« Le roc et la pierre du scandale » – 21° dimanche, Année A
« Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. (Matthieu 16, 13-20)
Jésus pose à ses disciples la question capitale : « Pour vous qui suis-je ? » « Tu es le Messie. Le Fils du Dieu vivant », répond sans hésiter l’apôtre Simon. Jésus reconnaît ici la voix de l’Esprit et déclare : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église ».
Mais il y a la suite – ce sera l’Evangile de dimanche prochain (versets 21-23) : « Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât le troisième jour. Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit : A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : Arrière de moi, Satan ! tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes. »
Le drame de Pierre est celui de toute l’Eglise : quand les baptisés écoutent la voie de l’Esprit, ils deviennent des rocs – à la suite de l’apôtre Pierre et de ses successeurs à Rome. Mais chaque fois que leurs peurs prennent le dessus – ils deviennent des « scandales », ce qui signifie littéralement « des pierres qui font trébucher le long du chemin ».
Notre-Dame de la perpétuelle prière – La Libre p.33
« Lumière d’En-Haut » – Transfiguration – 18° dimanche, Année A
« Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements blancs comme la lumière » (Matthieu 17, 1-9)
Transfiguration – c’est le contraire de défiguration. Le péché – défigure. Il suffit d’observer les « tronches » de personnes qui sont submergées par la haine. L’amour, le pardon, la bienveillance,… – transfigurent. Regardez une photo de Mère Térésa de Calcutta : son regard est comme un brasier qui nous révèle le meilleur de nous-mêmes.
La transfiguration de Jésus sur la montagne, c’est l’expérience de l’infinie puissance d’amour de Dieu qui s’exprime à travers Lui. Difficile de décrire ce que les trois apôtres ont vu, mais ils ont ressenti leur Maître comme rayonnant d’une Lumière d’En-Haut. A ses côtés – Moïse, qui donna la loi, et Elie, modèle des prophètes. Les disciples pressentent donc que le Christ récapitule la loi et les prophètes et, dès lors, toute l’histoire sainte d’Israël. « Dressons trois tentes », dit Pierre. Ils ont envie de rester dans cet état d’extase et de bien-être.
Mais non, il faut redescendre de la montagne et poursuivre sa route. Une expérience de transfiguration est faite pour nous nourrir spirituellement et nous fortifier. Pas pour nous retirer du monde. Poursuivons donc notre chemin de Carême.
Baudouin des Belges – La Libre p.31
In memoriam Sinéad O’Connor – Ballade mélancolique de l’âme irlandaise
« Là où est ton trésor, là sera ton cœur » – 17° dimanche, Année A
« Ayant trouvé une perle de grande valeur, il vend tout ce qu’il possède, et il achète la perle». (Matthieu 13, 44-52)
La parabole du trésor dans le champ et celle de la perle rare, sont des illustrations de la conversion. L’homme ou la femme qui fait l’expérience spirituelle du Christ, comprend intérieurement que tout le reste n’aura de la valeur qu’en fonction de l’unique nécessaire. A la manière du jeune amoureux qui abandonne le confort de la vie célibataire pour sa belle, le disciple du Christ change de vie – non par devoir – mais par désir. Comme l’écrira quatre siècles plus tard saint Augustin : « Donne-moi quelqu’un qui aime et il sentira la vérité de ce que je dis. Donne-moi un homme tourmenté par le désir, donne-moi un homme passionné, donne-moi un homme en marche dans ce désert et qui a soif, qui soupire après la source de l’éternelle patrie, donne-moi un tel homme, il saura ce que je veux dire. »
La parabole du filet plein de poisson, que l’on trie sur le rivage – explique que le chrétien est ensuite invité à faire un tri dans sa vie pour choisir ses priorités : Qu’est-ce qui est au service de l’Evangile et qu’est-ce qui m’en détourne ? « C’est ainsi que tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux, est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien ».
« La confiance du Semeur » – 15° dimanche, Année A
«Voici que le semeur est sorti pour semer…». (Matthieu 13, 1-23)
Nous connaissons tous l’explication de la parabole du semeur, telle qu’elle se trouve en l’évangile selon saint Matthieu. Elle est juste et judicieuse, mais sans doute ne date-t-elle pas de Jésus, mais bien de l’époque de la rédaction de l’évangile – quelque quarante années plus tard. Il s’agissait alors d’encourager la jeune Eglise, faisant face aux premières persécutions : « Soyez comme une bonne terre ! Ne vous découragez pas et ne laissez pas les soucis du monde, vous détourner de l’Evangile. » Voilà un message d’encouragement, qui invite à être une « bonne terre, qui accueille la semence ».
Quand Jésus raconte la parabole, le contexte est cependant différent. Il est suivi par des jeunes disciples, qui croient qu’Il est le Messie et comprennent d’autant moins que « rien ne bouge ». Ils le harcèlent donc de questions : « Quand vas-tu prendre le pouvoir ? Chasser les Romains ? Rétablir un culte juste et la place du royaume d’Israël face aux nations ? » Face à tant d’impatience, Jésus répond : « Mon Père – lui – ne raisonne pas comme vous : Il sème Sa parole à tous vents. Pour les bons comme pour les méchants. Il sait qu’une partie de la semence ne germera pas. Mais Il garde confiance. Celle qui tombera en terre et portera du fruit, rapportera au centuple. » Ici, l’accent de la parabole est mis sur la confiance – un message qui murmure à notre âme : Tel le Père, soyons des semeurs d’amour et d’Evangile à tous vents – auprès des bons, comme des méchants.
La sagesse du Petit Prince – 14° dimanche, Année A
«Ce que Tu as caché aux sages et aux savants, Tu l’as révélé aux tout-petits». (Matthieu 11, 25-30)
Si « le Petit Prince » de Saint-Exupéry est un tel succès littéraire mondial, c’est parce que ce petit livre touche du doigt une réalité fondamentale : « les grandes personnes », soit les humains qui se prennent trop au sérieux, passent à côté de l’essentiel de la vie.
Dans le monde de la spiritualité chrétienne, sainte Thérèse de Lisieux a rappelé la même chose. Il ne s’agit nullement d’un éloge de l’infantilisme, mais bien d’un plaidoyer pour l’enfance spirituelle. Seul l’adulte libre et responsable peut comprendre que face au Mystère ultime (« Dieu » pour le croyant, « la Réalité » pour les autres), il est comme un enfant – appelé à se recevoir avec gratitude et confiance.
Alors seulement, nous sentons-nous un peu moins écrasé par le poids de nos vies – parfois pourtant pétries de souffrance – à commencer par le poids de notre propre ego. « Venez à Moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et Moi, Je vous procurerai le repos. »
« Qui perd gagne » – 13° dimanche, Année A
«Qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera». (Matthieu 10, 37-42)
Avec le début des mois d’été, la société va vivre au ralenti et beaucoup partiront en vacances. Un moment de détente et de repos nécessaire et souvent salutaire. Il est, en effet, heureux que chacun puisse un peu plus penser à soi-même et à ses proches pour recharger ses batteries.
Attention cependant de faire du loisir et des vacances l’idéal de notre vie. Vivre uniquement en fonction d’un épanouissement égoïste, est un piège. Bien vite, cette « vie de rêve » étouffe l’âme. Seul ce qui nous tire vers le Haut, offre un bonheur durable. Et souvent, ceci passe par le renoncement, voire le sacrifice : aider son prochain, servir les plus démunis, vivre radicalement les Béatitudes,…
Qui accepte de « perdre » un peu de son confort de vie au nom du Christ et de Son Evangile, « gagne » bien davantage – car il devient spirituellement plus vivant.