« Tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce ». (Matthieu 22, 1-14)
Pour comprendre l’Evangile de ce dimanche, il s’agit de se rappeler qu’une « parabole » n’est pas une « allégorie ». Dans une allégorie, tous les éléments correspondent, sous forme codée, à la réalité décrite. Ici, il n’en est rien : Ce roi colérique, qui massacre ceux qui ne viennent pas à la noce de son fils, n’est pas le Père du ciel. Je le répète – une parabole n’est pas une allégorie. Elle se sert d’une anecdote de la vie courante (un semeur, un berger,…) pour faire passer un message. Dans ce cas-ci, Jésus part de la mésaventure d’un des roitelets de l’époque, dont les vassaux auraient boudé la noce (un des fils d’Hérode de grand ?), pour expliquer la logique du Royaume. Le Royaume n’est pas une affaire de places réservées. Chacun y est convié, à la croisée des chemins. Une seule condition : Venir avec un vêtement de noce – c’est-à-dire avec un cœur accueillant et disponible.
les interprétations sont multiples : je me demande pourquoi père Eric vous n’aimez pas que celui qui invite soit une image de Dieu ? plutôt qu’un roitelet… car le commentaire du pape lui ….repris sur le site du Vatican, parle bien de Dieu… « Mais le projet de Dieu ne s’arrête pas pour autant a souligné le Pape : devant l’absence des premiers invités au banquet, Dieu « repropose l’invitation » en élargissant le cercle des invités aux « pauvres, aux abandonnés, aux démunis, même aux bons et aux mauvais, sans distinction ». La salle de banquet est ainsi remplie d’exclus et « l’Evangile, repoussé par certains, trouve un accueil inattendu dans tant d’autres cœurs »……
étonnante histoire : que les invités à la noce du fils du Roi, ne répondent pas à l’invitation est , me semble-t-il très étonnant, à moins d’une disgrâce du Roi ? un Roi en disgrâce qui envoie ses troupes détruire une ville ?..bizarre, peut-être les auditeurs de Jésus savaient-ils qui était ce roi ?, je me souviens des fils de David qui tentent de s’emparer du royaume de leur père : ces fils sont suivis par des fidèles ou autres, ils ne s’attablent pas seul… je ne connais pas suffisamment les chroniques et livre des Maccabées, ou les vies des fils d’Hérode, que les auditeurs de Jésus devaient connaitre…quoiqu’il en soit, votre interprétation ouvre des pistes de réflexion, car ce roi m’a toujours laissée perplexe…
merci pour elle
Chère Godelieve,
Le théologien allemand et luthérien « Joachim Jeremias » a écrit un livre, s’appelant « les paraboles de Jésus ».
Sa thèse me semble correcte: Nous avons tendance à « allégoriser » les paraboles, c’est-à-dire de voir en tous les aspects de l’histoire un message codé. Cela amène à des impasses. Que signifie alors « l’intendant malhonnête », approuvé par son maître? Et dans cet Evangile-ci, la colère du roi – si ce roi est le Père du cile – est-elle dans la ligne du « aime ton ennemi »?
Jeremias pense qu’une parabole n’est jamais qu’une… parabole. Soit une histoire anecdotique, tirée des la vie quotidienne, avec un message dans sa « pointe » (la morale de l’histoire en quelque sorte). Dans cet Evangile, il s’agit d’un roi qui est « boudé » par ses vassaux. Pourquoi? Sans doute, parce que son autorité est contestée. Ainsi, durant l’enfance de Jésus, Hérode « achelaos », fils d’Hérode le grand avait voulu se faire nommer roi par César Auguste. Mais, des vassaux effrayés par son caractère colérique et instable, firent en sorte qu’il ne soit qu' »ethnarque » (« vice-roi ») et, finalement, qu’il soit exilé. Cette histoire a-t-elle inspirée des paraboles? Je ne sais.
merci, père Eric, Joachim Jeremias , est un grand théologien, oui,
vous me parlez aussi de l ‘un des fils d’Hérode,
je viens de reprendre d’anciennes notes, et généalogies d’après Flavius Josèphe… le livre d’Emmanuel Carrère « Le Royaume »? éclaire-t-il les fascinants débuts de l’Église?
Bonjour Monsieur l’abbé,
Maintenant que ce message n’est plus en tête, j’ai moins de scrupules à vous répondre.
Je comprends que vous n’avez peut-être pas le temps d’ouvrir des fenêtres théologiques, d’autant que Mme Istas a, je crois, raison de dire que ce n’est pas la priorité pour tout le monde.
Cependant, pourriez vous expliquer ce qu’à voulu dire l’abbé Girard en disant ceci : « Substituez dans la parabole, le véritable fait à celui qu’elle expose, vous changerez le fond du discours » ?
Car il me semble qu’en voyant un persécuteur de ceux qui ne vont pas à la noce dans ce roi, ce qui est tout de même un tout petit peu différent du texte, vous avez fait cela.
Je ne dis pas cela pour la gloriole qui n’en est pas une de disputer avec quelqu’un qui n’est pas de ma qualité, du moins, je l’espère et essaye de rester conscient que c’est même une sorte de prodige que cette sorte d’échange puisse se produire.
Merci donc si vous voulez bien, en plus du rappel des basiques vous effectuer, apporter les lumières de la théologie sur cette déformation du texte (qui cependant est le support d’un message sans doute vrai).
Merci des messages très gentils,
(et par ailleurs je me suis trompé en écrivant que tout appartenait au serviteur, alors que je voulais bien entendu dire que tout appartient au maître).
Cdt.
je me suis réveillée ce matin accompagnée par les personnages de la parabole des invités à la noce
qui était ce roi et qui au 1er siècle pouvait correspondre à lui?
un roi puissant et éloigné
alors j’ai pensé à l’empire romain ,ses généraux, ses empereurs
et à l’histoire juive : en 70 , une 2e fois en 135 les chefs des juifs les ont entrainé dans une rébellion qui ne pouvait vaincre la puissance de Rome, peut-être la parabole décrit-elle les prémices de la grande révolte lorsqu’une ville ne tient pas compte du Roi éloigné dans l’espace, ville qui renvoie et va jusqu’à mettre à mort les serviteurs du roi ? toute l’histoire d’Israêl et de Juda ne se déploie-t-elle pas en une épopée dont les apogées profitent des affaiblissements des grandes puissances Assyrie,puis la Perse en face de l’Egypte ? les Maccabées mènent la révolte victorieuse contre les grecs et en ce temps où règne l’empereur de Rome, les rêves de restauration du Royaume de David sont palpables dans les évangiles ?
Et si plus simplement, la parabole ne signifiait pas la négation du « peuple élu » (tradition juive) et l’égalité des « invités » : au regard de Dieu, nous sommes tous égaux….pour autant que nous nous approchions de la table, que nous le voulions, que nous fassions la démarche ?
pour moi, peu satisfaisant
Jésus pleure devant les murs de Jérusalem, en ayant la vision de sa destruction ….
lorsqu’il est élevé de terre « j’attirerai à moi tous les hommes » Jean,12,32 dit-il,
or dans Mt 9,20 le bord du vêtement serait le bord, ou mieux le tsitsit du talith,
cette hypothèse m’a fort étonnée , ouvert un monde de réflexions . Jésus « ce juif central », et j’ai pensé que nous étions les enfants d’une très longue histoire d’antijudaïsme….
@ Godelieve et Edb : je ne suis qu’un béotien et un naïf, un homme de mon temps, éloigné des théories…en somme, un « invité à la noce », non par élection mais par défaut.
En plus, je ne comprends pas le « tsitit du talith » (op cit)…C’est en questionnant qu’on apprend…à vous lire !
En revêtant un Talit( châle de prières rectangulaire) une personne récite des bénédictions spéciales. Après avoir mis son Talit, le Juif se sent absorbé et totalement plongé dans ses dévotions.
Les Tsitsit sont des fils accrochés à même le tissus du Talit et le nom divin est codé avec les nœuds. Sur le Talit, au 4 coins, sont accrochées 4 fils noués de façon à lire le nom divin : le tétra gramme YHVH : Y=10 nœuds, H= 5 nœuds, V= 6 nœuds et H= 5 nœuds.
…sur google, j’ai trouvé bien plus d’informations que je n’en savais…
invité par défaut ? qu’entendez-vous par là ? si vous écrivez béotien, ce n’est pas un hasard ? … c’est tellement vrai que l’étude semble réservée aux spécialistes , nous les catholiques lisont des livres, oui.. mais ne connaissons plus les disputationes où l’on peut confronter ses approches des textes…
merci…je suis sans doute un peu moins béotien (décidément, je ne sais si c’est par hasard ou réalisme ou parce que je suis plus grec que romain qui sait?)…Et quand un texte est simple, pourquoi le compliquer (sauf dans les cénacles savants) ?
Bonjour
– M.l’abbé, je vous prie d’excuser par avance ce que cette remarque peut sembler irrespectueuse, mais vous faites un raccourci dans votre explication.
Le décret du roi ne concerne pas « ceux qui ne viennent pas à la noce de son fils », mais « seulement » ceux qui ont assassiné ses émissaires, et non pas tout le peuple, il y a une différence certaine, qui élimine d’office les stéréotypes nocifs que les âmes débiles pourraient prêter au texte.
Compte tenu du raccourci que vous prenez, on peut soupçonner que vous manquez un élément de sens du texte M.l’Abbé, et vous qualifiez corrélativement le roi d’une façon pour le moins étonnante.
Je voulais parler de cela, mais je me suis abstenu mais puisque Madame Istas dit quelque chose à ce sujet… (merci).
– » « l’intendant malhonnête », approuvé par son maître? »
Le Seigneur est le dispensateur de tout bien, donc pourquoi se priverait t-on de le voir dans le maître de l’intendant ?
Le maître ne l’approuve pas d’être un voleur, mais vois au-delà de la morale convetionnelle.
Un sens serait alors qu’ayant des richesses infinies, il n’aime pas qu’on les gaspille car cela est mauvais pour nous de les mépriser.
Lorsque son intendant apprend qu’il est congédié, il commence à réaliser que les richesses du maître ont de la valeur, et même si il en mésuse, c’est aux yeux du maître, qui a des richesses à l’infini, un progrès par rapport à la pure négligence.
De plus, lorsque l’intendant fait des largesses aux débiteurs, le crédit du maître s’accroit.
Il a alors des raisons de se réjouir de voir que son serviteur s’est imprégné de sa qualité seigneuriale de largesse, signe de sa dévotion par delà sa trahison.
C’est la preuve de son amour pour lui au-delà de sa trahison, car l’on ressemble à ce que l’on aime.
Le regard du maître, qui vois que le bien, et qui aime que l’on remette leurs dettes aux autres, oublie alors le jugement.
Le fait que le serviteur donne ce qui ne lui appartiens pas montre que tout lui appartiens.
-« Et dans cet Evangile-ci, la colère du roi – si ce roi est le Père du ciel– est-elle dans la ligne du « aime ton ennemi »?
Certains êtres s’en prennent aux messagers de la parole physiquement, et ils ont besoin qu’on les empêche de nuire, car c’est plus fort qu’eux, ils ont besoin de ce visage du Père, car la gentillesse est à leur yeux faiblesse. C’est alors un grand amour de leur montrer un visage dur.
Nous parlons ici des martyricides.
Lorsqu’un brigand a battu comme plâtre Saint Gérard de Majella sur une route par exemple, il est clair que ce brigand l’aurait peut-être tué si Saint Gérard ne l’avais « saisi » par son comportement.
Le brigand a même été récompensé de l’avoir raccompagné ensuite à cheval.
Mais St Gérard, dont la côte était blessée, l’a prévenu qu’il n’avait pas intérêt à faire à un autre ce qu’il lui avait fait à lui.
Quelque temps plus tard, le brigand s’est battu avec quelqu’un, et s’est fait tuer, Saint Gérard l’a pleuré.
La thèse du pasteur allemand me paraît limitante plutôt qu’englobante, et j’espère que mes exemples tiennent à peu près pour le dire.
Cordialement.
Cher Yoann, évidemment avec une explication pareille de la parabole de l’intendant malhonnête…
Imaginez-vous vraiment le Christ au milieu des foules simples, dispensant un enseignement aussi allégorique… voire ésotérique. Non – le message est simple et Il le donne en fin de parabole: « Si seulement les fils de la lumière étaient aussi avisés que ceux de ce monde ». Traduction: si seulement nous avions autant d’imagination pour servir le Royaume que notre portefeuille.
Parabole donc. Non allégorie.
Mais évidemment, vous ne devez pas penser comme moi. Mais… les études en théologie, parfois ouvrent quelques perspectives.
oh non,….. pourquoi ajouter les études de théologie ?…le ressenti humain exprimé avec autant de nuances est aussi beau qu’une tapisserie perse , aux couleurs de la vie , il fait surgir les chants mystérieux accompagnés de cordes vibrant sous les doigts des musiciens…je retiens aussi » c’est alors un grand amour de leur montrer un visage dur »…oui, c’est bien ainsi qu’agissent les bons éducateurs,… plus les grands-mères, à peine je fronce encore les sourcils…,que Dieu vous bénisse monsieur Paxomini , et vous aussi père Eric
C’est toute la beauté et l’intérêt de ces textes : c’est un peu comme si on ouvrait une fenêtre pour chercher une réponse et que cela nous incite à ouvrir, encore, une autre fenêtre, débouchant chaque fois sur une autre question, une autre réflexion.
« Le Royaume n’est pas une affaire de places réservées. Chacun y est convié, à la croisée des chemins. »
J’aime !
Bonsoir, je suis nouvelle sur votre blog et je vous remercie cher Éric, pour le temps que vous donnez sur le net, à La Parole de Dieu, rare chez les curés !
Divorcée remariée en Église Catholique, mon sacrement, ma nourriture c’est Elle, et tout ce qui touche à la méditation de La Parole de Dieu, m’intéresse au plus haut point.
Oui, j’aime ce que vous dites du Royaume, sans doute parce que je m’identifie, à cause des ‘interdits’, aux invités des croisées du Chemin, et puis je crois que » Dieu ne fait de différence entre les hommes ! » Le est ma foi et ma joie.
C’est dur quand même de venir à la noce habillee comme il faut, le coeur accueillant et disponible, et se voir refuser le repas de noce !
Merci pour votre bouffée d’air pur, de nouveau, une rareté de nos jours chez nos curés!
Mais…, n’avait Il pas promis qu’il nous donnerait des « pasteurs selon Son choix ? »
Ah ce Jésus, quel Homme en vérité !
Belle continuation
+doris
(de l’île Maurice)