« Le Roi-nu-pieds » – Dimanche du Christ-Roi, 34e dimanche, Année A

«Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits qui sont mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait» (Matthieu 25, 31-46)

En ce dernier dimanche de l’année liturgique – dimanche du Christ-Roi – l’Evangile nous fait réfléchir sur ce qu’on appelle communément « le jugement dernier ». Des générations entières ont eu l’imagination marquée par les bas-reliefs sculptés sur le portail de nos cathédrales: le Christ-Roi y trône en majesté et sépare les âmes justes de celles qui sont réprouvées. 

Mais cette représentation-là ne correspond pas pleinement à l’Evangile. Jésus est un roi dont la seule couronne est d’épine et l’unique trône, le bois d’une croix. Un roi humilié. Un roi crucifié. Un roi qui se fait le frère de tous les laissés-pour-compte de l’histoire.

L’unique question que ce Roi nous posera lors du jugement dernier, sera : Quand tu as croisé la route de ce pauvre type, nu, malade, prisonnier, affamé… l’as-tu servi comme un roi? Si tu l’as méprisé, comment pourrais-tu Me reconnaître comme ton Roi ?  Regarde-Moi : Je suis nu, malade et prisonnier. «Chaque fois que tu as fait du bien à un de ces petits qui sont mes frères, c’est donc à Moi que tu l’as fait».

11 réflexions sur « « Le Roi-nu-pieds » – Dimanche du Christ-Roi, 34e dimanche, Année A »

  1. Bonjour Eric,
    Merci pour ton homélie de ce matin à la cathédrale ! J’ai particulièrement apprécié ton commentaire de la conception de notre Christ Roi, crucifié sur la croix ! Et sa mise en situation dans le cadre du confinement actuel !
    Au plaisir d’une prochaine rencontre.
    Luc Chevalier.

  2. C’est vrai Eric. Mais personnellement, pauvre homme que je suis, je ne puis m’appuyer, non sur mes mérites, mais sur ce que mon rédempteur a fait pour moi sur la croix en mourant et en ressuscitant pour me sauver du péché et de la mort éternelle. Seul Celui qui est infiniment plus que moi peut me sauver. Moi-même, je ne le peux.

  3. Le sens de cet enseignement du Christ a souvent été détourné, voire malmené. Cela est très clair par exemple dans la création de l’état-providence. En effet, le Christ nous a dit de nourrir les plus pauvres mais n’a jamais dit qu’il fallait élire des politiciens afin de nous spolier soi-disant pour le faire à notre place, ni d’édicter des lois et encore moins de créer des institutions-vampires pour ce faire et ce de manière très arbitraire.

    En effet, ce thème de l’amour du prochain et du plus petit d’entre les nôtres est trop souvent instrumentalisé pour justifier des injonctions au nom de grands principes parés des droits de l’homme! Sans remettre en cause l’hospitalité ou la compassion, il est indispensable de clarifier les interprétations comminatoires du texte biblique.

    En ce qui concerne la migration, l’étranger est inclus dans la communauté, à condition toutefois qu’il respecte les lois du pays d’accueil et, s’il y demeure durablement, qu’il s’assimile. C’est l’exigence de base. Autre chose: l’asile et le couvert ne sont pas des droits illimités dans le temps non plus.

    Factuellement, l’amour du « prochain » est cependant un objectif fondamental dans le premier comme dans le nouveau testaments. Aime ton prochain comme toi-même : ceci mérite une attention essentielle. En effet, si un être ou un peuple ne s’aime pas soi-même, il sera bien incapable d’en aimer un autre, quand les circonstances incitent à faire le choix opportun de se rendre proche. Sans estime de soi, l’ouverture à l’autre devient alors illusoire.

    De ce fait, un pays qui renie sa propre identité, son histoire et sa culture, n’est plus en mesure d’assurer, ni de gérer un accueil maîtrisé à des étrangers qui frappent à sa porte quand ils ne la défoncent pas. On se retrouve dans cette configuration déficiente lorsque, paradoxalement, des autochtones doivent finalement se faire eux-mêmes « accueillir » et donc se faire accepter dans leur propre pays par des individus ou des groupes venus d’ailleurs, imposant insolemment comme un « droit » des pratiques ouvertement hostiles à la culture locale.

    Certains réagiront en disant que la parabole du bon Samaritain nous démontre qu’on doit se faire le prochain de celui qui au départ ne l’était pas ! En effet le Samaritain a fait le choix de se faire le prochain du Judéen blessé à terre, alors que tout s’y opposait en raison de la mésentente entre leurs deux collectivités.

    Notons au départ qu’il s’agit d’un cas individuel : le Samaritain s’est rendu proche d’un Judéen, il ne lui est pas demandé de prendre en charge toute la Judée ! On peut comme dans cette histoire évangélique se faire le prochain d’un autre, mais cela s’accomplit non par automatisme, mais par libre choix et libre consentement. Cet autre devient prochain parce qu’on l’a voulu, cette proximité n’est pas imposée, elle est choisie volontairement en fonction de convictions altruistes.

    « Aimer son prochain comme soi-même » est un bel idéal de vie, à la fois individuel et collectif. Les rappels à l’hospitalité ne sont pas inutiles lorsque menacent le repli sur soi ou la phobie maladive de l’autre. Ils peuvent être salvateurs dans des situations d’urgence.

    Bien des responsables politiques et religieux, plutôt que de continuer dans la fuite en avant, et dans les principes désincarnés, devraient méditer cette phrase lucide de l’Evangile selon St Luc 14, 28 : « si l’on veut construire une tour, on s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir si l’on a les moyens d’aller au bout de son projet ».

    Par ailleurs, la réponse d’Ayn Rand, la grande philosophe de l’objectivisme, est également intéressante. En effet, elle déclare que ce n’est pas notre devoir de nous sacrifier pour le bonheur des autres. Le sens de notre vie n’est pas le sacrifice absolu pour les autres car notre vie est sa propre justification. Sa philosophie est que nous avons le droit d’être égoïste, à condition d’être honnête et de respecter les droits d’autrui.

    Enfin, on me rétorquera aussi qu’il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est Dieu. Certes, mais César est très-très gourmand et la gourmandise est un des sept péchés capitaux !

    1. « L’asile et le couvert ne sont pas des droits illimités dans le temps non plus. » Si vous vous placez du point de vue légal, cela se discute sans doute d’un pays à l’autre.

      D’un point de vue chrétien, je ne suis pas d’accord et j’estime que le pauvre et le réfugié ont DROIT au soutien de la communauté chrétienne – et aussi d’autres personnes de bonne volonté !

      1. Que vous soyez d’accord ou pas, ça change quoi? C’est votre affaire. J’ai dit ce que j’avais à dire et ne souhaite ni débat, ni dialogue d’aucune sorte.

  4.  » Tous les hommes sont semblables par les paroles;
    ce n’est que les actions qui les découvrent différents « .

    Molière  » L’ Avare « 

  5. « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli; j’étais nu, et vous m’avez vêtu; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi.… » Matthieu 25, 35

    Je ne lis aucune limite dans le temps ou dans l’espace !

    1. J’ai bien dit être pour le travail des idées, pas pour ce qui ressemble à de la mauvaise foi. Et donc, pas de débat, ni de discussion. Lorsque vous dites « Je ne lis aucune limite dans le temps ou dans l’espace ! », c’est que vous n’avez pas bien lu. La grammaire, cela existe pourtant.

  6. En pratiquant une ( ou plusieurs ) oeuvre( s) de miséricorde nous nous donnons la chance inouïe de rencontrer Jésus. Celà, beaucoup sur ce blog, en ont fait l’ expérience. Jésus ne ment pas. Ce qu’il promet, il le fait.
    En plus, la pratique des oeuvres de miséricorde rend heureux. D’un bonheur que seul Jésus peut donner. Voyez comme ils aiment. Voyez comme ils s’aiment.
    Il y a des risques, bien sûr.
    Mais ces risques ont été pris par d’autres que nous. Ceux qui, pour construire les tunnels de Bruxelles( pour ne prendre que ce petit exemple), ont engagé de la main d’oeuvre marocaine pour des salaires dérisoires.
    Ceux qui parent l’ Europe d’une façade bling bling faisant croire qu’ici l’ argent coule à flots tandis que le chômage n’existerait pas.
    Les chrétiens ne font qu’ éponger les dégâts causés par d’autres. que dieu leur vienne en aide. Et d’ailleurs il le fait.

    Naïfs ? Peut être, mais heureux.

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