« Fiat ! » – 4e Dimanche de l’Avent, Année B

« Que tout se passe pour moi selon ta parole » (Luc 1, 26-38)

Les deuxième et troisième dimanches de l’Avent, Jean le Baptiste est le personnage au centre des passages d’Evangile, lus au cours des eucharisties dominicales. Le quatrième et dernier dimanche avant la Nativité, il s’agit de Notre-Dame. Pour expliquer la place de Marie dans l’histoire du salut, prenons un exemple : seul l’eau peut désaltérer, mais sans un réceptacle (bouteille, verre, mains,…), impossible de boire. Il en va de même pour l’œuvre de Dieu : seul l’Esprit de Dieu régénère le monde, mais comment pourrait-il le faire si personne ne lui ouvre son cœur ? Et comment l’Esprit pourrait-il totalement se donner, si quelqu’un ne l’accueille pas en plénitude et sans aucune réserve mentale ou arrière-pensée? Hélas – de par le péché – le « oui » des hommes est bien fragile : si souvent, nous disons « oui, mais… », « oui, sauf si… », « oui, à moins que… », « oui, à condition que… ».  Rien de tel chez Marie. Le « oui » de la Vierge de Nazareth est libre, clair et limpide. Il ouvre grand les portes à l’Esprit de Dieu. « Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu ». Alors la Vierge dit : « Fiat ! Je suis la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole. »

« Bonjour, tristesse » – 3e dimanche de l’Avent, Année B

« Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas » (Jean, 1, 6-8, 19-28)

Le troisième dimanche de l’Avent, est surnommé Gaudete – ce qui signifie en latin « dimanche de la joie ». N’est-il pas curieux de constater que, malgré l’augmentation du niveau de vie de nos populations, ce soit souvent la tristesse qui domine sur nos places et dans nos chaumières?

Un effet de cette crise économique – qui engendre l’actuelle grogne sociale ? Pour ceux qui manquent de tout – la joie avec un corps froid et un ventre vide, n’est pas évidente. Voilà pourquoi, nous aurons ce dimanche l’occasion de nous montrer doublement généreux, au cours de la collecte de solidarité de l’Avent. Un peu de nos économies peut signifier beaucoup pour ceux qui – au milieu de nous – n’ont plus rien.

Cependant, si un minimum d’aisance matérielle octroie dignité et sécurité, la richesse ne procure pas la joie. Notre société matérialiste est habitée d’une tristesse diffuse et permanente. Ce qui manque ? L’Amour.  « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan – publié en 1954 – exprime assez bien ce sentiment de vide.

« Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas », clame le Baptiste. Un Enfant vient à Noël. Il porte la joie au monde. Pas la joie fugace des séductions ou bulles de champagne, mais la joie profonde d’un Dieu qui – de son regard – nous révèle que nous sommes aimés – inconditionnellement.      

« Non, ce n’est pas le père fouettard » – 2e dimanche de l’Avent, Année B

« A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur » (Marc 1, 1-8)

Quel est cet étrange compagnon du 2e dimanche de l’Avent ? Il habite dans le désert et est habillé d’une tunique de chameau. Vu son apparence austère et le temps du calendrier, certains enfants croiront peut-être qu’il s’agit du père fouettard. Mais non. Cet homme ne vient pas départager les gamins sages de ceux qui sont… un peu moins sages. Sa parole rugueuse s’adresse à tous. Qui donc est ce type bizarre qui baptise dans le Jourdain ? Il est une voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ! » Le temps de l’Avent c’est justement cela… Dans le désert spirituel de nos villes et de nos vies, préparer les chemins du Seigneur. Et nous de répondre à ce drôle de prophète : « Oui mais dis… pas facile, hein ! Tu ne te rends pas compte des obstacles ? Et puis, je ne suis pas un prophète professionnel. De plus, quand je parle de Dieu, on se moque de moi ». Mais nos objections ne déstabilisent pas le Baptiste. Il dit : « Si un obstacle se dresse, aplanissez la route. Ne craignez pas : Vient bientôt un plus grand que moi. Lui baptisera dans l’Esprit Saint ».

Eglises ouvertes… – La Libre p. 49

Ce jeudi 7 décembre est parue ma chronique du mois dans le quotidien La Libre  en p.49

Je l’avais intitulée « Eglises ouvertes », mais elle fut rebaptisée par le journal. Pour lire cette chronique, cliquez sur « Que faire de nos églises? »

Merci à la rédaction de La Libre de m’offrir cet espace d’expression.

 

In memoriam Philippe Maystadt

Une fois encore, me frappe ce que je nomme l’Esprit et que d’autres appellent par divers noms. Cela faisait deux jours que Philippe Maystadt me trottait dans la tête et que je le confiais davantage dans ma prière. Ce matin encore, avant de quitter pour une journée de réunions et rencontres, je me suis dit: « Ce soir, je lui envoie un email pour prendre de ces nouvelles ». Et puis, voilà que la radio qui parle dans ma voiture, m’apprend son décès. Un peu comme si une petite Voix m’avait préparé à ce départ.
Nous n’étions pas intimes, mais cela fait quelques années que j’ai appris à le connaître par la fondation « Ceci n’est pas une crise »  dont il était un des membres fondateurs et qu’il présida un temps: une fondation luttant contre le populisme identitaire, qu’il accompagnait de la sagesse de son jugement. D’autres que moi évoqueront avec plus d’à-propos  son calme et sa ferme douceur pour faire avancer une société démocratique, multiculturelle et européenne. Ce fut, en effet, un authentique humaniste et un excellent analyste économique. 
 
J’avais été touché par le fait qu’il cita dans sa dernière interview à La Libre« l’Urgence humaniste », petit livre que j’ai co-écrit pour la fondation avec mon ami Baudouin Decharneux. Je le cite à la fin de cette interview: 
 
Quel est le sens de la vie ? J’ai longtemps refoulé cette question. Mais à un moment donné, on n’y échappe pas. Dans ses méditations, Descartes dit qu’il a vécu très longtemps en tenant pour vrai ce qui se confond avec son éducation. Mais, dit-il, arrive un moment où l’on remet en question ce qui paraissait une évidence. Cela m’est arrivé. J’ai été confronté à la question de l’acte de foi. Quand la question du sens surgit, ce n’est pas la raison qui donne la réponse. Les progrès de la science ont permis de répondre à certaines questions. Mais la science ne permet pas de dire si Dieu existe ou non.
 

Votre réponse ? Dans leur beau livre « L’urgence humaniste », Eric de Beukelaer et Baudouin Decharneux distinguent trois attitudes fondamentales. Le croyant croit à un sens ultime de la réalité. L’athée croit au non-sens ultime de la réalité. L’agnostique suspend son acte de foi. Je suis devenu agnostique. Ce qui ne veut pas dire que je ne crois en rien.

Donc vous croyez en… En un certain nombre de valeurs morales inspirées de la tradition chrétienne et des Lumières. Je reconnais l’immense apport de la religion chrétienne et le rôle pacificateur qu’elle peut jouer aujourd’hui. Je suis fasciné par une personnalité comme le pape François. Mais je ne peux plus dire qu’il y a un Etre suprême, fondateur. Cela dit, entre ces trois attitudes fondamentales, croyant, athée, agnostique, la ligne de démarcation n’est pas étanche. Il y a plus d’un athée qui est en quête de sens. Il y a plus d’un croyant qui doute quand il voit le non-sens de certaines souffrances. Et l’agnostique peut avoir des actes de foi partiels. Finalement, je crois que chacun fait comme il peut. Chacun cherche son cap, essaie d’ajuster ses voiles.

Depuis quelques mois, la maladie l’empêchait de venir aux réunions de la fondation. Sur conseil de Jean-Pascal Labille, je lui rendai donc visite ce 30 août dernier, à son domicile dans la banlieue de Nivelles. Trois heures durant, nous avons eu un échange riche sur divers sujets. Seulement vers la fin, la religion fut abordée et il m’expliqua que la foi de son enfance s’était graduellement « évaporée » en lui. Cependant, il ne se fermait à rien et rendait grâce pour une vie aussi riche en expériences. Mes derniers mots furent pour lui partager ma conviction que si Dieu ne se rend pas évident, c’est pour laisser l’homme libre. Que l’athée et l’agnostique font donc aussi, quelque part, partie de Sa Providence. Il ne m’a pas répondu et j’ai pris congé.
Depuis, nous avons échangé quelques mails. A l’occasion du décès de, Philippe de Woot, qui faisait partie comme lui de la quatrième classe de l’Académie royale et puis surtout, suite au décès inattendu de la fille de Jean-Pascal Labille.  Avec sa générosité habituelle, il m’écrivit alors: « J’ai beaucoup pensé à Jean-Pascal ces derniers jours. C’est, je crois, la souffrance la plus terrible : la perte d’un enfant. On préfèrerait mourir soi-même. J’espère que Jean-Pascal trouvera le courage nécessaire pour surmonter cette épreuve. ». Dans son dernier mail, datant de début novembre, il m’annonçait la visite de ce dernier: « un geste que j’apprécie particulièrement », ponctua-t-il avec cette sobre élégance morale qui le caractérisait tant.
 
A Dieu donc, Philippe. A ton épouse et à tes enfants, dont tu me parlais avec fierté, je présente ma sympathie et mes condoléances. Tu disais ne pas t’attendre à une vie après la mort. Qui sait? Peut-être que l’expert en prévisions économiques aura eu, cette fois au moins, … une divine surprise. A Dieu donc – et merci.  

« Les sentinelles de la crèche » – 1er dimanche de l’Avent, Année B

«Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !» (Marc 13, 33-37)

Avec le temps de l’Avent, s’ouvre une nouvelle année liturgique : nous quittons l’année durant laquelle l’Evangile selon Saint Matthieu fut lu chaque dimanche à l’église et entrons dans l’année consacrée à Saint Marc. Plus immédiatement, l’Avent est le temps de quatre semaines qui nous prépare à la Nativité. Alors que la devanture de tant de magasins se met aux couleurs de la fête, l’Eglise nous propose de préparer nos cœurs à la venue de l’Enfant de la crèche. Ce serait dommage qu’arrivé le temps de la Messe de minuit, nous nous disions soudainement – comme surpris : « déjà Noël ! » Un mois nous est donné, afin d’apprêter la crèche de nos cœurs à recevoir le Divin Enfant. C’est tout le symbole des couronnes de l’Avent qui ornent nos églises et – je vous y invite – également nos maisons : à chaque semaine, la lumière qui jaillit de la couronne augmente. De même, nous sommes appelés à devenir chaque semaine davantage lumineux de Noël. L’Avent nous invite à nous ressaisir, afin que l’esprit de Noël ne se vive pas qu’une petite journée par an. Alors, soyons des sentinelles de la crèche. Il vient l’Enfant qui porte l’Amour au monde. Ne le ratons pas, parce que notre cœur somnole. «Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !» (Marc 13, 33-37)

Le pardon – suite…

Une autre question surgit des échanges sur ce blog et sur ma page FaceBook: pour pouvoir pardonner, faut-il que le fautif ait demandé pardon?
Pour rétablir la relation à l’autre, c’est évidemment préférable.
Par contre, pour se libérer de la colère qui me ronge, le pardon est un acte personnel, libre, conscient et… solitaire.
Ainsi, on peut pardonner à des parents, morts depuis longtemps. On peut pardonner à un professeur, plus jamais revu, qui nous a fait jadis trembler. Mandela a pardonné au système d’état de son pays, qui ne lui avait pas encore demandé pardon.
Ici, le pardon est un chemin de libération et de vie.
Mais je le répète: personne ne peut prendre ce chemin à notre place.

Le pardon et la vache

Suite à ce que j’ai écrit – il y a quelques jours – sur le pardon, plusieurs lecteurs de ce blog m’ont demandé: « C’est quoi au juste, pardonner? « 
Pardonner – le mot le dit en français – c’est puiser en soi, par-delà le don…. Là où se découvre le « par-don ». Quand l’autre a détruit une part de ma vie, il a rompu avec moi le lien de relation qui est le propre des sociétés humaines. Pardonner, signifie alors: puiser au-delà, pour « gratuitement » réintroduire le fauteur dans la société des hommes. Pardonner ne veut pas dire « oublier ». Le mal est fait et la cicatrice demeure. Et parfois, elle brûle. Mais par mon pardon, l’auteur du mal n’est plus réduit à ce mal. Dans mon coeur, je lui redonne le droit d’être quelqu’un d’autre que celui qui fit mon malheur.
Comme je l’écrivais, le pardon est un chemin que personne ne peut emprunter à ma place. Et qui parfois, prend des années, voire une vie.
Et même si j’arrive à pardonner, l’histoire ne s’arrête pas là. Il suffira d’un mot ou d’une parole, pour que ma blessure se remette à s’infecter. Alors, je dois trouver encore et encore l’énergie de pardonner une fois de plus. Telle la vache, l’homme est un ruminant. Il rumine la vengeance, comme il rumine le pardon. Pardonner à celui qui m’a pourri la vie – c’est pardonner et re-pardonner, autant de fois que nécessaire.
Dans le Notre Père, il est dit: « pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Ce n’est pas un chantage. Dieu pardonne sans condition. Cependant, si je me ferme au pardon à donner, je ne pourrai accueillir le pardon d’En-Haut. Tel le don, le pardon est circulaire. Il est un chemin de vie et de résurrection.
Mais on ne peut tricher avec le pardon. Dire « je te pardonne », alors que tout en moi dit « non », c’est se mentir. Il vaut mieux dire: «  J’espère un jour trouver les ressources nécessaires pour te pardonner ». Et même cela, personne ne peut l’imposer à d’autres. Mandela trouva la force de pardonner à ceux qui l’avaient emprisonné plus d’un tiers de sa vie. Il a fondé l’Afrique du Sud « arc-en-ciel » sur ce pardon. Mais celui dont l’enfant a été assassiné, se trouve face à son impuissance et sa rage devant un avenir éventré. Pour lui, le pardon devient quasiment inhumain. S’il est croyant, je lui suggère de confier cela à la prière. Car rien n’est impossible à Dieu.

Carabine, médias et populisme…

« Dutroux, je me serais acheté une carabine pour l’abattre… » C’est ainsi que le site web d’un organe de presse populaire titre sur un article paru sur mon blog… qui dit le contraire. 

Ce que j’ai écrit à propos de l’affaire Dutroux, c’est: « Il va de soi que le chrétien que je suis prône le pardon pour tous, mais… Le pardon est un chemin intérieur que chacun doit parcourir. Et parfois, cela prend du temps. Des années… Une vie… Une éternité… Pareil chemin, personne ne peut l’imposer à d’autres. Moi, je puis dire: « Je pardonne à Dutroux ». Mais si mes gosses avaient été massacrés par lui, pourrais-je le faire? Je n’en sais rien. Il est possible que, sourd à tous mes principes chrétiens, je me serais acheté une carabine pour l’abattre. Oui – le pardon est un chemin de vie. Mais c’est un rude chemin que seule la victime en souffrance peut parcourir. « 

Bref – si j’ai utilisé la formule choc de la « carabine », ce n’est pas pour en recommander l’usage… Je suis farouchement anti-peine de mort et pour le travail serein de la justice. Ce que j’ai voulu exprimer, c’est que face à une souffrance extrême, chacun de nous peut basculer. Et qu’il est donc trop facile de dire aux parents d’enfants assassinés comment ils doivent réagir ou pardonner. Ce chemin, seuls eux peuvent le parcourir.

Mais le langage médiatique aime forcer la rupture et souligner la formule choc. D’où ce titre « Dutroux, je me serais acheté une carabine pour l’abattre… ». Je connais trop la « loi des médias » pour m’en étonner ou m’en offusquer. Mais je suis aussi un démocrate trop inquiet pour ne pas réagir. 

Le but de mon texte était d’utiliser des formules chocs pour expliquer qu’entre les émotions et les convictions, il y a parfois un profond fossé. Bref, je voulais inviter à la nuance, face aux paradoxes de nos vies humaines. En réécrivant mon propos, ce média risque de me fait dire le contraire, en ramenant tout à une position linéaire: pardonner à Dutroux, ou l’abattre comme un chien? C’est inconsciemment faire le jeu du populisme. En effet, là où le populisme prône une réalité simple et linéaire, la démocratie se fait le chantre de la nuance et de la complexité.

Si, par peur de voir leurs formules fortes « réécrites », les démocrates se contentent d’utiliser un langage peu percutant, seuls les populistes se feront encore entendre dans nos médias. Outre-Atlantique  un président a bien compris cela. Faire droit aux nuances, n’est pas synonyme de devenir ennuyeux ou incompréhensible. Je fais le pari que même un média populaire peut utiliser des formules chocs, sans effacer les nuances, qui sont le propre de la vie et l’esprit de la démocratie. 

La mitre de saint Nicolas – ou comment mettre tout le monde d’accord… contre moi

Petite polémique du moment: les mutualités socialistes (Solidaris) font une opération. « Saint Nicolas » en supprimant la croix de sa mitre, histoire de rendre le saint plus « acceptable » pour des enfants non-chrétiens.
Ma réaction a cette histoire tellement belgo-belge a de quoi faire l’unanimité… contre moi.
1. La croix ne fait pas partie de l’ornement habituel d’une mitre. Il est, en effet, très rare qu’un évêque porte une mitre ornée d’une croix… sauf saint Nicolas. En supprimant la croix, Solidaris est fidèle aux usages liturgiques les plus classiques. Donc les cathos – il n’y a pas là de quoi fouetter un… père fouettard.
2. Néanmoins, la raison de l’action de Solidaris n’est pas liturgique, mais politique: il s’agit pour les mutualités socialistes de ne pas sortir de la « sacro-sainte » laïcité de l’espace public. Ici, je ne puis les suivre. Il y a quelques jours, Eric-Emmanuel Schmitt, de passage dans ma bonne ville de Liège, évoquait la remarque que lui fit jadis une critique littéraire française: « Faites attention, vous pourriez passer pour un auteur chrétien ». Et Schmitt de soupirer: en littérature aujourd’hui, on peut être laïque, cynique, musulman, bouddhiste, etc… Mais « chrétien », cela ne fait pas sérieux pour une certaine intelligentsia. Schmitt a raison. Combien de Belges n‘ont pas du mal à se dire « chrétien » ou « catholique », sauf à rajouter après un « mais »… qui semble les excuser? Evidemment que tout le monde n’est pas chrétien, ou surtout catholique. Evidemment que tous les catholiques ne sont pas d’accord entre eux ou avec le Vatican (pas plus que les laïques, les juifs ou les musulmans le sont entre eux). Mais le catholicisme reste la religion principale du pays et – en bien ou en mal – il a forgé une bonne part de la culture de ce pays. Vouloir gommer cela, est pathétique. Tout comme, il serait ridicule de transformer Ali Baba ou Aladin en Vanderbaba et Waladin pour ne pas choquer les non-musulmans, il est vain de vouloir faire de saint Nicolas, évêque de Myre du IVe siècle… autre chose qu’une figure chrétienne.
3. Attention cependant avec la fête du patron des enfants. Je suis tout à fait partant de faire rêver les petits. A condition de ne pas leur mentir. Le jour où l’enfant demande à ses parents (vers 6, 7 ans, en général): « est-ce vrai que saint Nicolas apporte les cadeaux? », ne lui racontez pas des histoires. Dites que c’est vous. L’enfant n’est pas stupide. S’il intègre le fait que vous ne lui dites pas la vérité, ne vous étonnez pas de le voir à 14-15 ans, vous déclarer que le petite Jésus, c’est comme saint Nicolas… de belles histoires pour faire rêver les enfants. L’éducation à la spiritualité et à la foi passe par la confiance en ceux qui transmettent le message. Si l’enfant se rend compte qu’on lui a raconté des sornettes, il ne dira rien, mais n’oubliera pas. Et un jour, il pourrait bien se méfier de toute forme d’acte de foi, de par l’ombre du sympathique saint Nicolas. Chers parents, soyons francs: en refusant de dire la vérité à votre enfant, à qui faites-vous le plus plaisir? A lui… ou à vous?
Vous n’êtes pas d’accord avec moi? Je vous avais bien dit, que par mon opinion sur la question,  je ferais l’unanimité… contre moi. Vive saint Nicolas! :-)