«  Vigne de vie » – 5° dimanche de Pâques, Année B

« Moi je suis la vigne et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit » (Jean 15, 1-8)

Observez une vigne. Ses sarments secs se dressent fièrement vers le ciel. Pourtant, ils sont morts et ne servent plus qu’à allumer les barbecues. Les sarments vivants, eux, ploient sous le poids de leurs grappes. Leurs raisins pèsent lourds, mais ils sont la preuve que ce sarment porte du fruit.

Il ne va ainsi dans la vie des hommes. D’aucuns se dressent tout droit d’orgueil, mais ils sont secs. Leur vie ne porte aucun fruit. Malheureux sont ces hommes – si riches et puissants soient-ils. Ils vivent sans fécondité et sont des morts-vivants. D’autres hommes ploient sous le poids de la charge et ils peinent. Heureux sont-ils pourtant, car tel est le signe qu’ils portent du fruit. Ils sont donc bien vivants.

Prions tout spécialement pour les enfants et jeunes gens qui feront ces jours-ci leur première communion, profession de foi, ou confirmation. Qu’ils n’oublient jamais l’enseignement du Christ: « Moi je suis la vigne et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit »     

«  Le bon Pasteur » – 4° dimanche de Pâques, Année B

« Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent ».(Jean 10, 11-18)

Dans le domaine du spirituel et du religieux, il existe de nombreux gourous, voyants, guides, etc. adaptés à vos goûts et votre portefeuille. Cependant, le jour où vous êtes fauché, il n’y a plus personne. Ceux-là sont des mercenaires. Toute autre est l’image du bon berger – du vrai pasteur : il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent. Pour elles, il donnerait sa vie.

J’ai compris cette parole, il y a une vingtaine d’années. Je faisais une marche dans les Causses – la région la plus désertique de France. Là ne poussent que des cailloux et des chardons. Je vis par une brûlante journée, ce vieux berger qui guidait un maigre troupeau, accompagné d’un petit chien tout sale. Le troupeau s’approcha et j’entendis que – de sa voix rauque – le pasteur appelait chacune des brebis par son nom. Et celles-ci reconnaissaient sa voix.

Ainsi le Christ : Il appelle chacun par son nom. Heureux celui qui reconnaît Sa voix. Il est le bon berger. Pour nous, Il a donné Sa vie. En ce dimanche des vocations, prions pour que – aujourd’hui encore – des jeunes entendent la voix du bon Pasteur et se mettent à sa suite.

«  Shalom – Salam – Pax  » – 3° dimanche de Pâques, Année B

« Comme ils parlaient encore, Lui-même était là au milieu d’eux et Il leur dit : La paix soit avec vous » (Luc 24, 35-48)

Le principal message du Ressuscité à ces proches est : « La Paix soit avec vous ». La paix… voilà un mot récurrent dans toutes les grandes religions et spiritualités : shalom, salam, pax,…

Tout naturellement, nous assimilons la paix avec le repos, voir la mort. « Laisse-le en paix, il dort », dit la maman à son petit quand papa fait la sieste. « Enfin en paix », pensons-nous une fois rentré à la maison après une rude journée. « Repose en paix », dit-on en pensant à un défunt (abrégé en latin, cela donne R.I.P : « requiescat in pace »). Bref, l’agitation serait du côté de la vie en société et la paix du côté du retrait de ce flot incessant d’activités qui nous assaillent. Il y a du vrai en cela : pour nous épanouir, nous avons besoin d’une dose de silence et de solitude.

Et pourtant, la paix qu’offre le Christ n’est pas celle du hamac, de l’île déserte ou des cimetières. Il s’agit de la paix que ressent Celui qui croise spirituellement le regard du Ressuscité. Celui-ci « ouvre l’esprit à l’intelligence des Ecritures ». Il donne de comprendre qu’en Lui l’amour est vainqueur même de la mort. Alors une paix nous gagne, même au cœur des pires turbulences. Elle n’est pas synonyme de « tranquillité », mais bien de « joie profonde ». Celle que ressent l’homme qui se sent inconditionnellement aimé.

«  Notre jumeau » – 2° dimanche de Pâques, Année B

« Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu !» (Jean 20, 19-31)

Le prénom Thomas signifie « jumeau ». Et de fait, l’apôtre Thomas est un peu notre frère jumeau : comme lui, nous aimerions bien « un peu voir », histoire d’« un peu plus croire ».

Mais il s’agit d’un piège : Celui qui voit, est convaincu. Il ne devient pas plus croyant, pour la cause. La foi chrétienne est une illumination intérieure, bien plus que la conclusion d’un raisonnement. Elle n’explique pas tant le monde, mais donne de le voir avec la perspective d’En-Haut.

Ainsi, celui qui déclare « croire en quelqu’un », ne dit pas tant qu’il est convaincu que cette personne existe, mais bien qu’il est assuré que cette personne est digne de confiance. De même, la foi chrétienne n’implique pas tant de « croire que Dieu existe ». (D’ailleurs beaucoup disent : quand je vois comment ce monde ne tourne pas rond – même s’Il existe – à quoi ce Dieu me sert-il ?) Non, la foi, donne de saisir dans son cœur que « j’existe pour Dieu ». Depuis ma conception, Il fait alliance et marche avec moi. En Jésus, Il a donné Sa vie par amour pour moi.

Ce n’est que cela qui donne de tomber à genoux comme Thomas et de s’écrier : « mon Seigneur et mon Dieu ! »

«  Alléluia ! » – Nuit et jour de Pâques, Année B

« Ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici. » (Marc 16, 1-7)

La mort biologique est la seule certitude humaine que nous ayons. Tous nous allons mourir. Même Jésus, le Verbe divin fait homme, a connu la mort. Et la mort horrible et injuste sur une croix.

Mais pour nous chrétiens, la mort n’est pas une réalité ultime. C’est ce que les chrétiens proclament à la face du monde depuis plus de 2000 ans : «Ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici. »  

Pâques signifie « passage ». Passage par la mort vers une vie autre, une vie plus vive, une vie en Dieu. Telle est le grand signe que nous donne la résurrection du Christ, prémisse et gage de notre propre résurrection. Dés maintenant, ne laissons pas la peur, l’égoïsme et les ténèbres prendre pied dans nos vies. Vivons en enfants de lumière. Christ est ressuscité. Alléluia !

« Eloï, Eloï,…» – Dimanche des Rameaux et de la Passion, Année B

« La sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte: Eloï, Eloï, lama sabachthani? ce qui signifie: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? (…) Jésus, ayant poussé un grand cri, expira. Le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le centenier, qui était en face de Jésus, voyant qu’il avait expiré de la sorte, dit: Assurément, cet homme était Fils de Dieu.». (Marc 14, 1-15, 47. Marc 15, 1-39)

Avec le dimanche des Rameaux débute la « Semaine Sainte », c’est-à-dire la sainte semaine des chrétiens. La semaine où est résumé le mystère de notre foi en un Dieu qui aime l’humanité à en mourir. De cet Amour fou qui transfigure nos péchés, les rameaux qui orneront les crucifix de nos maisons, sont le rappel tout au long de l’année.

Ne vivons pas cette semaine de façon distraite. Si nous le pouvons, participons aux offices de la semaine sainte et au chemin de croix dans les rues de Liège ou d’ailleurs. Ainsi, nous retrouverons-nous pour célébrer la Pâques du Christ avec un cœur de ressuscité.

«  Laetare – La joie de l’Evangile » – 4e dimanche de Carême, Année B

« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ». (Jean 3, 14-21)

Le 4° dimanche de Carême – moment de la mi-carême – est aussi appelé Laetare, c’est-à-dire dimanche de la joie. Non pas une joie provoquée par des excitants externes, mais une joie qui rayonne de l’intérieur. Telle est la joie qu’éprouve celui ou celle qui accepte de se laisser regarder par le Christ en croix.

Le Crucifié pose sur chacun de nous un regard sans complaisance, mais aussi sans jugement. Un regard d’amour inconditionnel, qui murmure : « Voilà qui tu es, par-delà tous tes masques. Sache que tel que tu es, Je t’aime ». Celui qui fuit ce regard « est déjà jugé », car il s’enfonce dans les ténèbres de ses propres mensonges et ne vit qu’au niveau des apparences. Au contraire, celui qui accueille le regard du Christ ne cherche plus d’excuses. Il désire la divine Lumière : « celui qui agit selon la Vérité, vient à la lumière ».

Telle est l’expérience du salut. « Amazing grace » (grâce surprenante)  chante une vieil hymne écossais – en poursuivant : « j’étais perdu et maintenant, je suis trouvé ». D’où la « joie de l’Evangile » – comme l’appelle notre pape François.

«  Nettoyage de printemps » – 3e dimanche de Carême, Année B

« Il n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme : il connaissait par lui-même ce qu’il y a dans l’homme » (Jean 2, 13-25)

Le « doux Jésus » n’était pas mièvre. Il décide d’organiser un grand « nettoyage de printemps » dans le temple de Jérusalem et en chasse les marchands sans ménagement: « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic ! » En s’attaquant aux juteuses rentrées que ce commerce fournissait à la classe sacerdotale, le Nazaréen se fait de puissants ennemis. Ils seront les premiers acteurs de sa condamnation.

Quand ils lui demandent de justifier son acte, Jésus répond : « Détruisez ce temple et en trois jours, je le relèverai ». Ses adversaires le trouvent présomptueux, mais ne comprennent pas que le nouveau temple – c’est le Christ. En effet, c’est en Lui que la présence du Père se manifeste pleinement.

Par notre baptême, nous faisons partie de ce corps spirituel du Christ qui est l’Eglise. Pourtant, notre cœur reste souvent un lieu de marchandage et de sombres trafics. Le Christ n’en est pas dupe car « Il connaît le cœur de l’homme ». Voilà pourquoi, son Esprit nous invite durant ce temps de carême à entreprendre – à notre tour – un grand nettoyage de printemps, afin de vivre Pâques avec une âme qui soit un temple digne du Père.