Déprime des Belges : et la spiritualité ?

Des chercheurs se sont penchés sur l’état de bien-être psychologique de la population en Belgique francophone pour le compte de Solidaris (Mutualité socialiste). La RTBF et Le Soir publient en ce jour les résultats de cette étude. Les réponses des sondés indiquent que le moral des Belges francophones est en berne et que notre société est de plus en plus anxiogène. Et cela s’aggrave depuis 5 ans, selon les auteurs de l’étude. Mis à part la crise économique, d’autres sujets angoissent: l’avenir des enfants, celui des parents ou encore la capacité de la politique à nous tirer de là… Résultat seul un Belge francophone sur quatre échappe à la déprime, et un sur dix exprime un profond mal-être permanent. De plus, 8% ont déjà tenté de se suicider.

Solidaris a intelligemment analysé toutes les causes économiques, psychologiques, sociologiques et politiques du malaise. Tout cela est cruellement vrai, mais le déficit de spiritualité me semble par trop oublié. Une saine sécularisation organise au mieux la cohabitation pacifique entre citoyens de toutes convictions philosophiques, à condition de ne pas remplacer le divin par la seule prospérité matérielle. La bourse est trop souvent devenue le nouveau temple au cœur de la cité, dont les marchés sont les divinités. Ceci fonctionna plutôt bien pendant quelques générations, mais ne peut se maintenir à long terme. Une société principalement fondée sur le matérialisme n’est pas féconde. Au bout de trois générations, elle s’essouffle, avant d’imploser.  Comment, dès lors, s’étonner que les fondamentalismes et leurs recettes de salut prêt-à-penser, prolifèrent sous nos contrées libérées ? Les rangs de Sharia4Belgium sont nourris de jeunes occidentaux. Leur logique est diablement efficace en capitalisant sur l’angoisse existentielle et le repli identitaire.

Quelle réaction avoir ? Comme développé dans mon essai « Credo politique » (éditions Avant-Propos/Fidélité), je plaide pour un « nouveau contrat social » qui éveille davantage nos sociétés sécularisées à la spiritualité – dimension de l’existence à enseigner dans toutes les écoles du Royaume. La spiritualité n’a rien à voir l’opium du peuple, tant décrié par les Marxistes. Une culture spirituelle offre, au contraire, une colonne vertébrale pour affronter la vie avec confiance et lucidité. Son regard invite chacun – croyants, agnostiques ou athées – à se donner une grammaire existentielle qui offre un sens profane à la vie. La culture matérialiste enjoint à nos contemporains d’être heureux à tout prix, ici et maintenant. Le regard spirituel corrige et complète : « Ca ne marche pas comme ça. Vis généreusement ce que l’existence t’offre, y compris les inévitables frustrations, épreuves et souffrances. Alors, le bonheur suivra tes pas comme un chien fidèle. C’est en te retournant et en contemplant le tracé de ta vie que tu pourras te dire que, même si ton parcours n’est pas un sans-faute et qu’aujourd’hui encore tout est loin d’être parfait, :  « Oui, je suis heureux. » »

4 réflexions sur « Déprime des Belges : et la spiritualité ? »

  1. http://topchretien.jesus.net/topmessages/view/1231/brebis-sans-berger.html

    (extrait) :
    « Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu’elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n’ont point de berger. » (Matt. 9.36)

    Jésus sent son cœur se serrer devant l’immense besoin de tous ces gens devant lui. Il perçoit cette foule comme languissante et abattue. Pourtant aucun signe extérieur ne la distingue du commun des mortels. Il voit ces gens comme des brebis sans berger. Il sait que les brebis ont besoin d’un berger, car le berger signifie pour elles la sécurité, la nourriture et le repos assurés. Bien sûr, Jésus ne pense pas à leur situation matérielle, mais à leur état spirituel. N’a-t-il pas déclaré être le Bon Berger, venu pour que les brebis aient la vie et qu’elles soient dans l’abondance ? N’a-t-il pas évoqué le voleur qui ne vient que pour dérober, égorger et détruire les brebis, ainsi que le loup qui les ravit et les disperse ? (Jn. 10.10-18)

    Jésus, le Bon Berger venu donner sa vie pour sauver les brebis, sait bien que Satan, l’Ennemi, fait de terribles ravages parmi les hommes, et que lui seul, le Fils de Dieu, a le pouvoir de les délivrer des liens du péché qui les rend languissants et abattus. C’est aussi lui qui dira :

    « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. » (Jn. 10.27-28).

  2. Tout à fait d’accord…
    Pour être passé moi-même par une longue période de profonde dépression, et venant d’apprendre, aujourd’hui même, avec une grande tristesse, le suicide d’une connaissance, je voudrais ici offrir un message d’espérance à toutes celles et ceux qui souffrent actuellement de dépression, et qui seraient tentés de poser un geste ultime de désespoir : vous pouvez vous en sortir! Sur mon site internet http://www.joiepascale.net , dans la partie intitulée « A toi qui désespères – Quelques chemins de vie », je partage mon témoignage personnel et propose quelques pistes pour découvrir la liberté intérieure et la joie de vivre. Avec tous mes encouragements et l’assurance de mes prières pour celles et ceux qui connaissent aujourd’hui cette dure épreuve de la dépression.

  3. Le double commandement proposé par Jésus me paraît valable pour chacun, comme question. Comment nous situons-nous devant la possibilité d’autre chose que le visible? Pourquoi s’intéresser aux autres? Je n’ai jamais répondu vraiment à ces deux questions mais elles m’ont toujours accompagné. La première s’est résolue en un pari, comme devant la porte du tombeau vide. La seconde m’a conduit à vouloir ne pas étouffer en ramenant tout à moi. Bonne chance à chacun/e.

  4. Rien de neuf en soi car de nombreuses civilisations (même religieuses) sont déjà passées par là… Cette fois-ci, les médias, la communication permanente, amplifient ces messages négatifs ce qui finit par entamer notre moral.

    Ces crises ont été analysées par Edgar Morin, qui écrit « Le probable est la désintégration. L’improbable mais possible est la métamorphose ». Pour ce philosophe juif qui se dit athée, « L’idée de métamorphose, plus riche que l’idée de révolution, en garde la radicalité transformatrice, mais la lie à la conservation (de la vie, de l’héritage des cultures)… l’Histoire humaine a souvent changé de voie. Tout commence, toujours, par une innovation, un nouveau message déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains ».

    Il faut donc continuer à espérer car nous voyons déjà « sur tous les continents, un bouillonnement créatif, une multitude d’initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie ». Ces voies sont certes ambivalentes car il « faut à la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper ».

    Les principes d’espérance sont liés « au surgissement de l’improbable, aux vertus créatrices inhérentes à l’humanité et à l’aspiration multimillénaire de l’humanité à l’harmonie ».

    Et à Edgar de conclure: « L’espérance vraie sait qu’elle n’est pas certitude. C’est l’espérance non pas au meilleur des mondes, mais en un monde meilleur. L’origine est devant nous, disait Heidegger. La métamorphose serait effectivement une nouvelle origine. »

    Edifiant…

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