Pour moi, la date symbolique qui marque l’avènement de la démocratie moderne, est le mardi 28 mai 1940. Ce soir-là – après 5 journées d’âpres luttes et contre l’avis d’une bonne part de l’estabishment des deux côtés de l’Atlantique – Churchill arrache au War cabinet la résolution de ne pas négocier avec l’Allemagne victorieuse. Si le grand homme avait été renversé ce soir-là (et il s’en est fallu de bien peu) Hitler aurait gagné la guerre.
Fin mai ‘40 il n’y avait plus grand monde pour parier un seul penny sur une victoire britannique. Le roi des Belges venait de déposer les armes. La France aspirait à l’armistice. Les Etats-Unis ne se voyaient pas voler à la rescousse de ceux que Jo Kennedy (père de JFK) – leur ambassadeur à Londres – considérait déjà comme des vaincus. Quant à Staline, trop seul pour combattre, il avait fini par sceller avec l’Allemagne un pacte du diable. Le seul qui semblait souhaiter du bien à l’Angleterre était Adolph Hitler. Ses offres de paix se voulaient généreuses. Le Führer n’y mettait qu’une condition : « Laissez-moi les mains libres à l’Est ».
Comment, dès lors, s’étonner qu’Albion hésitât à poursuivre la lutte ? A peine entrée dans le gouvernement d’union nationale, la Gauche y comptait pour peu. Dans l’Establishment, beaucoup auraient vu d’un œil favorable l’instauration en Grande-Bretagne d’un régime modérément fasciste. Quant au Ministre des affaires étrangères, peut-on le blâmer d’avoir cherché une porte de sortie honorable à la débâcle militaire ? Homme fort du gouvernement, lord Halifax tenta – entre les 24 et 28 mai – des négociations avec Mussolini. Si celles-ci échouèrent, ce fut un peu parce que le Duce brûlait d’en découdre à son tour avec les Alliés pour récolter sa part de dividendes du conflit. Mais davantage encore parce que toute velléité d’armistice fut torpillée par Churchill, premier ministre inattendu et improbable depuis deux petites semaines à peine. Celui que son parti considérait comme un aventurier plutôt que comme un homme d’état, le fit au risque de perdre le peu de confiance que les Tories avaient placée en lui. Et donc son poste à la tête du gouvernement. Durant ces jours de fin mai, l’homme au cigare temporisa – biaisa même – lors des débats au sein du War Cabinet, mais ce fut pour inlassablement resservir son paisible crédo : « Quoi qu’il advienne, nous nous battrons jusqu’au bout » (« to the bitter end »).
Ce fut le tournant de la guerre. La force d’âme du vieux Lion fut la première pièce sur l’échiquier qui finira par mettre la Bête en échec et mat. Quelques aient été les défauts personnels ou les erreurs politiques du vieil Impérialiste, l’humanité ne le remerciera jamais assez pour la victoire qu’il remporta fin mai ’40 dans le huis-clos enfumé du War Cabinet. Une victoire du Sens contre les avocats de l’intérêt national du moment. Pour paraphraser le grand homme, je pense que jamais dans le domaine des conflits humains, tant d’hommes ont été tellement redevables au courage d’un seul.
Il existe des destinées difficiles à imaginer. Les temps troublés les ont souvent révélés.
Le retour au calme les a par la suite écartés. Merci à eux.
Bonsoir Monsieur l’abbé fervent admirateur de W CHURCHILL…
Rien que par sa carrière mouvementée en politique ,l’Europe lui doit certainement une fière chandelle ,pardon un fameux coup de chapeau !
Votre admiration de la « nation britannique » fait honneur à votre éducation reçue là-bas.
J’oserai cependant un petit commentaire.
Si W Churchill fut un personnage haut en couleur et finalement très « heureux » pour nous Européens il n’en est malheureusement pas de même pour d’autres dirigeants de ce pays qui se prétend supérieur à tous les autres.
Leur morgue est sans conteste le côté le plus désagréable et le plus vicieux de leur histoire mouvementée et « impériale ».
.L’Europe se mord les doigts de les avoir pour associés « profiteurs ». Ils ne font jamais rien gratuitement et sont et restent des insulaires invétérés. De plus ,leur « histoire coloniale » si lamentablement associée à la nôtre en Afrique est loin d’avoir été une longue et sereine promenade..ils sont des millions à avoir subi leur brutalité excessive et leur goût immodéré pour le profit.
Je redis encore mon admiration sincère pour Mr Churchill ,mais les Tatcher ,Halifax ou autre Blair et Cameron sont des exemples bien tristes à côté de lui, sans parler de cet invraisemblable fier à bras de Montgomery dont les erreurs funestes dues à son orgueil en 45 notamment ont coûté si cher aux combattants alliés…
Ce petit commentaire est teinté pour ma part , assez fort d’une « fréquentation prolongée » de certains exemples peu édifiants rencontrés lors de ma carrière professionnelle,notamment au sein de l’Alliance « dite atlantique. »..
Veuillez ne publier que ce que vous voudrez bien de ces quelques commentaires:::je conçois aisément qu’ils peuvent être « chagrins »
Oh dear, oh dear…