Petite polémique du moment: les mutualités socialistes (Solidaris) font une opération. « Saint Nicolas » en supprimant la croix de sa mitre, histoire de rendre le saint plus « acceptable » pour des enfants non-chrétiens.
Ma réaction a cette histoire tellement belgo-belge a de quoi faire l’unanimité… contre moi.
1. La croix ne fait pas partie de l’ornement habituel d’une mitre. Il est, en effet, très rare qu’un évêque porte une mitre ornée d’une croix… sauf saint Nicolas. En supprimant la croix, Solidaris est fidèle aux usages liturgiques les plus classiques. Donc les cathos – il n’y a pas là de quoi fouetter un… père fouettard.
2. Néanmoins, la raison de l’action de Solidaris n’est pas liturgique, mais politique: il s’agit pour les mutualités socialistes de ne pas sortir de la « sacro-sainte » laïcité de l’espace public. Ici, je ne puis les suivre. Il y a quelques jours, Eric-Emmanuel Schmitt, de passage dans ma bonne ville de Liège, évoquait la remarque que lui fit jadis une critique littéraire française: « Faites attention, vous pourriez passer pour un auteur chrétien ». Et Schmitt de soupirer: en littérature aujourd’hui, on peut être laïque, cynique, musulman, bouddhiste, etc… Mais « chrétien », cela ne fait pas sérieux pour une certaine intelligentsia. Schmitt a raison. Combien de Belges n‘ont pas du mal à se dire « chrétien » ou « catholique », sauf à rajouter après un « mais »… qui semble les excuser? Evidemment que tout le monde n’est pas chrétien, ou surtout catholique. Evidemment que tous les catholiques ne sont pas d’accord entre eux ou avec le Vatican (pas plus que les laïques, les juifs ou les musulmans le sont entre eux). Mais le catholicisme reste la religion principale du pays et – en bien ou en mal – il a forgé une bonne part de la culture de ce pays. Vouloir gommer cela, est pathétique. Tout comme, il serait ridicule de transformer Ali Baba ou Aladin en Vanderbaba et Waladin pour ne pas choquer les non-musulmans, il est vain de vouloir faire de saint Nicolas, évêque de Myre du IVe siècle… autre chose qu’une figure chrétienne.
3. Attention cependant avec la fête du patron des enfants. Je suis tout à fait partant de faire rêver les petits. A condition de ne pas leur mentir. Le jour où l’enfant demande à ses parents (vers 6, 7 ans, en général): « est-ce vrai que saint Nicolas apporte les cadeaux? », ne lui racontez pas des histoires. Dites que c’est vous. L’enfant n’est pas stupide. S’il intègre le fait que vous ne lui dites pas la vérité, ne vous étonnez pas de le voir à 14-15 ans, vous déclarer que le petite Jésus, c’est comme saint Nicolas… de belles histoires pour faire rêver les enfants. L’éducation à la spiritualité et à la foi passe par la confiance en ceux qui transmettent le message. Si l’enfant se rend compte qu’on lui a raconté des sornettes, il ne dira rien, mais n’oubliera pas. Et un jour, il pourrait bien se méfier de toute forme d’acte de foi, de par l’ombre du sympathique saint Nicolas. Chers parents, soyons francs: en refusant de dire la vérité à votre enfant, à qui faites-vous le plus plaisir? A lui… ou à vous?
Vous n’êtes pas d’accord avec moi? Je vous avais bien dit, que par mon opinion sur la question, je ferais l’unanimité… contre moi. Vive saint Nicolas! :-)