Les oies du #Capitole se sont un temps envolées…

Chez les anciens Romains, les oies veillaient sur le Capitole… Leur efficacité ne résidait pas dans leur force, mais bien dans leur capacité à alerter en cas de danger. Ma chambre d’enfant et d’adolescent donnant sur un troupeau d’oies, je ne puis que confirmer ce fait: le plus petit mouvement fait en sorte que les oies hurlent… jour et nuit. 

De manière métaphorique, la démocratie est défendue par le cri  des « oies », que sont une opinion publique éclairée par un presse de qualité et soutenue par des institutions solides.  Hier à Washington, au Capitole, les oies ont paru s’être un temps envolées. 

Cela m’amène à deux commentaires:

1. Avec tant d’autres observateurs, je m’interroge sur l’erreur d’appréciation des forces de sécurité, qui a permis à une foule de protestataires de se rendre brièvement maître d’un des bâtiments les plus emblématiques de la première puissance mondiale. Les images qui font le tour du monde, vont durablement endommager la réputation de la démocratie américaine. Dans plus d’une dictature, des tyrans ont dû bien rigoler…

2. C’est une expérience que chacun de nous fait dans son quotidien: il existe des personnes qui sont incapables de « passer la main » et qui feront tout pour s’accrocher à leur petite parcelle de pouvoir. Président d’une association depuis de trop nombreuses décennies, politicien local incapable de penser sa succession, curé se croyant indispensable à sa paroisse, etc. « Partir, c’est mourir un peu », dit le poète. Quitter une fonction, c’est faire une expérience anticipée de sa mortalité. Beaucoup résistent donc par peur de mourir; quitte à entraîner dans leur chute, les institutions qu’ils sont supposés servir. D’où l’importance, à tous les niveaux, de mandats clairs et limités dans le temps, permettant une transition paisible.

Heureusement que la démocratie américaine est solide et que les oies sont revenues veiller sur le Capitole. Sinon, hier à Washington, que serait-il advenu…?       

Epiphanie du Seigneur, Année B

(Un souci informatique m’a empêché de publier ceci ce WE. je le fais donc en ce 6 janvier, jour traditionnel de l’épiphanie)

« Les mages ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». (Matthieu 2, 1-12)

« Epiphanie » signifie en grec : « manifestation ». Dans le calendrier chrétien, cette fête est plus ancienne que celle de la Nativité (fixée en 354 par le pape Libère à la date du solstice d’hiver – soit le 25 décembre). Jusqu’au milieu du IVe siècle, se célébrait au cours de l’épiphanie toutes les manifestations du Christ sur terre : de sa naissance à son premier miracle, lors des noces de Cana.  

Aujourd’hui, l’Eglise latine fête l’Epiphanie avec le récit des mages : elle voit dans le périple de ces trois sages suivant l’étoile depuis fort loin, le signe de la manifestation de la lumière du Christ à toutes les nations. En cette fête de l’Epiphanie, prions donc spécialement avec nos frères chrétiens du monde entier. Race, langue, culture nous séparent – mais le Christ est la grande lumière qui fait notre unité. Comme les mages, venons l’adorer et offrons-lui, avec cette année nouvelle –  toutes nos réussites (l’or), tous nos échecs et souffrances (la myrrhe, qui est un herbe amère) et toutes nos prières (l’encens, qui est ce parfum dont la fumée monte vers le ciel). 

Oui, mettons-nous en route en 2021. Suivons l’étoile. Allons vers l’Enfant de la crèche, qui manifeste la lumière de l’amour de Dieu pour notre monde.

Lettre ouverte au président Macron et au Premier ministre De Croo – La Libre p.31

Ce lundi 4 janvier est parue ma chronique du mois dans le quotidien La Libre en p.31.

Pour la consulter, cliquez sur Lettre ouverte au président Macron et au premier ministre De Croo. 

Merci à La Libre de m’offrir cet espace d’expression. 

« Noël dans la joie et dans la peine » – Nativité du Seigneur, Année B

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Luc 2, 1-14)

Toutes les mamans le savent : une naissance peut être douloureuse. La raison en est que le petit d’homme naît avec une boîte crânienne fort développée, qui – en quittant le sein maternel – fait souffrir sa maman bien plus que cela n’arrive dans le monde animal. Et pourtant, rien de plus joyeux qu’une naissance. Même si… les parents savent que les épreuves ne font que commencer. Mettre un enfant au monde, c’est l’accompagner des années durant, dans les rires comme dans les pleurs. 

Joie et souffrance… Il y a un peu des deux dans la fête de la Nativité. Il y a la joie de la naissance du Sauveur. Le Verbe de Dieu se fait petit enfant : par Marie, le Sauveur est mis au monde pour porter l’Amour divin aux hommes. Comme le proclament les anges : « Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour toutle peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur ». Une joie réelle, donc, mais qui n’immunise pas de la souffrance. Les icônes orthodoxes de la Nativité nous le rappellent avec leurs crèches en forme de sépulture : la mise au monde du Sauveur n’esquive pas les épreuves et les croix. Voilà pourquoi, la fête de Noël s’adresse tant aux personnes qui sont dans la joie qu’à celles qui vivent dans la peine.

Et cette année, comment ne pas penser tout particulièrement à tous ceux que la pandémie et le confinement atteignent durement ? Oui, même pour eux résonne en ce jour le chœur des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». 

« Fiat ! » – 4e Dimanche de l’Avent, Année B

« Que tout se passe pour moi selon ta parole » (Luc 1, 26-38)

Les deuxième et troisième dimanches de l’Avent, Jean le Baptiste est le personnage au centre des passages d’Evangile, lus au cours des eucharisties dominicales. Le quatrième et dernier dimanche avant la Nativité, il s’agit de Notre-Dame.

Pour expliquer la place de Marie dans l’histoire du salut, prenons un exemple : seul l’eau peut désaltérer, mais sans un réceptacle (bouteille, verre, mains,…), impossible de boire. Il en va de même pour l’œuvre de Dieu : seul l’Esprit de Dieu régénère le monde, mais comment pourrait-il le faire si personne ne lui ouvre son cœur ? Et comment l’Esprit pourrait-il totalement se donner, si quelqu’un ne l’accueille pas en plénitude et sans aucune réserve mentale ou arrière-pensée?

Hélas – de par le péché – le « oui » des hommes est bien fragile : si souvent, nous disons « oui, mais… »« oui, sauf si… », « oui, à moins que… », « oui, à condition que… ».  Rien de tel chez Marie. Le « oui » de la Vierge de Nazareth est libre, clair et limpide. Il ouvre grand les portes à l’Esprit de Dieu. « Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu ». 

Alors la Vierge dit : « Fiat ! Je suis la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole. »

Coup de gueule contre de charitables donneurs de leçons…

Je lis sur un site fort catholique, sous la signature courageusement anonyme de « un ami nous écrit », les considérations suivantes: « En Belgique, les catholiques, singulièrement les évêques et une partie du clergé semblent timorés à l’extrême quand il s’agit de demander la reprise du culte public. Pourtant c’est une très grave erreur (et dans le cas de certains, probablement un péché très grave). » S’ensuit l’argumentation qui invite à soutenir une plainte en justice, en vue d’une reprise des cultes.

Mon point de vue est le suivant: il est de la liberté de tout baptisé de se situer face à la crise sanitaire et les mesures de confinement. De ce point de vue-là, je puis comprendre que d’aucuns (dont des évêques) trouvent les mesures gouvernementales exagérées et le fassent entendre devant les tribunaux, au regard de la liberté de culte. Il est vrai que, quand je vois les rues commerçantes pleines de monde et les églises limitées à 15 personnes, il y a de quoi y perdre son latin. Je comprends donc ces chrétiens qui protestent, mais la moutarde commence à me monter très solidement au nez quand je lis que ceux qui auraient une autre attitude, seraient (je cite) « timorés à l’extrême », (je cite encore) dans une « très grave erreur », voire (je cite toujours ) «  probablement dans un péché très, très,… très grave ». 

Quitte à revendiquer mon statut de pécheur public, qu’il me soit permis de leur répondre que je n’ai de leçons à recevoir de personne. Car – je l’ai écrit et je persiste – je suis de ceux qui pensent qu’il est plutôt du devoir d’un chrétien par les temps qui courent, de se montrer solidaire de l’action gouvernementale – même si, je le répète, les mesures prises me semblent exagérément sévères pour les cultes, voire dédaigneuses de ceux-ci cf. mon post précédant. Je rappelle que le gouvernement belge ne cherche pas à empêcher la liberté de culte par fureur idéologique, mais à restreindre la possibilité de se rassembler, afin que l’épidémie cesse de se propager. Il ne me semble donc pas anti-chrétien de se plier à ces mesures,  comme le fait par ailleurs le pape François… Et de s’y plier, non pas par attitude « cou-couche panier » face au gouvernement (autre « charitable perle » lue sur ce site), mais bien par souci du bien commun. 

Que d’autres aient une attitude différente, fait partie du sain débat en Eglise. Mais que me soient épargnés les jugements de valeurs. Le jour où je paraîtrai devant le Trône céleste, je suis assez lucide pour savoir que bien des choses pourront m’être reprochées. Mais certainement pas d’avoir été « timoré à l’extrême » pour défendre l’honneur du Christ à temps et à contretemps dans les médias ou ailleurs, jusque dans les cénacles les plus anticléricaux.         

Bref, messieurs les charitables donneurs de leçons, je vous invite en ce temps de l’Avent à pieusement méditer sur « la paille et la poutre » (Luc 6, 41)… Bien fraternellement,

Eric de Beukelaer (car – oui – moi, je signe par mon nom)

Joie… quelle joie? – 3e dimanche de l’Avent, Année B

 « Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas » (Jean, 1, 6-8, 19-28)

 Le troisième dimanche de l’Avent, est surnommé Gaudete – ce qui signifie en latin « dimanche de la joie ». 

N’est-il pas curieux de parler de «  joie », alors que la pandémie brime nos envies de toute part? Noël sans Messe? Sans dinde partagée ? Sans rire des enfants et petits-enfants?  

« Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas », clame le Baptiste. Un Enfant vient à Noël. Il porte la joie au monde. Pas la joie fugace des séductions ou bulles de champagne, mais la joie profonde d’un Dieu qui – de son regard – nous révèle que nous sommes aimés – inconditionnellement.    

« Non, ce n’est pas le père fouettard » – 2e dimanche de l’Avent, Année B

« A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur » (Marc 1, 1-8)

Quel est cet étrange compagnon du 2e dimanche de l’Avent ? Il habite dans le désert et est habillé d’une tunique de chameau. Vu son apparence austère et le temps du calendrier, certains enfants croiront peut-être qu’il s’agit du père fouettard.

Mais non. Cet homme ne vient pas départager les gamins sages de ceux qui sont… un peu moins sages. Sa parole rugueuse s’adresse à tous. Qui donc est ce type bizarre qui baptise dans le Jourdain ? Il est une voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ! » 

Le temps de l’Avent c’est justement cela… Dans le désert spirituel de nos villes et de nos vies, préparer les chemins du Seigneur. Et nous de répondre à ce drôle de prophète : « Oui mais dis… pas facile, hein ! Tu ne te rends pas compte des obstacles ? Et puis, je ne suis pas un prophète professionnel. De plus, quand je parle de Dieu, on se moque de moi ». Mais nos objections ne déstabilisent pas le Baptiste. Il dit : « Si un obstacle se dresse, aplanissez la route. Ne craignez pas : Vient bientôt un plus grand que moi. Lui baptisera dans l’Esprit Saint ».

« Les sentinelles de la crèche » – 1er dimanche de l’Avent, Année B

«Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !» (Marc 13, 33-37)

Avec le temps de l’Avent, s’ouvre une nouvelle année liturgique : nous quittons l’année durant laquelle l’Evangile selon Saint Matthieu fut lu chaque dimanche à l’église et entrons dans l’année consacrée à Saint Marc. Plus immédiatement, l’Avent est le temps de quatre semaines qui nous prépare à la Nativité.

Alors que la pandémie ouvre sur un Noël confiné, l’Eglise propose plus que jamais de préparer nos cœurs à la venue de l’Enfant de la crèche. Ce serait dommage qu’arrivé la nuit de Noël, nous nous disions soudainement – comme surpris : « déjà Noël ! » 

Un mois nous est donné, afin d’apprêter la crèche de nos cœurs à recevoir le Divin Enfant. C’est tout le symbole des couronnes de l’Avent qui ornent nos églises et – je vous y invite – également nos maisons : à chaque semaine, la lumière qui jaillit de la couronne augmente. De même, nous sommes appelés à devenir chaque semaine davantage lumineux de Noël.

L’Avent nous invite à nous ressaisir, afin que l’esprit de Noël ne se vive pas qu’une petite journée par an. Alors, soyons des sentinelles de la crèche. Il vient l’Enfant qui porte l’Amour au monde. Ne le ratons pas, parce que notre cœur somnole.  «Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !» (Marc 13, 33-37)