« Notre jumeau » – 2° dimanche de Pâques, Année A

« Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu !»(Jean 20, 19-31)

Le prénom Thomas signifie « jumeau ». Et de fait, l’apôtre Thomas est un peu notre frère jumeau : comme lui, nous aimerions bien « un peu voir », histoire d’« un peu plus croire ».

Mais il s’agit d’un piège : celui qui voit, est convaincu. Il ne devient pas pour autant plus croyant. La foi chrétienne est une adhésion du cœur bien plus encore que de l’intelligence. Elle met en mouvement et transforme une vie. Ainsi, celui qui déclare « croire en quelqu’un », ne dit pas tant qu’il est convaincu que cette personne existe, mais bien qu’il est assuré que cette personne est digne de confiance. De même, la foi chrétienne n’implique pas tant de « croire que Dieu existe ». D’ailleurs beaucoup disent : quand je vois le monde comme il ne tourne pas rond – même s’Il existe – à quoi ce Dieu me sert-il ? Non, la foi, c’est avant tout saisir dans son cœur que « j’existe pour Dieu ». Depuis ma conception, ce Dieu de l’alliance marche avec moi. En Jésus, Il a donné Sa vie par amour pour moi. Ce n’est que cela qui donne de tomber à genoux comme Thomas et de s’écrier : « mon Seigneur et mon Dieu ! » De cela, les papes Jean XXIII et Jean-Paul II – proclamés saints ce dimanche – furent les témoins.

4 réflexions sur « « Notre jumeau » – 2° dimanche de Pâques, Année A »

  1. extrait du livre de Anselm Grün « petit manuel de guérison intérieure »
    Chacun fait sa propre expérience de la vie. Des expériences nous » ouvrent les yeux et le cœur »: c’est dans ces moments là que le Ressuscité nous apparaît. La résurrection, selon Luc, se produit quand notre cœur est touché au plus profond ou, comme l’exprime Paul Tillich, quand quelque chose nous « atteint de façon absolue ».
    Ce sont des expériences quotidiennes: rencontres, conversations, repas partagés, promenades, sorties. nous parlons beaucoup les uns avec les autres, mais trop souvent cette conversation reste superficielle et cette rencontre simple contact.
    Quand une vraie conversation a lieu, quand l’un « ouvre » les yeux et le cœur de l’autre, alors il y a résurrection. C’est le Ressuscité qui prend le visage de l’autre.

  2. A l’inverse de Paul Tillich (théologien protestant ultra-libéral qui, finalement ne retient de la Bible que la couverture), saint Paul nous dit: « Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes », « si le Christ n’est pas réellement ressuscité, vaine est notre foi ». Sans vouloir être trop sévère, il me semble que Mauricette tient un langage que pourrait aussi tenir un athée. Il n’est pas nécessaire de croire en Dieu pour affirmer que l’on ressuscite chaque fois que l’on partage un repas ou lorsqu’une vraie conversation a lieu. Dans son épître aux philippiens, chapitre 3, verset, 20, saint Paul nous dit encore: « Car notre cité est dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps humilié pour le rendre semblable à son corps de gloire ». Toute l’espérance chrétienne est là et c’est ce que les apôtres ont annoncé. « Cette vie n’est supportable que s’il en est une autre », écrivait André Frossard. Sans cet au-delà que nous laisse entrevoir la résurrection corporelle de Jésus, notre existence présente n’est plus qu’une infra-vie. Rien n’a plus aucun sens. Non, ce n’est vraiment pas pour nous dire que nous ressuscitons lorsque nous nous promenons entre amis que les apôtres sont morts martyrs. Jean-Pierre Snyers (jpsnyers.blogspot.com)

    1. Pourtant Mauricette taperait bien dans le mille… même si cette relecture peut choquer les plus orthodoxes. Car la résurrection est « davantage une affaire d’amour et de haine ou de violence que de vie et de mort ».

      Je reprends ici quelques extraits de l’homélie de Pâques de notre paroisse:

      Ressusciter est un verbe actif. Un verbe qui invite chacun-e à se mobiliser pour remettre debout, relever ceux qui sont courbés, écrasés, humiliés – pour permettre à chacun-e d’accomplir la/sa vie dans sa plénitude joyeuse. Si le ressuscité par excellence, celui qu’on a appelé ainsi non pas tellement à cause de ce qui s’est passé après sa mort (après tout, sur ce plan, la discrétion est de rigueur…), que par ce dont il a témoigné durant sa vie – bref, si le Ressuscité c’est Jésus Christ, on a de bonnes raisons de croire que la résurrection concerne directement ce qui a fait le sel de sa vie, à savoir : aimer, servir, guérir, parler vrai et faire la vérité, susciter la paix et l’espérance partout où ses pas le mènent, pardonner, revoir de fond en comble le lien avec Dieu, insuffler la vie en tous ceux qui se contentent de ou ne peuvent que survivre, etc.

      En ce sens, il faut le rappeler, la résurrection n’est pas une réalité qui s’impose, mais un objet ou un motif de foi. Autrement dit, je ne peux croire à la résurrection que si je la fais ! Autrement dit encore : elle ne tombe pas du ciel ; il s’agit d’y travailler pour qu’elle advienne, pour la rendre possible, crédible. Croire à la résurrection, fondamentalement, cela revient à renouer avec le souffle de la création quand il semble qu’il est coupé, que le monde a le souffle coupé, qu’il s’essouffle dans ses tentatives pour faire baisser pavillon à la violence sous toutes ses formes.

      Croire en la résurrection, c’est renouer avec la conviction que notre amour est plus long que notre vie et que la vérité qui nous met en chemin ne se laisse sans doute pressentir que près de ce à quoi nous sommes fidèles, ce pour quoi nous sommes prêts à consentir un temps sans mesure – ce qu’on appelle sans trop savoir de quoi l’on parle à vrai dire : « éternité »…

      Percutant..

  3. C’est bon de se rappeler que le puzzle est complet que lorsqu’on prend en considération la vie éternelle. Personnellement j’ai été choquée lorsque dans un partage entre chrétiens une personne disait qu’elle ne croie pas à la résurrection du Christ. Je me suis même demandait à quoi croyait elle et je ne voyais pas le sens de sa foi. Pourtant je me dis après coup, que vivre ici bas quelques moments de résurrection même si c’est peu, pourrait aider la personne à désirer d’entrer dans la Résurrection et la Vie éternelle, n’est-ce pas?
    merci pour ce renvoie à l’essentiel père!

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