«  La gifle » – 7e dimanche de l’Année, Année A

« Eh bien, moi je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. (…) Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. »  (Matthieu 5, 38-48)

Dans la logique des humains, il y a ceux que nous considérons comme alliés et ceux que nous voyons comme adversaires. Les premiers nous paraissent naturellement sympathiques, au contraire des seconds – bien plus antipathiques.

La parole du Christ bouleverse ces évidences, telle une gifle à notre bonne conscience. Accueillir le regard d’amour inconditionnel que Dieu pose sur chacune de nos vies, n’est possible qu’à celui qui pose un regard similaire sur son prochain.

Si cela ne transforme pas la terre en un lieu où tout le monde « il est beau et gentil », cela fait en sorte que même l’ennemi est considéré comme un frère en Christ. Malgré nos désaccords et conflits, il s’agit de prier pour lui. Et s’il nous fait du mal – à nous de vouloir son bien.

En recommandant cela, Jésus ne nous en demande-t-Il pas trop ? A vue humaine, sans aucun doute. Seul l’Esprit peut nous inspirer un amour à la mesure de Dieu, c’est-à-dire sans mesure. Demandons donc la force de l’Esprit.

« Accomplir la loi » – 6e dimanche de l’Année, Année A

« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Matthieu 5, 17-37)

L’humain est prompt à se fixer des règles de vie en société… et à juger son prochain qui les transgresse.

Le Christ ne remet pas en cause la loi, issue de la tradition croyante en Israël. Mais alors – objectent ses critiques – pourquoi guérir le jour du Sabbat ou pardonner à la femme adultère ? Jésus répond qu’il existe un accomplissement de la loi. Il est de l’ordre de la Grâce, c’est-à-dire de la vie de l’Esprit.

La Grâce révèle que tout humain est quelque part dans la transgression. Tel, parce qu’il a pensé mal de son prochain. Tel autre, parce qu’il a secrètement désiré la femme de son voisin. Bref – personne n’est justifié par ses œuvres, mais chacun peut être sauvé, en accueillant dans son âme un Amour plus grand. Alors – sa vie devient bienveillance et pardon.  

«  Le goût de Dieu » – 5e dimanche de l’Année, Année A

« Vous êtes le sel de la terre. » (Matthieu 5, 13-16)

L’Esprit-Saint nous donne le goût de Dieu. Pas un goût doucereux, qui fait de nous des béni-oui-oui.  Pas un goût amère, qui fait de nous d’éternels frustrés. Pas un goût fade, qui fait de nous des êtres apathiques. Mais bien un goût pimenté. Un goût qui réveille. Un goût qui éveille à la vie, au sens de Dieu et à l’amour des hommes. Les chrétiens sont moins nombreux aujourd’hui ? Indéniablement – mais nul besoin de mettre beaucoup de sel sur les aliments. Une petite pincée suffit. A condition que ce sel ait du goût, car « si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien ».

«  C’est quand le bonheur ? » – 4e dimanche de l’Année, Année A

« Heureux…». (Matthieu 5, 1-12a)

La plupart de nos contemporains vivent mieux que les empereurs du Moyen Age. Grâce au progrès, leur confort général est bien meilleur et leur espérance de vie, de loin supérieure. Sont-ils plus heureux pour la cause ?

Poser la question, c’est y répondre. Le bonheur requiert un minimum de sûreté matérielle, mais il ne dépend pas de cela. Il est cette étincelle qui illumine la grisaille du quotidien. Où et comment le trouver ? Mon conseil : Méditez les Béatitudes. Encore et encore. Et puis… demandez à l’Esprit de vous souffler la réponse.

«  Hors-piste » – 3e dimanche de l’Année, Année A

« Galilée, toi le carrefour des païens : le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » (Matthieu 4, 12-23)

Dès le début de sa mission publique, Jésus quitte Nazareth et choisit de s’installer dans un lieu exposé à l’incroyance. Proche de régions non-juives et lieu d’échange commerciaux, la Galilée était taxée par l’élite religieuse de Jérusalem de « carrefour des païens ». A la suite de Jésus, les chrétiens sont invités à « sortir » de leurs églises. C’est ce que rappela le pape François lors de sa toute première audience générale : « Il faut  sortir à la rencontre des autres, nous rendre proches pour porter la lumière et la joie de notre foi . Toujours sortir!»

C’est en Galilée que Jésus appelle ses premiers disciples. Pour ce faire, il ne fréquente pas les écoles théologiques. C’est de quelques pécheurs du lac de Tibériade, qu’il fait des « pêcheurs d’hommes ». A sa manière, chaque baptisé – même sans formation religieuse particulière – est appelé à être un « pêcheur d’homme ». Cela signifie, comme le rappelle notre Pape, de sortir des églises pour annoncer l’Evangile sans avoir peur de notre société sécularisée – « carrefour des païens ».

Majesté… Joyeux anniversaire, Madame.

Les commentateurs du jour l’ont souligné: notre monarchie n’a pas le rayonnement des Windsor, ni l’aisance de leurs voisins  néerlandais. Il n’empêche, ils tiennent leur rang et le font avec dévouement et efficacité.

En d’autres mots, si la monarchie est ce système hérité du fond des âges, pour faire le lien au sein d’une population que le débat démocratique divise, notre famille royale fait le job. Vulgairement parlant: ils sont très pros.
Sans négliger le travail de l’ombre d’excellents conseillers, ceci est aussi dû au mariage entre la rigueur « bosseuse » de la Reine et le sens du devoir profond du Roi.
Joyeux anniversaire, Majesté. Et merci.
Ma prière vous accompagne, ainsi que votre famille.

« Vue d’Esprit » – 2e dimanche de l’Année, Année A

« L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer (…) C’est Lui le Fils de Dieu. » (Jean 1, 29-34)

Le temps de la Nativité se termine. Jusqu’au début du carême, nous entrons dans le cycle des dimanches, dits « ordinaires ». Les prêtres et diacres portent à cette occasion des vêtements liturgiques verts – couleur de l’espérance.

L’Evangile de ce dimanche part de l’expérience du baptême de Jésus avec le témoignage de Jean : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel (…) et demeurer sur Lui ». Ce passage nous invite à redécouvrir nos propre baptême. Vivre son baptême, c’est laisser l’Esprit demeurer concrètement au cœur de nos vies. Il s’agit donc de vivre nos joies et nos peines sous le regard de Dieu. Face à une épreuve, combien de fois ne nous enfermons-nous pas dans une réaction purement « mondaine » – avec colère, frustration, jalousie, orgueil… ? Quand cela nous arrive, arrêtons-nous un moment et prions l’Esprit. Il ne réglera pas notre problème, mais nous aidera à le vivre comme le Christ nous y invite – c’est-à-dire dans la paix intérieure et l’amour du prochain.

Epiphanie du Seigneur, Année A

« Les mages ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». (Matthieu 2, 1-12)

« Epiphanie » signifie en grec : « manifestation ». Dans le calendrier chrétien, cette fête est plus ancienne que celle de la Nativité (fixée en 354 par le pape Libère à la date du solstice d’hiver – soit le 25 décembre). Jusqu’au milieu du IVe siècle, se célébrait au cours de l’épiphanie toutes les manifestations du Christ sur terre : de sa naissance à son premier miracle, lors des noces de Cana.

Aujourd’hui, l’Eglise latine fête l’Epiphanie avec le récit des mages : elle voit dans le périple de ces trois sages suivant l’étoile depuis fort loin, le signe de la manifestation de la lumière du Christ à toutes les nations. En ce dimanche de l’Epiphanie, prions donc spécialement avec nos frères chrétiens du monde entier. (Pensons tout particulièrement aux chrétiens d’Ukraine et à l’est de la RDC). Race, langue, culture nous séparent – mais le Christ est la grande lumière qui fait notre unité. Comme les mages, venons l’adorer et offrons-lui, avec cette année nouvelle –  toutes nos réussites (l’or, symbole de tout ce qui est précieux), tous nos échecs et souffrances (la myrrhe, une herbe amère) et toutes nos prières (l’encens, ce parfum dont la fumée monte vers le ciel).

Oui, mettons-nous en route en 2023. Suivons l’étoile. Allons vers l’Enfant de la crèche, qui manifeste la lumière de l’amour de Dieu pour notre monde.