Je lis dans La Libre de ce jour (p.13), qu’à l’occasion de la sortie de son livre, Paul Magnette – ministre-président socialiste de la région wallonne – aurait déclaré « que les gens du PTB se comportaient comme “des donneurs de leçon”. “Ils me font penser à ces curés qui ne font pas l’amour mais qui disent aux autres comment ils doivent le faire. »
La boutade n’est pas bien méchante et je pourrais réagir sur le même ton, en faisant mine de comprendre que Paul Magnette invite les curés à voter PTB…. Cependant, je pense que cette phrase est suffisamment intéressante pour que je m’y arrête un peu plus sérieusement.
Imagine-t-on un seul instant un responsable politique socialiste faire pareille boutade à propos des rabbins ou des imams ? Non bien sûr. Mais avec les curés, ça passe – même si je n’en ai jamais rencontré un, qui expliquait aux gens comment faire l’amour – parce que cela flatte un vieux fond anticlérical qui survit au sein du PS. Je dis bien « un vieux fond », car je n’ai guère rencontré de responsable socialiste agressivement anticlérical. (Des second couteaux faisant du zèle, parfois jusqu’à l’absurde – ça oui).
Mais soyons francs, ce « vieux fond anticlérical » existe toujours au PS, malgré les efforts de la direction pour changer la donne. Alors que je connais nombre de catholiques (mêmes dans les couvents) qui m’ont confié voter pour ce parti, je ne connais guère de responsable socialiste de premier plan, se déclarant ouvertement catholique. Il y en a au CDH, bien entendu. On en trouve au MR, chez Ecolo et même au PTB. Au PS, la chose est vraiment rare. L’histoire du parti explique cela. Et une certaine rivalité mimétique : en Wallonie, le PS a quelque part pris la place de l’Eglise, en s’imposant comme le grand mouvement populaire, appelé à façonner l’identité wallonne.
Il n’empêche, pareil phénomène est devenu anachronique à l’échelle de l’Europe. Au Royaume-Uni, la cheffe faisant fonction du parti Labour, Harriet Harman, se déclare catholique et envoie son fils aîné à la très catholique école de l’Oratoire. En Italie, le premier ministre Matteo Renzi est catholique. En France, sans en faire état, Emmanuel Valls ne renie pas ses racines cathos. Etc. Je n’ai pas d’ordre à donner aux états-majors des partis politiques, mais je me permets un conseil : Un des chemin vers la modernisation du PS, me semble être de résolument s’aligner en la matière sur les partis frères du continent.
Plus fin , tu meurs . Super article
Décidément, les vieux démons socialistes sont toujours en vie. .. non seulement chez les seconds couteaux! Comment pourrait-il en être autrement puisque tout ce qui fait le poids dans ce parti s’alimente dans les loges.
Pertinent !
et Eric de Beukelaer d’ajouter « Je dis bien « un vieux fond », car je n’ai guère rencontré de responsable socialiste agressivement anticlérical »
Ah bon, trop gentil !
Ecoutez comment l’exVice-Première Ministre, et multiministre parle de Primat de Belgtique, c’est inouï cela parce qu’il dit dans un livre « qu’aucune majorité ne peut abolir certaines valeurs universelles. » Comme si une majorité pouvait décider par exemple de tuer les handicapés (c’est moi qui ajoute). (regardez 44 secondes)
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Vous avez raison ; c’est lamentable
Excellent. Merci.
Elio
Bonjour Elio. Heureux de te retrouver ne fût-ce qu’un moment.
Il y avait une ermite non chrétienne, mais citée par un ermite chrétien, je crois, qui disait, me semble t’il : « je me moque de ce monde : je semble vivre avec lui, en réalité, je fais l’amour avec l’autre ».
M.P.Magnette n’a peut-être jamais véritablement rencontré, ou pas su voir les gens vivant cela.
Probablement le PS commence-t’il a être victime d’une certaine athérosclérose…ces vieux dépôts comme ces vieux discours étant des symptomes de sénescence ?
Je pense qu’un aspect à prendre en compte est la proximité de la France. La laïcité s’y est juridiquement installée, grâce notamment à l’appui des socialistes. En 1830, le catholiques belges ont eu le beurre et l’argent du beurre. Liberté de l’Eglise et traitement des ministres du culte. Devant l’affaiblissement quantitatif de l’Eglise, la tentation de lui retirer les ressources publiques dont elle bénéficie se renforce. Le parti peut espérer accélérer ainsi la sécularisation et en retirer les bénéfices électoraux.
A propos de la boutade de Magnette : c’est amusant, je l’ai déjà entendue dans la bouche de Marcel De Corte qui était notre professeur de philosophie morale à l’Université de Liège, à la fin des années 1960 (cela ne me rajeunit pas). Un Marcel De Corte très éloigné du socialisme mais qui disait aussi qu’un catholique doit toujours être « sainement » anticlérical…
Pourriez-vous m’expliquer ce que veux dire « sainement » anticlérical ?
J’ai découvert ma foi il y a seulement 11 ans et j’ai encore beaucoupppp à apprendre ! Merci ! Et bonne soirée :-)
Tout à fait d’accord avec vous mr l’Abbé.
Par contre, même des 1ers couteaux du PS liégeois ne se gênent pas pour encore casser du catho, il suffit de penser à l’actualité récente à Seraing où Mathot EN CONTRADICTION FLAGRANTE AVEC LA LOI d’une part a laissé se délabrer l’église néogothique de Jemeppe d’autre part veut allouer un montant fixe pour l’ensemble des églises de sa commune, ce qui, avec l’inflation, même légère, reviendrait à assécher les finances pour tenir en état les lieux de culte. Alain Mathot est laïc et franc-mac tout comme son défunt père…tel père tel fils…