Mgr Jousten, Evêque de Liège, réagit à l’annonce brutale de la fermeture de plusieurs sites de phases à froid dans le bassin liégeois:
Il fait froid dans le bassin liégeois. Depuis ce matin, il fait encore plus froid, puisque la fermeture de plusieurs sites de la phase à froid est programmée. Les métallos et leurs familles se posent des questions graves sur leur avenir. Et ils ne sont pas les seuls. Nous savons que les emplois ne tombent pas du ciel ; au contraire, ils sont souvent -comme des feuilles- emportées par le vent. Dans quel modèle de société vivons-nous ? Lequel voulons-nous ? Voilà les questions fondamentales. Soyons solidaires dans le moment présent ! Osons préparer l’avenir ! Encourageons toutes les forces vives dans la région et au-delà à imaginer et à oser des projets concrets et réalistes. Je suis convaincu que c’est la première étape pour « forcer l’avenir ».
+ Aloys Jousten
Évêque de Liège
Entre la colère des uns qui lancent « tous pourris, ces patrons » et le fatalisme d’autres qui expliquent « c’est la logique aveugle de la mondialisation », il est important de rappeler une vérité: Ce n’est pas la mondialisation en tant que telle qui fait problème, mais bien la mondialisation débridée, c’est-à-dire non canalisée par une instance politique internationale. Il en va des lois du marché, comme d’un fleuve. On ne peut en ignorer l’existence, mais le génie de l’homme est là pour domestiquer les éléments de la nature. Les Liégeois sont riverains de la Meuse et ils en ont fait l’expérience au cours de leur histoire: Un fleuve sans berges, ni écluses… cela occasionne de terribles inondations et crée des marais inhabitables. Il en va de même avec les lois du marché. Donc, oui à l’économie mondiale, mais non à la jungle économique mondialisée. C’est ce que rappelle depuis un demi-siècle la trop méconnue doctrine sociale de l’Eglise. A cet égard, je renvoie vers un excellent article paru ce jour sur le blog Belgicatho.
Il y a déjà 2 organisations mondiales qui ont des possibilités de réglementation économique: l’OMC et subsidiairement l’OIT. Plus est utopique aussi longtemps que les niveaux de vie sont très différents de pays à pays.
Mittal paraît un industriel très voire trop soucieux de croissance mondiale. Son audace a été encensée avant d’être vilipendée.
Si je travaillais dans une industrie en déclin tendanciel, je demanderais 3 choses à mes représentants: coopérer lucidement avec mes employeurs pour qu’ils développent des activités assez pointues pour résister à la concurrence mondiale, revendiquer des possibilités de formation améliorant l’employabilité du personnel au sein ou en dehors du groupe, consentir des conditions sociales aussi favorables que possible aux travailleurs qui ne pourraient entrer dans un processus de reconversion. Ces priorités ont-elles été celles des syndicats? j’en doute.
Les politiques ont-ils agi à temps et avec réalisme? Il me semble que non. La musculation actuelle me déplaît (pour rester poli) mais nous, électeurs, ne méritons peut-être pas mieux. j’admets que la concurrence pour le pouvoir politique est aussi dure que celle pour les parts de marché.
D’après mes lectures du moment, il me semble que le ministre des finances mérite d’être soutenu, mais il est bien seul.
L’OMC est un organisme qui n’a pas pour objet social de canaliser politiquement la mondialisation économique et l’OIT s’occupe des conditions du travail. Pour reprendre ma comparaison, ce sont donc des balises qui sont mis sur la Meuse pour régler la navigation. Pas des berges ou des écluses pour empêcher les inondations ou le marais. Les commentaires faits sur la culture politique et syndicale dans ce pays, sont d’un autre ordre. Pertinents, mais seconds par rapport à la mondialisation économique. Lire à cet égard le chapitre « éconologie » dans mon essai « Credo politique » (éditions Fidélité/Avant-Propos).
Eric,
Chaque fois que l’Eglise se « mêle » d’économie, de politique : elle se discrédite , elle n’a pas compétence dans ce champ….D’autant plus, qu’elle n’est pas vierge de complicité, de négation (de son message fondamental), d’erreurs, quand elle s’y est risquée (les exemples historiques abondent). Par contre, les Chrétiens (moi, vous, les autres, à titre individuel) nous avons mission de témoignage, d’action concrete , sans nier nos convictions/état de Chrétien, de témoigner par les actes notre engagement auprès des causes qui nous paraissent en liaison entre le message Evangélique et la réalité du moment…Je peux développer ces prémices..M
Frère, en JC
Bernard HALLEUX