Chahut peu catholique à l’ULB (encore) – chronique parue dans l’hebdo « Dimanche » du 26 février

L’hebdomadaire catholique « Dimanche » me demande chaque mois une chronique, intitulée « état d’âme ». Ma contribution de cette semaine revient sur l’affaire « chahut à l’ULB » – déjà évoquée à deux reprises dans ce blog. Mon propos n’est pas tant de stigmatiser qui que ce soit. Le « chahuteur » a d’ailleurs pu s’expliquer dans les colonnes du quotidien « le Soir » de samedi dernier. En démocratie, le fait que son chahut ait empêché d’autres paroles,  ne signifie en effet pas qu’il ne puisse à son tour s’exprimer. Mon propos est plutôt de replacer cet incident regrettable dans un contexte plus large en ce début de XXIe siècle. Voici donc le texte de ma chronique:

Caroline Fourest, c’est un peu la Nadia Geerts française : une jeune femme courageuse, intelligente et très, très, très… très laïque. C’est pourtant elle qui fut chahutée à l’ULB alors qu’elle était invitée à débattre en compagnie d’Hervé Hasquin sur l’extrême-droite. Si je suis loin de partager toutes les idées de Madame Fourest, je ne puis que regretter et dénoncer cet incident. La vie du parlement le prouve, une démocratie ne fleurit que sur la confrontation entre adversaires idéologiques – unis par une même confiance en la raison et donc croyant en la vertu du dialogue, même musclé. En empêchant Madame Fourest de s’exprimer ce soir-là, c’est quelque chose de cette société à visage découvert qui fut sali au cœur même de l’ULB. C’est un comble : si les pourfendeurs du voile (ce que Caroline Fourest n’est que partiellement) ne sont plus admis à prendre la parole dans une université où il fait bon chanter « à bas la calotte »… il y aurait vraiment de quoi perdre son latin.

Caroline-la-laïque chahutée à l’ULB, cela évoque en moi – comme en écho – un autre incident. Il y a quelques mois, Mgr Léonard fut entartré par trois fois à l’UCL, alors qu’il y donnait également une conférence. Tout comme Madame Fourest, d’aucuns ont voulu empêcher l’archevêque de s’exprimer. En quelque sorte, chacun des deux fut boycotté par une frange minime de membres de « son » université. Par-delà l’anecdote, ce double incident illustre la crise d’identité que traverse le monde intellectuel occidental. Alors que l’UCL n’accueille plus qu’une minorité d’étudiants se déclarant catholiques – ce qui la pousse à repenser son caractère confessionnel – l’ULB est devenue l’université qui compte le plus de filles voilées en son sein – ce qui la contraint à se reposer la question du contour et des limites du libre-examen. Il est donc bien fini le temps des paisibles certitudes qui dessinaient une claire frontière entre le pilier catho et son rival laïque. Pour le meilleur et pour le pire, bienvenu au XXIe siècle…

 

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