Ci-dessous ma chronique parue en p.10 dans l’hebdo M… Belgique de cette semaine. Le sujet est à nouveau dans l’actualité, avec la publication dans un grand quotidien, d’une partie du dossier d’instruction de Bernard Wesphael. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:
« Exclusif ! » Il y a peu, je lis dans les colonnes d’un quotidien populaire, la révélation d’une instruction judiciaire visant – pour une affaire privée – un académique fort présent dans les médias. Article correct – avec droit de réponse de l’intéressé. Une gêne m’envahit cependant, avec l’incise du journaliste : « selon nos informations, le Parquet… ». Et le secret d’instruction dans tout ça – sanctionné par l’article 458 du code pénal ? Pour rappel – celui-ci s’impose aux juges, membres du parquet, enquêteurs, greffiers, et à toutes les personnes employées à leurs services. Seule exception – lorsque l’intérêt public l’exige. Ce n’est pas le cas ici – l’affaire en cours ne concernant en rien les compétences professionnelles de l’expert en question. Cette divulgation ne sert donc qu’à nourrir le voyeur qui sommeille en chacun de nous. L’anecdote réveille en moi le souvenir de l’affaire Calice (perquisitions à l’archevêché) et son chapelet de « fuites dans les médias ». D’où – pour paraphraser Pascal Vrebos, le dimanche sur RTL – « la question qu’on n’ose pas poser, mais qu’on pose quand même » : Si les médias apprenaient qu’un prêtre divulgue à un tiers des informations couvertes par le secret professionnel, ils seraient les premiers à le dénoncer. Alors, pourquoi la presse ne s’interroge-t-elle que rarement sur ces fuites judiciaires, qui alimentent les médias ? La violation d’un droit civique serait-elle moins grave lorsqu’elle profite au tirage ou à l’audimat ?