Le coach et le père

Le coach national des diables rouges est, sans aucun doute, l’homme le plus populaire du moment en Belgique. Marc Wilmots a amplement mérité cet honneur. Si l’ancien joueur ne fut pas – de son propre aveu – un sénateur d’exception, il est devenu un des principaux artisans du redressement et de l’actuel état de grâce de notre équipe nationale de football. Je ne connais pas suffisamment ce sport pour commenter son travail de coach, mais je salue le style Wilmots. L’homme dégage la simplicité, le réalisme et l’exigence. Avec lui, on est loin de ces entraineurs qui ne fonctionnent qu’à la rémunération et aux effets d’annonces. Wilmots ne traite pas ses joueurs comme des stars. Il leur insuffle la modestie et la rigueur. Il respecte les particularités culturelles des joueurs flamands et wallons – serrant la main des premiers et embrassant les seconds – mais ne fait pas du football une affaire communautaire. Et puis – le soir de la victoire contre la Croatie, il ramène aux vraies valeurs. Quand un journaliste lui demande à qui il pense en cette soirée de triomphe, Wilmots répond sans hésiter: « A mon épouse et à mes enfants ». Chapeau coach et merci!

A l’esprit Wilmots, je voudrais associer celui d’un autre père de famille: André Dusausoy, père de Thomas – un étudiant en 3° année d’étude à l’UCL qui s’est tué en chutant d’un pont, vendredi dernier, après une soirée bien arrosée. Au lieu de cracher son chagrin et sa révolte à la face du monde, le père endeuillé réagit en écrivant une lettre ouverte à tous les étudiants qui font la fête: « On est euphorique, on croit qu’on est invincible, et les 15 jeunes qui sont venus hier au chevet de mon fils ont compris que l’excès d’alcool pouvait mener à la mort d’un de leurs copains. Mais il n’y en a que 15 qui ont compris hier après-midi. A Louvain-la-Neuve il y aura 100.000 jeunes et il ne faut pas qu’il y ait d’autres morts ». Ce père digne va donc se rendre au 24h de Louvain-la-Neuve pour parler aux étudiants: « Je leur parlerai, je leur dirai d’arrêter de boire, si j’en vois qui sont plein, je leur dirai d’arrêter, je sais pas ce que je ferai, mais je vais passer les 24 heures là-bas. Avec mon épouse on ira là-bas, et avec mes enfants aussi, on ira pour Thomas, on ira pour le souvenir de Thomas, on ira faire ça, pour éviter que d’autres parents vivent ce drame et que d’autres jeunes ne disparaissent bêtement alors qu’ils sont à leur force de l’âge et qu’ils ont tout pour réussir », explique-t-il, la voix remplie d’émotion. Respect.

A tous ceux qui prétendent que nous vivons une époque égoïste dans un pays glauque, voici deux exemples qui offrent un réel motif de fierté.  

2 réflexions sur « Le coach et le père »

  1. Admirable intervention de ce père qui trouve dans son chagrin la force de penser aux autres ! Je pense bien à cette famille et j’espère qu’ils trouveront la paix. Je sais que la perte d’un enfant est une chose terrible – je l’ai vécue !
    très amicalement…

  2. J’ai fort aimé les deux parties de ce message et tant les parents de Thomas que l’entraineur méritent notre respect: les deux vont à l’ essentiel et font bien leur job. Leur expérience ils la partagent avec conviction et énergie, avec chaleur et respect et en adultes responsables. Chapeau

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.