« Pas de marketing…» – 17° dimanche, Année B

« Alors, de nouveau, Il se retira tout seul, dans la montagne ». (Jean 6, 1-15)

Ce Jésus n’est vraiment pas doué en matière de marketing… Il vient de faire un coup d’éclat en multipliant les pains. Les foules raffolent et en redemandent. Mieux : elles veulent en faire leur roi. Et lui, au lieu de prendre la balle au bond, que fait-il ? Il se retire, seul, dans la montagne pour prier son Père. Ses disciples – qui n’attendaient que de le voir triompher – n’ont pas dû comprendre.

Et pourtant, si Jésus multiplie les pains, ce n’est pas pour annoncer la fin des famines. L’Evangile n’est pas une assurance de gagner au win-for-life, mais une invitation à prendre le dur chemin de la conversion. La multiplication des pains annonce que le Royaume du Père est source d’abondance spirituelle et de partage fraternel. Mais le cœur humain est lent à comprendre ce que son âme pressent. Quand passe un gourou qui annonce un bonheur aussi trompeur que facile – nous sommes séduits. Tandis que le Verbe de Dieu, que les foules voulaient couronner pour de mauvais motifs, finira couronné d’épines sous les regards amusés.  

« Saint repos » – 16° dimanche, Année B

«Reposez-vous un peu ». (Marc 6, 30-34)

De retour de mission, les apôtres sont fatigués. En bon pédagogue, Jésus les invite à se reposer. Cela n’est pas anodin. Nous vivons dans une société de l’efficacité et du travail. En soi, ce n’est pas mauvais de faire l’éloge de l’effort. A condition, cependant, que la sacro-sainte compétitivité ne devienne pas une religion. Le « toujours plus vite, plus fort et plus intense » ne peut tenir éternellement. Nous ne sommes, ni des surhommes, ni des robots. D’où le besoin de repos, de recul, de vacances. Pas uniquement pour « ne rien faire » ou pour bronzer, mais pour nous oxygéner l’esprit. Afin de faire le point, de creuser en nous-mêmes, voire pour retrouver la source de notre baptême en écoutant davantage l’Esprit.

Les vacances, ce n’est pas forcément partir loin, ou visiter beaucoup de choses. Les vacances, c’est prendre du recul par rapport au quotidien, afin de revenir plus frais, plus disponible, plus lucide, et pourquoi pas ?… plus chrétien. Car du travail nous attend à notre retour et pas uniquement pour gagner notre croute. Il s’agit aussi de notre mission de baptisé : « Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, Il se mit à les instruire longuement ».

Droit de réponse de la présidente du CAL à l’article d’Éric de Beukelaer

Je reprends ici le droit de réponse à ma récente chronique, signée par Véronique De Keyser, présidente du CAL. 
Elle sera publiée dans La Libre du 17 juillet et est reprise sous ma chronique sur leur site.  
J'ai de l'estime pour Véronique De Keyser. Je regrette à mon tour le ton de sa réponse - parlant en mon chef d'arrogance et d'extrême violence de ma dégoutante métaphore. 
Je suis cependant heureux de recevoir une réaction du CAL et que le débat puisse se poursuivre.   
Je constate simplement que, si l'Eglise catholique est régulièrement critiquée dans ce pays (parfois avec raison), le CAL semble peu goûter la contradiction. 
Pourtant, la démocratie, c'est le débat. 

Plus fondamentalement, je déplore de ne recevoir aucune réponse de fond à ce que j'écris.
Ainsi, si le CAL déclarait officiellement qu'il est heureux que l'UBB (Union Bouddhiste de Belgique) reçoive le statut de philosophie non confessionnelle, je présenterai officiellement mes excuses. 
S'il ne le fait pas, qu'il explique en quoi cela le dérange de voir d'autres citoyens renforcer les rangs des convictions non-religieuses. 
Carlo Luyckx, président de l'UBB, parle dans une lettre ouverte d'avril dernier, d'une "campagne de lobbying intense mais discrète du CAL". 
S'il a tort, que le CAL le détrompe en soutenant la demande bouddhiste. 
S'il a raison, que le CAL s'explique sur les raisons qui le font désirer rester le seul représentant "non confessionnel" dans ce pays, plutôt que de balayer ma lecture des choses comme "complotiste et affairiste". 
Toute autre attitude ne contribue qu'à noyer le poisson (si cette métaphore n'est pas trop osée...)
On ne peut, en effet, tout à la fois prôner la stricte séparation entre les religions et l’Etat et demander à "une commission parlementaire" de se prononcer dans une question de théologie interne à cette communauté. 
C'est la position constante du Conseil d'Etat et du Conseil de l'Europe: ce n’est pas à l’Etat de déterminer si une conviction de vie est « religieuse ou non ». Si une communauté convictionnelle décide de se présenter comme « philosophie non confessionnelle » et qu’elle entre dans les critères de reconnaissance par l’Etat belge, la puissance publique « neutre » (ou laïque…) doit se contenter de constater que les critères juridiques sont remplis et puis, prendre acte de cette volonté. 

Pour en revenir à la métaphore: si j'ai utilisé l'image du "chien berger" qui mord ceux qu'il est censé protéger, c'est pour réveiller mes amis laïques. 
On ne peut tout à la fois se présenter comme le protecteur du pluralisme des convictions, et vouloir piloter celles des autres.   
Je ne m'attendais pas à un bouquet de fleur de la part du CAL en guise de réponse, mais j'aurais espéré un débat respectueux et répondant à mes arguments.
Je n'ai jamais snobé les invitations des laïques et les leur ai souvent rendues. Au nom de cette relation longue, franche, souvent cordiale, mais sans compromis, je leur pose haut et fort une série de questions importantes pour le vivre-ensemble démocratique. 
Le fait que le droit de réponse du CAL soit tellement épidermique ne peut s'expliquer que par deux options: soit je me suis totalement planté, soit j'ai fait mouche. Chacun jugera, car tel est l'objet du débat. Vous avez dit "libre-examen" de toute question?  

Par Véronique De Keyser, présidente du Centre d’Action Laïque

J’ai pris connaissance de l’étonnante sortie d’Éric de Beukelaer publiée dans La Libre Belgique de ce mardi 9 juillet.

Les combats du Vicaire général de Liège contre ce qu’il appelle les « laïcités politique et philosophique » sont connus et mon « Droit de réponse » n’est pas le lieu pour y revenir. Hélas, ses conceptions sur ces matières sont totalement dépassées et souffrent de multiples lacunes conceptuelles qui montrent à quel point ses idées ne sont plus au goût du jour, comme toutes celles qu’il égrène dans cette affligeante « Chronique » : « laïcistes », « religions d’état », sens du « libre examen », etc.

Il y a tant de fantasmes et de chimères dans ses analyses sans nuances et souvent empreintes d’arrogance. A un point tel que l’on n’est jamais très loin d’une vision complotiste et affairiste, comme, par exemple, quand il évoque le rôle du CAL quant à la procédure, pourtant strictement parlementaire, de la reconnaissance de l’Union Bouddhiste de Belgique. Mais ce n’est pas ceci qui me choque car les libertés d’expression et de pensée d’Éric de Beukelaer valent aussi.

En revanche, l’extrême violence de la métaphore dont il use pour parler du CAL, elle, ne passe absolument pas : le chien, la rage, les morsures et le vaccin. Mais quelle abjecte et scandaleuse séquence ! Car, à filer cette dégoûtante métaphore, nous, les laïques, tels des chiens frappés de rage, devrions donc être piqués pour nous voir inoculer un vaccin… La férocité de la diatribe d’un homme qui se présente comme un chantre du dialogue et se félicite de se faire inviter dans tous les cénacles laïques et même en Franc-maçonnerie m’a scandalisée au plus haut point. Et ceci d’autant plus que le momentum politique choisi pour écrire cette Chronique n’a rien d’anodin.

C’est donc cela que la Présidente d’une Association qui regroupe des milliers de femmes et d’hommes laïques ne peut absolument pas laisser dire ! Il m’est intolérable qu’ils soient assimilés à une horde de chiens enragés. Il m’est insupportable que nous, librement engagés et acteurs laïques au service de ce pays, soyons réduits à des fondamentalistes en puissance ou à des porteurs de « voix illibérales », terme tellement symboliquement surchargé quand on connaît le rôle historique des « Libéraux » dans la configuration pacifiée de notre pays.

Et de même, pourquoi donc se servir, dans ce raisonnement qui attaque lâchement le CAL, d’un mot terrifiant comme « dhimmitude », par ailleurs chéri par l’extrême-droite ? Pourquoi employer à dessein un terme aussi pervers et polémique, et qui plus est bâtard, vocable d’une rare brutalité à l’égard de nos concitoyens musulmans, tant il les ramène, par ricochet, à une vision négative et abjecte de leur religion, comme s’il fallait encore, dans cette diatribe, se servir de l’islam et l’instrumentaliser ? Quel immense gâchis !

Si Éric de Beukelaer veut vraiment, pour le citer, que demeure « la centralité de la Raison dans la Cité », il ne doit pas s’exempter lui-même de cette tâche humaine et humaniste. Aucun sentiment de supériorité ne lui permet de se dispenser de cet élémentaire devoir de respect citoyen. Je lui demande d’arrêter d’user de ces infâmes procédés dont les effets sont dévastateurs, tant ils sont porteurs de haine et de mépris.

Car ce n’est pas qu’un « prêtre-chroniqueur » qui parle, c’est, je l’ai dit, le Vicaire général de Liège, mais c’est aussi un membre important du « Comité national » chargé d’organiser la visite du pape en Belgique. D’ailleurs, faudra-t-il alors, par un nouvel excès de zèle, écrire une autre « Chronique », pour museler les chiens enragés, en sorte que les soi-disant « amis laïques » ne viennent pas jouer les trouble-fête devant le pape, lors de sa visite du 26 au 29 septembre ? D’autant que les laïques tiennent plus que tout à la journée du 28 septembre, cette « Journée mondiale pour le droit à l’avortement », droit sans cesse remis en cause, comme celui de l’euthanasie et de tant d’autres, par un homme dont les convictions religieuses, sur ces questions qu’il assimile honteusement à une « culture du déchet », sont obscurantistes.

Je demande donc à Éric de Beukelaer de ne pas verser dans le mépris et de ne pas inventer des guerres et des combats qui n’ont plus lieu d’être. Car tenter de séduire les uns et les autres avec des propos contradictoires est un jeu dangereux. Et je le rassure : on ne risque pas d’y être mordu, mais bien d’y perdre son âme. Ce qui pour un chrétien à plus de prix qu’un mollet. Il est urgent que reviennent, chez lui, le sens du respect et un ton en cohérence avec les fonctions qui sont les siennes.

Médias et respect du secret de l’instruction

Vendredi soir, la RTBF « La Une » diffusa un film de 2019, racontant l’histoire vraie de Richard Jewell, un agent de sécurité américain soupçonné à tort d’attentat, dont la vie – et celle de ses proches – fut durablement pourrie par une fuite de l’enquête dans la presse. 
Ceci me rappelle le malaise que j’ai ressenti il y a quelques jours, en lisant dans divers médias de qualité du pays, qu’un célèbre juriste était soupçonné d’agression sexuelle.

Il va de soi que personne n’est au-dessus de la loi, pas plus un homme de droit qu’un prêtre. Chacun doit rendre compte de ses actes.
Cependant, quel intérêt y a-t-il de publier un nom dans un organe de presse, alors que l’intéressé jouit pleinement de la présomption d’innocence? Que chaque journaliste s’interroge: comment ma vie et celle de ma famille serait-elle impactée, si cela m’arrivait de retrouver mon nom épinglé de la sorte dans la presse ? Même si la personne est ensuite blanchie, chez beaucoup restera l’ombre du soupçon au nom de l’adage: «  il n’y a pas de fumée sans feu. » 

J’en parle d’autant plus à l’aise que ce juriste et moi avons eu par le passé une controverse sérieuse. Je ne suis donc pas suspect de faire partie de son fan-club. 
Raison de plus: la présomption d’innocence doit valoir pour tous, alliés comme adversaires. Et le secret de l’instruction protège cela. Sauf quand il y a un intérêt supérieur pour le bien public, les médias ne devraient pas le déflorer. 
Posons-nous la question : quelle utilité y avait-il à briser dans ce cas précis, le secret de l’instruction? Aucune, il me semble, si ce n’est de nourrir le voyeurisme du public. 
Je juge que nos médias valent mieux que cela.

« Sport d’équipe » – 15° dimanche, Année B

«Il les envoie deux par deux ». (Marc 6, 7-13)

Quand Jésus envoie les douze en mission, il le fait par équipe de deux. Cette façon de faire est permanente dans l’Eglise. Elle indique que – si personne ne peut être chrétien à notre place – nous ne sommes jamais chrétiens tous seuls.

Un peu comme dans un sport d’équipe : en ce jour de finale de la coupe Euro, que penserait-on d’un footballeur, qui laisserait les 10 autres joueurs se démener et qui se contenterait d’un effort minimum ? que penserait-on d’un coureur du tour de France, qui se contenterait de se laisser porter par le peloton sans jamais produire un effort personnel ? Pareil joueur ou coureur passerait à juste titre pour un tire-au-flanc.

Il en va de même dans l’Eglise : facile de faire reposer tout le poids de la mission d’évangéliser sur les épaules de l’évêque, du curé, des professeurs de religions, des catéchistes,… La question que chaque baptisé est invité à se poser est : et moi, quelle est ma part d’effort dans le peloton ?  Seul celui qui prend sa part du fardeau – mission différente pour chacun – réalise pleinement sa mission de baptisé.

Sans se mettre une pression inutile, cependant. L’évangélisation est pour chaque baptisé une obligation de moyen, pas une obligation de résultat. Autrement dit, nous sommes appelés à annoncer la Bonne Nouvelle, mais pas condamnés à réussir. Comme dans un sport d’équipe. « Si, dans une localité on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds ». Autrement dit : ne vous obstinez pas, mais poursuivez votre mission ailleurs.

« L’herbe est toujours plus verte… » – 14° dimanche, Année B

 «Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison ». (Marc 6, 1-6)

Elle est presque comique, cette scène décrivant Jésus qui retourne prêcher à Nazareth – son village. On entend d’ici les commérages : « Non mais ! Pour qui se prend-il à nous faire la leçon ? Nous l’avons connu en culotte courte! » Devant le peu de foi de ses familiers, Jésus ne réalise que de rares signes du royaume (miracles).

Nous ressemblons à ces Nazaréens. Nous partons bien loin en vacances, mais connaissons mal notre région. Les hommes politiques du passé, étaient des hommes d’état, alors que ceux du présent sont des médiocres –  sauf peut-être s’ils gouvernent un pays lointain. Nous rencontrons des gens « formidables » sur internet, mais trouvons nos proches tellement décevants. Bref – comme l’énonce le dicton – « l’herbe est toujours plus verte chez le voisin ».

Et pourtant… quand l’Evangile nous parle des autres, il décrit surtout notre « prochain » – c’est-à-dire celui qui vit près de moi, tous les jours, dans mon quotidien. C’est avec lui qu’il me faut apprendre à cheminer à l’écoute de l’Esprit. Parfois même, nous pouvons devenir « prophètes » l’un pour l’autre – c’est-à-dire parole de Vie.

Royaume-Uni – Sir Keir, l’anti-populiste 

De nombreux analystes décodent la victoire massive des travaillistes au Royaume-Uni, comme le rejet des conservateurs, usés par un pouvoir de 14 ans.
Difficile de leur donner tort, mais il y a une autre raison, qui tient à la personnalité du nouveau premier ministre de Sa Gracieuse Majesté, sir Keir Starmer.
Sérieux et austère, l’ancien avocat des droits de l’homme, anobli pour sa défense des nobles causes, aurait inspiré la figure de l’anti-séducteur Mark Darcy dans la comédie romantique « Le journal de Bridget Jones ».
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Et si – avec pragmatisme – les Britanniques avaient compris avant les autres, les impasses du populisme en politique ?  Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter le célèbre discours au cours duquel, il y a deux ans, celui qui dirigeait alors l’opposition, cloua sur place le fanfaron premier ministre Boris Johnson pour ses mensonges et tromperies. Ce fut le début de la fin de la majorité conservatrice. N’est pas Churchill qui veut: être bravache ne suffit pas; il faut des convictions.
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Le début de la fin du populisme en politique? Nigel Farage rode et Boris Johnson rêve d’un grand retour. Mais, pourquoi ne pas être optimiste?
Il est intéressant de noter que les commentaires de défaite de l’ancien chancelier de l’échiquier conservateur, Jeremy Hunt, adoptent le ton humble et honnête de Keir Starmer, tout comme le discours de départ de Rishi Sunak, saluant la droiture de son successeur.
Quant au nouveau premier ministre, il donne le ton: « Country first. Party second », martèle-t-il à tout va, en s’engageant à ramener la confiance de la population dans la grandeur du service public.
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Le début de la fin du populisme? Pour paraphraser Churchill, ce n’est peut-être pas le début de sa fin, mais bien la fin de son début.

« Dieu de vie » – 13° dimanche, Année B

 «Je te le dis, lève-toi». (Marc 5, 21-43)

C’est sans doute un des clichés les plus injustes concernant le christianisme : ce soupçon tenace chez tant de nos contemporains, qu’il s’agirait d’une religion hostile à la vie. A les entendre, la foi chrétienne empêcherait d’être pleinement vivants. Même si des maladresses peuvent parfois donner cette impression, la vérité est à l’opposé. Ainsi, l’Evangile de ce dimanche, qui nous montre un Jésus qui redresse, relève, ranime… Bref, un Christ qui rend à la vie. Le Dieu de l’Evangile nous veut vivants. Et les exigences morales de notre foi, ne sont pas là pour nous empêcher de profiter de l’existence. Il s’agit de balises destinées à nous faire goûter à la liberté spirituelle.

La vie est une course d’endurance. Avec ses épreuves. Mais l’arrivée est promise à tous, même pour les ouvriers de la 11° heure. La seule chose à éviter, c’est de nous décourager. Le Christ est là, qui nous lance à chaque chute : « Je te le dis, lève-toi ».

« Abide with me » – 12° dimanche, Année B

«En ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : Passons sur l’autre rive. » (Marc 4,35-41)

La vie est passage – de l’enfance à l’adolescence ; de l’âge adulte à l’automne de la vie. Nous passons d’une rive à l’autre et – parfois – de violentes tempêtes secouent le frêle esquif de nos existences. Alors, nous prenons peur et – même si nous ne sommes pas très religieux – une prière s’échappe de nos lèvres : « Seigneur, je coule – cela ne te fais rien ? »  Et pourtant, si souvent, le Seigneur semble endormi, comme s’Il nous laissait seul, avec notre frayeur.

Le Christ n’a jamais promis qu’il n’y aurait pas de tempêtes. Il n’a pas, non plus, promis que – tel Zorro – Il nous sortirait de toute épreuve. Non – il a simplement promis qu’Il resterait avec nous dans la barque – jusqu’à ce que celle-ci ait rejoint l’autre rive. Alors, soyons dans la paix.

S’il y a des paroles que j’aimerais entendre au jour de mes funérailles, ce sont celles du vieil hymne anglican de Henry Lyte, “Abide with me” (« Reste avec de moi »): ”I fear no foe, with Thee at hand to bless; Ills have no weight, and tears no bitterness. Where is death’s sting? Where, grave, thy victory? I triumph still, if Thou abide with me.” (« Je ne crains aucun ennemi, tant que – tout proche – Tu bénis. La maladie ne pèse pas et les larmes ne sont pas amères. Où est l’aiguillon de la mort? Où la victoire de la tombe? Je triomphe de tout cela, Seigneur, tant que Tu restes avec moi ».)