La frontière à Quiévrain. Etat d’âme – Dimanche p.3

L’hebdomadaire ‘Dimanche’ du 3 février, a publié en p.3  ma chronique « état d’âme ».
Merci à la rédaction de m’offrir cet espace d’expression:

Grosse surprise dans notre petit royaume. En France – phare de la laïcité – un projet de loi sur le mariage et l’adoption par des couples homosexuels, occasionne un ardent débat de société – poussant plus d’un demi-million de personnes dans les rues de Paris. En Belgique, ces législations étaient passés « gentiment ». Il y eut bien une déclaration des évêques, mais une certaine opinion publique eut vite fait de les renvoyer à leurs sacristies. Outre-Quiévrain, ce ne sont pas des prélats qui mènent la fronde, mais une humoriste déjantée et gayfriendly, répondant au doux pseudonyme de Frigide Barjot. Pourquoi une telle différence ? La Belgique est un petit territoire plat, où cohabitent des peuples germaniques et latins et qui fut envahi tout au long de son histoire. Pour survivre, le Belge a donc développé une culture du compromis. La France est un vaste pays, forgé par des siècles de centralisation et de résistance à celle-ci. La société française est donc cimentée par une culture de débat. Le Belge a du bon sens et de la modération, mais il est souvent tiède. Le Français a du panache et de la rhétorique, mais il est facilement gueulard. Comparons l’action de la Belgique dans l’est du Congo avec celle de la France au Mali. Nous envoyons notre Ministre des affaires étrangères. Eux dépêchent des troupes de combat. Imaginons une Jeanne d’Arc belge. Au lieu de prendre les armes pour « bouter les Anglois », elle réclamerait sans doute une « commission paritaire en vue d’aménager la coexistence pacifique, dans le respect de chaque communauté ». Qui a raison ? Cela dépend. De plus, nuançons : il y a aussi de l’héroïsme belge (pensons à la résistance militaire en 1914) et des compromissions françaises (pensons au régime de Vichy). Et moi, je suis fier d’être Belge. Mais également un Européen convaincu. Plutôt que de s’étonner de nos différences, observons les pays voisins. Cela peut être source d’inspiration pour alimenter chez nous aussi, le débat citoyen.

2 réflexions sur « La frontière à Quiévrain. Etat d’âme – Dimanche p.3 »

  1. Admettre le mariage gay c’est ne pas le prendre au sérieux. D’accord pour reconnaitre , après une longue vie commune , un lien d’intérêts entre deux personnes du même sexe . What’s in a name s’ils se complaisent à appeler ça mariage ? Il y a une différence entre un mariage civil , religieux , bantou , chez une artiste hollandaise ou un marabout sénégalais .

  2. Laissons le « mariage pour tous ». Il me paraît plus important pour nous de nous intéresser à la refondation de la Belgique dans le respect des deux principales communautés, sans oublier les autres évidemment. Je suis lassé de lire une presse francophone unanime qui veut que les Flamands pensent et votent comme elle le désire. Quand nous admettrons la liberté de l’autre et « mouillerons notre chemise » pour aller à sa rencontre, la Belgique pourra jouer un rôle pionnier dans notre Europe multiethnique.

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