Iran – ‘Jack is back’

Il y a trois semaines, DSK faisait son apparition sur Twitter avec un message énigmatique, qui fit le buzz sur la toile : ‘Jack is back’. En fait, il s’agit d’une réplique de Jack Vincennes, alias Kevin Spacey, dans le film policier américain « L.A. Confidential », adapté en 1997 du roman de James Ellroy. Le sergent-inspecteur revenait… d’une mise à pied. Une façon amusante pour l’ancien patron du FMI de signaler qu’il est de retour, en tant qu’expert économique mondial à la fibre social-démocrate. Personnellement, je me garderai de faire la fine bouche. Les difficultés de libido de DSK et les dérapages que cela a entrainés, sont connus du monde entier. Mais ceci n’entame en rien sa compétence en économie politique. Et je suis de ceux qui pensent que – en pleine tempête financière – le bateau terre ne peut se passer d’un marin aussi expérimenté.

C’est exactement le même sentiment que j’éprouve face à l’accord sur le nucléaire iranien. Cela ne rend pas le régime de Khamenei et de ses Pasdarans (gardiens de la révolution) plus sympathique, mais – alors que le Moyen-Orient s’embrase et que Daech progresse – la communauté internationale ne peut se permettre de bouder la puissance perse. L’Iran, c’est une civilisation qui remonte à un millénaire avant Jésus-Christ – alors que l’Européen habitait des huttes. Aujourd’hui, il s’agit d’une nation comptant un taux important d’universitaires – tant hommes que femmes – et une classe moyenne entreprenante. Son président Rohani est un conservateur prudent et pragmatique. Le fait que le peuple ait massivement voté pour lui après la présidence d’Ahmadinejad – en dit long sur l’état d’esprit des Iraniens. Ils ont été les premiers à goûter aux joies d’une théocratie islamique. Ils seront peut-être aussi les premiers à s’en débarrasser. Non pas par rejet de l’islam, mais pour en finir avec la confusion entre spirituel et temporel – confusion qui a miné la politique européenne jusqu’à la révolution française.

Avec cet accord, l’Iran est de retour sur la scène internationale. Il s’agit d’une importante réalisation de fin de mandat de l’administration Obama. A cet égard, je ne puis ici que répéter ce que j’ai écrit en janvier dernier, dans l’hebdo M…Belgique : « Mister President : Et maintenant, Moscou ». Car là aussi – et quelle que soit notre appréciation du régime musclé de Poutine – il s’agit de faire en sorte que ‘Jack is back’.

 

9 réflexions sur « Iran – ‘Jack is back’ »

  1. Bonjour mon père,
    Contrairement à ce que vous avancez, il me semble qu’historiquement, avant la révolution française, l’Église à souvent tenu un rôle de garde fou par rapport au pouvoir temporel. Les Rois de France se savaient puissants, mais globalement se sentaient responsables devant Dieu, et les hommes d’église ont généralement borné le pouvoir royal, qui sans cela, tendait (comme toute forme de pouvoir) à devenir tout puissant et arbitraire. La séparation entre spirituel et temporel était bien nette (même si d’une part l’Église a parfois voulu contrôler le temporel, ce qui est à mon sens une erreur, et d’autre part le temporel à souvent voulu se débarrasser du spirituel, qui pouvait le limiter dans ses projets). Cette alliance d’intérêt systématique entre le sabre et le goupillon est, à mon sens, une vision erronée de l’histoire (à voir comment Bossuet osait parler à Louis XIV, ou comment je ne sais plus quel homme d’église à fait se repentir tel empereur romain d’avoir assassiné des personnes pour n’avoir pas été chrétiens). La révolution française absorbe le spirituel dans le temporel, elle supprimé toute borne, elle donne à l’homme politique un pouvoir sans limites objectives, elle fait de l’homme Dieu lui même. Pour illustrer cette opposition, il faut observer la différence de vue d’un Louis Xvi, qui dans son testament se montre touchant d’humilité et de tendresse, avec celle d’un Robespierre, d’un cynisme redoutable et pour qui la fin justifiait clairement les moyens.

    1. Winston is back….

      Cher Eric,

      Je suis sûr que vous reconnaissez le « Winston is back », le signal télégraphique que les bâtiments de de la Royal Navy se sont envoyé lors du retour de WSC comme First Lord of the Royal Navy en Septembre 1939.

      Je le mentionne parce qu’au moment où la nouvelle de l’accord nucléaire, signé avec Teheran à Vienne, est tombée j’étais immergé dans la biographie de WSC par Roy Jenkins, sans doute la meilleure (et la plus récente) qui existe.
      Je venais de lire en fait le chapitre traitant des accords de Munich en 1938….et des foules enthousiastes accueillant Neville Chamberlain à sa descente d’avion…’Peace in our time »

      Sans vouloir exagérer les coincidences entre Munich 1938 et Vienne 2015, je suis frappé par la belle unanimité avec laquelle cet accord nucléaire a été salué à Washington comme à Londres et toutes les chancelleries d’Europe….Sauf, bien entendu à Ryad et Jerusalem!
      Devons-nous nous féliciter de cet accord? C’est très difficile à dire, mais j’en suis beaucoup moins convaincu que vous. Je pense que, quelles que soient les erreurs qu’Israel ait pu commettre, il est légitime qu’ils s’inquiètent, et qu’ils s’inquiètent beaucoup! Et je partage leur peur.

      Par contre, là où je vois des analogies historiques beaucoup plus tranchées, c’est entre l’Allemagne de 1938 la Russie de 2015.
      Putin ne s’en est jamais caché: son rêve est de relever la Russie comme puissance mondiale après son démantèlement par Gorbachev. Cela n’implique pas forcément une reconstitution intégrale de l’ancienne URSS, mais dans son esprit cela exige au moins une levée de ce qu’il perçoit comme un encerclement économique et militaire.

      L’Europe et les USA ont été incroyablement naïfs en s’empressant d’intégrer dardare les Etats Baltiques non seulement dans l’EU mais dans l’OTAN.
      Naïfs aussi de s’empresser de conclure des accords priviligiés avec l’Ukraine, qui faisait des mouvements du pied pour son inclusion dans l’OTAN.
      Croire que tout cela serait sans conséquence sur le comportement d’une Russie amputée, ancienne puissance mondiale, était d’une stupidité extra-ordinaire.

      Mais voilà, à tort ou à raison, cela a créé cette perception russe de leur encerclement que nous voyons aujourd’hui.

      Cela explique, sans l’excuser, l’annexion de la Crimée et les machinations russes en Ukraine. Et là, pour le coup, la similitude avec la manipulations par « qui vous savez » dans les Sudètes, fin des années 30, est tout à fait frappante.
      Je pense qu’en Europe occidentale nous mesurons mal la peur que l’on a du grand voisin russe dans les pays baltes (avec leurs importantes minorités russes), la Pologne…
      Ces pays sont maintenant membres de l’OTAN.
      Si Obama décidait un quelconque « appeasement » pour réduire les tensions dans la région, le « backlash » serait sans merci et l’image des Etats Unis serait ternie pour une génération.

      Je pense qu’en la matière, et malgré l’affaiblissement relatif de la puissance américaine au cours des 10 dernières années, celà a très peu de chances de se produire.
      Parfois les analogies historiques sont à ce point fortes qu’elles en deviennent utiles.

      1. Cher Kees,

        Merci de ce partage, mais attention aux analogies historiques poussées par-delà le réel du terrain.
        « Munich » était un jeu de dupe au sein d’une guerre de civilisation à l’intérieur de l’Europe: entre la démocratie et la barbarie nazie. « Vienne » se situe au coeur d’un jeu de domino intercontinental. L’Iran n’est pas un modèle de démocratie, mais ce n’est pas le régime nazi pour la cause. Les mollahs sont-ils tellement plus rassurants que les Salafistes saoudiens? Pas sûr – au vu du soutien offert, jusqu’à il y a peu, par les états du Golfe à Daech. Et que dire de l’état d’Israël depuis l’assassinat d’Yitzhak Rabin? Analogie historique pour analogie, la politique d’Israël envers le monde arabe en général et palestinien en particulier, peut être comparé au traité de Versailles, humiliant l’Allemagne en 1918 et éveillant de la sorte le monstre au sein du peuple allemand…
        Bref, sans être naïf, je préfère une attitude de « balance of power » comme Obama la pratique, que de trop me solidariser d’un gouvernement israélien, qui a la peur pour unique moteur. Et l’histoire enseigne que celle-ci est bien mauvaise conseillère.
        Pour la Russie, d’accord avec l’analyse du passé. Sauf que ce n’est pas de la naïveté qui a dirigé la politique occidentale lors de l’ère Eltsin, mais l’orgueil américain et l’inconsistance européenne. Churchill alla voir Stalin, dès l’invasion de l’Union Soviétique par les nazis, car – des deux maux – il choisit de combattre le pire. Aujourd’hui, je ne pense pas que la Russie soit le pire ennemi de l’Occident et un retour de cordialité pourrait renforcer la paix internationale, face à la menace Daech et… l’Iran. Bien expliqué, je ne crois pas que la Pologne et ses voisins y trouveront à redire.

        1. Analogies historiques poussées au-delà de la réalité sur le terrain: je vois très bien et ne peux qu’être d’accord.
          Ma comparaison Munich 38 – Vienne 2015 s’arrête à l’unanimité des foules applaudissantes: les gens peuvent se tromper en masse ( et je peux très bien me tromper seul)

          Quant au régime de Mr Putin, il n’est bien sûr pas d’une barbarie comparable à celle de III Reich, mais: L’oppostion est bafouée, la presse mise sous contrôle, les bandes nationalistes encouragées, il soutient des milices pro-russes hors de ses frontières à force d’armes de toutes sortes, y compris des missiles Buk qui ont coûté la vie à 298 civils d’un vol Malaysian Airways, (dont 250 étaient mes compatriotes…), celà fait beaucoup pour entamer un dialogue, non?
          J’ai étudié en Finlande dans les années 70 – les années Brezhnev – je me souviens comment toute la vie politique finnoise était dominée par la présence du Grand Voisin dans tous ses aspects. Aujourd’hui, L’Estonie et la Lettonie sont des mélanges ethniques très instables de populations autochtones vivant à coté de grosses minorités russes, transplantées par Stalin sur les côtes baltes alors qu’il déportait les autochtones en Sibérie.
          Aujourd’hui ces minorités russes vivaent en vase clos, dans un climat souvent fait d’hostilité réciproque, et sans avoir les droits civiques des autres citoyens. C’est une poudrière…tout celà en plein territoire de l’OTAN. Imaginez! Alors, si les machinations du régime russe ont pour effet de disloquer l’Ukraine, imaginez les forces qui pourraient être décuplées sur les rives de la Baltique…

          1. D’accord sur l’analyse, Kees. Reste à savoir ce qu’on fait. La Russie a le sentiment d’avoir été humiliée par l’Occident durant les années (Gorbatschev) Eltsine. Pas totalement juste, mais pas – non plus – vraiment faux. Garder un ours blessé à nos frontières n’est pas intelligent. Je ne propose donc pas de signer un chèque en blanc au maître du Kremlin, mais – tout en gardant la pression sur les droits de l’homme et le droit international – de faire comprendre par des mesures symboliques, que la Russie est une grande nation. Et lui rendre sa place dans le concert des peuples. Quand Putin a proposé (avant le nouveau froid) que le bouclier anti-missile américain puisse être installé avec les Russes, ce fut une faute historique de refuser. Car – oui – à terme, la place de la Russie est dans l’Otan (la Turquie s’y trouve bien). Les premiers bénéficiaires de pareilles politiques seraient les pays baltes et l’Ukraine. Ils seront toujours dans l’orbite russe – comme le Mexique et l’Amérique centrale sont dans l’orbite US… Vous rappelez-vous l’époque des ‘contra’s’: est-ce tellement différent de ce que Putin fait avec ses milices pro-Russes?. Mais ces pays frontaliers pourront vivre sans être entre le marteau et l’enclume. Je fais donc le pari que, si Moscou est reconnu comme une partie de la solution, plutôt que comme la cause des problèmes, la diplomatie retrouvera ses droits.

  2. Théodose 1er & saint Ambroise de Milan.
    Puisse l’Église garder son rôle et sa foi de nos jours, devant une nouvelle forme de toute puissance, celle de la majorité.

    1. La democrassie, Merlot, c’est bien la dictature de la majorite. C’est pour cela qu’un gouvernement limite est plus proche de la Liberte qu’un gouvernement interventionniste a outrance dans tous les domains afin de servir tous les pretextes tels que l’egalite ou la solidarite (ce sont des valeurs) que l’etat detourne afin d’exercer un controle rapproche (maladie de la gauche). On entre alors dans l’etatisme, l’inflation legislative, l’egalitarisme et le solidarisme, en realite une situation de pre-fascisme vu que tout cela est oligatoire. D’autres effets sont aussi observables: rechauffisme, remplacisme et multiculturalisme a sens unique. Ah la franc-maconnerie, c’est pas beau du tout. Vraiment tres laid.

  3. Tres bonne analyse, Merlot. Pendant ce temps-la, l’Iran gagne du temps. Bravo Obamarx, eleve de Saul Alinsky, de Jeremiah Wright et de Frank Marshall Davis. En 2016, ce sera « Bon deBarack! Vivement un Republicain a la MB afin de rendre a l’Amerique la place qui lui appartient de fait, celle de leader du monde libre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.