Dénigrer, c’est euthanasier le débat

Pour faire très bref, dans le débat sur l’euthanasie, il y a l’approche de principe et la gestion politique de celle-ci. Le principe est de savoir si le droit à la « bonne mort » (sens du mot euthanasie) peut être octroyé sur demande à des citoyens et – si oui – moyennant quelles conditions. Les partisans de l’euthanasie répondent « oui » au nom du libre-arbitre ; les opposants – dont je fais partie – répondent « non » de par l’interdit fondateur de donner la mort. La gestion politique du « oui » implique de vérifier les conditions d’accès au droit de mourir, en évitant que cette liberté ne se transforme en pressante invitation. La gestion politique du « non », demande de mettre en œuvre une politique de soins qui apaisent la souffrance – quitte à accélérer le décès – sans pour autant provoquer la mort. Si l’honnêteté intellectuelle invite à reconnaître que les partisans du « oui » ne sont pas des êtres privés de respect pour la vie humaine, la même honnêteté, force à admettre que les adeptes du « non » ne sont pas pour autant des obscurantistes imposant le poids de leurs croyances passéistes à toute la société. Le fait que – parmi d’autres grandes nations démocratiques –  la très laïque France n’aie à ce jour aucune loi de dépénalisation de l’euthanasie, illustre assez clairement que le débat existe.

Il est donc bien naturel qu’en Belgique, dix années après le vote d’une loi aussi éthiquement chargée que celle sur l’euthanasie, les tenants des deux thèses fassent leur bilan et qu’ils s’affrontent sur celui-ci. Ceci explique les cartes blanches parues dans le quotidien La Libre du président de la Conférence Episcopale de Belgique (29 mai) et la réponse à celle-ci du président du Centre d’Action Laïque (2 juin). Chacun ira relire leurs arguments et… se fera une religion.
Mais outre le contenu, ce qui différencie les deux articles est le ton. Le président du Centre d’Action Laïque (CAL) aurait pu commencer son plaidoyer comme ceci : « En mai 2002, une majorité parlementaire a voté une loi relative à l’euthanasie. Dix ans après sa promulgation, un bilan s’impose. Lors des débats parlementaires, le CAL avait déjà soutenu cette loi, en exprimant que celle-ci permettait aux personnes les plus vulnérables d’exercer leur liberté de choix jusqu’au bout ». Le lecteur attentif aura noté que je ne fais que paraphraser le sobre début de l’opinion de l’Archevêque, mais en changeant l’argument. S’il avait opté pour le style neutre et respectueux, le Président du CAL aurait pu poursuivre en expliquant sa vision du bilan de la loi et du travail de la commission de contrôle. Il aurait également donné son avis sur l’objection de conscience et ses limites. Mais non. Le billet du Président du CAL s’ouvre sur un tout autre registre :  « C’est sans grande joie que nous retrouvons dans « La Libre » (mercredi 29 mai) la rhétorique habituelle de l’archevêque Léonard dans sa croisade contre les libertés individuelles. L’amalgame, la désinformation, le raccourci facile, le mensonge par omission, le supposé présenté pour vrai, l’argument bâti sur un faux socle : ces techniques sont éculées et archiconnues de tout qui se pique un peu de sémantique. Comme disait Nietzsche : « Quand on a la foi, on peut se passer de la vérité. » ». La suite est du même cru. Imaginons un seul instant que ce soit l’Archevêque qui eut prononcé une pareille charge à l’encontre de son homologue laïque… Point n’est besoin d’être (grand) clerc, pour prophétiser que cela aurait causé un nouvel émoi national, avec son chapelet d’indignations pleuvant de toute part, en ce compris de bon nombre de catholiques. L’inverse semble, par contre, n’émouvoir pas grand monde. Cela en dit long sur notre capacité sélective d’indignation.

Pourquoi une personnalité, par ailleurs responsable et intelligente, opte-t-elle pour le dénigrement ?  Le but poursuivi est sans doute tactique. En politique, railler les intentions de son contradicteur est efficace. C’est aussi pour cela que l’Institut Européen de Bioéthique est traité dans le même billet de « faux institut de recherche et vrai lobby ultra-catholique actif auprès des instances européennes ». Notons le sobriquet « d’ultra-catholique » qui ne veut pas dire grand-chose (pas plus que celui d’« ultra-laïque »), mais qui discrédite celui à qui il s’adresse. Le dénigrement joue également sur le registre émotionnel. Rien de tel que de revivifier la prose des grands affrontements idéologiques et de présenter la hiérarchie catholique comme une force puissante qui chercherait à prendre le contrôle des libertés démocratiques. Ainsi, le Président du CAL qui constate en finale de son billet « que l’Eglise, par la voix de son chef en Belgique, tente une fois encore d’imposer sa vision à tous les citoyens, qu’ils soient ou non adeptes de la foi catholique ». Je résume son point de vue: quand l’Eglise catholique s’exprime sur une question de société, elle est bien inspirée quand ce point de vue rejoint celui du CAL (comme pour demander des critères de régularisation pour les sans-papiers). Sinon, elle est hégémoniste et peu respectueuse de la démocratie. Elle est bien paradoxale, l’assurance qui anime nombre d’adeptes du libre-examen en les assurant qu’ils se trouvent forcément du bon côté de l’histoire… Selon moi, pareil credo s’explique par l’adhésion à une certaine idéologie du progrès : tout ce qui conforte le combat laïque, y est proclamé «  progressiste » et allant dans le sens de l’histoire. Les avis contraires seront, dès lors, nécessairement régressifs et devront être traités comme tel.

Certains applaudissent le ton du discours du Président du CAL. Ils lui trouvent le mérite de la clarté et préfèrent cela à ce qu’ils appellent un consensualisme mou de bisounours. Je ne suis pas d’accord. La démocratie se bâtit sur des affrontements d’idées musclés, certes, mais respectueux du contradicteur. Sinon, c’est la dictature du « prêt-à-penser » sur base d’intimidation intellectuelle. Ce qui est sous-entendu quand on dénigre, est : si vous avez le mauvais goût de penser comme l’Archevêque, vous aussi êtes des « ultra-catholiques », adeptes de « l’amalgame, la désinformation, le raccourci facile ». Prenons un exemple différent : Il y a quelques mois encore, une bonne part de l’establishment belge francophone condamnait en chœur les mesures d’inburgering flamandes (politique d’intégration obligatoire à l’encontre des immigrés primo-arrivants). Ces mesures furent dénigrées par beaucoup, car dénoncées comme volonté d’assimilation nationaliste. Aujourd’hui, et suite aux émeutes dans la périphérie de Bruxelles de jeunes « désintégrés », les mêmes voix semblent découvrir les vertus de l’approche flamande. Plutôt que ce volte-face, il eut été plus constructif d’entrer – de prime abord – en débat avec nos compatriotes du nord pour comprendre et discuter leurs motifs. C’est cela, le beau jeu de la démocratie. De la même façon, le débat sur l’euthanasie mérite des échanges musclés, certes, mais pas le dénigrement. En effet, celui-ci nuit gravement à la culture démocratique, car il a pour unique résultat… d’euthanasier le débat.

« Trois fois Saint » – Sainte Trinité, Année B

«  De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». (Matthieu 28, 16-20)

La Trinité n’est pas un problème de mathématiques. Pourtant, comme l’amour ne s’additionne pas, mais se multiplie – ne dit-on pas le « Dieu trois fois Saint » ? – chacun peut vérifier que 1 X 1 X 1, cela fait toujours… 1*. La Trinité : 3 Personnes divines en un seul Dieu. Mais bien plus qu’un problème de mathématique, la Trinité est Mystère d’amour. Le peu que la révélation chrétienne nous ait donné de percevoir de l’infinité de Dieu, est que celui-ci est une éternelle Relation de Don : entre le Père qui est Source de tout Don, le Fils à Qui le Don est destiné et qui le rend au Père dans l’unité de l’Esprit – qui est Don.  La Bible nous enseigne que l’homme est créé à l’image de Dieu. Voilà pourquoi nous sommes des êtres relationnels et voilà pourquoi seul le Don de nous-mêmes nous fait rejoindre notre vérité profonde. Devenir disciple du Christ et vivre son baptême, c’est dans l’Esprit s’unir au don du Fils pour devenir enfant du Père.       

(*) Merci à Johnny P. de m’avoir soufflé cette sympathique image.

Amère Pentecôte au Vatican (suite)

Je suis reconnaissant à un téléspectateur vigilant de m’avoir conseillé de regarder l’émission diffusée aujourd’hui sur France 5 : « C dans l’air ». Sans aller tout au fond des choses (il est d’ailleurs trop tôt pour tenter de le faire), il s’agit pour moi d’une fort honnête tentative journalistique d’y voir clair dans le brouillard des Vatileaks.

Même si certains avis me semblent parfois excessivement sévères, je trouve que la personnalité du Pape y est respectée : un penseur et non un manager. Un pasteur parfois bien seul dans sa volonté de nettoyer les écuries. Cela invite à prier pour cet homme âgé, qui porte sur ses épaules l’écrasant fardeau de la papauté.

Chacun peut visionner l’émission de ce 29 mai par internet.

 

 

 

Amère Pentecôte au Vatican

Il est trop tôt pour saisir l’ampleur de la crise des Vatileaks qui souffle sur le siège apostolique. Banale histoire de corruption d’un proche du Pape ou stratégie concertée pour s’en prendre à son autorité ? L’avenir nous le dira – sans doute. Une chose semble établie : Benoît XVI aura vécu douloureusement cette fête de Pentecôte 2012. Qu’un intime dérobe et diffuse du courrier personnel, voilà qui constitue une épreuve pour tout homme. Mais quand on est Pape et que le cercle des proches est trié sur le volet, cela doit être encore plus insécurisant.

Demandons donc à l’Esprit d’envoyer au Pape des collaborateurs loyaux et non serviles. Des aides franchess en interne et discrètes en externe. Une Curie qui œuvre à l’écoute du Souffle divin, plutôt que des sirènes carriéristes. De telles personnes existent à Rome – j’en ai rencontrées. Mais sans l’Esprit, la chair est faible. Prions donc l’Esprit. Comme le rappelait le Métropolite Ignace de Laodicée (Syrie): « Sans l’Esprit Saint, Dieu est loin, le Christ reste dans le passé, l’Évangile est une lettre morte, l’Église une simple organisation, l’autorité une domination, la mission une propagande, le culte une évocation, et l’agir chrétien une morale d’esclave. Mais en Lui : le cosmos est soulevé et gémit dans l’enfantement du Royaume, le Christ ressuscité est là, l’Évangile est la puissance de vie, l’Église signifie la communion trinitaire, l’autorité est un service libérateur, la mission est une Pentecôte, la liturgie est mémorial et anticipation, l’agir humain est déifié! »

« Le goût de Dieu » – Pentecôte, Année B

 « Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s’écria : “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive,celui qui croit en moi ! ” selon le mot de l’Ecriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive.Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui ». (Jean 7, 37-39)

Un jour une catéchiste demanda à un enfant : « Tu aimes le chocolat ? » Réponse affirmative – bien évidemment. Elle lui dit alors : « Mais comment peux-tu me dire cela ? Il n’y a pas de chocolat ici ». Perplexité de l’enfant. La catéchiste dit alors : « Tu peux me dire cela, parce que tu as déjà goûté au chocolat et que tu as donc son goût en toi. Sans cela, le mot ‘chocolat’ resterait aussi abstrait pour toi que si je te parlais de la planète Pluton. Ainsi agit l’Esprit. L’esprit est Celui qui nous donne le goût de Dieu. Sans l’Esprit, Dieu reste loin et abstrait. Mais quand l’Esprit touche un cœur, celui-ci « goûte » l’Amour du Christ. Désormais, le goût de Dieu l’accompagnera toute sa vie. Dieu ne sera plus jamais une abstraction ». Voilà pourquoi l’Esprit est représenté comme du feu qui éclaire et réchauffe. Comme du vent qui souffle et oxygène. Comme la terre qui porte le fruit. Ou encore – dans l’Evangile de ce dimanche de Pentecôte – comme de l’eau qui désaltère et devient en nous « fleuve d’eau vive ». En cette Pentecôte, demandons donc à l’Esprit de nous donner le goût de Dieu.     

Retour au Moyen Age (soupir)

Ce 11 mai, j’ai publié une chronique dans le Vif , intitulée « Péché originel d’Adam… Smith ». Un lecteur envoya au journal et à moi-même une sévère critique de mon propos. Celle-ci vient d’être publiée en p.118 de l’hebdo, sous le titre : « Veut-on retourner au Moyen Age ? » Vu cette publication, il est utile que je fasse connaître ma réaction – sans nulle rancune, mais afin d’éviter que mes propos soient interprétés d’une façon pour le moins… surprenante.
Voici donc le courrier des lecteurs de Jean-Luc Grayet, suivi de ma réponse :

Veut-on retourner au Moyen Age ?
Monsieur Eric DE BEUKELAER se prétend : « abbé nomade ». Qu’est-ce à dire ?  S’agit-il d’un SDF (sans diocèse fixe) ? Non, puisqu’il est chanoine-curé des paroisses (pardon : de l’entité pastorale) de la rive gauche à Liège. Il est donc, au contraire, plutôt sédentarisé et  bien ancré dans le système.  Pourquoi, dès lors, parler de « nomade » ? Nomadisme serait-il ici synonyme de liberté de pensée ? Personnellement  j’en doute en découvrant ses propos plutôt conventionnels sur l’économie mondiale et les théories d’Adam Smith dont il dénonce le « péché originel » ( !) mais surtout sur le rôle que, selon lui,  devrait jouer l’Église.
Ce serait pour avoir méconnu l’enseignement de celle-ci sur les problèmes socio-économiques que le monde va si mal. Et de citer l’encyclique Caritas in veritate de Benoît XVI qui préconise une « Autorité politique mondiale ». Le Pape comme arbitre des conflits mondiaux, comme expert pour résoudre la crise : est-ce bien sérieux ? Veut-on retourner au Moyen Âge où la pape se prétendait au-dessus des empereurs et des rois et voulait leur dicter sa loi ?
La crise – en particulier celle de l’euro – est profonde et nul ne sait vraiment si ou comment nous allons nous en sortir mais je doute que les « intuitions constantes » de l’Église catholique puissent nous y aider.
Jean-Luc GRAYET

Ma réponse :
Cher Monsieur,
Je vous suis reconnaissant de m’avoir envoyé votre courrier au « Vif ».
Permettez-moi de rectifier certains de vos propos. Vous écrivez : « M. Eric DE BEUKELAER se prétend : abbé nomade ». Nullement. C’est la rédaction du ‘Vif’ qui a cru bon de me présenter ainsi. Je fus le premier à m’en étonner vu mes fonctions sédentaires, mais il me fut répondu que cela était dû au fait que j’avais souvent changé de fonction ces derniers temps. Dont acte.
Vous poursuivez : « Nomadisme serait-il ici synonyme de liberté de pensée ? »  Nullement. La liberté de pensée se vérifie, entre autre, à la capacité de s’ouvrir à des pensées qui ne sont pas nôtres. Je ne vous connais pas et ne peut donc juger de votre liberté de penser. Cependant, je m’étonne du gouffre qui sépare ce que j’ai écrit et ce que vous avez lu. Vous me faites dire : « Ce serait pour avoir méconnu l’enseignement de celle-ci sur les problèmes socio-économiques que le monde va si mal ». Je n’ai jamais écrit cela. Je signalais que l’intuition d’un contrôle politique sur l’économie mondialisée était – entre autre et non exclusivement – défendu par la pensée de l’Eglise. Vous poursuivez: « Le Pape comme arbitre des conflits mondiaux, comme expert pour résoudre la crise : est-ce bien sérieux ? Veut-on retourner au Moyen Âge où la pape se prétendait au-dessus des empereurs et des rois et voulait leur dicter sa loi ? » J’avoue que je reste pour le moins pantois devant la pensée que vous me prêtez. Plus personne de sérieux dans la planète catholique ne défend cela depuis bien… bien longtemps. Comme l’énonce fort justement mon ami Baudouin Decharneux, professeur à l’ULB, une des marques de la liberté de pensée, est de ne pas se construire un contradicteur de pacotille, qui n’existe qu’en fantasme : un catholique nécessairement nostalgique du Moyen-âge ou un laïque forcément bouffeur de curé.
Bien cordialement,
Eric de Beukelaer

« Y a d’la joie… » – 7° dimanche de Pâques, Année B

 « Je parle ainsi en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés. Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde… » (Jean 17, 11-19)

La joie est un des signes les plus sûrs de la présence de l’Esprit dans un cœur. Non pas la joie mondaine – qui est éphémère et souvent suivie de tristesse. Non pas la joie forcée de celui qui prétend que tout va toujours bien, même quand cela va mal. Non. La joie profonde. La joie spirituelle. Celle qui demeure, même quand « le monde » vous prend en grippe. La joie de celui qui se sait aimé d’un Amour qui n’est pas de ce monde.

Ne jugeons pas nos frères (et nous-mêmes) sur la joie et nous ne serons pas jugés. Mais demeurons lucides. Là où se trouvent tristesse, amertume ou cynisme – l’Esprit du Vivant ne peut être présent. Là où demeure la joie – même au cœur des larmes, des injustices et des souffrances – le souffle du Crucifié-Ressuscité nous caresse le visage.

Durant l’ultime semaine qui nous sépare de la Pentecôte – fête du don de l’Esprit, prions chaque jour. Demandons que le Souffle de Dieu nous procure Sa joie.

Devoir d’exemplarité

En temps de crise, le comportement des élites donne le ton.
J’avais déjà exprimé cela – suite à la demande du milliardaire Warren Buffet de payer plus d’impôts – dans une chronique du 20 septembre 2011 à La Libre.
Le même souci d’exemplarité se retrouva depuis chez le Président du Conseil italien, Mario Monti, qui renonça à son salaire. On le rencontre désormais avec le nouveau gouvernement français qui diminue ses émoluments de 30%. Toutes ces mesures sont avant tout symboliques. Les critiques diront – cosmétiques.

Je pense, quant à moi, que notre monde a plus que jamais besoin d’exemplarité. Nos dirigeants ne doivent pas feindre d’être parfaits ou toujours à la hauteur. Il leur est, par contre, demandé une forme de solidarité avec tous ces électeurs qui se serrent la ceinture en temps de crise. Les chefs les plus légitimes sont ceux qui marchent à la tête de leurs troupes. A méditer par le monde politique, financier, religieux, ou autre – à commencer par les lecteurs de ce blog et l’auteur de ces lignes. « A celui qui a beaucoup reçu, on demandera beaucoup ; et l’on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié » (Luc 12, 48).

« Libre en Christ » – Solennité de l’Ascension, Année B

« En mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains ; et s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera aucun mal… » (Marc 16, 15-20)

Si le Ressuscité avait voulu nous garder sous sa coupe, Il se serait contenté d’apparaître de temps en temps dans les églises ou au coin des rues. Plus besoin d’Evangile, de Vatican, de curés et chacun serait convaincu… Convaincu, oui. Croyant, non. Il faut être libre pour vivre l’aventure de la foi. Le Christ – qui est liberté suprême – ne s’impose pas à notre conscience. Avec l’Ascension, Il retourne dans la gloire de Son Père et nous envoie Son Esprit.

Les signes de l’Esprit ? Celui qui chasse le mauvais esprit autant que les esprits mauvais. Celui dont le langage renouvelle les relations humaines – même s’il n’est pas polyglotte. Celui qui n’a pas peur de se salir les mains – quitte à prendre à bras-le-corps toutes les vipères que la vie nous fait croiser. Celui que le poison de la médisance ou de la vanité ne tue pas…

Neuf journées séparent l’Ascension de la Pentecôte – fête du don de l’Esprit. Prions chacune de ces neuf journées. Demandons que le Souffle de Dieu nous renouvelle.