Ci-dessous ma chronique parue en p.51 dans l’hebdo M… Belgique de cette semaine. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:
Quelle différence entre euthanasie et suicide médicalement assisté ? Cela dépend-il de l’auteur qui pose le geste – soit le médecin dans le premier cas et l’intéressé dans le second ? Un critère de distinction aussi formaliste ne me semble pas signifiant. Un acte doit être défini par la réalité à laquelle il s’applique. L’euthanasie consiste à aider quelqu’un en fin de vie à mourir, et ce – à sa demande. Le suicide médicalement assisté, cause la mort à la demande de quelqu’un dont la vie n’est pas terminale, mais (selon la loi belge) ressentie comme insupportable, suite à des souffrances physiques ou psychiques durables et incurables. La frontière entre les deux n’est pas coupée au couteau – pensons aux grands seniors en souffrance. Mais pour Frank Van den Bleeken ? Ce délinquant sexuel de 50 ans, en prison depuis 30 ans, déclare subir d’insupportables souffrances psychologiques. Il a préalablement demandé à être transféré vers une institution aux Pays-Bas, où il aurait pu bénéficier d’une prise en charge adaptée – ce qui lui fut refusé. Loin de moi l’idée d’utiliser ce drame humain pour attaquer une loi de dépénalisation, que je n’ai jamais approuvée. Je ne taxe pas, non plus, pareille requête de « scandaleuse » (comment réagirais-je à la place de ce détenu ?). Mais oui, il s’agit de parler ici – comme dans d’autres cas – d’une demande de suicide médicalement assisté. Ne pas utiliser les mots adéquats pour désigner une réalité – si crue soit-elle – n’aide pas à grandir en lucidité.