« Jésus relève » – 7e dimanche de l’Année, Année B

« Qu’est-ce qui est le plus facile? de dire au paralysé : « Tes péchés sont pardonnés », ou bien de dire: « Lève-toi, prends ton brancard et marche »? »  (Marc 2, 1-12)

« Qu’est-ce qui est plus facile ? »  de dire à quelqu’un que ses péchés sont pardonnés ou de guérir un paralytique ? Je suis persuadé que j’impressionnerais davantage mes paroissiens si je redressais quelques infirmes, plutôt qu’en leur annonçant le pardon de Dieu. Et pourtant… Depuis 2000 ans, la médecine a fait d’énormes progrès et a permis – fort heureusement – à de nombreux grabataires de se redresser. Par contre, depuis 2000 ans combien d’êtres humains ne vivent pas paralysés par le poids de leurs fautes ? Incapables de recevoir le pardon divin. Redresser un homme dans son corps – c’est déjà beaucoup. Mais le relever dans son âme – c’est encore beaucoup plus. « Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l’ordonne, dit-il au paralysé : Lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi. »

Cher Saint Valentin,…

Cher Saint Valentin,

Tu me diras sans doute qu’un ecclésiastique n’est pas le mieux placé pour t’écrire. Que les curés feraient mieux de vaquer aux affaires du Ciel et laisser les amoureux parler d’amour. Sans doute. Il n’empêche, il me semble que quand Cupidon décoche ses flèches aux couples débutants, il ne leur dit pas tout.

Ne pourrais-tu leur enseigner que l’Elixir de la passion ne guérit jamais totalement du poids de la solitude ? Que l’âme-sœur rend la vie plus légère, mais ne dispense pas de la pesante intimité avec soi-même ? Que seul l’Eternel peut visiter l’homme dans son désert intérieur ? Que seul l’humain qui apprivoise cette solitude existentielle peut se donner à son prochain en liberté ?

Ne pourrais-tu leur expliquer que quand bonheur veut rimer avec durée, il doit se conjuguer avec frustration et deuil des illusions ? Qu’ « amour » et « toujours » ne se marient qu’au prix de patience, humour, larmes et pardon ? Que l’amant qui veut tout, tout de suite et tout le temps – n’est que l’homme de l’éphémère ?

Ne pourrais-tu leur murmurer que le jeu de l’amour porte en lui le poids de la responsabilité ? Que si l’échec fait partie de la vie – et qu’il n’y a pas à le stigmatiser – son coût social devient exorbitant une fois que des enfants se trouvent au cœur du naufrage ?

Cher Saint Valentin, peut-être me diras-tu que tout cela, tu l’enseignes à ceux qui te prient. Mais que – trop enivrés par la liqueur des émois et les sirènes commerciales – ils n’entendent tes avertissements, souvent que bien trop tard.

Chahut peu catholique à l’ULB (suite)

Je souhaite ici revenir sur l’affaire Chichah- Fourest, en complément à mon premier post. Il est tout à l’honneur du quotidien « le Soir » de donner un espace d’expression à ceux qui montrent de la compréhension pour les chahuteurs ayant abouti à l’annulation de la conférence de Caroline Fourest (lire la p.35 de ce samedi). Cependant, certains de leurs arguments méritent réaction : « On pensait que l’université pourrait être un lieu où des pensées alternatives pouvaient profiter de la liberté d’expression ». Et encore : « Il y a une forme d’instrumentalisation pour crier au loup. Alors que l’on est dans un vrai débat ». « Tout cela reflète une islamophobie rampante ». « Dès qu’il est question de la visibilité de l’islam, cela s’enflamme ». « Nous essayons de défendre des positions qui ne sont pas faciles face au rouleau compresseur de la laïcité agressive ».  

Qu’il y ait un « vrai débat », personne ne le nie. Mais il est double. Il y a d’une part – et ici je rejoins les voix qui s’expriment ci-dessus – l’exclusion au quotidien dont sont victimes beaucoup de compatriotes de religion musulmane. Lire pour cela, mon post  «l’intolérance… de l’autre». Mais ce débat comporte un autre volet. C’est celui qui explique le malaise face – entre autre – au port de la burqa. Il s’agit de la crainte de voir se développer dans une société pluraliste une communauté idéologique qui se « voile » de tout ce qui l’agresse. La vie du parlement le prouve, une démocratie ne peut fleurir que sur le débat et la confrontation entre des groupes opposés – mais unis par la confiance en la raison et donc dans les vertus du dialogue, même musclé. Bref, une société de personnes vivant à visage découvert. D’où mon malaise par rapport à ce chahut organisé pour empêcher une « opposante idéologique » de s’exprimer.

Ce n’est pas un scoop : je n’ai aucun lien avec l’ULB (si ce n’est quelques solides amitiés). Qui suis-je donc pour m’exprimer à ce sujet ? Je suis un catholique que le chant «  à bas la calotte » ne me fait pas forcément hurler de rire, si folklorique soit-il. Je suis tout sauf un « allié idéologique » de Caroline Fourest – ayant même une fois ferraillé avec elle, fort en colère. Je suis un conférencier ayant participé, à plus d’une reprise, à des débats à l’ULB. Parfois, je m’y retrouvai en minorité et face à un auditoire qui me mitrailla sous le feu de la critique. Je le savais et pourtant, j’y suis allé. Par masochisme ? Non, mais parce que le débat à visage découvert est constitutif de la démocratie. Nombre de nos contemporains d’origine et/ou de religion musulmane – avec qui j’ai pu débattre – partagent cet avis. Voilà pourquoi je le répète : le chahut de l’ULB n’est vraiment pas de type à leur rendre service.

« Jésus purifie » – 6e dimanche de l’Année, Année B

« Si tu le veux, tu peux me purifier. » Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » (Marc 1, 40-45)

A chaque époque ses maladies, dites « honteuses » : maladies qui frappent non seulement le corps, mais qui stigmatisent aussi la personne. Aujourd’hui, comment ne pas penser au sida ? A l’époque de Jésus, il s’agissait de la lèpre.

Auprès du peuple juif, fort préoccupé de pureté rituelle, la lèpre passait pour une impureté. Pour des raisons tant hygiéniques que religieuses, les lépreux étaient mis au ban de la société et ne pouvaient s’approcher des personnes saines. Le lépreux de ce passage d’évangile transgresse l’interdit en se jetant aux pieds du Christ. En le purifiant, Jésus pose bien plus qu’un acte guérisseur : Il rétablit cet homme dans sa dignité.

Le Christ vient nous guérir de toutes nos lèpres : sous Son regard, personne n’est impur. Et Il nous invite à poser pareil regard sur tout homme : ce sans-grade, ce sans-papier, ce sans-abri,… c’est mon frère en humanité.

Chahut « peu catholique » à l’ULB

Le chahut qui empêcha Caroline Fourest de s’exprimer à l’ULB suscite en moi quelques réflexions :

1. Caroline Fourest, c’est un peu la Nadia Geerts française : courageuse, intelligente et « très, très, très » laïque.  Je suis donc loin de partager toutes ses idées, mais si la conférence chahutée avait été organisée par moi, je serais en rage. Empêcher des interlocuteurs invités à un débat de s’exprimer, est un déni de démocratie. Et puis, c’est surtout goujat.

2. Caroline-la-laïque chahutée à l’ULB, cela fait monter en moi, comme en écho, un autre événement: je pense à Mgr Léonard – il y a quelques mois de cela – entartré par trois fois lors d’une conférence à l’UCL. Cela dit aussi quelque chose de la crise des identités : chacun s’est fait « mouché » dans l’université qui était censée le mieux l’accueillir.

3. Les chahuteurs ne représentent qu’une infime minorité des musulmans. Cependant, j’appuie l’ULB dans sa volonté de ne pas les laisser dicter l’agenda des débats en son sein. Je ne partage pas toutes les thèses de Caroline Fourest sur le voile islamique, mais si les pourfendeurs du voile ne sont plus admis dans une université où il fait bon chanter « à bas la calotte »… il y aurait de quoi perdre son latin.

Grand froid : cela arrive si près de chez nous

Je tire mon chapeau à la RTBF pour son action « grand froid ». Evidemment, tout s’est fait dans l’urgence et à grand renfort de médiatisation. Evidemment, cela ne remplace en rien le merveilleux travail de terrain de tous les acteurs sociaux : CPAS et associatifs. Evidemment, la RTBF pourrait parfois davantage mettre en valeur le labeur quotidien qui se fait dans les nombreuses associations catholiques : saint Vincent-de-Paul, Caritas, etc.

Evidemment. Mais… quand la maison brûle, ceux qui éteignent l’incendie avec les moyens du bord méritent notre gratitude.

La prise de conscience de l’urgence dramatique s’est faite en deux temps. Il y eut d’abord le cauchemar immédiat des sans-abris qui ne pouvaient dormir dehors par des températures polaires. Ensuite, il y eut la misère proche et cachée. Toutes ces familles « Monsieur-et-Madame-tout-le-monde » avec enfants, qui vivent depuis des semaines sans chauffage. Si près de chez nous. Si vous voulez venir en aide aux personnes qui n’arrivent plus à payer leurs factures de mazout ou de gaz, versez donc un don sur un des trois comptes suivants.

Hiver 2012 : BE82 0000 0000 6868

Croix Rouge: BE72 0000 0000 1616

Samu Social : BE04 0000 0000 3131

Blog: bilan du mois de janvier

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées. La fréquentation baissa durant les vacances, car le blog – aussi – pris du repos. Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. En décembre, 3203 visites pour 4754 pages visionnées. En janvier, cela donne 3143 visites pour 4815 pages visionnées. Bref, c’est à peu près le niveau de fréquentation de décembre.

Le lectorat reste majoritairement belge (2682 visites). La France suit – et augmente encore sa fréquence – avec 280 visites. L’article le plus fréquenté est « Vrebos, épiphanie et Vice-première ministre Onkelinx » avec 620 visites. Vient ensuite « Réponse amicale à un récent billet d’humeur » avec 284 visites et « Semaine de prière pour l’unité des chrétiens » avec 233 visites. Le signe tout de même que ce sont les écrits les plus gentiment « polémiques » qui font recette. Rien de très neuf sous le soleil…

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain

« Jésus prie » – 5e dimanche de l’Année, Année B

« Le lendemain, bien avant l’aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait ». (Marc 1, 29-39)

La semaine dernière, ce qui frappait ceux qui écoutaient Jésus, était le fait qu’Il enseignait « avec autorité ». Ce dimanche, l’évangéliste souligne un autre trait de la personnalité du Fils de l’homme : « Il priait ».

En ce temps-là, la prière collective au temple ou à la synagogue était familière aux Juifs, mais cette forme solitaire de prière – ce « cœur à cœur » dans un lieu désert avec le Père – cela frappait les esprits. Et même – cela dérangeait un peu : « Tout le monde te cherche », lui lance Simon, comme en reproche. Comprenez : « tu es une vedette maintenant. Alors, va dans la lumière ! ». Mais non, le Christ se retire longuement pour communier à son Père dans l’Esprit. Ce faisant, Il se plonge spirituellement dans la Source de son être et identité.

Si le Fils de Dieu, ressentait dans son humanité le besoin de régulièrement se retirer pour longuement prier, cela nous rappelle que la prière individuelle est vitale pour réveiller la grâce de notre baptême. Nous objectons si facilement : « je n’ai pas le temps de prier ». La vérité est que nous ne prenons pas le temps. Déjà, rien que 10 minutes de prière solitaire tous les jours, cela change une vie. Sur 24 heures, qui d’entre nous n’a même pas 10 minutes à consacrer à Dieu ?


“Ghost” – de junkie Jezus clip van dEUS: povere provocatiemarketing

Of de jongste clip van dEUS bij vele christenen als kwetsend zal overkomen? Uiteraard. Een junkie en genietende Jezus die de speelbal is van onze consumptiemaatschappij… flauw en niet echt origineel. Maar een Jezus die verrijst – niet om leven te geven – maar om zijn medemens zomaar te vermoorden… Ja, dat vind ik een première kwa slechte smaak.

Een kwetsend clip was dus wel degelijk de bedoeling. Maar waarom? Waarom gebruikt dEUS een zo ouderwets marketingtrucje: choqueren met de hoop op  publiciteit ? In mijn jeugdjaren had je daarvoor Alice Cooper en consoort. Toen was dat nog enigszins origineel: “Ha, ha zie je wel? De rockers hebben durf. Ze nemen het op tegen de traditionele christelijke waarden!”  Maar wie noemt zo’n clip nog “durf”, begin 21ste eeuw…? Gaat het dan zo slecht met dEUS dat ze alleen maar via provocatie wat media aandacht kunnen krijgen? Niet zo. Dus een nutteloze kaakslag in het gezicht van de christengemeenschap. Niet verstandig. Graag had ik willen weten hoe de dEUS fans hierover denken…

Naufrage…

Les images du naufrage du Concordia sont troublantes. Outre le drame humain avec ses victimes et le risque environnemental, il y a quelque chose d’irréel à contempler ce seigneur des mers couché sur son flanc – et ce, tout près de côtes paradisiaques. Quand un avion se crashe, ne restent que des débris. C’est également des amas de tôles froissées et fumantes qui marquent un accident de voiture ou de train. Rien de tel avec le Concordia. Tout semble s’être passé « en douceur »… sans choc, ni violence. Simplement voilà : la ville flottante semblait invincible et puis – en quelques heures – la voilà devenue le jouet des flots.

Et le souvenir du Titanic nous revient en mémoire. J’ai affiché chez moi une grande photo du puissant navire quittant Southampton. Elle fut prise par le plus grand photographe marin de sa génération, Beken of Cowes. Le titan britannique semblait – lui aussi – insubmersible. Rien ne pourrait lui arriver. Puis, il y eut un banal iceberg. Aujourd’hui, ce naufrage nous apparaît comme une cruelle prophétie pour la vieille Europe, colonisant alors la terre entière et confit de confiance en sa supériorité culturelle – avant que deux guerres mondiales lui rappellent sa fragilité.

Pareillement, le naufrage du Concordia, ce géant des croisières touristiques, nous dit quelque chose sur la société de consommation. Cette société de loisirs semble éternelle. Mais il suffit d’une coupable imprudence et d’un rocher pour que les évidences apparemment insubmersibles fassent naufrage.
Mes pensées et prières vont tout naturellement vers les victimes de ce drame marin et vers leurs familles. Je pense surtout à ces familles qui vivent encore dans l’incertitude, car le corps de leur proche n’a pas été retrouvé. Mais, je ne puis non plus me détacher du symbole de ce naufrage. Puisse-t-il rappeler à notre société de consommation qu’elle est fragile et éphémère. Ce rappel ne sert pas à distiller la peur, mais à nous recentrer sur les valeurs non-périssables. Comme aimait à le répéter le Christ:  « Veillez ! » (Marc 13, 33)