Chahut peu catholique à l’ULB (suite)

Je souhaite ici revenir sur l’affaire Chichah- Fourest, en complément à mon premier post. Il est tout à l’honneur du quotidien « le Soir » de donner un espace d’expression à ceux qui montrent de la compréhension pour les chahuteurs ayant abouti à l’annulation de la conférence de Caroline Fourest (lire la p.35 de ce samedi). Cependant, certains de leurs arguments méritent réaction : « On pensait que l’université pourrait être un lieu où des pensées alternatives pouvaient profiter de la liberté d’expression ». Et encore : « Il y a une forme d’instrumentalisation pour crier au loup. Alors que l’on est dans un vrai débat ». « Tout cela reflète une islamophobie rampante ». « Dès qu’il est question de la visibilité de l’islam, cela s’enflamme ». « Nous essayons de défendre des positions qui ne sont pas faciles face au rouleau compresseur de la laïcité agressive ».  

Qu’il y ait un « vrai débat », personne ne le nie. Mais il est double. Il y a d’une part – et ici je rejoins les voix qui s’expriment ci-dessus – l’exclusion au quotidien dont sont victimes beaucoup de compatriotes de religion musulmane. Lire pour cela, mon post  «l’intolérance… de l’autre». Mais ce débat comporte un autre volet. C’est celui qui explique le malaise face – entre autre – au port de la burqa. Il s’agit de la crainte de voir se développer dans une société pluraliste une communauté idéologique qui se « voile » de tout ce qui l’agresse. La vie du parlement le prouve, une démocratie ne peut fleurir que sur le débat et la confrontation entre des groupes opposés – mais unis par la confiance en la raison et donc dans les vertus du dialogue, même musclé. Bref, une société de personnes vivant à visage découvert. D’où mon malaise par rapport à ce chahut organisé pour empêcher une « opposante idéologique » de s’exprimer.

Ce n’est pas un scoop : je n’ai aucun lien avec l’ULB (si ce n’est quelques solides amitiés). Qui suis-je donc pour m’exprimer à ce sujet ? Je suis un catholique que le chant «  à bas la calotte » ne me fait pas forcément hurler de rire, si folklorique soit-il. Je suis tout sauf un « allié idéologique » de Caroline Fourest – ayant même une fois ferraillé avec elle, fort en colère. Je suis un conférencier ayant participé, à plus d’une reprise, à des débats à l’ULB. Parfois, je m’y retrouvai en minorité et face à un auditoire qui me mitrailla sous le feu de la critique. Je le savais et pourtant, j’y suis allé. Par masochisme ? Non, mais parce que le débat à visage découvert est constitutif de la démocratie. Nombre de nos contemporains d’origine et/ou de religion musulmane – avec qui j’ai pu débattre – partagent cet avis. Voilà pourquoi je le répète : le chahut de l’ULB n’est vraiment pas de type à leur rendre service.

3 réflexions sur « Chahut peu catholique à l’ULB (suite) »

  1. Mon cher Eric,
    Ta ‘réflexion’ est selon moi, la seule constructive depuis mardi passé.
    Pour la vieille athée que je suis (grâce à Dieu @mouloudji), je ne peux laisser ces jeunes qui ont tant de rancoeur, d’amertume, ..;
    Si ‘la forme’ a été ,peut être,mal formulée,’le fond’ nous montre la détresse,
    Sans aucun doute,toi, l’abbé , as prononcé, ce soir, les premières paroles clémentes, objectives, sans haine.
    Demain, Souhail participera à l’émission ‘controverses’ …
    C’est là même que nous nous sommes rencontrés..
    Je prie pour tous ce soir ..
    Avec ou sans burqa..;
    Bien amicalement, et avec mon indéfectible amitié
    Catherine Pfeiffer

  2. Mon cher Eric,

    Je partage votre opinion qui va dans le sens de l’Evangile. Le dialogue et pas la guerre.
    Cependant la tolérance a des limites lorsqu’elle est à sens unique. On peut toujours essayer d’interrompre en vociférant un mollah à Téhéran. Une majorité n’est pas prête à tendre l’autre joue. Qui plus est l’attitude des trublions fait le lit des extrémistes, des racistes. L’ULB doit sanctionner Souhail, mais également faire preuve de plus de discernement. Il y a quelque démagogie à inviter Tarek Ramadan ou Caroline Fourest, qui sont des personnages interlopes. Il y a tant d’hommes et de femmes de valeur dont le message fait progresser la société. C’est à ceux-là qu’il faut donner la parole. L’ULB porte donc une responsabilité dans ce qui est arrivé.
    Si je réagis à votre commentaire, c’est parce que je pense que vous serez un jour évêque, voire archevêque et que vos prises de position seront analysées à la loupe.
    Je vous verrais d’un bon oeil occuper ces fonctions, mais n’abuser pas du dialogue impossible. Soyez aux côtés de la base chrétienne qui attend de l’Eglise un retour radical à l’Jésus (ce que préconise même le Professeur de Duve et Jésus, qui n’a de cesse de nous pousser à nous aimer, par ailleurs ne mâche pas ses mots lorsqu’il détecte une imposture et dans l’affaire présente, il y a comme un relent d’imposture. Bien à vous. Willy

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