« Nettoyage de printemps » – 3e dimanche de Carême, Année B

« Il n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme : il connaissait par lui-même ce qu’il y a dans l’homme » (Jean 2, 13-25)

Le « doux Jésus » n’était pas mièvre. Il décide d’organiser un grand « nettoyage de printemps » dans le temple de Jérusalem et en chasse les marchands sans ménagement: « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic ! » En s’attaquant aux juteuses rentrées que ce commerce fournissait à la classe sacerdotale, le Nazaréen se fait de puissants ennemis. Ils seront à terme les premiers artisans de son élimination.

Quand on lui demande de justifier son acte, Jésus répond : « Détruisez ce temple et en trois jours,  je le relèverai ». Ses adversaires le trouvent présomptueux, mais ne comprennent pas que le nouveau temple – c’est le Christ. En effet, c’est en Lui que la présence du Père se manifeste pleinement.

Par notre baptême, nous faisons partie de ce corps spirituel du Christ qui est l’Eglise. Pourtant, notre cœur reste souvent un lieu de marchandage et de sombres trafics. Le Christ n’en est pas dupe car « Il connaît le cœur de l’homme ». Voilà pourquoi, son Esprit nous invite durant ce temps de carême à entreprendre – à notre tour – un grand nettoyage de printemps, afin de vivre la Pâques avec une âme qui soit plus authentiquement un temple digne de notre Père céleste.

Chapeau-bas, Mesdames !

Il me reste une heure pour écrire quelque chose sur la journée des femmes. Je pense évidemment à toutes celles que je côtoie chaque jour dans ma famille, parmi mes amis et en paroisse… Que serions-nous – les hommes – sans elles ?
Je voudrais aussi en distinguer quelques-unes. Non pas parce qu’elles sont exceptionnelles en tout, mais tout simplement parce qu’elles ont récemment dit ou fait quelque-chose qui m’a touché.

Je cite en premier lieu la ministre socialiste de l’Audiovisuel Fadila Laanan, qui a demandé l’avis du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) sur l’opportunité d’imposer un quota d’œuvres néerlandophones aux radios privées et publiques. « La présence de chansons néerlandophones sur les ondes des radios privées et publiques me paraît une bonne chose pour faire découvrir des artistes du nord du pays et habituer notre oreille à une autre langue nationale », a déclaré la ministre. C’est ce que j’écrivais le 14 juin 2011, dans un ‘post’ intitulé « Belgique – un an de crise politique ». Alors que les radios flamandes passent régulièrement de la chanson française, le contraire est totalement inexistant – renforçant au sud du pays le cliché que le flamand est une sous-culture. Puisque c’est la journée de la femme, écoutez donc une artiste comme Eva De Roovere et vous changerez peut-être d’avis. Fallait-il une ministre francophone d’origine maghrébine pour le découvrir ?

Je cite ensuite la nouvelle co-présidente d’Ecolo, Emily Hoyos, qui a renoncé à sa prime de départ du parlement. Le greffe du parlement wallon, qui a reçu mercredi un courriel en ce sens, précise que le montant du renoncement s’élève à 120.000 euros. « Si je n’avais pas de travail, j’aurais eu besoin de cette somme, mais ce n’est pas le cas puisque je deviens coprésidente d’Ecolo », justifie Emily Hoyos. Elle explique qu’il s’agit « juste d’être conforme à mes valeurs et celles de mon parti ». Sans doute que son geste découle aussi d’un calcul politique. So what ? C’est ce genre de geste symbolique qui rend confiance en nos gouvernants. (Ce 9 mars mars, je découvre que dans l’édito du Soir la plume de Béatrice Delvaux partage ma conclusion).

Dans la même famille politique, mais en France, il y a cette confession d’Eva Joly dans le quotidien catholique « La Vie » de cette semaine : « A l’agence norvégienne de développement, j’ai acquis la certitude que les paradis fiscaux sont une source de malheurs multiples. Je désespérais que ma dénonciation soit entendue. Au final, j’ai été invitée au Vatican. J’ai pris la parole devant les cardinaux. J’ai été écoutée comme jamais. Ils m’ont assurée que la lutte contre les paradis fiscaux ferait partie de la doctrine sociale de l’Église. J’ai vérifié : c’est désormais le cas. » Qu’un politicien – en campagne, il est vrai – reconnaisse l’importance de la doctrine sociale de l’Eglise – voilà qui dénote d’une réelle liberté d’esprit.

Enfin, j’invite à regarder cette vidéo des Médias Catholiques. Elle reprend une interview de Frigide Barjot de passage à Bruxelles. Ca, c’est de la nouvelle évangélisation : rien n’est coincé ni too much. Madame, vous sonnez juste. Merci !

 

Le site internet du Vatican hacké par Anonymous

L‘info 
Le site internet du Vatican (www.vatican.va) est hacké depuis ce mercredi après-midi – une attaque revendiquée par Anonymous, le mouvement des pirates informatiques militants. Anonymous affirme vouloir punir « l’Eglise apostolique romaine corrompue et toutes ses émanations ».
« Anonymous a décidé aujourd’hui d’assiéger votre site en réponse à la doctrine, aux liturgies et aux concepts absurdes et anachroniques que votre organisation à but lucratif (l’Eglise apostolique romaine) diffuse dans le monde entier », écrit le site italien d’Anonymous. « Cette attaque N’EST PAS dirigée contre la religion chrétienne ou les fidèles du monde entier mais contre l’Eglise apostolique romaine corrompue et toutes ses émanations », ajoute le communiqué. « Vous avez brûlé des textes d’une immense valeur historique et littéraire, vous avez tué de manière barbare vos détracteurs et critiques les plus virulents au cours des siècles (…), vous avez conduit des ingénus à payer pour obtenir l’accès au paradis avec la vente des indulgences », accuse le site d’Anonymous. Les pirates informatiques accusent également l’Eglise catholique d’avoir « réduit en esclavage des populations entières ». « Dans des temps plus récents, vous avez eu un rôle significatif dans l’aide offerte aux criminels de guerre nazis pour leur permettre de trouver un refuge dans des pays étrangers et éviter la justice internationale », poursuit le communiqué. « Vous permettez quotidiennement que des représentants du clergé se rendent responsables de harcèlement envers des enfants et vous les couvrez si les faits sont révélés au public », ajoute Anonymous exprimant l’espoir que l’Eglise « sera reléguée à ce qu’elle est… une relique des temps passés ». (VIM)

L’analyse
A l’heure où je publie ce ‘post’, le site du Vatican est toujours bloqué. J’ai essayé de trouver la revendication d’Anonymous sur leur site italien, mais n’y suis pas parvenu. Par contre, j’ai découvert sur You Tube la vidéo suivante, au message tout aussi explicite.  Sans nier les erreurs, fautes et crimes commis par nombre de responsables catholiques au cours de l’histoire. (cfr. mon ouvrage « Quand l’Eglise perd son âme »), les accusations proférées dans cette vidéo sont un ramassis de clichés faciles. Je dénonce donc cette attaque informatique, qui – même si elle n’est pas physique – n’en reste pas moins une forme de violence à l’encontre de l’Eglise catholique.

Cependant, c’est un autre aspect de cette histoire qui me pose question. En s’en prenant à une institution avant tout religieuse et non plus uniquement à des pouvoirs politiques ou économiques,  Anonymous rend son masque encore un peu plus opaque. S’agit-il d’une mauvaise blague de potache, sorte d’« entartage informatique » du Vatican, ou bien le mouvement des indignés du Web est-il en train de muter ? Le risque n’est, en effet, pas illusoire de voir la composante la plus radicale de ces Robins des Bois de l’ère numérique se transformer insidieusement en nouvelle internationale de l’anarchisme. Or, l’histoire enseigne que – au fur et à mesure que se durcit leur militance – les mouvements anarchiques ont une propension à véhiculer une violence diffuse et polymorphe envers tout corps institué. Après les Eglises, pourrait alors venir le tour du monde médical, scolaire, médiatique,… Et cela, n’est pas sans danger pour la démocratie : ces institutions sont loin d’être au-dessus de tout reproche – elles sont à l’image de l’humanité – mais sans elles aucune société ne peut se maintenir dans la durée.

Terroriste Anonymous ? Il ne s’agit heureusement pas (encore) de cela, mais le mouvement pourrait se travestir en nébuleuse menaçante et potentiellement récupérée par tous ceux qui ont intérêt à affaiblir les démocraties occidentales. Cruel paradoxe – si les justiciers masqués n’y prennent garde, ils pourraient se transformer en réalité qui musèle la libre expression – cette valeur dont ils se voulaient initialement les plus ardents défenseurs.

Foire du livre : dix livres fondateurs…

Je l’avais annoncé sur ce blog – ce dimanche 4 mars à 17h, je débattais à la foire du livre de Bruxelles avec Hervé Hasquin sur le thème : « Franc-Maçonnerie et Eglise catholique: ennemis ou alliés face à la démocratie »? Il y avait la foule des grands jours au stand du « Soir ». J’espère que c’était aussi pour nous, mais sans doute également un peu parce que Christophe Deborsu et Bert Kruismans nous précédaient et surtout parce que Mgr Léonard suivait face à Denis Ducarme (MR), Georges Lallemand (CDH), Karin Lalieux (PS) et Philippe Lamberts Ecolo) – débat animé par Jean-Jacques Durré (Médias Catho, organisateur de l’événement), Christian Laporte (La Libre) et Ricardo Gutierrez (le Soir). Ce fut d’ailleurs une belle marque d’intérêt et de simplicité de la part de l’archevêque de venir assister à notre débat comme simple spectateur – avant de monter à son tour dans l’arène. Le débat avec Hervé Hasquin fut comme chaque fois courtois, passionné et… trop court (nous sommes tous les deux redoutablement intarissables une fois sur l’estrade :-)).

Le lendemain, lundi 5 mars, j’étais invité à participer à un débat bien différent à la même foire du livre. Amnesty international organisait différentes rencontres entre deux acteurs de la vie civile, avec pour thème : les 10 livres qui ont fondé vos valeurs. Cela était programmé juste avant la clôture de la foire. Je croisais mes lectures avec le laïque Paul Danblon, sous la modération de Jean-Jacques Jespers (professeur de journalisme ULB). Au milieu d’exposants qui commençaient à faire leurs caisses, nous avons donc commencé à parler devant une petite dizaine de personnes. Heureusement, l’assistance gonfla et nous avons passé la dernière animation de la foire du livre 2012 dans une excellente ambiance et devant un honorable public. Paul Danblon fut – comme à son habitude – charmant et intelligent et Jean-Jacques Jespers tint brillamment son rôle (pour un ancien présentateur-vedette de JT, qui en douterait ?)

Voici donc – par ordre vaguement chronologique de lecture – les 10 livres que j’ai présentés, car ils ont forgé les valeurs qui me font vivre:

  1. Depuis ma plus tendre enfance : la Bible, évidemment – parce qu’elle parle dès ses premières pages des « hommes et femmes créés à l’image de Dieu » (Genèse 1, 27) et qu’elle précise que « la vie est la lumière des hommes » (Prologue de S. Jean 1, 4) Et puis, aussi pour cette parole du Christ (Matthieu 25, 31-40): «Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire (…) ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’ Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’ Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’ » Ou encore (Matthieu 5, 43-45) : « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. Alors vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.».
  2. Depuis mon enfance : Le Petit Prince de Saint-Exupéry. Ce livre subit le même sort que les « Quatre Saisons » de Vivaldi : à force de trop l’entendre… Cependant, il s’agit de le relire tous les 10 ans, afin de se prémunir contre la vieillesse spirituelle – celle des « grandes personnes ». « Si vous ne devenez pas comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Matthieu 1, 3)
  3. Durant mon adolescence : Le Royaume près de la Mer de Jean-Claude Alain. Ce bouquin faisait partie des livres de jeunesse (genre littérature scoute), qui me venaient de la bibliothèque de ma mère. Ecrit fin des années 50 en pleine guerre froide, celui-ci était différent. Il racontait l’amitié improbable entre un jeune bourgeois catho et un jeune communiste militant. A la fin, le communiste meurt lors d’une grève et – par fidélité – son ami choisit d’embrasser la condition ouvrière. Récit naïf sans doute, mais décapant. Avec cette préface de l’auteur: « Il est impossible que tu ne sois un jour placé dans l’axe éblouissant de la Vérité. Ceinture-toi alors à elle, pour ne pas la perdre et vivre dans la médiocrité. Ce qui est beau avec la vérité est qu’elle est éblouissante, mais ce n’est qu’un éclair ».
  4. A la fin de mes études secondaires dans un collège international au Pays de Galles : Small is beautiful de Ernst-Friedrich (Fritz) Schumacher. Ecrit en 1973, ce livre annonce la sortie du gigantisme industriel des 30 glorieuses et la prise de conscience écologique. Ainsi : « le pétrole n’est pas une ressource naturelle infinie, mais un capital non-renouvelable ». Son sous-titre “ A Study Of Economics As If People Mattered” n’a décidément rien perdu de son actualité.
  5. Durant mes études universitaires : Les Frères Karamazov de Dostoïevski. Surtout pour sa légende du Grand Inquisiteur, un des sommets de la littérature chrétienne : A Séville au XVIe siècle – en pleine terreur de l’inquisition – le Christ revient parmi les hommes. Il fait des guérisons et est reconnu par la foule, mais le Grand Inquisiteur – austère vieillard – le fait arrêter. La nuit tombée, il va visiter son prisonnier et lui dit qu’il sait fort bien qui Il est. Il lui reproche alors d’avoir voulu apporter la liberté et lui démontre que les hommes ne la méritent pas et ne la veulent pas. Ils veulent être rassasiés (de pain et de miracles), rassurés (par le mystère), conduits (avec autorité). Le Christ se tait et – pour toute réponse – lui offrira un baiser, en mémoire du baiser de Judas.
  6. A mon entrée au séminaire : Mémoire d’une âme de Ste Thérèse de Lisieux. La petite religieuse normande écrit dans une style à l’eau de rose bien de son époque, mais le fond de sa pensée ramène aux sources du christianisme : Dieu ne se gagne pas à force d’efforts et bonne œuvres. Son amour est donné… gratuit. Celui qui l’accueille en est transformé.
  7. Comme jeune prêtre : Lettre aux Anglais de Georges Bernanos : écrite en 40 depuis son exil brésilien, ce chrétien conservateur crucifie la lâcheté bien-pensante du régime de Vichy et ce Français viscéral, loue la résistance d’Albion.
  8. Il y a plusieurs années : The second World War de Winston Churchill – parce qu’il est un récit de résistance héroïque. J’ai toujours été fasciné par l’implosion molle des démocraties dans les années ’30 et par la résistance héroïque – seuls contre tous – des Britanniques en ’40. A l’heure où tant d’hommes firent naufrage face à la Bête, un vieux lion se dressa et promit à son peuple « sang, labeur, larmes et sueur ». Le 18 juin ’40, alors que la BBC offrait ses antennes pour relayer l’appel à la résistance d’un général français encore obscur, une voix grave accompagnée d’un léger zézaiement s’élève dans la chambre des Communes. Le  Premier ministre britannique se doit de convaincre son peuple de combattre – seul – contre l’ennemi victorieux : « De cette bataille dépend le sort de la civilisation. […] Hitler sait qu’il devra nous vaincre dans notre île ou perdre la guerre. Si nous parvenons à lui tenir tête, toute l’Europe pourra être libérée et le monde s’élèvera vers de vastes horizons ensoleillés. Mais si nous succombons, alors le monde entier, y compris les États-Unis, et tout ce que nous avons connu, aimé, sombrera dans les abîmes d’un nouvel âge des ténèbres, rendu plus sinistre et peut-être plus durable par les lumières d’une science pervertie… ». Aux heures les plus sombres, pareille détermination transforma cette résistance en ‘heure la plus belle’ (‘finest hour’).
  9. Par la suite: Nemesis et Hubris, les  deux tomes de la formidable biographie d’Hitler rédigée par le britannique Ian Kershaw. Parce qu’elle démontre que l’horreur naît de l’ordinaire. Hitler, c’est d’abord une personnalité assez banale – voire médiocre – mais avec quelques traits de caractère exceptionnels, tel son art oratoire. Petit à petit, le délire s’installe et devient raison d’état. Et pourtant, l’homme n’en demeure pas moins jusque 1943, le chef d’état le plus populaire de l’histoire d’Allemagne. Comme quoi la Bête sommeille en chacun de nous d’un sommeil plutôt léger.
  10. Juste après la sortie du premier film de la trilogie : Le Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien. Le fan d’Harry Potter que je suis, a voulu lire ce récit fondateur du genre heroic fantasy avant d’aller au cinéma. Durant des vacances, j’ai dévoré les trois tomes en m’étonnant de trouver là un des plus grands ouvrages de théologie chrétienne du XXe siècle. Ce n’est que par après que j’ai appris que Tolkien était un fervent catholique et ne faisait pas mystère de la visée religieuse de son œuvre: L’Anneau du pouvoir absolu a été retrouvé. Fabriqué quelques millénaires plus tôt par Sauron, maître des ténèbres, il lui assura la domination sur toute créature jusqu’au jour où le roi Isildur réussit à le lui arracher. Mais les hommes sont faibles et le roi succomba aux charmes de l’Anneau. Au lieu de le détruire dans les gorges de la montagne de feu, il voulut le garder pour lui et périt dans une embuscade tendue par d’autres qui convoitaient un tel trésor. Lors de l’attaque surprise, l’Anneau tomba dans les gorges d’un fleuve profond et disparu. Ainsi se fit-il oublier. Le monde en perdit la mémoire et – privé de tout pouvoir – le maître des ténèbres lui-même devint une légende. Un beau jour pourtant, l’Anneau fut retrouvé par hasard et sa présence maléfique réveilla l’œil noir de Sauron. Fort heureusement, le bijou était tombé entre les mains d’une créature naturellement dépourvue d’ambition, un hobbit, sorte de demi-homme aux mœurs  agraires. C’est ainsi que le jeune hobbit Frodo devint le porteur de l’anneau, escorté pour sa sécurité par l’élite des guerriers – elfes, sorciers, hommes et nains – ceux qu’on appelle « les compagnons de l’anneau ». Au sein de ce groupe, l’orage gronde en permanence, car l’anneau attire la convoitise. La tentation est grande pour ces hommes valeureux de s’en emparer en vue de vaincre Sauron une fois pour toute. La sagesse du sorcier Gandalf, démasque un tel piège. Si une créature de lumière devenait à son tour Seigneur de l’Anneau, ce serait une calamité plus grande encore que la victoire finale de Sauron. En effet, cela signifierait que le Bien s’est laissé corrompre par l’Anneau du pouvoir. Un Seigneur de lumière serait un tyran bien plus terrible que le maître des ténèbres, car il ferait le bien de ses sujets malgré eux. Avec lui, le Bien deviendrait esclave de l’Anneau du pouvoir et sous le masque de la Vertu, c’est l’Anneau qui se soumettrait jusqu’aux forces de lumière. Non – clame Gandalf – l’Anneau doit être détruit. De par l’humilité de sa condition naturelle et grâce à la pureté de ses intentions, seul Frodo le Hobbit peut en avoir la garde sans être totalement dévoré par son pouvoir de séduction. Il reçoit pour mission suicidaire de se rendre aux gorges de la montagne de feu située au cœur même du royaume de Sauron afin d’y détruire l’Anneau. Frodo accepte cette folie, bien conscient que, ce faisant, il marche vers le sacrifice…

 

Blog: bilan du mois de février

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées. La fréquentation baissa durant les vacances, car le blog – aussi – pris du repos. Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. En décembre, 3203 visites pour 4754 pages visionnées. En janvier, 3143 visites pour 4815 pages visionnées. En février, cela donne 3709 visites pour 5501 pages visionnées. Bref, cela représente une augmentation de près de 15% par rapport au mois dernier. Le blog retrouve son niveau de juin 2011, malgré le fait que le rythme de renouvellement quotidien a été remplacé par deux à trois articles par semaine (par manque de temps). Cela signifie que le lectorat par article augmente. J’en suis honoré.

Le lectorat reste majoritairement belge (3253 visites). La France suit avec 260 visites. Vient ensuite le Royaume-Uni avec 24 visites. L’article le plus fréquenté est « Cher Saint Valentin » avec 786 visites. Vient ensuite « Chahut peu catholique à l’ULB » du 10 févier avec 463 visites, suivi de « Chahut peu catholique à l’ULB » du 11 févier avec 360 visites et le post en néerlandais « Ghost, de junkie Jezus clip van dEUS » avec 354 visites et une flatteuse couverture par la presse du nord du pays. Une fois de plus, la polémique fait recette…, mais c’est l’amour qui l’emporte avec la Saint Valentin !

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain

 

 

 

« Plus blanc que blanc » – 2e dimanche de Carême, Année B

« Il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille » (Marc 9, 2-10)

Transfiguration – c’est le contraire de défiguration. Le péché, le mal, la souffrance,… –défigurent. Pour comprendre, il suffit d’observer les « tronches » de personnes qui sont submergées par la haine.  L’amour, le pardon, la bienveillance,… – transfigurent. Regardez une photo de Mère Térésa de Calcutta : son regard est comme un brasier qui nous révèle le meilleur de nous-mêmes.

La transfiguration de Jésus sur la montagne, c’est l’expérience de l’infinie puissance d’amour de Dieu qui s’exprime à travers Lui. Difficile de décrire ce que les trois apôtres ont vu, mais ils ont ressenti leur Maître comme « plus blanc que blanc » – et ce n’était pas dû à quelques poudres à lessiver miracles – avec à ses côtés Moïse, qui donna la loi, et Elie, modèle des prophètes. Pierre, Jacques et Jean pressentent donc que le Christ récapitule la loi et les prophètes et donc toute l’histoire sainte d’Israël. Ils ont envie de rester dans cet état de béatitude : « dressons trois tentes », dit Pierre. Mais non, il faut redescendre de la montagne et poursuivre sa route. Une expérience de transfiguration est faite pour nous nourrir spirituellement et nous fortifier. Pas pour nous retirer du monde.

Jour bissextile

Cela reste pour moi une source d’étonnement : alors que notre calendrier foisonne de commémorations en tous genres – de la fête des amoureux et des secrétaires, en passant par le jour des grands-parents – rien n’est prévu pour marquer d’une pierre blanche le 29 février. Pourtant, si une date mérite d’être soulignée, c’est bien celle du jour bissextile – qui n’advient que toutes les quatre années… voire tous les 28 ans (pour retrouver un 29 février qui tombe un mercredi). Commémorer – me direz-vous – c’est bien gentil, mais commémorer quoi ? Je vous partage deux petites idées…

Hypothèse soft : le jour bissextile ne revient que tous les quatre ans. Plus que toute autre date, il souligne donc le temps qui passe et pourrait devenir le jour du bilan de vie. Ce serait une journée où chacun serait invité à s’arrêter une heure devant un sablier, histoire de méditer sur la brièveté de l’existence, afin de faire le point sur l’état de sa vie et sur ce qui mériterait d’être amélioré d’ici le prochain 29 février.
Hypothèse hard : le jour bissextile est offert en surplus au calendrier. Il pourrait donc devenir le jour de la gratuité. Chaque 29 février, le bénéfice du jour des entreprises, banques et commerces serait reversé intégralement à une bonne œuvre et les élèves de tous âges se consacreraient à une journée de bénévolat.

Doux rêve que tout cela ? Qui sait, un jour… Bien des choses peuvent changer en 4 années et davantage encore en 28.

 

Démocratie et usage de la raison…

Un de mes correspondants sur Twitter m’envoie la traduction anglaise d’un article du magazine allemand Der Spiegel. Son contenu mérite qu’on s’y arrête. Il parle de ces musulmans allemands de 2° et 3° génération, séduits par la prédication de jeunes imams salafistes.
Extraits de l’article : Alors que les mosquées « ordinaires » rencontrent en Allemagne une désaffection de la part de la jeunesse assez similaire à celle que connaissent les églises catholiques et protestantes, de jeunes imams charismatiques apparaissent et touchent les générations montantes. Ils ne prêchent pas un islam violent, mais n’en propagent pas moins une critique radicale de la culture occidentale et de son hédonisme individualiste. Ils lui opposent la stricte obéissance à la volonté divine. « Même si Allah te dit de passer toute ta vie avec une jambe contre un mur, tu le feras – car il est ton Dieu », enseigne un de ces imams. Pareil message plaît à nombre de jeunes, car il clair et simple – ce qui est confortable.

Obtenir des réponses toutes-faites, afin de ne plus devoir se poser de questions – telle est une des tentations récurrentes de l’esprit humain. Cela explique le succès des sectes – parfois même auprès des élites intellectuelles – mais aussi l’attrait pour le fondamentalisme. On retrouve cela dans les milices de jeunes fanatisés par les régimes totalitaires, comme chez les intégristes de tous poils.
Notons que le phénomène se rencontre également parmi nombre d’occidentaux qui se disent « libérés », mais vivent engoncés dans une moite paresse intellectuelle. Combien de fois n’ai-je pas eu comme réponse « mantra », alors que j’expliquais la vision catholique sur l’avortement : « Ce que tu dis ne tient pas la route : on vit tout de même au XXIe siècle ! » Cela signifiait pour eux : échec et mat, fin de discussion. Eh bien, non. Une discussion ne se termine pas ainsi. Oui, on vit au XXIe siècle, mais cela n’empêche pas de se poser des questions et d’être critique. Cela n’interdit pas de remettre en cause l’économie-casino, la surconsommation, ainsi que plusieurs enjeux bioéthiques. Bref, cela n’empêche pas de se creuser les méninges et d’ouvrir un débat.

Aristote enseignait : « l’homme est un animal politique, parce que l’homme est un animal qui parle selon la logique». Sans raisonnement, pas de dialogue, pas de débat. Bref, pas de démocratie. Dans une société insécurisée, où les fondamentalismes séduisent, tous ceux qui croient au bienfait de l’usage de la raison – et donc du débat démocratique au nom du raisonnement – sont appelés à unir leurs forces pour défendre les acquis politiques du régime de la libre-expression. En cela, je pense que l’Eglise catholique avec sa longue tradition philosophique et les francs-maçons sont des alliés objectifs – malgré leur vieux contentieux, que je ne cherche pas à minimiser. D’où l’importance d’éduquer les jeunes générations à l’usage de la raison. Apprenons-leur que la peur fait partie de la vie, mais que celui qui sacrifie son intelligence au profit du fondamentalisme devient esclave de cette peur.
Dans le prolongement de son livre « Les Catholiques belges et la Franc-maçonnerie » (Avant-Propos 2012) et de mon essai « Credo politique » (Fidélité/Avant-Propos, 2011), c’est le sujet que je souhaite aborder dans mon dialogue avec Hervé Hasquin à la Foire du livre de Bruxelles, ce dimanche 4 mars à 17h. Tous ceux qui veulent poursuivre pareil débat avec nous, sont les bienvenus.

 

 

 

« Bas les masques » – 1er dimanche de Carême, Année B

« L’esprit Le pousse au désert. Et dans le désert Il resta quarante jours, tenté par Satan » (Marc 1, 12-15)

Le Carnaval est le temps des masques. Chacun se moque gentiment de la condition humaine qui nous fait si souvent jouer la comédie : farce trompeuse des séductions de l’avoir, du pouvoir ou du valoir. Le Carême est le temps du désert. Lieu où sont démasqués Satan et ses tentations. Là, l’Esprit murmure Sa Parole à notre âme. Pendant quarante jours, Il nous invite à nous libérer de tous ces masques qui nous collent à la peau et nous étouffent. Afin qu’apparaisse enfin notre vrai visage : celui d’enfant du Père, appelé à la ressemblance du Christ.

Chahut peu catholique à l’ULB (encore) – chronique parue dans l’hebdo « Dimanche » du 26 février

L’hebdomadaire catholique « Dimanche » me demande chaque mois une chronique, intitulée « état d’âme ». Ma contribution de cette semaine revient sur l’affaire « chahut à l’ULB » – déjà évoquée à deux reprises dans ce blog. Mon propos n’est pas tant de stigmatiser qui que ce soit. Le « chahuteur » a d’ailleurs pu s’expliquer dans les colonnes du quotidien « le Soir » de samedi dernier. En démocratie, le fait que son chahut ait empêché d’autres paroles,  ne signifie en effet pas qu’il ne puisse à son tour s’exprimer. Mon propos est plutôt de replacer cet incident regrettable dans un contexte plus large en ce début de XXIe siècle. Voici donc le texte de ma chronique:

Caroline Fourest, c’est un peu la Nadia Geerts française : une jeune femme courageuse, intelligente et très, très, très… très laïque. C’est pourtant elle qui fut chahutée à l’ULB alors qu’elle était invitée à débattre en compagnie d’Hervé Hasquin sur l’extrême-droite. Si je suis loin de partager toutes les idées de Madame Fourest, je ne puis que regretter et dénoncer cet incident. La vie du parlement le prouve, une démocratie ne fleurit que sur la confrontation entre adversaires idéologiques – unis par une même confiance en la raison et donc croyant en la vertu du dialogue, même musclé. En empêchant Madame Fourest de s’exprimer ce soir-là, c’est quelque chose de cette société à visage découvert qui fut sali au cœur même de l’ULB. C’est un comble : si les pourfendeurs du voile (ce que Caroline Fourest n’est que partiellement) ne sont plus admis à prendre la parole dans une université où il fait bon chanter « à bas la calotte »… il y aurait vraiment de quoi perdre son latin.

Caroline-la-laïque chahutée à l’ULB, cela évoque en moi – comme en écho – un autre incident. Il y a quelques mois, Mgr Léonard fut entartré par trois fois à l’UCL, alors qu’il y donnait également une conférence. Tout comme Madame Fourest, d’aucuns ont voulu empêcher l’archevêque de s’exprimer. En quelque sorte, chacun des deux fut boycotté par une frange minime de membres de « son » université. Par-delà l’anecdote, ce double incident illustre la crise d’identité que traverse le monde intellectuel occidental. Alors que l’UCL n’accueille plus qu’une minorité d’étudiants se déclarant catholiques – ce qui la pousse à repenser son caractère confessionnel – l’ULB est devenue l’université qui compte le plus de filles voilées en son sein – ce qui la contraint à se reposer la question du contour et des limites du libre-examen. Il est donc bien fini le temps des paisibles certitudes qui dessinaient une claire frontière entre le pilier catho et son rival laïque. Pour le meilleur et pour le pire, bienvenu au XXIe siècle…