La moisson est abondante…

« La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Luc 10, 2). Tel est l’Evangile de ce dimanche.

Arrivant ce soir à l’église de Spa, je vois une patrouille de scouts en hike (« marche d’exploration »  pour les profanes), qui se repose contre la porte d’entrée du lieu de culte. Ce sont des jeunes « normaux », buvant des limonades et regardant les écrans de leur smartphone. En vieux scout, je m’approche et leur parle. Ils sont vraiment sympas, mais le devoir m’appelle et je vais me vêtir pour l’office. Je reviens ensuite, revêtu de l’aube et de l’étole et échange encore quelques mots avec eux, toujours assis à l’entrée du bâtiment – où rentrent les fidèles. Mais l’heure est là et la Messe commence.

A ma grande surprise,, alors que l’office est déjà entamé, leur CP (« chef de patrouille » – responsable de 16-17 ans) fait signe à sa patrouille d’entrer et ces jeunes assistent à l’office depuis le fond. Ils y resteront jusqu’au’à l’offertoire. Des adolescents qui prennent pareille décision de nos jours, sans ordre de parents ou d’animateurs, ce n’est pas rien. Il va de soi que j’adapte mon homélie aux hôtes du jour, ce qui me vaut des sourires et des regards complices de leur part.

Je pense que nous devrions trouver le moyen de former de jeunes animateurs chrétiens, hommes et femmes, pour assurer le soutien spirituel aux camps de mouvements de jeunes en été. Le nombre de prêtres aumôniers de jeunes est hélas devenu bien insuffisant. Au lieu de se lamenter, envoyons de jeunes apôtres laïcs visiter les camps. Le fait que ma patrouille scoute du jour ne soit restée que pour les lectures et l’homélie, a ravivé en moi le constat que ces jeunes ont faim et soif de la Parole, tout en n’étant pas encore prêts à vivre pleinement les sacrements – qui impliquent une maturité chrétienne plus développée.    

« La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux »…. Rarement un Evangile s’est aussi parfaitement réalisé sous mes yeux reconnaissants et étonnés. « Has been » le Christ et l’Evangile? Pas vraiment – bien au contraire. 

« Jamais seul »– 14° dimanche, Année C

 «Je vous envoie comme des agneaux au milieux des loups». (Luc 10, 1-20)

Jésus envoie ses disciples en mission. Les modalités de celle-ci peuvent – aujourd’hui encore – nous inspirer : Le Maître les envoie par paire de deux. Nous ne sommes jamais chrétiens tous seuls, mais en couple, en famille, en équipe, en unité pastorale, en Eglise. Il leur commande de ne pas s’encombrer de superflu : ni sac, ni sandales,… Celui qui annonce l’Evangile, ne doit pas s’encombrer de formules savantes ou de programmes compliqués. Il s’agit d’annoncer la Bonne Nouvelle – et puis c’est tout.

Et le mot-clef de cette annonce, c’est « la paix soit avec vous ».Si le message est accueilli, le Christ invite à rester. Sinon, ce n’est pas un drame. Dans ce cas, Jésus conseille aux disciples de passer leur chemin, sans se décourager et sans reproches envers ceux qui les rejettent. Il s’agit, en effet, d’être doux comme l’agneau et non pas agressif comme le loup. En effet, ce n’est pas le succès de la pastorale, qui doit nous préoccuper, mais bien de savoir que Dieu veille sur chacun de nous, car nos « noms sont inscrits dans les cieux ».  

Si d’aventure, la mission l’entraine ailleurs, le disciple du Christ garde dans son cœur et sa prière, le visage de ceux qu’il a côtoyés et dont les « noms sont inscrits dans les cieux ».   

La bonne, la brute et les poltrons

A juste titre, les consciences encore quelque peu éveillées sur notre terre, saluent le courage de la capitaine Carola Rackete, qui s’est mise en situation d’illégalité pour mettre en sécurité des migrants épuisés. Croisement moderne de Robin des Bois et de Surcouf, elle a le courage des rebelles et des héroïnes. 

Face à elle, la mâle figure du ministre italien Salvini, fermant ses frontières à la marée de misère qui essaie d’atteindre Lampedusa, fait aisément office de « brute ». 

Mais le portrait ne serait pas complet sans les « poltrons ». Il s’agit… de nous. L’union européenne est incapable de mettre sur pied une politique globale de gestion des migrations sauvages et laisse ses membres frontaliers, dont surtout l’Italie, fort seuls face à l’afflux de personnes à accueillir. Faut-il, dès lors, s’étonner du soutien que le ministre de l’intérieur Salvini obtient parmi sa population? Au lieu de pointer vers la paille dans l’oeil italien, contemplons la poutre dans nos yeux.

Il en va de même pour le Brésil. Chacun a beau jeu (et raison) de réprouver la « brute » présidentielle, qui veut livrer la forêt d’Amazonie aux cupides exploitants. Il n’empêche… Si cette forêt est le poumon du monde, la communauté internationale devrait rémunérer pour le maintien de ce « patrimoine mondial » le pays qui se doit de le préserver comme sanctuaire.

Les « brutes » en ce monde doivent être appelées par leur nom. A condition de ne pas oublier de nommer les « poltrons » que – trop souvent, hélas – nous sommes. 

« Mais… »– 13° dimanche, Année C


 «Jésus prit avec courage la route de Jérusalem». (Luc 9, 51-52)

Avec le début des mois d’été, la société va vivre au ralenti et beaucoup partiront en vacances. Que ce moment de détente et de repos soit aussi pour chacun, un temps d’approfondissement chrétien. Il y a tant de « mais… » qui parasitent notre appel à suivre le Christ. Combien de fois n’entendons-nous pas autour de nous : « Je suis catholique, mais… » ? Un peu comme dans l’évangile de ce dimanche, où de jeunes gens disent au Christ : « Je te suivrai, mais… »

Jésus a pris avec courage la route de Jérusalem et Il pressent quelle sera sa fin. Le Nazaréen n’a donc plus le temps de composer avec tous ces « mais… » et Il y coupe net: « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu ».

Cette attitude résolue n’en fait pas un fanatique religieux, pour la cause. Ainsi, quand Jacques et Jean proposent d’envoyer le feu du ciel sur des Samaritains inhospitaliers, Jésus les reprend vertement. Si le royaume de Dieu est un idéal qui ne s’encombre pas de « mais… », il ne s’accommode pas, non plus, de contrainte. Le royaume de Dieu est un rêve d’amour fou. Chacun est appelé gratuitement à y adhérer. Et le Christ attend de notre part une réponse – résolue certes – mais d’autant plus libre. 

Hommage au cardinal Danneels: les Juifs de Belgique nous font un grand honneur et nous causent un grand bonheur

Ce dimanche après-midi, à la Grande Synagogue de Bruxelles, le Consistoire central Israélite de Belgique a honoré le cardinal Danneels au cours d’une cérémonie empreinte d’émotion et de convivialité. Cet hommage est né à l’initiative de Me Philippe Markeiwicz, président du Consistoire et grand bâtisseur de ponts servant l’Eternel.

Accompagné du baron Julien Klener, son prédécesseur, il accueillit deux ministres d’Etat, plusieurs diplomates, nombre de dignitaires catholiques, dont le cardinal De Kesel et Mgrs Harpigny et Kockerols, mais également des responsables protestants et orthodoxes, ainsi que de hauts responsables de l’Exécutif des Musulmans de Belgique. 

La séance d’hommage commença par une prise de parole de Philippe Markiewicz, suivi du cardinal De Kesel et du Grand Rabbin Guigui. Le tout fut entrecoupé du chant des psaumes et morceaux de musiques.

Je remercie mes amis Juifs, nos frères aînés dans la foi, pour ce moment plein d’émotion et de mutuelle affection. De Là-Haut, le cardinal Danneels doit bien sourire. 

« Dieu nourrit. Et toi ? »– Fête du Corps et du Sang du Christ, Année C

 «Tous mangèrent à leur faim, et l’on ramassa les morceaux qui restaient. ». (Luc 9, 11-17)

La fête du Corps et du Sang du Christ – appelée communément « Fête-Dieu » – est d’origine liégeoise et fut instituée au XIIIe siècle. Comme le rappela le pape Paul VI en 1965 : « elle fut célébrée la première fois au diocèse de Liège, spécialement sous l’influence de la Servante de Dieu, sainteJulienne duMontCornillon, et Notre Prédécesseur Urbain IV l’étendit à l’Eglise universelle »(encyclique Mysterium Fidei n°63). 

Il est intéressant de noter que l’Evangile du dimanche, est le récit de la multiplication des pains, qui nous parle tout à la fois du don de Dieu et de partage humain. En effet, il aura fallu que quelqu’un offre ses 5 pains et deux poissons, pour que le Christ les multiplie et que la foule soit rassasiée. Comme quoi, il ne faut jamais séparer la dimension verticale de l’Eucharistie (le Christ se donne en nourriture) et sa dimension horizontale (l’Eucharistie invite au partage avec les plus démunis). Certains baptisés insistent sur le vertical. D’autres sur l’horizontal. Ces nuances sont humaines. A condition de ne pas oublier qu’il faut les deux dimensions… pour former une croix, symbole des Chrétiens.    

« Trois fois Saint »– Sainte Trinité, Année C

 «  Tout ce qui appartient à mon Père est à Moi ; voilà pourquoi je vous ai dit ; l’Esprit reprend ce qui vient de Moi pour vous le faire connaître ».(Jean 16, 12-15)

La Trinité n’est pas un problème de mathématiques. Pourtant, comme l’amour ne s’additionne pas, mais se multiplie – ne dit-on pas le « Dieu trois fois Saint » ? – chacun peut vérifier que 1 X 1 X 1, cela fait toujours 1. La Trinité : 3 Personnes divines en un seul Dieu. Mais bien plus qu’un problème de mathématique, la Trinité est Mystère d’amour. Le peu que la révélation chrétienne nous ait donné de percevoir de l’infinité de Dieu, est que celui-ci est une éternelle Relation de Don : entre le Père qui est Source de tout Don, le Fils à Qui le Don est destiné et qui le rend au Père dans l’unité de l’Esprit – qui est Don. La Bible nous enseigne que l’homme est créé à l’image de Dieu. Voilà pourquoi nous sommes des êtres relationnels et voilà pourquoi seul le Don de nous-mêmes nous fait rejoindre notre vérité profonde. Devenir disciple du Christ et vivre son baptême, c’est dans l’Esprit s’unir au don du Fils pour devenir enfant du Père.               

« Clarté dans la nuit profonde »– Pentecôte, Année C

« Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en Mon nom, Lui, vous enseignera tout et Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». (Jean 14, 15-26)

Observez la flamme d’une bougie. Elle est si petite et sa lumière est bien fragile. Un rien et elle s’éteint. Et pourtant… Placez-la dans une grande pièce sombre : elle l’illuminera. Ainsi l’Esprit de Pentecôte. Sa présence paraît parfois insignifiante au cœur de nos vies. Mais sa clarté éclaire la nuit la plus sombre. « L’Esprit Saint que le Père enverra en Mon nom, Lui, vous enseignera tout. » Un sourire – à celui qui n’attire jamais l’attention. Un merci – à celle dont le labeur semble une évidence. Un coup de main – à celui qui a déjà baissé les bras. Une écoute – de celle qui n’a rien à dire. Une visite – à celui qui se sent oublié. Un pardon –  à celle qui a tout gâché. Une prière – pour celui qui vient de nous insulter. Une pensée – pour celle qui, depuis longtemps, est décédée. Ainsi l’Esprit.  

Mgr Pierre Warin – Nommé évêque de Namur

En nommant Mgr Pierre Warin pour succéder à Mgr Vancottem, le Pape fait le choix du renouveau dans la continuité. 

Prêtre du diocèse de Liège, Pierre Warin fut président de Séminaire et vicaire épiscopal pour le bien-être des prêtres. A cette époque, j’étais son collaborateur, avant qu’il ne déménage pour le namurois, en tant qu’évêque auxiliaire de Mgr Léonard. Pierre Warin est un homme de prière et d’écoute. Il prend son temps pour mûrir une décision et accueille avec un coeur de bon berger, la diversité des situations, ou la complexité des hommes. 

Le nouvel évêque a 70 ans et n’exercera donc sa charge que quelques années. Cependant, comme il connaît déjà parfaitement son diocèse, il pourra se mettre immédiatement au travail. 

Confions le nouveau pasteur du diocèse de Namur à l’Esprit de Pentecôte, par l’intercession de ND de Beauraing.