Bartho…

Le quotidien « le Soir », confirme ce matin en p.8, ce qui se pressentait depuis peu: C’est donc bien Henri Bartholomeeussen – que j’ai souvent entendu surnommer « Bartho » par ses proches – qui succèdera à Pierre Galand, comme président du Centre d’Action Laïque (CAL). Ancien grand maître du Grand Orient de Belgique (GOB), il fut l’homme qui accepta de débattre en mars 2008 avec le cardinal Danneels, alors Archevêque de Malines-Bruxelles.

Feu, terre, air…

Bartho succède à Pierre Galand, qui lui-même succéda à Philippe Grollet. Trois personnalités fort différentes. Philippe, c’était le feu : excessif dans ses prises de position et ardent dans ses convictions, c’était aussi l’homme libre, capable de sympathies hors frontières. Je garde un excellent souvenir de nos échanges avec son épouse, autour d’une flute de champagne. C’est lui qui m’invita à la passation de pouvoir lors de sa sortie de fonction – et qui souligna ma présence en public. C’est à ses funérailles – au CAL – que sa famille me demanda de prendre la parole.

Pierre Galand, c’était la terre. Il n’est pas l’homme des débats philosophiques. Son apparente allergie à toute prise de parole catholique – que j’ai eue l’occasion de critiquer – me fait penser à une stratégie de vieux militant, qui consiste à décrédibiliser l’adversaire pour le déstabiliser. Par contre, j’admire sa fibre humanitaire. C’est lui qui me fit rencontrer Stéphane Hessel à la foire du livre de Bruxelles, un an avant que son petit livre « Indignez-vous » en fasse une star mondiale. Il m’arrêta dans les couloirs du hall des foires et planta devant moi ce vieux monsieur au regard si jeune, en me lançant un impérieux : « Ecoutez ! » C’est également Pierre Galand qui initia une déclaration commune avec toutes les religions reconnues, demandant des critères de régularisation clairs pour les sans-papiers. Devant les caméras, le cardinal Danneels ne manqua pas de saluer ce geste. Je salue enfin, autour de Pierre Galand – une équipe : Eliane, Jean, Yves… A mes amis catholiques, qui ne voient en ces gens-là qu’une bande de bouffeurs de curé, je dis : On gagne à les connaître.

Après le feu et la terre, avec Bartho adviendrait donc le règne de l’air ? L’homme a quelque chose d’aérien – verbe aisé et haute culture symbolique. Je ne m’attends pas pour autant à une détente laïque face au monde catholique. Les positions du futur président sur l’enseignement pourraient ainsi valoir quelques turbulences. Mais, si je puis me permettre de lui donner un conseil, ce serait celui de ne pas clore un débat avant qu’il ne soit entamé. Au lieu de hurler au crime à chaque fois qu’un évêque ouvre la bouche, j’espère que Bartho dira plutôt : « Je ne suis  pas du tout d’accord avec vous, mais je vous sais gré de vous exprimer. Parlons-en librement et écoutons-nous ». Ce n’est pas à un initié au « pavé mosaïque » que je dois apprendre qu’en démocratie, c’est de la rencontre des contrastes que naît le sens citoyen. Bartho avait jadis ouvert la voie en dialoguant avec un Cardinal-Archevêque. J’espère qu’il poursuivra sur cette route, en rencontrant les évêques, ainsi que des croyants de toutes religions, afin que le respect de l’autre puisse aussi se manifester par la reconnaissance de combats communs, ainsi que par l’écoute de ce qui nous différencie, voire nous oppose. Bonne chance à lui. Et tous mes vœux à Pierre Galand, qui poursuit son engagement au niveau européen.

 

3 réflexions sur « Bartho… »

  1. Je crois que vous avez raison de poursuivre le dialogue à travers tout. Celui qui veut le dialogue est toujours gagnant. Et même si vous faites office de « curé de service » à certains moments , c’est l’exercice en lui-même qui est payant et qui change les mentalités. Bon courage!

  2. Je pense que nous pouvons tout à fait avoir un débat théorique; le problème survient lorsqu’il s’agit, par exemple, de lois ou d’autres dispositions sur lesquelles nous ne serons sans doute pas d’accord (exemple : l’euthanasie des enfants)

    Mais entretenir un dialogue ouvert est toujours une bonne chose …

  3. Au vu du texte paru dans le soir du 26/03, je ne donne pas la moindre chance au dialogue, puisque « Bartho » y pose les principes idéologique préliminaires qui délimitent ce qu’il est prêt à tolérer dans un débat ou non. Si ce texte, qui est une charge violente, est le cadre dans lequel il est prêt à « dialoguer », on peut légitimement se demander si ce n’est pas vous qui péchez par excès d’optimisme, car il fait précisément le contraire de ce à quoi vous l’incitez…

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