Liège – lendemain de veille

Hier soir, en me rendant à la prière pour les victimes – organisée par la communauté de Sant’Egidio – je longeai la Meuse et suis passé sous le pont des Arches. En levant la tête, je vis que – d’une rive à l’autre – sur ce pont était garé un chapelet de camions-émetteurs de presse, venus de tous pays. Bien malgré elle, Liège était devenue le centre d’attention du monde entier. Comme d’autres, je reçus d’ailleurs plusieurs messages inquiets – ou paroles de soutien – de personnes habitant par-delà les océans.

Et pourtant, tout cela gardait quelque chose d’irréel pour ceux, qui – comme moi – avaient vécu le drame à quelques rues de distance. J’avais été témoin de l’agitation et avais vu les policiers courir dans les rues, mais guère plus. Il m’était difficile de me dire que cette ville meurtrie – dont la presse était pleine, frisant par moment le trop-plein – était celle où je vivais. Jusqu’au moment où je reçus un mail m’annonçant qu’une des jeunes victimes était le fils de voisins d’une connaissance. Un gamin poli et aimable, parti le matin pour réussir un examen et qui ne rentrerait pas. Alors seulement, la tragédie reçut un prénom et un visage.

Ce matin encore, le visage des Liégeois était fermé. Tel celui qui a la gueule-de-bois, la Cité Ardente s’est réveillée sonnée par le coup de boutoir, reçu la veille. Petit à petit, pourtant, les rues se sont à nouveau animées. L’esprit ardent et bon-vivant des Principautaires reprend le dessus. Ceci, même sur les lieux du drame, où je suis passé ce mercredi midi. Mais Liège n’oublie pas. Sujets de conversations graves et regards chargés d’émotion. Liège se relève, mais n’oublie pas.

Merci à Serge Schoonbroodt de m’avoir signalé l’œuvre du photographe Jim Sumkay, en ajoutant pour unique commentaire : « Liège est meurtrie mais digne. Liège est belle, même lorsqu’elle souffre ! » http://www.museepla.ulg.ac.be/opera/sumkay/2011/1213.html http://www.museepla.ulg.ac.be/opera/sumkay/2011/1214.html

 

Attaque à Liège – Invitation à la prière

La communauté de Sant’Egidio invite à une prière spéciale pour se souvenir et prier pour les victimes de l’attaque qui s’est produite aujourd’hui Place Saint-Lambert. La prière a lieu ce mardi 13 décembre à 20 heures dans la Collégiale Saint-Barthélemy (place Saint-Barthélemy – 4000 Liège). Je suggère à chacun de s’y unir d’une façon ou d’une autre.

C’est arrivé près de chez nous…
Journée pluvieuse et venteuse sur Liège. Quelques rendez-vous et du travail en retard. A midi, je partage mon repas avec un homme aimable et cultivé. Nous parlons de choses et d’autres, quand la rue se remplit de policiers. Une rumeur s’élève des tables voisines. J’entends tomber les mots « grenades », « tirs », « morts », « blessés ». Dans le ciel, le vrombissement d’un hélicoptère. Je rallume mon portable. Plusieurs messages d’amis déjà, qui me contactent pour savoir si je vais bien. Je veux les rassurer, mais les réseaux sont saturés. Je rentre au presbytère et me place devant mon ordinateur. Twitter crépite. L’info se reconstitue à tâtons. Dans la rue, la sirène d’une ambulance hurle sur fond du carillon de la cathédrale. Au milieu de ce bruit, je pense au silence qui recouvrira bientôt ces victimes et leurs familles. Aujourd’hui, demain et après encore. Alors, j’arrête twitter et je me mets à prier.

« Bonjour, tristesse » – 3e dimanche de l’Avent, Année B

« Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas » (Jean, 1, 6-8, 19-28)

Le troisième dimanche de l’Avent, est surnommé Gaudete – ce qui signifie en latin « dimanche de la joie ». N’est-il pas curieux de constater que, malgré l’augmentation du niveau de vie de nos populations, ce soit souvent la tristesse qui domine sur nos places et dans nos chaumières?
Un effet de la crise économique ? Pour ceux qui manquent de tout – sans nul doute. Voilà pourquoi, nous aurons ce dimanche l’occasion de nous montrer doublement généreux, au cours de la collecte de solidarité de l’Avent. Un peu de nos économies peut signifier beaucoup pour ceux qui – au milieu de nous – n’ont plus rien.

Cependant, si un minimum d’aisance matérielle octroie dignité et sécurité, la richesse ne procure pas la joie. Notre société matérialiste est habitée d’une tristesse diffuse et permanente. Ce qui manque ? L’Amour. « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan – publié en 1954 – exprime assez bien ce sentiment de vide.
« Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas », clame le Baptiste. Un Enfant vient à Noël. Il porte la joie au monde. Pas la joie fugace des séductions ou bulles de champagne, mais la joie profonde d’un Dieu qui – de son regard – nous révèle que nous sommes aimés – inconditionnellement.

Saint-Nicolas… attention danger ?

Le 6 décembre s’éloigne et j’en profite pour lancer une réflexion concernant la fête de Saint-Nicolas – populaire en Belgique, aux Pays-Bas et dans quelques autres régions du monde. Il est évidemment sympathique d’imaginer que le saint patron des enfants vienne gâter les petits par quelques cadeaux. Cependant, il y a un gros « mais »…
Une chose est d’entraîner son enfant dans la magie de la fête (comme pour « père Noël »), une autre est de lui cacher la vérité. Tant que l’enfant ne pose pas de questions – car il ne fait guère de distinction entre vérité et rêve – pourquoi ne pas le bercer? Mais quand le petit commence à s’éveiller et à s’interroger, il n’est pas sain de vouloir le maintenir dans l’illusion – en lui cachant ce qu’il a le droit de savoir : que ce sont les parents qui « jouent » à Saint-Nicolas.

Je me rappelle le moment où cela m’est arrivé. J’avais 6 ans et mon frère aîné avait posé des questions à mes parents, en ma présence. Mon père et ma mère avaient d’abord prétendu que c’était bien Saint-Nicolas qui portait les cadeaux aux enfants, avant de se raviser le lendemain et de nous dire la vérité. Je me souviens très précisément de la réflexion qui – à cet instant – traversa ma petite tête (à l’époque) blonde : « Oh, mes parents m’ont fait croire en quelque chose qui n’est pas vrai. Mais, heureusement, ils ont rétabli la vérité. Je pourrai donc encore avoir confiance en eux ».
Peut-être pensez-vous que j’étais bien trop jeune pour me dire tout cela. Et pourtant, c’est ainsi : un gosse est capable de raisonner en philosophe. Je vais même plus loin : j’ai l’intime conviction que si j’avais dû découvrir la sympathique supercherie par moi-même, quelque chose en moi se serait brisé. A l’adolescence, j’aurais dès lors sans doute rangé le petit Jésus dans le même tiroir que le grand Saint-Nicolas : au rayon des fables pour enfants, dont le jeune adulte doit se libérer.

Voilà pourquoi, je dis « oui » à la magie de Saint-Nicolas, mais « non » à la tromperie parentale. En cachant à leurs enfants la vérité, des parents ne cherchent pas à protéger leur gosse. Ils ont tout simplement peur de les voir grandir.

Blog: bilan du mois de novembre

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées. La fréquentation baissa durant les vacances, car le blog – aussi – pris du repos. Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. La baisse de fréquentation s’explique par le fait que j’écrive moins souvent.

Le lectorat reste majoritairement belge (2138 visites). La France suit – et augmente sa fréquence – avec 291 visites. Le nouveau venu est la Canada (Québec) avec 71 visites. L’article le plus fréquenté est « Le Vatican face à Benetton » avec 245 visites. Vient ensuite « Les catholiques belges et la franc-maçonnerie – une préface » avec 225 visites et « Vient de paraître : Valet de trèfle – Roman (éditions EME)» avec 144 visites.

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain.

Ressourcement

Ces jours-ci, un manifeste fait le tour de Flandre. Il demande que l’Eglise institutionnelle s’adapte pour répondre au manque de prêtres. Les adaptations font, de fait, partie de la vie en Eglise – pour peu qu’elles soient portées par l’Esprit. Quant à savoir si c’est le cas des diverses exigences de ce manifeste, je laisse la question ouverte. Non que j’aie peur d’y répondre, mais parce que je ne pense pas que le salut vienne des structures. Elles sont nécessaires, mais pas essentielles. Le passé nous a, en effet, suffisamment appris qu’une Eglise avec un grand nombre de ministres du culte, ne signifiait pas – pour autant – une Eglise vivante. Non, le vrai changement vient d’un authentique ressourcement des baptisés.
D’où un autre manifeste – plus radical et, sans doute aussi, plus gênant: Je rêve d’une Eglise où les baptisés apprennent à leurs enfants comment prier – non pas tels de petits automates, mais comme des enfants du Père céleste. Je rêve d’une Eglise dont les croyants lisent régulièrement la Bible, ou alors un livre spirituel de qualité. Je rêve de chrétiens qui demandent à leurs prêtres: “Parlez-moi de Dieu” ou encore “Puis-je me confesser?” Je rêve enfin de fidèles qui osent s’afficher comme tels en dehors des églises. Comme David Bowie himself le fit devant des milliers de personnes à Wembley.
Soit l’Evangile n’est qu’un appendice d’une éducation du passé. Alors, autant s’en débarrasser sans remords. Soit la vie avec Christ est une chose essentielle et belle. Dans ce cas, je rêve d’une Eglise dont chaque membre – et pas seulement ses pros – se sente responsable. Afin que les générations à venir fassent à leur tour pareille Expérience de Vie. Cela aussi, vaut un manifeste.

Herbronning

In Vlaanderen maakt een Kerkmanifest de ronde: de institutionele Kerk moet zich aanpassen om het priestertekort tegemoet te komen. Aanpassingen behoren tot het leven van het Godsvolk, indien geïnspireerd door de Geest. Of de eisen van dit manifest allen tot deze categorie behoren, laat ik hier in het midden. Niet dat ik niet durf om mij daarover uit te spreken. Maar omdat ik eigenlijk weinig heil verwacht van “top-bottom” aanpassingen. Ze zijn nodig, maar niet essentieel. Het verleden heeft ons nl. ruim genoeg geleerd dat een Kerk met veel ambtenaren van de eredienst, niet automatisch een levende Kerk is. Essentie is de herbronning van elke gedoopte.
Daarom een ander manifest – radicaler en waarschijnlijk ook meer gênant : Ik droom van gedoopte die hun kinderen dagelijks leren bidden – niet als brave automaten, maar als kinderen van de Hemelse Vader. Ik droom van gelovigen die regelmatig de Bijbel, of een deftig spiritueel boek lezen. Ik droom van christenen die aan hun priester vragen: “Vertel eens over God” of nog : “Zou ik mogen biechten?”  Ik droom tenslotte van kerkgangers, die ook buiten de kerk durven opkomen voor hun geloof. Zoals bv. David Bowie himself het deed voor duizenden in Wembley stadion.
Ofwel is het Evangelie maar een onderdeel van een traditioneel Vlaamse opvoeding. Voor hetzelfde geld mogen we dat detail dan laten droppen. Maar indien het leven met Christus iets essentieels betekent, droom ik van een Kerk waarvan elk lid – en niet alleen de professionals – zich verantwoordelijk voelt. Opdat ook onze nakomelingen deze Levenservaring zouden maken. Dit is zeker ook een manifest waard.

« Non, ce n’est pas le père fouettard » – 2e dimanche de l’Avent, Année B

« A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur » (Marc 1, 1-8)

Quel est cet étrange compagnon du 2e dimanche de l’Avent ? Il habite dans le désert et est habillé d’une tunique de chameau. Vu son apparence austère, certains enfants croiront peut-être qu’il s’agit du père fouettard (*), débarquant quelques jours avant son patron. Mais non. Cet homme ne vient pas départager les gamins sages de ceux qui sont… un peu moins sages. Sa parole rugueuse s’adresse à tous. Qui donc est ce type bizarre qui baptise dans le Jourdain ? Il est une voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ! »

Le temps de l’Avent c’est justement cela… Dans le désert spirituel de nos villes et de nos vies, préparer les chemins du Seigneur. Et nous de répondre à ce drôle de prophète : « Oui mais dis… pas facile, hein ! Tu ne te rends pas compte des obstacles ? Et puis, je ne suis pas un prophète professionnel. De plus, quand je parle de Dieu, on se moque de moi ». Mais nos objections ne déstabilisent pas le Baptiste. Il dit : « Si un obstacle se dresse, aplanissez la route. Ne craignez pas :  Vient bientôt un plus grand que moi. Lui baptisera dans l’Esprit Saint ».

(*) Pour les non-Belges ou non-Alsaciens, le père fouettard est le personnage de type mauresque qui accompagne Saint Nicolas, patron des enfants – qui vient gâter les petits chaque 6 décembre. Si l’enfant n’a pas été sage, le père fouettard lui réserve son martinet… Comme tous les enfants sont sages, cela n’arrive jamais et le serviteur du bon saint passe le plus clair de son temps à distribuer des friandises.

Il est 7 heures. Liège s’éveille (La Libre 29/11 p.55).

Ce 29 novembre ma chronique du mois dans le quotidien la Libre, a été publiée en p.55. Vous pouvez la lire en cliquant sur le lien suivant :  Il est 7 heures. Liège s’éveille.

Je remercie, une fois de plus, la rédaction de La Libre de m’offrir cet espace d’expression.

 

« Le Philosophe, le Prêtre et le Polar » – ce vendredi à Spa: présentation de deux ouvrages de fiction

VENDREDI 2 décembre « Le Philosophe, le Prêtre et le Polar »

Baudouin Decharneux, Professeur de philosophie des religions à l’ULB et l’abbé Eric de Beukelaer, curé-doyen du centre de Liège ont chacun récemment publié un roman policier aux éditions EME. « Meurtre en kabbale » http://www.eme-editions.be/product.php?id_product=45743 de Baudouin Decharneux se situe dans le monde des loges maçonniques du nord de la France. « Valet de Trèfle » http://www.eme-editions.be/product.php?id_product=47233 de Eric de Beukelaer se passe dans un univers ecclésiastique au cœur de la ville de Spa, quelque peu recréée pour l’occasion. Les deux auteurs sont amis et leurs écrits se veulent, entre autre, une critique souriante de la mode des romans écrits sur fond d’un ésotérisme de bazar.

De 17 h à 18 h, les deux auteurs seront à la librairie Pages après Pages pour une séance de dédicaces

Ils se trouveront ensuite de 18 h à 19 h à l’office du tourisme de Spa, Place Royale 41 à 4900 Spa, pour une présentation, suivie d’un échange avec le public et du verre de l’amitié

 Librairie Pages après Pages

7 Rue Dr Henri Schaltin 4900 SPA          087/22.67.28     www.pagesaprespages.be