Catégorie : Non classé
Raisins amers – 27e dimanche, Année A
« Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils » (Matthieu 21, 33-43)
Dans la première lecture de ce dimanche, le prophète Isaïe reprend un vieux thème de la sagesse juive : un homme plante une vigne et s’en occupe patiemment. Hélas – les raisins de la récolte sont amers. De dépit, le vigneron se détourne du lopin de terre qu’il avait tant soigné. Et le prophète d’expliquer que cette vigne est le peuple hébreu qui attriste le Seigneur en ne respectant pas son alliance.
Dans l’évangile, Jésus reprend l’image à son compte. Et la radicalise. Le Fils de l’homme ne se fait plus d’illusions. Il sait que sa vie terrestre va bientôt finir. Pourtant, Il croit fermement que son Père ne l’abandonnera pas. Cela donne la parabole la plus autobiographique du Christ. La plus sombre aussi. Celle de vignerons qui refusent de rendre au propriétaire le fruit de sa vigne – et qui finissent même par assassiner son fils, afin de supprimer l’héritage. Cependant, la conclusion cite une autre parole de l’écriture juive : « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire ». Tout en annonçant la croix, le Nazaréen pointe vers les lueurs de Pâques.
Allez voir le dernier film d’Al Gore!
#Religioptimist, la presse, les trains qui arrivent à l’heure
En ces temps de quête identitaire, la religion – comme la politique – peut se pervertir en force de repli. Quand elle résiste à pareille tentation et reste fidèle à sa mission première, les cultes et Eglises se révèlent, bien au contraire, des moteurs qui invitent à l’ouverture et à la construction d’une société digne de l’humain. C’est cet aspect citoyen de la religion que le présent colloque a voulu illustrer. « Un pessimiste voit une difficulté dans chaque opportunité. Un optimiste voit une opportunité dans chaque difficulté », disait Churchill. Ce colloque se voulut résolument « religioptimiste ».
L’hypocrisie… – 26° dimanche, Année A
« Lequel des deux a fait la volonté du Père ? » (Matthieu 21, 28-32)
L’hypocrisie est le vice… des personnes qui aiment la vertu. On ne dira jamais d’un gangster cynique qu’il est hypocrite. Parfois même, ce bandit peut surprendre par un élan du cœur ou une action généreuse. Par contre, les personnes qui cherchent à vivre selon un idéal, ont souvent du mal à y correspondre. Pour peu qu’elles ne sont pas lucides de cette faiblesse, une incohérence apparaîtra entre les beaux principes et la réalité vécue. C’est cela, l’hypocrisie. Quand le Christ proclame : « les publicains et prostituée vous précèdent dans le Royaume de Dieu », il ne fait pas l’éloge de leur état de vie. Il rappelle à tous les bienpensants de la terre, qu’il est spirituellement vain de se juger moralement supérieur aux autres. Que tous, nous serons en effet jugés sur l’Amour. Et que – s’il rend lucide sur les actes – le propre de l’Amour est justement de ne pas juger les personnes.
Sapiens… – La Libre p. 39
Ce mardi 26 septembre, est parue ma chronique du mois… d’octobre dans le quotidien La Libre en p.39
Je l’avais intitulée « Sapiens », mais elle fut rebaptisée par le journal. Pour lire cette chronique, cliquez sur « La religion, un outil pour conquérir la terre? »
Merci à la rédaction de La Libre de m’offrir cet espace d’expression.
La comptabilité de la Grâce – 25° dimanche, Année A
« Parce que personne ne nous a embauchés » (Mt 20, 1-16)
Vous connaissez le dicton: « Il faut bien gagner son paradis ». Comprenez : « A force de vertu, nous finirons bien par obtenir le ticket d’entrée au Ciel ». Eh bien non – dit le Christ. D’où la parabole des ouvriers de la 11° heure : ceux qui ont sué depuis l’aube, ne reçoivent pas un meilleur salaire que ceux qui n’ont travaillé qu’une heure. Message de la parabole : Il n’y a pas de paradis à gagner. Il est offert. Tout est Grâce. « C’est un peu facile » murmure le bon Belge, en ajoutant : « Dans ce cas, pourquoi faire des efforts ? ». Enviables, les ouvriers de la dernière heure ? « Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? » leur demande le maître de la vigne. « Parce que personne ne nous a embauchés », soupirent-ils. Ils ont perdu leur journée. Alors, oui. Heureux les artisans de la première heure. Ceux qui triment pour le Christ sous la chaleur du soleil. Ils ne le font pas pour gagner un meilleur salaire. C’est le même salaire pour tous. Si les parents aiment leur enfant – que celui-ci leur obéisse ou pas – combien plus le Père céleste nous aime-t-il inconditionnellement ? « Un peu facile » ? Non, c’est ce qu’il y a de plus exigeant : vivre – non pas en comptabilisant ses mérites – mais par pur amour.
« Jeu collectif » – 23° dimanche, Année A
« Si ton frère a commis un péché, va lui parler » (Mt 18, 15-20)
Si le christianisme était un sport, il serait un sport collectif. C’est ensemble que les baptisés vivent du Christ et non pas chacun dans son coin – jouant à qui sera le meilleur chrétien de la classe. Ainsi, la parole que Dieu adresse au prophète Ezéchiel (1° lecture) : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur ». En ce début de XXIe siècle, les progrès de la société n’ont pas libéré l’homme de sa conscience. Les mêmes questions qu’à l’époque d’Ezéchiel résonnent dans les cœurs : « Quel est le sens de l’existence ? Comment réussir sa vie ? Quel est le secret du bonheur ? » Les disciples du Christ se doivent donc d’être des « guetteurs » – des femmes et hommes capables de saisir l’enjeu spirituel des choses, d’avertir des impasses, d’inviter à une « conversion » – c’est-à-dire à un retournement de perspective. « Si ton frère a commis un péché, va lui parler », enseigne l’Evangile. Mais attention à la caricature. Sans l’Esprit, le « guetteur » devient vite une éternelle belle-mère, un insupportable donneur de leçons,…. Vous savez, ces braves personnes qui ont à la bouche en toute circonstance, une parole assassine du genre : « Je te l’avais bien dit… » D’où l’avertissement de saint Paul dans son épitre aux Romains (2° lecture) : « L’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour ». Soyons des guetteurs de l’amour. Mettons-nous à l’école de l’Esprit. En ce temps de rentrée scolaire, voilà bien une école ouverte tous les jours et à tous les âges. Une école de la réussite – où les baptisés restent élèves à vie.
Tel un château de cartes…
Me revoilà donc à la barre de mon blog, après le piratage du site qui l’accueillait, ce qui causa trois semaines d’absence.
Ce blog avait commencé en mars 2011, juste à l’époque du drame de Fukushima. Que d’articles et de réactions dans mes archives en plus de 6 années d’activité et d’échanges. Je me disais qu’un jour (après ma pension), je pourrais reprendre certains « posts » et faire une retrospective. Et puis… « pouf »: piratage et perte définitive d’une toute grosse partie de mes archives, malgré le travail acharné de celui qui gère ce blog pour récupérer ce qui peut l’être. Comment je vis cela? Curieusement – fort bien. Je suis « zen » comme disent les jeunes.
En effet, je trouve qu’il y a ici une parabole vivante de nos vies qui passent. Nous pensons bâtir des maisons, des cathédrales, des civilisations, etc… pour l’éternité. Mais non. Un jour, tout peut s’envoler, comme la mémoire de ce blog. Et encore: ce qui m’arrive est dérisoire – risible même – par rapport à ces pauvres gens au Texas ou aux Caraïbes qui ont vu toutes leurs possessions s’écrouler en un instant, tel un château de cartes.
« Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. » (Ecclésiaste 1, 2) Tout serait donc vain? Non – l’Amour qui a créé le monde et l’a sauvé par La Croix – demeure et ne passe pas. Soyons donc vigilants. Tout peut nous être enlevé en un instant et s’écrouler devant nos yeux – tel un château de cartes – sauf la part intime de notre âme, créée par Amour et pour aimer. Celle-là, nous seuls pouvons la perdre.
« Ainsi, celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. ». (Matthieu 7, 24-27)
« La communion des saints, la résurrection de la chair, la vie éternelle » – Toussaint et commémoration des défunts
«Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu» (Matthieu 5, 1-12)
L’Eglise catholique fête ce dimanche 1er novembre tous ses saints, soit ces défunts – connus ou anonymes – qui ont été perméables à l’amour divin sur terre et qui participent désormais à la plénitude du ciel. Leur course terrestre s’est achevée, mais ils sont tout sauf spirituellement morts. En Dieu, ils sont plus-que-vivants. Voilà pourquoi à ceux qui les invoquent, ils servent de premiers de cordée sur le chemin de la conversion. La communion des saints est cette solidarité profonde qui unit spirituellement les vivants sur terre et les vivants en Dieu.
L’Eglise catholique commémore ce lundi 2 novembre plus largement tous les défunts, soit la multitude d’hommes et de femmes qui ont vécu leur grand passage. L’Eglise invite à prier avec eux, mais aussi pour eux. En effet, tout comme l’œil qui sort de la cave doit s’habituer à la lumière éclatante du soleil, de même beaucoup ont besoin d’une transition qui dilate leur cœur – état que l’Eglise du moyen-âge appela le « purgatoire ». La prière pour les défunts est donc une expression de la solidarité spirituelle qui unit les pèlerins de la terre à ceux du ciel.
Le culte des saints et la prière pour les défunts sont bien davantage que des fioritures de notre foi de baptisé. En voyant le nombre impressionnant de nos contemporains qui – en ce début de XXIe siècle – visitent encore les cimetières, nous constatons que l’affection pour « ces chers disparus » rejoint une intuition spirituelle profonde. En priant pour un défunt, nous l’accompagnons sur le chemin de notre commune destinée en espérance – la pleine communion dans l’Amour trois fois saint. Alors, l’adieu devient « à-Dieu ».