« L’herbe est toujours plus verte… » – 14° dimanche, Année B

 «Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison ». (Marc 6, 1-6)

Elle est presque comique, cette scène décrivant Jésus qui retourne prêcher à Nazareth – son village. On entend d’ici les commérages : « Non mais ! Pour qui se prend-il à nous faire la leçon ? Nous l’avons connu en culotte courte! » Devant le peu de foi de ses familiers, Jésus ne réalise que de rares signes du royaume (miracles).

Nous ressemblons à ces Nazaréens. Nous partons bien loin en vacances, mais connaissons mal notre région. Les hommes politiques du passé, étaient des hommes d’état, alors que ceux du présent sont des médiocres –  sauf peut-être s’ils gouvernent un pays lointain. Nous rencontrons des gens « formidables » sur internet, mais trouvons nos proches tellement décevants. Bref – comme l’énonce le dicton – « l’herbe est toujours plus verte chez le voisin ».

Et pourtant… quand l’Evangile nous parle des autres, il décrit surtout notre « prochain » – c’est-à-dire celui qui vit près de moi, tous les jours, dans mon quotidien. C’est avec lui qu’il me faut apprendre à cheminer à l’écoute de l’Esprit. Parfois même, nous pouvons devenir « prophètes » l’un pour l’autre – c’est-à-dire parole de Vie.

Royaume-Uni – Sir Keir, l’anti-populiste 

De nombreux analystes décodent la victoire massive des travaillistes au Royaume-Uni, comme le rejet des conservateurs, usés par un pouvoir de 14 ans.
Difficile de leur donner tort, mais il y a une autre raison, qui tient à la personnalité du nouveau premier ministre de Sa Gracieuse Majesté, sir Keir Starmer.
Sérieux et austère, l’ancien avocat des droits de l’homme, anobli pour sa défense des nobles causes, aurait inspiré la figure de l’anti-séducteur Mark Darcy dans la comédie romantique « Le journal de Bridget Jones ».
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Et si – avec pragmatisme – les Britanniques avaient compris avant les autres, les impasses du populisme en politique ?  Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter le célèbre discours au cours duquel, il y a deux ans, celui qui dirigeait alors l’opposition, cloua sur place le fanfaron premier ministre Boris Johnson pour ses mensonges et tromperies. Ce fut le début de la fin de la majorité conservatrice. N’est pas Churchill qui veut: être bravache ne suffit pas; il faut des convictions.
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Le début de la fin du populisme en politique? Nigel Farage rode et Boris Johnson rêve d’un grand retour. Mais, pourquoi ne pas être optimiste?
Il est intéressant de noter que les commentaires de défaite de l’ancien chancelier de l’échiquier conservateur, Jeremy Hunt, adoptent le ton humble et honnête de Keir Starmer, tout comme le discours de départ de Rishi Sunak, saluant la droiture de son successeur.
Quant au nouveau premier ministre, il donne le ton: « Country first. Party second », martèle-t-il à tout va, en s’engageant à ramener la confiance de la population dans la grandeur du service public.
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Le début de la fin du populisme? Pour paraphraser Churchill, ce n’est peut-être pas le début de sa fin, mais bien la fin de son début.

« Dieu de vie » – 13° dimanche, Année B

 «Je te le dis, lève-toi». (Marc 5, 21-43)

C’est sans doute un des clichés les plus injustes concernant le christianisme : ce soupçon tenace chez tant de nos contemporains, qu’il s’agirait d’une religion hostile à la vie. A les entendre, la foi chrétienne empêcherait d’être pleinement vivants. Même si des maladresses peuvent parfois donner cette impression, la vérité est à l’opposé. Ainsi, l’Evangile de ce dimanche, qui nous montre un Jésus qui redresse, relève, ranime… Bref, un Christ qui rend à la vie. Le Dieu de l’Evangile nous veut vivants. Et les exigences morales de notre foi, ne sont pas là pour nous empêcher de profiter de l’existence. Il s’agit de balises destinées à nous faire goûter à la liberté spirituelle.

La vie est une course d’endurance. Avec ses épreuves. Mais l’arrivée est promise à tous, même pour les ouvriers de la 11° heure. La seule chose à éviter, c’est de nous décourager. Le Christ est là, qui nous lance à chaque chute : « Je te le dis, lève-toi ».

« Abide with me » – 12° dimanche, Année B

«En ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : Passons sur l’autre rive. » (Marc 4,35-41)

La vie est passage – de l’enfance à l’adolescence ; de l’âge adulte à l’automne de la vie. Nous passons d’une rive à l’autre et – parfois – de violentes tempêtes secouent le frêle esquif de nos existences. Alors, nous prenons peur et – même si nous ne sommes pas très religieux – une prière s’échappe de nos lèvres : « Seigneur, je coule – cela ne te fais rien ? »  Et pourtant, si souvent, le Seigneur semble endormi, comme s’Il nous laissait seul, avec notre frayeur.

Le Christ n’a jamais promis qu’il n’y aurait pas de tempêtes. Il n’a pas, non plus, promis que – tel Zorro – Il nous sortirait de toute épreuve. Non – il a simplement promis qu’Il resterait avec nous dans la barque – jusqu’à ce que celle-ci ait rejoint l’autre rive. Alors, soyons dans la paix.

S’il y a des paroles que j’aimerais entendre au jour de mes funérailles, ce sont celles du vieil hymne anglican de Henry Lyte, “Abide with me” (« Reste avec de moi »): ”I fear no foe, with Thee at hand to bless; Ills have no weight, and tears no bitterness. Where is death’s sting? Where, grave, thy victory? I triumph still, if Thou abide with me.” (« Je ne crains aucun ennemi, tant que – tout proche – Tu bénis. La maladie ne pèse pas et les larmes ne sont pas amères. Où est l’aiguillon de la mort? Où la victoire de la tombe? Je triomphe de tout cela, Seigneur, tant que Tu restes avec moi ».)

Au pays du surréalisme, l’électeur est roi

La radio RTBF Première annonce qu’elle se cherche de nouveaux humoristes.
Je me tâte pour tenter ma chance avec un billet surréaliste.
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Imaginons des élections dans notre Royaume, constituant au sud du pays un bloc de centre-droit.
Que celui-ci prenne le nord du pays de vitesse dans la constitution des exécutifs.
Que la Flandre – elle – temporise, ne pouvant former de majorité sans les socialistes.
Qu’enfin, médias et experts voient comme candidat premier ministre, le patron d’un parti prônant la fin du pays.
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Bon, je ne pense pas envoyer ce billet.
Pareil scénario est décidément trop surréaliste.

Elections – Le vote des jeunes…?

La citation est attribuée, tour à tour, à G.B. Shaw et à A. Briand: « l’homme qui n’est pas socialiste à 20 ans n’a pas de coeur, mais s’il l’est encore à 40, il n’a pas de tête ». 
Force est pourtant de constater que, ce dimanche, l’augmentation des primo-votants n’a pas fait basculer la Belgique à gauche…
Aux analystes politiques d’en tirer des conclusions, mais je me permets un petit témoignage.
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Samedi soir, je me trouvais dans la campagne condruzienne liégeoise pour y conférer, au nom de l’évêque, le sacrement de la confirmation.
Après la célébration, les parents organisaient un pain-saucisse et le hasard a voulu que je retrouve entouré de 5 confirmés masculins, auxquels s’ajoutèrent leurs copains (qui n’avaient pas choisi de demander la confirmation), venus par sympathie. Tous avaient entre 16 et 18 ans.
J’ai constaté qu’ils prenaient au sérieux leur devoir d’électeur, mais n’ai pas cherché à découvrir pour qui ils voteraient.
Par contre, je les interrogeai sur leurs futurs choix professionnels et les réponses furent éclairantes : crimino, armée, cuisine, sport professionnel…
Quand je leur demandai leurs raisons, la réaction fut quasi unanime : « parce que c’est cadré ».
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Les jeunes beatniks, hippies, voire même yuppies (ma génération), semblent ne plus être dans le vent.
Ces garçons, assez représentatifs de leur génération ayant reçu une éducation « écoutante et compréhensive », cherchaient paradoxalement tous la discipline et l’exigence…
Dans certains pays, cela les amène à soutenir l’extrême-droite, ignorants les enseignements de l’histoire.
En Belgique francophone, il serait intéressant de chercher à découvrir où leur vote s’est majoritairement porté.

« Deviens ce que tu reçois » – Fête du Corps et du Sang du Christ, Année B

«Ceci est mon corps… Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, répandu pour la multitude». (Marc 14, 12-26)

Le dimanche de la fête du Corps et du Sang du Christ – appelé communément « la Fête-Dieu – est d’origine liégeoise. Comme le rappela le pape Paul VI en 1965 : « elle fut célébrée la première fois au diocèse de Liège, spécialement sous l’influence de la Servante de Dieu, sainte Julienne du MontCornillon, et Notre Prédécesseur Urbain IV l’étendit à l’Eglise universelle » (encyclique Mysterium Fidei n°63).

Instituée au XIIIe siècle, cette fête rappelle que l’Eucharistie est le sacrement qui – par excellence – exprime l’Eglise : si le Christ se rend sacramentellement présent dans l’Eucharistie, c’est afin que ceux qui communient à Lui deviennent présence du Christ dans le monde.

Comme l’enseignait saint Augustin aux chrétiens qui participaient à l‘Eucharistie : « Deviens ce que tu contemples, contemple ce que tu reçois, reçois ce que tu es : le Corps du Christ ».

« Trois fois Saint » – Sainte Trinité, Année B

«  De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». (Matthieu 28, 16-20)

La Trinité n’est pas un problème de mathématiques. Pourtant, comme l’amour ne s’additionne pas, mais se multiplie – ne dit-on pas le « Dieu trois fois Saint » ? – chacun peut vérifier que 1 X 1 X 1, cela fait toujours 1.

La Trinité : 3 Personnes divines en un seul Dieu. Mais bien plus qu’un problème de mathématique, la Trinité est Mystère d’amour. Le peu que la révélation chrétienne nous ait donné de percevoir de l’infinité de Dieu, est que celui-ci est une éternelle Relation de Don : entre le Père qui est Source de tout Don, le Fils à Qui le Don est destiné et qui le rend au Père dans l’unité de l’Esprit – qui est Don.

La Bible nous enseigne que l’homme est créé à l’image de Dieu. Voilà pourquoi nous sommes des êtres relationnels et voilà pourquoi seul le Don de nous-mêmes nous fait rejoindre notre vérité profonde. Devenir disciple du Christ et vivre son baptême, c’est dans l’Esprit s’unir au don du Fils pour devenir enfant du Père.