« Papa » et « Dieu »

Curieux destin. A quelques jours de distance, deux ténors du parti socialiste de Belgique francophone décèdent.  Deux figures aussi différentes que possible. Michel Daerden – dit « Papa » – l’homme qui fit de ses excès épicuriens un élément de sa popularité et Guy Spitaels – dit « Dieu » – dont le pouvoir se bâtit de façon « mitterrandienne »: sens tactique, érudition et exercice solitaire des responsabilités.

Curieux aussi ces deux surnoms – « Papa » et « Dieu » – qui disent quelque chose de la fonction tutélaire de l’homme public. Touchante, enfin, l’émotion que ces morts éveillent dans leurs fiefs municipaux respectifs – Ans et Ath. Les désabusés concluront que le peuple est décidément bien manipulable. Etant de nature bienveillante, je me dis – quant à moi – que c’est aussi le signe que, même s’ils aiment les dire « tous pourris », les électeurs reconnaissent la valeur des hommes publics, par-delà leurs failles. Aux jeunes qui sont tentés par la politique – dans quelque parti que ce soit – je dis: « Lancez-vous. C’est un art ingrat et un univers dur. Mais le service public possède sa part de noblesse ».

6 réflexions sur « « Papa » et « Dieu » »

  1. « Papa » vient de Frédéric Daerden, son fils, qui a dit un jour : « Tout le monde aime papa ».
    Dieu-Spitaels est un copie de la marionnette de François Mitterrand dans le « Bêbête show » qu’on appelait aussi dieu…
    Les deux défunts étaient aussi francs-maçons.
    Quant à nous, nous savons que nous n’avons qu’un seul Dieu et Père.

  2. C’est étonnant que de telles étiquettes puissent « coller » aux défunts… Papa : comme si le public était en manque de père et « Dieu » en manque de repères …

  3. J’apprécie beaucoup tes écritures, j’allais écrire saintes, elles incitent à la réflexion et m’apparaissent toujours arriver à point nommé. Que ta plume continue à si bien nous éclairer ! Amical souvenir, Michel.

  4. Oserais-je fare deux remarques ? La critique est facile… Je crois que Papa s’appelait Daerden. Quant à l’épicurien, à la différence de l’hédoniste, il ne fait jamais d’excès. C’est un gourmet, pas un gourmand. Mais peu importe. Ce qui compte, c’est la justesse de l’éclairage. Merci.

    1. Merci! Comment le Liégeois que je suis a-t-il pu mal écrire « Daerden »? Seule excuse, le « post » a été placé vers 23h30…

  5. Dostoïevski écrit en 1841 :

    « Les hommes devenus orphelins (sans Dieu, donc) se serreront aussitôt les uns contre les autres plus étroitement et plus affectueusement. Ils se prendront la main, comprenant que, désormais, ils sont tout les uns pour les autres. Alors disparaîtra la grande idée d’immortalité ; il faudra la remplacer. Tout ce grand excès d’amour pour celui qui était l’immortalité se détournera sur la nature, sur le monde, sur les hommes et sur chaque petit brin d’herbe. Et les hommes s’éveilleront, ils se hâteront de s’embrasser les uns les autres, ils se dépêcheront d’aimer, sachant que leurs jours sont éphémères et que c’est tout ce qui leur reste. »

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