Chez les anciens Romains, les oies veillaient sur le Capitole… Leur efficacité ne résidait pas dans leur force, mais bien dans leur capacité à alerter en cas de danger. Ma chambre d’enfant et d’adolescent donnant sur un troupeau d’oies, je ne puis que confirmer ce fait: le plus petit mouvement fait en sorte que les oies hurlent… jour et nuit.
De manière métaphorique, la démocratie est défendue par le cri des « oies », que sont une opinion publique éclairée par un presse de qualité et soutenue par des institutions solides. Hier à Washington, au Capitole, les oies ont paru s’être un temps envolées.
Cela m’amène à deux commentaires:
1. Avec tant d’autres observateurs, je m’interroge sur l’erreur d’appréciation des forces de sécurité, qui a permis à une foule de protestataires de se rendre brièvement maître d’un des bâtiments les plus emblématiques de la première puissance mondiale. Les images qui font le tour du monde, vont durablement endommager la réputation de la démocratie américaine. Dans plus d’une dictature, des tyrans ont dû bien rigoler…
2. C’est une expérience que chacun de nous fait dans son quotidien: il existe des personnes qui sont incapables de « passer la main » et qui feront tout pour s’accrocher à leur petite parcelle de pouvoir. Président d’une association depuis de trop nombreuses décennies, politicien local incapable de penser sa succession, curé se croyant indispensable à sa paroisse, etc. « Partir, c’est mourir un peu », dit le poète. Quitter une fonction, c’est faire une expérience anticipée de sa mortalité. Beaucoup résistent donc par peur de mourir; quitte à entraîner dans leur chute, les institutions qu’ils sont supposés servir. D’où l’importance, à tous les niveaux, de mandats clairs et limités dans le temps, permettant une transition paisible.
Heureusement que la démocratie américaine est solide et que les oies sont revenues veiller sur le Capitole. Sinon, hier à Washington, que serait-il advenu…?