rien de plus joyeux qu’une naissance. Même si… les parents savent que les épreuves ne font que commencer. Mettre un enfant au monde, c’est l’accompagner des années durant, dans les rires comme dans les pleurs.

Joie et souffrance… Il y a un peu des deux dans la fête de la Nativité. Il y a la joie de la naissance du Sauveur. Le Verbe de Dieu se fait petit enfant : par Marie, le Sauveur est mis au monde pour porter l’Amour divin aux hommes. Comme le proclament les anges : « Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur ». Une joie réelle, donc, mais qui n’immunise pas de la souffrance. Les icônes orthodoxes de la Nativité nous le rappellent avec leurs crèches en forme de sépulture : la mise au monde du Sauveur n’esquive pas les épreuves et les croix.

Voilà pourquoi, la fête de Noël s’adresse tant aux personnes qui sont dans la joie qu’à celles qui vivent dans la peine. Et cette année, comment ne pas penser tout particulièrement aux parents des jeunes victimes de la place S. Lambert ? Oui, même pour eux résonne en ce jour le chœur des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

Liège – l’esprit de Noël

Les médias nous l’ont dit : ce dernier WE avant « les fêtes » a été bon pour les commerçants. Je suis content pour eux et pour toutes ces personnes qui préparent la fête en famille, avec un bon repas et des cadeaux. Mais quand j’entends dire que ceci est l’esprit des « fêtes de fin d’année » (dans certains médias, le mot « Noël » devient presque gênant) – alors, je soupire.

L’esprit de Noël, je l’ai senti souffler ce samedi au milieu de la « marche blanche », place Saint-Lambert. Beaucoup de « petites gens ». Beaucoup d’enfants. Une crèche vivante – en quelque sorte. Et une émotion palpable. Sorte de liturgie populaire. Sans effort, j’ai sorti mon chapelet et me suis mis à prier au milieu de la foule.

L’esprit de Noël, je le retrouve également dans les mots de l’abbé Jean-Pierre Pire – curé du « village de Noël » et mon confrère doyen pour la rive droite de la ville – prononcés à l’occasion de l’hommage des commerçants de la place Saint-Lambert de dimanche matin : « (…) Jésus ne s’est pas laissé submerger par la haine. Sur la croix, il relève la tête. Inexplicablement, il continue, envers et contre tout, à croire en l’homme… (…) C’est pourquoi, chers Liégeois et Liégeoises, quelles que soient vos convictions religieuses et philosophiques, je vous invite à relever la tête. D’abord, en utilisant toute notre intelligence, en prenant et en soutenant toutes les mesures qui s’imposent pour réduire au minimum le risque de pareil carnage. Mais, vous le savez aussi bien que moi, l’intelligence à elle seule ne suffit pas. L’intelligence, c’est comme le soleil d’hiver qui illumine, mais sous les rayons duquel on peut mourir glacé ! Il faut aussi réchauffer notre ville, notre province, notre communauté, notre région, notre pays, notre continent – l’Europe–, notre planète par le seul chemin qui ouvre un avenir: l’amour. En mémoire de saint Lambert, assassiné sur cette place il y a plus de 1300 ans, en mémoire de Gabriel, Medhdi, Pierre, Antoinette, Claudette et de tous les innocents massacrés, relevons la tête, comme nos ancêtres : là où il y a de la violence, mettons-y un trop-plein d’amour : c’est cela le vrai sens de la fête de Noël! »

L’esprit de Noël, je l’ai encore croisé ce dimanche, place cathédrale, où des jeunes de la communauté de l’Emmanuel ont chanté et dansé Noël sous les regards étonnés de passants profitant d’un dimanche « commerces ouverts » pour faire leurs achats. Ou encore en l’église Sainte Catherine où se déroulait un des nombreux concerts de Noël, ou à la halle des viandes où se trouvait une touchante crèche vivante, avec d’autres concerts. Ou encore…

Bref, à Liège ou ailleurs – tant mieux si nous avons les moyens de donner corps à Noël par une belle fête. Mais qu’est-ce qu’un  corps sans esprit ? Un cadavre froid.
Un Enfant nous est donné : Il porte l’Amour à notre monde en souffrance. Accueillons-Le. Imitons-Le. Partageons-Le. Et si nous ne connaissons pas cet Enfant – tout le monde n’est pas chrétien – accueillons les petits que nous connaissons. C’est cela, l’esprit de Noël.

« Fiat » – 4e dimanche de l’Avent, Année B

« Que tout se passe pour moi selon ta parole » (Luc 1, 26-38)

Les deuxième et troisième dimanches de l’Avent, Jean le Baptiste est le personnage au centre des passages d’Evangile, lus au cours des eucharisties dominicales. Le quatrième et dernier dimanche avant la Nativité, il s’agit de Notre-Dame. Pour expliquer la place de Marie dans l’histoire du salut, prenons un exemple : seul l’eau peut désaltérer, mais sans un réceptacle (bouteille, verre, mains,…), impossible de boire. Il en va de même pour l’œuvre de Dieu : seul l’Esprit de Dieu régénère le monde, mais comment pourrait-il le faire si personne ne lui ouvre son cœur ? Et comment l’Esprit pourrait-il totalement se donner, si quelqu’un ne l’accueille pas en plénitude et sans aucune réserve mentale ou arrière-pensée? Hélas – de par le péché – le « oui » des hommes est bien fragile : si souvent, nous disons « oui, mais… », « oui, sauf si… », « oui, à moins que… », « oui, à condition que… ».  Rien de tel chez Marie. Le « oui » de la Vierge de Nazareth est libre, clair et limpide. Il ouvre grand les portes à l’Esprit de Dieu. « Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu ». Alors la Vierge dit : « Fiat ! Je suis la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole. »


Liège – le temps du recueillement

Après le choc et l’émotion, voici que Liège entre dans le temps du deuil et du recueillement.
Plusieurs initiatives ont été lancées :
Samedi 17 décembre à 13h, une « marche blanche » citoyenne débutera par un rassemblement sur les lieux du drame, place Saint-Lambert pour se rendre ensuite vers l’hôpital St-Joseph, où est décédé le petit Gabriel (17 mois).
Dimanche 18 décembre à 11h, une cérémonie pluri-convictionnelle se tiendra au cœur du Village de Noël, place Saint-Lambert. L’aumônier du village, le doyen Jean-Pierre Pire y prendra notamment la parole.
Mardi 20 décembre à 12h30, il y aura l’hommage officiel de la Ville sur la dalle Saint-Lambert. Celle-ci se déroulera en présence des autorités du pays, notamment le Premier Ministre, Elio Di Rupo.

Pour éviter de démultiplier les démarches, la communauté catholique de Liège n’organisera pas de son côté de commémoration  particulière. Elle propose à ses fidèles de se joindre à une ou plusieurs de ces manifestations.
Elle invite également à prier pour toutes les personnes que ce drame a atteintes A cet effet, trois intentions rédigées par l’évêque de Liège, seront lues ce dimanche dans toutes les églises du diocèse :
–          Pour les victimes de la fusillade et leurs proches : que le Seigneur accueille dans sa paix définitive ceux qui sont morts et qu’à ceux qui souffrent, il donne de trouver la paix.
–          Pour les habitants de la ville de Liège : que leur cœur accueille les pensées de paix et de justice que le Seigneur leur inspire.
–          Pour les membres des services d’ordre et de secours : qu’ils trouvent apaisement et réconfort après tout ce qu’ils ont dû vivre.

Liège – lendemain de veille

Hier soir, en me rendant à la prière pour les victimes – organisée par la communauté de Sant’Egidio – je longeai la Meuse et suis passé sous le pont des Arches. En levant la tête, je vis que – d’une rive à l’autre – sur ce pont était garé un chapelet de camions-émetteurs de presse, venus de tous pays. Bien malgré elle, Liège était devenue le centre d’attention du monde entier. Comme d’autres, je reçus d’ailleurs plusieurs messages inquiets – ou paroles de soutien – de personnes habitant par-delà les océans.

Et pourtant, tout cela gardait quelque chose d’irréel pour ceux, qui – comme moi – avaient vécu le drame à quelques rues de distance. J’avais été témoin de l’agitation et avais vu les policiers courir dans les rues, mais guère plus. Il m’était difficile de me dire que cette ville meurtrie – dont la presse était pleine, frisant par moment le trop-plein – était celle où je vivais. Jusqu’au moment où je reçus un mail m’annonçant qu’une des jeunes victimes était le fils de voisins d’une connaissance. Un gamin poli et aimable, parti le matin pour réussir un examen et qui ne rentrerait pas. Alors seulement, la tragédie reçut un prénom et un visage.

Ce matin encore, le visage des Liégeois était fermé. Tel celui qui a la gueule-de-bois, la Cité Ardente s’est réveillée sonnée par le coup de boutoir, reçu la veille. Petit à petit, pourtant, les rues se sont à nouveau animées. L’esprit ardent et bon-vivant des Principautaires reprend le dessus. Ceci, même sur les lieux du drame, où je suis passé ce mercredi midi. Mais Liège n’oublie pas. Sujets de conversations graves et regards chargés d’émotion. Liège se relève, mais n’oublie pas.

Merci à Serge Schoonbroodt de m’avoir signalé l’œuvre du photographe Jim Sumkay, en ajoutant pour unique commentaire : « Liège est meurtrie mais digne. Liège est belle, même lorsqu’elle souffre ! » http://www.museepla.ulg.ac.be/opera/sumkay/2011/1213.html http://www.museepla.ulg.ac.be/opera/sumkay/2011/1214.html

 

Attaque à Liège – Invitation à la prière

La communauté de Sant’Egidio invite à une prière spéciale pour se souvenir et prier pour les victimes de l’attaque qui s’est produite aujourd’hui Place Saint-Lambert. La prière a lieu ce mardi 13 décembre à 20 heures dans la Collégiale Saint-Barthélemy (place Saint-Barthélemy – 4000 Liège). Je suggère à chacun de s’y unir d’une façon ou d’une autre.

C’est arrivé près de chez nous…
Journée pluvieuse et venteuse sur Liège. Quelques rendez-vous et du travail en retard. A midi, je partage mon repas avec un homme aimable et cultivé. Nous parlons de choses et d’autres, quand la rue se remplit de policiers. Une rumeur s’élève des tables voisines. J’entends tomber les mots « grenades », « tirs », « morts », « blessés ». Dans le ciel, le vrombissement d’un hélicoptère. Je rallume mon portable. Plusieurs messages d’amis déjà, qui me contactent pour savoir si je vais bien. Je veux les rassurer, mais les réseaux sont saturés. Je rentre au presbytère et me place devant mon ordinateur. Twitter crépite. L’info se reconstitue à tâtons. Dans la rue, la sirène d’une ambulance hurle sur fond du carillon de la cathédrale. Au milieu de ce bruit, je pense au silence qui recouvrira bientôt ces victimes et leurs familles. Aujourd’hui, demain et après encore. Alors, j’arrête twitter et je me mets à prier.

« Bonjour, tristesse » – 3e dimanche de l’Avent, Année B

« Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas » (Jean, 1, 6-8, 19-28)

Le troisième dimanche de l’Avent, est surnommé Gaudete – ce qui signifie en latin « dimanche de la joie ». N’est-il pas curieux de constater que, malgré l’augmentation du niveau de vie de nos populations, ce soit souvent la tristesse qui domine sur nos places et dans nos chaumières?
Un effet de la crise économique ? Pour ceux qui manquent de tout – sans nul doute. Voilà pourquoi, nous aurons ce dimanche l’occasion de nous montrer doublement généreux, au cours de la collecte de solidarité de l’Avent. Un peu de nos économies peut signifier beaucoup pour ceux qui – au milieu de nous – n’ont plus rien.

Cependant, si un minimum d’aisance matérielle octroie dignité et sécurité, la richesse ne procure pas la joie. Notre société matérialiste est habitée d’une tristesse diffuse et permanente. Ce qui manque ? L’Amour. « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan – publié en 1954 – exprime assez bien ce sentiment de vide.
« Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas », clame le Baptiste. Un Enfant vient à Noël. Il porte la joie au monde. Pas la joie fugace des séductions ou bulles de champagne, mais la joie profonde d’un Dieu qui – de son regard – nous révèle que nous sommes aimés – inconditionnellement.

Saint-Nicolas… attention danger ?

Le 6 décembre s’éloigne et j’en profite pour lancer une réflexion concernant la fête de Saint-Nicolas – populaire en Belgique, aux Pays-Bas et dans quelques autres régions du monde. Il est évidemment sympathique d’imaginer que le saint patron des enfants vienne gâter les petits par quelques cadeaux. Cependant, il y a un gros « mais »…
Une chose est d’entraîner son enfant dans la magie de la fête (comme pour « père Noël »), une autre est de lui cacher la vérité. Tant que l’enfant ne pose pas de questions – car il ne fait guère de distinction entre vérité et rêve – pourquoi ne pas le bercer? Mais quand le petit commence à s’éveiller et à s’interroger, il n’est pas sain de vouloir le maintenir dans l’illusion – en lui cachant ce qu’il a le droit de savoir : que ce sont les parents qui « jouent » à Saint-Nicolas.

Je me rappelle le moment où cela m’est arrivé. J’avais 6 ans et mon frère aîné avait posé des questions à mes parents, en ma présence. Mon père et ma mère avaient d’abord prétendu que c’était bien Saint-Nicolas qui portait les cadeaux aux enfants, avant de se raviser le lendemain et de nous dire la vérité. Je me souviens très précisément de la réflexion qui – à cet instant – traversa ma petite tête (à l’époque) blonde : « Oh, mes parents m’ont fait croire en quelque chose qui n’est pas vrai. Mais, heureusement, ils ont rétabli la vérité. Je pourrai donc encore avoir confiance en eux ».
Peut-être pensez-vous que j’étais bien trop jeune pour me dire tout cela. Et pourtant, c’est ainsi : un gosse est capable de raisonner en philosophe. Je vais même plus loin : j’ai l’intime conviction que si j’avais dû découvrir la sympathique supercherie par moi-même, quelque chose en moi se serait brisé. A l’adolescence, j’aurais dès lors sans doute rangé le petit Jésus dans le même tiroir que le grand Saint-Nicolas : au rayon des fables pour enfants, dont le jeune adulte doit se libérer.

Voilà pourquoi, je dis « oui » à la magie de Saint-Nicolas, mais « non » à la tromperie parentale. En cachant à leurs enfants la vérité, des parents ne cherchent pas à protéger leur gosse. Ils ont tout simplement peur de les voir grandir.

Blog: bilan du mois de novembre

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées. La fréquentation baissa durant les vacances, car le blog – aussi – pris du repos. Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. La baisse de fréquentation s’explique par le fait que j’écrive moins souvent.

Le lectorat reste majoritairement belge (2138 visites). La France suit – et augmente sa fréquence – avec 291 visites. Le nouveau venu est la Canada (Québec) avec 71 visites. L’article le plus fréquenté est « Le Vatican face à Benetton » avec 245 visites. Vient ensuite « Les catholiques belges et la franc-maçonnerie – une préface » avec 225 visites et « Vient de paraître : Valet de trèfle – Roman (éditions EME)» avec 144 visites.

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain.

Ressourcement

Ces jours-ci, un manifeste fait le tour de Flandre. Il demande que l’Eglise institutionnelle s’adapte pour répondre au manque de prêtres. Les adaptations font, de fait, partie de la vie en Eglise – pour peu qu’elles soient portées par l’Esprit. Quant à savoir si c’est le cas des diverses exigences de ce manifeste, je laisse la question ouverte. Non que j’aie peur d’y répondre, mais parce que je ne pense pas que le salut vienne des structures. Elles sont nécessaires, mais pas essentielles. Le passé nous a, en effet, suffisamment appris qu’une Eglise avec un grand nombre de ministres du culte, ne signifiait pas – pour autant – une Eglise vivante. Non, le vrai changement vient d’un authentique ressourcement des baptisés.
D’où un autre manifeste – plus radical et, sans doute aussi, plus gênant: Je rêve d’une Eglise où les baptisés apprennent à leurs enfants comment prier – non pas tels de petits automates, mais comme des enfants du Père céleste. Je rêve d’une Eglise dont les croyants lisent régulièrement la Bible, ou alors un livre spirituel de qualité. Je rêve de chrétiens qui demandent à leurs prêtres: “Parlez-moi de Dieu” ou encore “Puis-je me confesser?” Je rêve enfin de fidèles qui osent s’afficher comme tels en dehors des églises. Comme David Bowie himself le fit devant des milliers de personnes à Wembley.
Soit l’Evangile n’est qu’un appendice d’une éducation du passé. Alors, autant s’en débarrasser sans remords. Soit la vie avec Christ est une chose essentielle et belle. Dans ce cas, je rêve d’une Eglise dont chaque membre – et pas seulement ses pros – se sente responsable. Afin que les générations à venir fassent à leur tour pareille Expérience de Vie. Cela aussi, vaut un manifeste.