In memoriam Jean-Jacques Rousseau

Homonyme du philosophe des Lumières, le cinéaste à la cagoule Jean-Jacques Rousseau vient de décéder à Courcelles, après plusieurs mois de coma. Le 15 juillet dernier, il avait été volontairement renversé par la voiture d’un jeune conducteur – une agression violente et absurde, bien dans la ligne de ses films. Jean-Jacques Rousseau tournait des films de type Monty Python « gore », sans aucun budget et avec des acteurs amateurs. Le résultat était… surprenant. Comme on peut le lire dans les colonnes du quotidien bruxellois « le Soir » de ce samedi (p.43), il défendait son travail en déclarant : «Si j’avais eu les moyens de Steven Spielberg, j’aurais fait mieux. Mais si lui avait eu mes moyens, il n’aurait jamais fait de cinéma.»

J’ai rencontré Jean-Jacques Rousseau à l’occasion d’un débat télévisé sur « Eglise et blasphème ». Il était apparu sur le plateau, couvert de son éternelle cagoule. Magie de la rencontre improbable entre un cinéaste alternatif anarchiste et (à l’époque) le porte-parole des évêques, nous avions sympathisé. Il avait demandé à me revoir, me fixant rendez-vous à Bruxelles dans – tout un symbole – le café « la Mort subite ». Il insista pour que je tourne dans un de ses films. Je ne l’ai jamais fait, mais il me téléphonait de temps en temps. Une fois, il m’invita à l’avant-première de son dernier film. Dans une petite salle de projection, près de la gare du nord de Bruxelles, je me retrouvai assis à côté d’un sosie de Johnny Halliday et de quelques créatures gothiques, pour visionner un court-métrage étrange et sanguinolent. Il appelait cela du « cinéma Z ».

J’ai découvert, derrière le masque du trublion anar, un homme sensible, très gentil et profondément touchant. Maintenant, il est appelé à contempler à visage découvert, l’Amour trois fois saint. A-Dieu, cher Jean-Jacques.

6 réflexions sur « In memoriam Jean-Jacques Rousseau »

  1. Formidable assurance que de localiser cet estimable Jean-Jacques face à l’Amour trois fois saint !
    Se représentait-il lui-même son après-mort dans ces termes ?

    Libre à certains chrétiens d’entretenir une représentation traditionnelle de l’au-delà, dans les images et les motsde l’occident chrétien.
    Mais est-il acceptable par d’autres croyants de se repésenter leur destin dans ces termes-là ? Un musulman, un bouddhiste, un athée se trouve-t-il valorisé parce que chrétien se représente son après-décès dans les catégories de notre catéhisme ?

    1. Je crois que chacun offre ce qu’il a de meilleur; c’est dans ce sens que j’interprète la phrase « il contemple… l’Amour trois fois saint » parce c’est ce qu’un chrétien peut offrir de plus beau !

  2. étonnant que vous situiez l’Amour 3 fois Saint dans le catéchisme
    Musulmans au Paradis rencontrent Allah dans sa Gloire et sa Puissance
    Bouddhistes accomplis rejoignent le nirvana, à moins qu’ils ne reviennent nous aider , mais je n’aime pas parler de ce que je connais mal
    et les athées ? leur aventure terrestre s’achèvera-t-elle dans le « rien » ?ont-ils fait de nous des êtres semblables aux créatures animales ou à celles de la nature qui ne cessent de participer à la transformation de notre terre, ?
    et si nous cherchions en nous le mystère qui nous habite, celui qui grandit à mesure que je m’ouvre à ma vérité et à celle d’autrui,
    oui , c’est un chemin exigeant, que l’on trace en se désencombrant, là il marche aussi -qui est-ce? je ne sais.. un souffle léger-, la splendeur de la terre porte son empreinte, certains hommes aussi : Saint il l’est, 3 fois parce que un ,et inconnaissable…

  3. Qu’il y ait, en soi notamment, recherche de trascendance, d dépassement ; qu’il y ait mystère, sans doute, et pour beaucoup.

    Mais je voulais relever la formule ‘Trois fois saint’, parce qu’elle est plutôt typique d’un chrétien, faisant allusion à la concepion (au dogme !) de la Trinité.
    Cett expression viendra peu spontanément dans la bouche d’un musulman, encore moins dans celle d’un bouddhiste.

    Et donc, je trouvais inconfortable(irrespectueuse ?) cette idée de promettre un au-delà, dans sa représentation chrétienne, à toute personne que l’on juge favorablement ; parce qu’il n’est pas du tout assuré qu’elle se représente un au-delà et un au-delà ‘à la chrétienne’.

    1. une conception chrétienne ? 3 x Saint… votre réponse m’a posé bien des questions…j’y réfléchissais en rangeant le linge aujourd’hui… il me semblait qu’ Ezéchiel, Daniel peut-être aussi le proclamait…les magnifiques visions d’Apocalypse, dans le sens de découvrement, sont , me semble-t-il anciennes et appartenant à des rituels magnifiant Elohim et peut-être aussi les rois,empereurs, pharaons…  » le Saint, béni soit-il  » si souvent répété en hébreu
      me touche par la bénédiction que l’homme offre à Dieu…il me semble que le Coran doit lui aussi posséder quelques sourates parlant de Dieu Saint…je ne sais pas
      nos prêtres ne sont-ils pas responsables de la transmission de très anciennes traditions , riches de sens ? si eux ne le font pas, qui le fera?

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