Affaire « Femen » – « Les photographes n’ont fait que leur boulot »… ?

Guy Haarscher est un des intellectuels libre-exaministes les plus en vue à l’ULB. Il était le contradicteur de l’archevêque de Malines-Bruxelles, lors du débat sur le blasphème, au cours duquel ce dernier fut copieusement arrosé par un commando « Femen ». Dans une interview parue sur le site du quotidien « La Libre », le Professeur Haarscher se dit choqué par cette action et il ajoute: « Ce qui me choque le plus, c’est l’attitude des photojournalistes présents. Quand on est arrivé dans la salle, nous étions tous les deux surpris par le nombre de photographes. Ils étaient une dizaine ! Ils ont évidemment photographié toute la scène… puis sont partis avec les Femen. C’est donc important de dénoncer cet évènement concocté entre les Femen et les photographes pour vendre leurs images ».  
Réaction d’un membre de la rédaction en p.8 du quotidien « La Libre » de ce jour: « Dans un entretien à lire sur lalibre.be, Guy Haarscher ne cache pas qu’il a été choqué par les photographes de presse… qui n’ont pourtant fait que leur métier… » La même réponse m’a été faite par une internaute sur Twitter: « Sauf qu’ils (les photographes) faisaient juste leur boulot … ils ont été prévenus et sont venus exprès – c’est ça #Femen! »

« Ils n’ont fait que leur boulot »… Sans être un expert en déontologie journalistique, je me permets de partager le malaise de Guy Haarscher. Où commence et où finit le « boulot » du photographe de presse? S’il est présent à une conférence et qu’un incident advient, bien sur qu’il doit prendre des photos. Ainsi, la presse à servi de formidable caisse de résonance aux attentats de Boston. Indirectement, cela encouragera d’autres attentats – soyons en sûrs – mais ce ne sera pas de la faute des journalistes, qui « ne font que leur boulot ».
Reste la question des limites de ce « boulot »: Comment doit réagir un photographe de presse, lorsqu’on l’avertit qu’une atteinte à l’intégrité d’un conférencier va être commise? S’il accepte de venir prendre des photos, il ne peut ignorer qu’il encourage indirectement l’agression, en assurant aux provocateurs la publicité de ses clichés. Quid si l’archevêque avait eu le cœur fragile et que – surpris par violence symbolique de l’action des Femen – il avait fait une crise cardiaque? Quid si l’action avait remplacé l’eau par un acide? Loin de moi l’idée d’accabler les photographes présents lors de l’action Femen. Mais l’indignation du professeur Haarscher mérite une réponse plus élaborée qu’un péremptoire: « ils n’ont fait que leur métier ». Quand un photographe « fait-il son boulot » et quand devient-il indirectement complice? Comparaison n’est pas raison, mais le personnage du journaliste « Rémy » dans le film culte « C’est arrivé près de chez vous » n’a pas fini de nous interroger.

5 réflexions sur « Affaire « Femen » – « Les photographes n’ont fait que leur boulot »… ? »

  1. BJ OUI ERIC TU A RAISON QUEL TRISTE MONDE CA ETE JUSQAUN ITALIE DES AMIS A MOI SCANDALISE.BEIN VOYONS TES COMMENTAIRE SON TJ BEAU ET BON.GRAZIE PER GLI AUGURI FAN SEMPRE PIACIERE BACIONI

  2. Je compare cette affaire communément banale… car le mal se banalise sous l’apparence de personnes « nulles » et « sans esprit de réflexion »! Quand vous aurez vu « Anna Arendt », le dernier film relatant le combat d’une philosophe pour arriver à faire comprendre que des actes atroces peuvent être commis par n’importe qui ne faisant qu’appliquer les diktats et les lois de son temps… vous comprendrez! Parce qu’exécuter une tâche se sachant couvert… ce n’est plus du courage, de l’indépendance d’esprit, de l’avant-gardisme, mais c’est déjà être …un mouton bêlant du troupeau de Panurge!

  3. L’humilité est la vertu des grands, les revendications des Femen ne choquent pas la grande majorité de l’opinion publique.
    La forme heurte tout comme Saint François avant de mettre sa bure.

  4. Un photographe qui est présent parce qu’il a été prévenu qu’il y aura une agression, même limitée, n’est pas qu’indirectement complice. Sans cette entente préalable, donc complicité effective, cet incident n’aurait peut être pas eu lieu. Le fait d’être partis juste après prouvait que les photographes n’étaient pas là pour la conférence.

  5. En Droit il y a visiblement complicité….
    Mais la presse … Où va-t-elle?
    En fait, où va-t-on… puisque la dérive de la presse correspond à l’attente des lecteurs…

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