« Trois fois Saint » – Sainte Trinité, Année B

«  De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». (Matthieu 28, 16-20)

La Trinité n’est pas un problème de mathématiques. Pourtant, comme l’amour ne s’additionne pas, mais se multiplie – ne dit-on pas le « Dieu trois fois Saint » ? – chacun peut vérifier que 1 X 1 X 1, cela fait toujours… 1*. La Trinité : 3 Personnes divines en un seul Dieu. Mais bien plus qu’un problème de mathématique, la Trinité est Mystère d’amour. Le peu que la révélation chrétienne nous ait donné de percevoir de l’infinité de Dieu, est que celui-ci est une éternelle Relation de Don : entre le Père qui est Source de tout Don, le Fils à Qui le Don est destiné et qui le rend au Père dans l’unité de l’Esprit – qui est Don.  La Bible nous enseigne que l’homme est créé à l’image de Dieu. Voilà pourquoi nous sommes des êtres relationnels et voilà pourquoi seul le Don de nous-mêmes nous fait rejoindre notre vérité profonde. Devenir disciple du Christ et vivre son baptême, c’est dans l’Esprit s’unir au don du Fils pour devenir enfant du Père.       

(*) Merci à Johnny P. de m’avoir soufflé cette sympathique image.

7 réflexions sur « « Trois fois Saint » – Sainte Trinité, Année B »

  1. La Trinité était quand-même un gros noeud théologique qui a fait couler beaucoup d’encre et de sang. Inutile d’en débattre, mais pensons au concile oecuménique de Nicée en 325 pour statuer au sujet de l’arianisme et autres « déviations »: ça ne faisait pas l’unanimité parmi les chrétiens… D’où ont découlé des schismes – à l’antipode du message du Christ. Personnellement, je doute qu’une doctrine ou une autre soit « meilleure »… surtout si elle divise.

    Et nous savons aussi que l’homme crée Dieu à son image (il n’y a qu’à constater l’évolution de Dieu à travers les siècles). C’est donnant-donnant.

    PS. On peut également vérifier que la division 1 ÷ 1 ÷ 1 donne toujours 1 également… l’amour partagé ne diminuant jamais.

    1. Dimanche de la Trinité 2012

      Bernard a écrit:

      « je doute qu’une doctrine ou une autre soit « meilleure »… surtout si elle divise. »

      On peut désespérer de l’union sur le sujet le plus difficile de la théologie. Mais c’est ainsi, les juifs prennent des pierres pour lapider Jésus quand il affirme son unité avec son Père. Dès le départ il est signe de contradiction. Praeterit signum contradictionis.

      Pour les juifs c’est un imposteur, pour les musulmans il n’y a qu’un seul Dieu qui n’a pas de fils. La Trinité fait scandale depuis 2000 ans. Jésus ne demande pas un marchandage mais une adoration de sa perfection divine. S’il a tort , il blasphème.

      On ne compte plus à travers les âges les contestataires de la Trinité révélée par Jésus. Les arianistes, les docètes, les nestoriens, les manichéens, les rationalistes, les juifs (Ebionites), les Unitaires, les protestants libéraux, les musulmans, les modernistes. Tous ces gens considèrent Jésus comme un imposteur, ou un prophète ou un homme supérieur mais contestent la plénitude de sa divinité. Pas vraiment Dieu ou pas vraiment homme, c’est toujours la même contestation.

      Jésus s’affirme comme Dieu et par voie de conséquence affirme son message comme infaillible (Dieu est la vérité), irréformable (Dieu ne change pas), non négociable (il faut tout accepter de lui pour jouir de la vision béatifique).

      Il fonde une Eglise sur la Sainte Ecriture et la Tradition, Il ne négocie rien, il attend de parfaits adorateurs en esprit et en vérité. Jésus n’est pas à réformer pour cause de perfection divine. Cet absolutisme est radical, il tranche avec autorité. « Nul ne va au Père sans passer par moi », à dire sans timidité au musulman ou au juif.

      Le réformateur veut que Jésus soit perfectible et donc que son message soit à changer. Le discours est trop absolu.

      « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas ». Jésus.

      Cet implacable absolutisme de Jésus m’a toujours profondément bouleversé.

      Il est Dieu.

      Il est radical comme l’amour, et sans l’amour cette intransigeance est incompréhensible.

      Très sainte Trinité, je vous adore.

      Cordialement

      1. Merci pour ce message. Votre rectitude est toujours aussi attachante.
        Protestant libéral, je ne sais si Jésus est Dieu et ne me préoccupe pas trop de cette question. J’essaie de croire vraiment à la présence de son Esprit dans ma vie et d’agir en conséquence. C’est loin d’être évident.
        Quant au salut par le Christ, vous connaissez sans doute la théologie de Karl Rahner. Pour lui, on peut être relié au Christ en dehors de l’Eglise visible, mon résumé.
        Bonne continuation.

      2. Très franchement, les expressions « absolutisme radical, parfaite adoration, autorité tranchante et non-négociation » me font craindre le pire pour l’humanité, et certainement pour un « christianisme » pareil.

        Faut-il être un théologien érudit qui déduit, selon sa logique gagnante, les doctrines des écritures au prix de moults chamailleries, conflits, différends, empoignades, querelles et guerres, ou faut-il relire la plus juste parole que Jésus nous ait laissés?
        C’est ici mon commandement, aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés; s’agirait-il donc d’amour et nullement de « Très Sainte Trinité » « infaillible, irréformable, non négociable »…?

        L’amour unit et le manque d’amour (parfois appelé « péché »)… divise (en grec: « diabolos »: qui désunit).

        Or Dieu est amour, nous rapporte Saint Jean. Message nullement dogmatique, à l’antipode de l’absolutisme radical, et qui plus est, universel.

        J’adore la vérité et la simplicité de ces 3 mots…

        1. Cher Bernard, Parfois des « chamailleries » sont nécessaires pour faire la clarté. Arius (fondateur de l’Arianisme) avait trouvé un système intellectuel fort séduisant et culturellement adapté pour le 4° siècle, en vue d’expliquer le Mystère du Christ: il le fit entrer dans la philosophie néo-platonicienne de l’époque en déclarant Jésus une « émanation secondaire » du Père tout-puissant. Bref, ce n’était plus Dieu qui nous avait aimé au point de partager notre humanité jusqu’à la croix, mais un noble sous-produit. C’est pour sauvegarder la foi des apôtres: « qui Me voit, voit le Père » que Saint Athanase et Saint Hilaire se sont « chamaillés ». Bien amicalement, Eric

          1. Chamaillerie est une litote, mais Athanase a souffert autant qu’il a fait souffrir.
            Dans notre société au pluralisme qui me réjouit, comment exprimer notre foi en Jésus, son Père et l’Esprit? Je privilégie le témoignage sur ce que je parviens quelque peu à intégrer. Il me paraît clair que le Nouveau Testament nous propose un Jésus exprimant par toute sa personne le message divin de réconciliation avec le peuple choisi et l’ensemble des nations. C’est sa vocation dans le plan fondamental de Dieu. Il a promis à ses proches disciples qu’un Esprit de vérité les aiderait à mieux comprendre son message et les soutiendrait dans leur apostolat. Il est resté inébranlablement fidèle à sa mission et Dieu l’a transformé scandaleusement aux yeux du monde pour le faire entrer dans une gloire qui est promise à tous ceux qui s’y ouvriront.
            J’essaie d’accepter le scandale. Les questions débattues au conciles de Nicée et de Constantinople, toujours présentes, sont au delà du lieu où je me situe actuellement.

        2. Bernard, Votre patronyme est tout un programme

          Saint Bernard, très radical, même agaçant face à Abélard l’érudit courtois, protégé par le pape des fureurs et intransigeance du saint.

          Bernard voit l’hérésie potentielle chez Abélard et fulmine, le pape temporise, lui donne raison mais le calme. Bernard a raison sur le fond mais est assez pénible dans ses missives au vitriol que le pape ne daigne plus faire suivre.

          Le catholicisme vit une tension permanente entre l’orthodoxie de doctrine et le charisme nécessaire à sa transmission et à son application…

          Les mots choquent, les anathèmes des trente trois canons du concile de Trente peuvent aussi vous hérisser.
          Mais Luther a tort et Rome précise avec légitimité la vraie doctrine nécessaire au salut.
          Choisissez au hasard, dans le magistère des vingt derniers siècles, les textes qui vous heurtent le plus, vous trouverez toujours aussi chez Jésus l’équivalent en plus expéditif. Jésus n’est pas bisounours, il est même injurieux: « hypocrites, races de vipères, voleurs » en direction de l’autorité. « Ce renard d’Hérode », autorité civile dévoyée. « Passe derrière-moi Satan », au premier pape qui le trahit trois fois.

          L’Eglise ne censure pas son maître ni son magistère. Elle demande même la soumission apostolique à un traître converti. Elle sait que le véritable amour est entremêlé d’un vocabulaire véhément, séduisant, rationnel, affectueux selon les circonstances.

          Il n’y a pas de lecture sélective possible pour l’honnête homme. L’intransigeance de propos côtoie la douceur.

          Les béatitudes précèdent les malédictions.

          Bernard le bien nommé. Vous voudriez purger le vocabulaire de votre patrimoine, impossible ouvrage.

          Cordialement

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