« Noël dans la joie et dans la peine » – Nativité du Seigneur, Année B

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Luc 2, 1-14)

Toutes les mamans le savent : une naissance peut être douloureuse. La raison en est que le petit d’homme naît avec une boîte crânienne fort développée, qui – en quittant le sein maternel – fait souffrir sa maman bien plus que cela n’arrive dans le monde animal. Et pourtant, rien de plus joyeux qu’une naissance. Même si… les parents savent que les épreuves ne font que commencer. Mettre un enfant au monde, c’est l’accompagner des années durant, dans les rires comme dans les pleurs.

Joie et souffrance… Il y a un peu des deux dans la fête de la Nativité. Il y a la joie de la naissance du Sauveur. Le Verbe de Dieu se fait petit enfant : par Marie, le Sauveur est mis au monde pour porter l’Amour divin aux hommes. Comme le proclament les anges : « Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur ». Une joie réelle, donc, mais qui n’immunise pas de la souffrance. Les icônes orthodoxes de la Nativité nous le rappellent avec leurs crèches en forme de sépulture : la mise au monde du Sauveur n’esquive pas les épreuves et les croix.

Voilà pourquoi, la fête de Noël s’adresse tant aux personnes qui sont dans la joie qu’à celles qui vivent dans la peine. Près chez nous, comme de par le monde: en Ukraine ou à Gaza, dans le pays du Christ. Oui, même pour eux résonne en ce jour le chœur des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

« Fiat ! » – 4e Dimanche de l’Avent, Année B

« Que tout se passe pour moi selon ta parole » (Luc 1, 26-38)

Les deuxième et troisième dimanches de l’Avent, Jean le Baptiste est le personnage au centre des passages d’Evangile, lus au cours des eucharisties dominicales. Le quatrième et dernier dimanche avant la Nativité, il s’agit de Notre-Dame.

Pour expliquer la place de Marie dans l’histoire du salut, prenons un exemple : seul l’eau peut désaltérer, mais sans un réceptacle (bouteille, verre, mains,…), impossible de boire. Il en va de même pour l’œuvre de Dieu : seul l’Esprit de Dieu régénère le monde, mais comment pourrait-il le faire si personne ne lui ouvre son cœur ? Et comment l’Esprit pourrait-il totalement se donner, si quelqu’un ne l’accueille pas en plénitude et sans aucune réserve mentale ou arrière-pensée?

Hélas – de par le péché – le « oui » des hommes est bien fragile : si souvent, nous disons « oui, mais… », « oui, sauf si… », « oui, à moins que… », « oui, à condition que… ».  Rien de tel chez Marie. Le « oui » de la Vierge de Nazareth est libre, clair et limpide. Il ouvre grand les portes à l’Esprit de Dieu. « Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu ». Alors la Vierge dit : « Fiat ! Je suis la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole. »

« Bonjour, tristesse » – 3e dimanche de l’Avent, Année B

« Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas » (Jean, 1, 6-8, 19-28)

Le troisième dimanche de l’Avent, est surnommé Gaudete – ce qui signifie en latin « dimanche de la joie ». N’est-il pas curieux de constater que, malgré l’augmentation du niveau de vie de nos populations, ce soit souvent la tristesse qui domine sur nos places et dans nos chaumières?

Un effet de cette crise économique – qui engendre l’actuelle grogne sociale ? Pour ceux qui manquent de tout – la joie avec un corps froid et un ventre vide, n’est pas évidente. Voilà pourquoi, nous aurons ce dimanche l’occasion de nous montrer doublement généreux, au cours de la collecte de solidarité de l’Avent. Un peu de nos économies peut signifier beaucoup pour ceux qui – au milieu de nous – n’ont plus rien.

Cependant, si un minimum d’aisance matérielle octroie dignité et sécurité, la richesse ne procure pas la joie. Notre société matérialiste est habitée d’une tristesse diffuse et permanente. Ce qui manque ? L’Amour.  « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan – publié en 1954 – exprime assez bien ce sentiment de vide.

« Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas », clame le Baptiste. Un Enfant vient à Noël. Il porte la joie au monde. Pas la joie fugace des séductions ou bulles de champagne, mais la joie profonde d’un Dieu qui – de son regard – nous révèle que nous sommes aimés – inconditionnellement.      

« Non, ce n’est pas le père fouettard » – 2e dimanche de l’Avent, Année B

« A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur » (Marc 1, 1-8)

Quel est cet étrange compagnon du 2e dimanche de l’Avent ? Il habite dans le désert et est habillé d’une tunique de chameau. Vu son apparence austère et le temps du calendrier, certains enfants croiront peut-être qu’il s’agit du père fouettard.

Mais non. Cet homme ne vient pas départager les gamins sages de ceux qui sont… un peu moins sages. Sa parole rugueuse s’adresse à tous. Qui donc est ce type bizarre qui baptise dans le Jourdain ? Il est une voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ! » Le temps de l’Avent c’est justement cela… Dans le désert spirituel de nos villes et de nos vies, préparer les chemins du Seigneur.

Et nous de répondre à ce drôle de prophète : « Oui mais dis… pas facile, hein ! Tu ne te rends pas compte des obstacles ? Et puis, je ne suis pas un prophète professionnel. De plus, quand je parle de Dieu, on se moque de moi ». Mais nos objections ne déstabilisent pas le Baptiste. Il dit : « Si un obstacle se dresse, aplanissez la route. Ne craignez pas : Vient bientôt un plus grand que moi. Lui baptisera dans l’Esprit Saint ».

« Les sentinelles de la crèche » – 1er dimanche de l’Avent, Année B

«Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !» (Marc 13, 33-37)

Avec le temps de l’Avent, s’ouvre une nouvelle année liturgique : nous quittons l’année durant laquelle l’Evangile selon Saint Matthieu fut lu chaque dimanche à l’église et entrons dans l’année consacrée à Saint Marc.

Plus immédiatement, l’Avent est le temps de quatre semaines qui nous prépare à la Nativité. Alors que la devanture de tant de magasins se met aux couleurs de la fête, l’Eglise nous propose de préparer nos cœurs à la venue de l’Enfant de la crèche. Ce serait dommage qu’arrivé le temps de la Messe de minuit, nous nous disions soudainement – comme surpris : « déjà Noël ! »

Un mois nous est donné, afin d’apprêter la crèche de nos cœurs à recevoir le Divin Enfant. C’est tout le symbole des couronnes de l’Avent qui ornent nos églises et – je vous y invite – également nos maisons : à chaque semaine, la lumière qui jaillit de la couronne augmente. De même, nous sommes appelés à devenir chaque semaine davantage lumineux de Noël. L’Avent nous invite à nous ressaisir, afin que l’esprit de Noël ne se vive pas qu’une petite journée par an.

Alors, soyons des sentinelles de la crèche. Il vient l’Enfant qui porte l’Amour au monde. Ne le ratons pas, parce que notre cœur somnole.  «Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !» (Marc 13, 33-37)

Mon anniversaire…

Je n’ai pas pu remercier toutes celles et ceux qui m’ont souhaité un joyeux anniversaire.
Avec cette nouvelle dizaine, j’entre dans ce que peu osent encore appeler « le 3° âge ». 
Non – je ne me sens pas encore vieux. Et dans notre société du jeunisme, cela ne sera pas entendu.
Il n’empêche, un cap est franchi et le corps est un calendrier à contempler.
 
En guise de cadeau, je vous rappelle la chronique publiée il y a 10 ans dans la Libre, au coeur de l’été:  
l’histoire d’un vieil homme face à la mer, le soir tombant.
Pour la découvrir, cliquez sur: «  l’Occident éternel ». 
EdB

« Le Roi-nu-pieds » – Dimanche du Christ-Roi, 34e dimanche, Année A

«Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits qui sont mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait» (Matthieu 25, 31-46)

En ce dernier dimanche de l’année liturgique – dimanche du Christ-Roi – l’Evangile nous fait réfléchir sur ce qu’on appelle communément « le jugement dernier ». Des générations entières ont eu l’imagination marquée par les bas-reliefs sculptés sur le portail de nos cathédrales: le Christ-Roi y trône en majesté et sépare les âmes justes de celles qui sont réprouvées.

Mais cette représentation-là ne correspond pas pleinement à l’Evangile. Jésus est un roi dont la seule couronne est d’épine et l’unique trône, le bois d’une croix. Un roi humilié. Un roi crucifié. Un roi qui se fait le frère de tous les laissés-pour-compte de l’histoire. L’unique question que ce Roi nous posera lors du jugement dernier, sera : quand tu as croisé la route de ce pauvre type, nu, malade, prisonnier, affamé… l’as-tu servi comme un roi? Si tu l’as méprisé, comment pourrais-tu Me reconnaître comme ton Roi ?  Regarde-Moi : je suis nu, malade et prisonnier. «Chaque fois que tu as fait du bien à un de ces petits qui sont mes frères, c’est donc à Moi que tu l’as fait».

Napoléon – La fascination de l’homme fort

Tout le monde parle du dernier film de Ridley Scott. Napoléon fascine encore et toujours. Ce que beaucoup ignorent, c’est qu’un penseur libéral irlando-britannique avait prévu son ascension. Edmund Burke (1729-1797) défendait la révolution américaine, mais se méfiait de l’idéologie, promettant de construire un monde nouveau, soufflant sur Paris. Dans sa « Réflexion sur la Révolution française », parue en 1790, il annonça que l’anarchie ferait en sorte que le peuple français se tournerait vers un général populaire, ayant l’allégeance de ses troupes, qui deviendrait le maître de la république. Napoléon accomplit cette prophétie, au-delà de toutes les espérances. 

Hélas, les hommes, dits « forts », mais respectueux des enjeux démocratiques, sont rares et éphémères au pouvoir. N’est pas Churchill ou de Gaulle, qui veut. Les récents succès électoraux de Javier Milei (Argentine) et Geert Wilders (Pays-Bas), comme le retour en grâce de Donald Trump (US), ne doivent cependant pas nous étonner. En période troublée, le peuple se cherche un homme, dit « fort », faisant rêver de grandeurs passées ou à venir. Au risque de Waterloo

 

La brûlante inquiétude du Pape et de Bruno Colmant – La Libre p.32  

Ce 21 novembre est parue ma chronique mensuelle dans le quotidien La Libre.

Elle tente de faire le lien entre un récent livre de Bruno Colmant, la dernière Exhortation apostolique du Pape et le résultat des élections en Argentine.

Pour la lire, cliquez sur : «  La brûlante inquiétude du Pape et de Bruno Colmant ».

Merci à La Libre de m’offrir cet espace de réflexion.