Un 18 juin vraiment pas comme les autres…

Ce 18 juin 2015 n’est décidément pas un jour comme les autres….

Encyclique « Laudato si » – enfin !
Ce 18 juin est rendue publique, une encyclique qui fera date dans l’histoire de l’Eglise et – sans doute – de l’humanité. A l’instar de ce que fut l’encyclique « Rerum novarum » (1891) du pape Léon XIII pour les questions socio-économiques, « Laudato si » est le premier enseignement pontifical de ce niveau, qui adresse la question écologique. J’aurai l’occasion de revenir sur le sujet, quand j’aurai lu l’encyclique, mais ci-dessous ce que j’écrivais à ce sujet,  il y a 10 ans dans mon ouvrage « Lettre ouverte aux déçus du christianisme » (éd. Médiaspaul 2005 Réédité en 2009 sous le titre : « Pourquoi je ne crois pas en la faillite du christianisme », éd. Nouvelle Cité) à la page 203 :

« L’exploitation sans limites des ressources de la planète ne fait pas grandir l’homme. Ce viol permanent de la nature nuit à l’humanité. Malheureusement, hormis quelques consciences courageuses, le massacre de la forêt amazonienne et la pollution de nos océans ne récoltent de notre part que des larmes de crocodiles. Avec la fonte de la calotte polaire, la phrase attribuée à Louis XV – « après nous, le déluge » – pourrait se vérifier au sens le plus littéral du terme.
A la décharge des hommes d’aujourd’hui, il faut reconnaître qu’on ne change pas de société comme de chemise. Notre monde est un paquebot peu manœuvrable, naviguant à pleine vitesse. Quant à la démocratie, elle fonctionne avec pour principal horizon, les prochaines élections. Le discours écologique demande aux hommes d’aujourd’hui de se serrer la ceinture pour le bien-être de leurs petits-enfants. Si demain, plus une voiture ne roule, cela créera beaucoup d’inconfort et de chômage, mais les effets sur le climat de la planète ne se feront pas sentir avant un siècle. Alors, plutôt ne rien changer et se préparer à voir des bananiers pousser en plein cœur de Bruxelles, ainsi que des méduses dormir sur les vestiges d’Amsterdam.
Un dicton populaire rappelle sans ménagement : « Dieu pardonne toujours ; l’homme pardonne parfois ; la nature ne pardonne jamais ». Notre société ressemble au Titanic, à la différence près que tout le monde voit l’iceberg, mais que personne n’a le courage de donner l’impopulaire coup de gouvernail qui nous fera éviter l’obstacle. Dans trois siècles, les civilisations survivantes sur notre planète bleue, seront-elles peuplées de fourmis et de scarabées ? Si difficile la question écologique soit-elle, nous n’avons pas le choix. Il faut réagir et c’est à l’Occident de montrer l’exemple, car c’est lui qui a engendré un tel monde. A cet égard, le rôle prophétique des Églises chrétiennes est non négligeable. Imaginons-nous une encyclique du Pape, utilisant des mots forts pour réveiller les consciences et invitant les catholiques à montrer l’exemple en vivant autrement. Pensons également à un épiscopat catholique américain faisant lourdement pression en ce sens sur des candidats à l’élection présidentielle.
Pour l’instant, les prises de paroles des Eglises dans ce domaine n’en sont qu’à leurs balbutiements. Je pense qu’il y a urgence. L’histoire retient qu’au XIXe siècle, l’Église catholique s’est intéressée tard à la condition du prolétariat, non seulement parce que la question était complexe, mais aussi parce qu’elle était tétanisée par la perte de son emprise en politique suite à la Révolution française. Il ne faudrait pas que les générations futures déplorent que l’Église catholique ait négligé le drame écologique du XXe siècle, car trop préoccupée par la baisse de son influence sur la famille. »

Waterloo, bien sûr – mais il y a 75 ans…  C’est, bien sûr, le bicentenaire de la bataille de Waterloo… Mais aussi le 75 anniversaire de deux célèbres discours – prononcés à l’ombre de Napoléon.

Churchill – qui appelait son chat « Nelson », mais avait un buste de l’empereur français sur son bureau – fit ce 18 juin ’40, son célèbre discours au Communes sur « la plus belle heure » : « What General Weygand has called the Battle of France is over … the Battle of Britain is about to begin. Upon this battle depends the survival of Christian civilisation. Upon it depends our own British life, and the long continuity of our institutions and our Empire. The whole fury and might of the enemy must very soon be turned on us. Hitler knows that he will have to break us in this island or lose the war. If we can stand up to him, all Europe may be freed and the life of the world may move forward into broad, sunlit uplands. But if we fail, then the whole world, including the United States, including all that we have known and cared for, will sink into the abyss of a new dark age made more sinister, and perhaps more protracted, by the lights of perverted science. Let us therefore brace ourselves to our duties, and so bear ourselves, that if the British Empire and its Commonwealth last for a thousand years, men will still say, This was their finest hour.”

Et de Gaulle – l’autre grande figure tutélaire de la grandeur française – prononça ce même 18 juin ’40,  son prophétique appel : « Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. »

Ramadan Enfin, c’est aujourd’hui que débute le Ramadan pour nos compatriotes de religion musulmane. Ils sont invités – et ce jusqu’au 17 juillet (fête de l’Aïd el-Fitr) – à ne pas manger, boire, fumer et avoir de relations sexuelles entre le lever et le coucher du soleil. Que ce temps de vigilance spirituelle leur soit profitable.

2 réflexions sur « Un 18 juin vraiment pas comme les autres… »

  1. Les représentants de plusieurs autres traditions, ont précédé l’église, depuis un certain temps au sujet de l’écologie, mais cette encyclique est la bienvenue, avec ce pape qui vient d’Amérique du sud, ou l’amour de de ce continent pour la « Pachamama », la terre-mère est encore chanté aujourd’hui. Simple hasard ?

    Sans nier ce que l’on doit aux charismes de St François, je me demande si on saura se rendre compte compte que le pape à aussi été porté consciemment ou non par l’influence spirituelle du vieux continent sud-américain, qui viens au secours de notre siècle.

    Puissions-nous tous l’entendre…

  2. A PROPOS DE L’ENCYCLIQUE « LAUDATO SI » DU PAPE FRANCOIS
    SUR LA SAUVEGARDE DE LA MAISON COMMUNE

    Ed. Artège CPI Bussière à Saint-Amand-Montrond, juin 2015

    A la manière de saint François dont il a repris le nom, le Pape chante la beauté de la nature et s’inquiète de son avenir face aux comportements des hommes à l’encontre de celle-ci. Il rejoint ainsi la préoccupation écologique. Il y ajoute toutefois, la dimension de la foi dans le Créateur qui donne à cette écologie, une cohérence plus forte et avance une analyse des racines du mal en vue de donner plein effet à une politique écologique pour laquelle il formule des recommandations et une méthode de leur mise en œuvre.
    Au-delà des louanges qu’il serait incorrect de ne pas émettre à l’égard d’un discours qui exprime une juste préoccupation sur la santé future de notre environnement naturel, au-delà du droit et du devoir pour un pape, d’expliquer que la foi chrétienne est un support nécessaire à des réponses adéquates au défi d’un développement durable et global, l’encyclique suscite néanmoins des réserves qui relèvent de la culture qui imprègne notre Eglise et qu’il convient de verser au débat.
    L’encyclique porte d’abord cette attitude spontanément répulsive vis-à-vis du progrès technique et du développement. Cela est typique de la culture catholique longtemps restée centrée sur celle du paysan collé à sa terre et dont le temps est celui de la lente poussée de ce qu’on a semé, de la germination et de la fructification, et qui, de ce fait, manifeste de la méfiance face aux changements artificiels . Le Pape maintient à ce sujet un discours à consonance négative, alors même qu’aujourd’hui, on peut dresser un bilan qui ne peut ignorer les bienfaits de la démocratie, du confort matériel, des facilités de communication et de la qualité des soins apportés à la santé. Il faut attendre le point 102 (page 81) pour que l’encyclique concède ces bienfaits tout en les minimisant par leurs conséquences négatives tant d’un point de vue écologique que spirituel ou moral et en maintenant un regard incrédule sur les possibilités offertes par de nouvelles avancées technologiques pour répondre aux défis à venir. Y croire serait irrationnel et signe de mythomanie. C’est ce que le Pape nomme le paradigme technocratique ou techno-économique qu’il dénonce au point d’écrire que « si personne ne prétend vouloir retourner à l’époque des cavernes, cependant il est indispensable de vouloir ralentir la marche pour…récupérer les valeurs et les grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane » (point 114 page 91). Il termine le premier chapitre consacré au constat, par ce jugement : « si le regard parcourt les régions de notre planète, il s’aperçoit immédiatement que l’homme a déçu l’attente divine » (point 61 page 51).
    L’humanité serait donc, en quelque sorte, orgueilleusement attelée à la construction d’une nouvelle tour de Babel qui ne pourrait la mener qu’à une impasse. Et pour nous y sensibiliser, le Pape qui nous reproche notre anthropocentrisme, s’adonne à l’anthropomorphisme et fait gémir la terre qu’il personnifie comme une sœur par la bouche de saint François. Ce mélange des genres n’est pas recevable. La nature, c’est aussi les tremblements de terre et les tsunamis, manger ou être mangé, se battre pour être le mâle dominant…
    S’il est vrai que le développement, fruit de la démocratie et de l’économie de marché, comprend sa part d’ombre, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Pour pasticher Churchill, on dira que démocratie et économie de marché sont de mauvais systèmes, mais après tous les autres. Permettez-nous, au contraire, de louer le monde magnifique que l’homme a pu faire émerger depuis deux siècles. Opéré de la cataracte grâce au laser, doté d’un appareil acoustique électronique et d’une prothèse de hanche, voici un homme qui me fait dire « les aveugles voient, les sourds entendent et les boiteux marchent » comme une réponse du Seigneur à la question de la venue de son royaume.
    L’homme peut aujourd’hui exprimer librement sa pensée, se déplacer comme il l’entend, bénéficier de procédures judiciaires qui le protègent de l’arbitraire du pouvoir. Contrairement à ce que dit trop péremptoirement l’encyclique, nos villes sont plus propres et plus belles que par le passé, la culture plus étendue que jamais, les rapports sociaux plus simples et plus authentiques. N’est-ce pas au cours de ce XXème siècle que la tiare et le trône papal porté par des hommes , ont disparu ? Il y a un peu plus d’un demi-siècle, sur 3 milliards d’hommes, un tiers vivait correctement, un tiers pauvrement et un tiers misérablement. Les famines sévissaient régulièrement. Aujourd’hui, on estime que sur 7 milliards d’habitants, 800 millions connaissent encore cet état de misère, soit 11% au lieu de 33 %. Les grandes famines n’ont plus cours.
    Nous avons appris aussi à être moins matérialistes. Si vous pensez que la dénonciation du consumérisme est un discours neuf, détrompez-vous. Dans un mandement de carême d’avant la grande guerre de 1914 -1918, l’évêque du diocèse de Namur vilipendait ce qu’il appelait « la société de consommation », la montée de l’esprit matérialiste, parce qu’à l’époque, nos arrières grands-parents pouvant accéder à l’acquisition d’un mobilier, ne vivaient plus que pour satisfaire cette ambition : posséder son salon et sa salle à manger. Ensuite, l’enrichissement se poursuivant, chacun rivalisait pour son paraître social, soucieux d’imiter le mode de vie bourgeois. Il nous semble que nos contemporains font preuve de plus de sagesse si on porte le jugement sur l’ensemble de la population, essentiellement, et de plus en plus, une classe moyenne, et que l’on quitte cette vision manichéenne d’un monde composé d’une minorité de riches cupides et d’une majorité de pauvres exploités, qui est une image caricaturale trop simpliste qu’offre l’encyclique pour soutenir sa thèse. Certes, l’envie à l’égard de celui qui a davantage que soi et le désir mimétique restent, hélas, encore trop, un ressort fondamental du comportement des hommes, mais l’apprentissage d’un rapport plus maîtrisé avec l’avoir, progresse aussi indubitablement. Car au-delà du slogan de la société de consommation, dites-nous concrètement ce que nous consommons de façon inutile : l’eau chaude courante ? Le chauffage central ? La cuisine équipée ? Le lave-linge automatique ? La voiture ? Le téléphone ? L’ordinateur ? La télévision ? La chaîne Hi-Fi ? Les séjours à l’étranger ? Le cinéma ? Le Vélo cyclo-sportif ? Le Pape se limite à dénoncer les climatiseurs, ce qui prête à sourire (point 55 page 47).
    S’il suffit d’une seule rage de dent pour nous convaincre qu’il vaut mieux vivre aujourd’hui que du temps de saint François d’Assise, cet état d’esprit ne doit pas nous occulter les défis posés par un progrès qui n’est pas toujours du meilleur aloi. Mais cette sensibilité écologique dans le sillage de laquelle le Pape veut placer l’Eglise, est aussi une manifestation de la sagesse des hommes, conscients des dangers qui les guettent. Et l’encyclique sous-estime les immenses investissements opérés pour épurer les eaux et l’air, les programmes de reboisement, les réglementations pour protéger les espèces en voie de disparition et l’adoption de comportements responsables dans la gestion des déchets.
    La deuxième réserve porte sur cette tentation dirigiste à laquelle l’encyclique succombe. Cette tentation nait du sentiment qu’une maîtrise consciente des événements et des réponses qu’on y apporte, est plus recommandable qu’une attitude de laisser-aller. Elle anime les hommes de pouvoir appelés à diriger et les intellectuels qui rêvent d’en être les éclaireurs parce qu’eux, bien sûr, ont cette intelligence du fonctionnement du système à maîtriser. La perception critique de l’économie de marché mue par des forces « invisibles » traduit cette tentation dirigiste. Hélas, l’histoire démontre que les forces visibles sont plus malfaisantes, influencées qu’elles sont, par des jeux de rivalité et par l’amitié de ceux qui savent être bien en cours quand il ne s’agit pas de vulnérabilité aux manœuvres de corruption. Ces forces sous-estiment la complexité des problèmes et, plus grave encore, étouffent les potentiels de créativité. Non qu’il ne faille diriger ni encadrer la liberté de gérer notre maison commune. Mais face à l’écologie qui fixe le résultat et dicte des comportements – le « logos », il convient de laisser place à l’économie qui recommande un dispositif tel que, quels que soient les événements futurs, la voie la meilleure sera choisie- le «nomos ». C’est toute la différence entre gouvernance et gouvernement. La première est un dispositif tel que les meilleures décisions seront prises, sans que celles-ci ne soient prédéfinies ; le second est une fonction qui prend les décisions pour fixer un cap et y faire conduire l’organisation gouvernée. Les deux volets se complètent, mais il faut être attentif à ce que le gouvernement ne se libère de la gouvernance. La maxime de saint Augustin « Aime et fais ce que tu veux » relève du «nomos ». Jésus fait de même : « je vous commande de vous aimer » et ainsi vous porterez beaucoup de fruits. Mais Jésus ne dicte pas la nature de ces fruits, par ailleurs effectivement imprévisibles. La seule certitude, c’est que si l’on s’aime, ce seront les fruits qu’il importait de produire, qui surgiront.
    La tentation dirigiste, c’est aussi celle de la méfiance : « si je leur donne de la liberté, ils en feront un mauvais usage » et cette volonté de contrôle implique la nécessité de maintenir des petites unités, coopératives locales abondamment défendues par le Pape qui méconnaît les mérites des grandes organisations. Est-ce là l’aveu d’une nostalgie d’un territoire maillé par les communautés de moines vivant en autarcie autour de leur abbaye sous la férule du père abbé ?
    Concédons cependant que pour surmonter le défi de la bonne gestion de nos ressources naturelles, l’économie en tant que formulation de recommandations pour organiser au mieux les activités de production, sans dicter le contenu de celles-ci, devra évoluer radicalement sur deux points. Le premier est d’intégrer dans les coûts appelés aussi « valeur ajoutée », l’usage de ces ressources, car la contrainte à une production plus abondante, n’est pas seulement le temps de travail, mais aussi ces ressources naturelles trop perçues par le passé comme un don gratuit illimité. Ceci rejoint le message de l’encyclique. Le second est de ne plus faire du désir que l’on porte sur les choses, le fondement de leur valeur. Si cette vision est valable pour les biens existants en quantité limitée comme une œuvre d’art ou un vignoble d’un grand cru, par contre pour les biens standard nouveaux issus du travail, c’est ce temps de travail qui leur donne une valeur relative représentative d’un coût qu’il convient de minimiser vu la rareté de ce temps disponible. La différence est capitale d’un point de vue culturel : si ma grand-mère, Marthe, veillait à ne pas jeter le moindre morceau de pain, ce n’était pas parce qu’elle était dans le besoin, ni par souci solidaire pour « les petits chinois qui meurent de faim » comme on disait à l’époque, ni par préoccupation écologique encore peu existante, mais par respect du travail du cultivateur, du meunier et du boulanger qui avaient contribué à lui produire ce pain. Aujourd’hui, si je ne désire plus un bien, il ne vaut plus rien. C’est ce paradigme utilitariste et hédoniste qui domine la pensée économique, qui est effectivement à condamner, en particulier dans le contexte d’une politique écologique.
    Mais quand le Pape se hasarde à des considérations techniques sur l’organisation économique, il manifeste un manque de prudence par rapport à une expertise qui n’est pas de son ressort. La machine n’a jamais tué l’emploi (point 127 page 100) que du contraire. Et si l’économie nous libère de la malédiction biblique « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » pour nous offrir le cadeau d’un temps disponible pour des activités non lucratives, librement choisies, cela nous parait un réel progrès humaniste. Quant au développement, il ne viendra pas d’un partage plus équitable, mais d’une organisation du travail régulée par la concurrence et libérée de la gangrène de la corruption et des pratiques mafieuses.
    La troisième réserve nait d’un sentiment de frustration ; celle de ne pas entendre l’Eglise s’exprimer plus longuement sur le domaine où réside cependant sa compétence spécifique, à savoir la vision qu’elle peut nous esquisser sur le futur de l’humanité dans une dimension eschatologique. Quand le Pape écrit que « les meilleurs mécanismes finissent par succomber quand manquent les grandes finalités » (point 181 page 139), il met le doigt sur l’essentiel, ce qui doit nous interpeller et qui peut prendre la forme de questions ainsi posées par l’encyclique : « Pour quoi passons-nous en ce monde ? Pour quoi venons-nous à cette vie ? Pour quoi travaillons-nous et luttons-nous ? » (point 160 page 124). Mais l’encyclique reste silencieuse sur ces questions. Or, seule une mobilisation de l’humanité fondée sur la réponse à celles-ci, lui donnera le ressort nécessaire pour vaincre, grâce à une mise en marche vers la terre promise, la tentation d’un repli sur soi destructeur. C’est d’un Moïse dont l’humanité a besoin, non pas d’abord pour critiquer le chemin parcouru et encore moins pour nous ralentir, mais, au contraire, pour magnifier ce progrès accompli, pour saluer les artistes, les savants, les entrepreneurs et tous les travailleurs qui y ont contribué, et donner ainsi une motivation à sa poursuite plus conforme à l’appel divin par laquelle se dévoilera peu à peu le contour du destin du peuple de Dieu ; un destin qui ne peut être que glorieux, parce que construit par l’Esprit qui nous habite en vertu de l’alliance qui nous unit au Père, à tout jamais.

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