Ci-dessous, voici ma chronique, parue cette semaine en p.10 de M… Belgique. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression.
A l’heure où j’écris ces lignes et malgré une offre de la toute-dernière-dernière… dernière chance faite par l’Eurozone, le « Grexit » semble inévitable. Chacun convient que les Grecs ont leur part de responsabilité dans ce marasme. Et que la posture parfois matamoresque empruntée par Syriza n’a pas contribué à calmer le jeu. Mais…
Mais… je me trouvais, il y a quelques jours, en réunion avec un ancien ministre des Finances belge. L’homme n’a rien d’un trotskiste et est un expert reconnu en matière de finances publiques. Il me glisse : « Bien sûr qu’Athènes doit poursuivre ses efforts d’assainissement, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi l’Europe refuse d’envisager une restructuration de la dette grecque. Ce serait faire preuve de bon sens. Evidemment – pour les Allemands, le sujet est délicat. » Tout le monde sait que la Grèce ne pourra jamais rembourser l’intégralité de ses dettes. Chacun comprend que – sans un geste de solidarité européenne – Athènes va passer du découragement au repli sur soi, et même – qui sait ? – se détourner de Bruxelles pour se jeter dans les bras de Moscou. Alors ?
Alors, c’est Bruno Colmant qui voit juste : Le blocage est émotionnel et a des racines d’ordre religieux. Dans l’Allemagne protestante, « dette » se dit « Schuld » – ce qui signifie également « faute ». Qui s’endette, se met dans son tort – telle la cigale. Si la fourmi n’est pas prêteuse, c’est pour ne pas sembler récompenser le vice plutôt que la vertu.
Une grande part des difficultés actuelles de la Grèce -avec son niveau d’endettement à 180 pour-cent du PNB – provient de l’effet désastreux des politiques d’austérité sur le niveau de croissance. A aucun, mais alors aucun moment les modèles de la BCE, du FMI et de la Commission Européenne n’ont prédit une chute de 25 pour-cent du PNB grec en seulement 4 années.
Le FMI vient enfin d’admettre qu’une restructuration de la dette est inévitable.
Sur beaucoup de points macro-économiques Syriza avait en fait raison et l’Allemagne s’est avérée une idéologue têtue.
Malheureusement, ces « clashes » en matière de politique économique trouvent leur origine dans l’architecture même de l’euro et l’on verra des crises bien pires que celle que nous vivons avec la Grèce.
L’Euro est pour les économistes ce que la bombe atomique représente pour le physiciens, « a man-made disaster »…
Encore un domaine où la GB a été la Cassandre de l’Europe?
Dire que les politiques d’austérité ont un niveau désastreux sur le niveau de croissance, c’est une affirmation sans fondement. D’abord parce qu’il y a l’impact de la crise, qui a touché toutes les économies, austérité ou pas. Ensuite parce que l’alternative à l’austérité, ç’aurait été la ruine totale du pays: plus d’accès aux marchés financiers, plus de prêt des créditeurs, sortie de l’euro, dévaluation massive et incontrôlée de la nouvelle monnaie, inflation explosive, bref l’enfer économique et social.
Il ne faut pas non plus oublier que la vaste majorité des conditions imposées à un pays sous programme sont des réformes structurelles (rationalisation/amélioration de l’administration (notamment fiscale), du marché du travail, accès aux professions, …), toutes choses qui sont bonnes en soi et qui ne coûtent pas grand chose. Si Syriza prenait déjà la peine d’implémenter ces mesures, on n’en serait pas là aujourd’hui…
Toutes les conséquences que vous citez en l’absence d’unepolitique d’austerité sont celles que nous voyons MAINTENANT après 4 années d’austérité: fermeture des marchés financiers, refus de prêter à la Grèce et trés probablement sortie de l’euro.
La raison pour laquelle l’austérité n’a pas eu l’effet voulu est qu’une poltique de contraction fiscale a un effet de boule de neige sur la demande finale, la produuction, le niveau d’emploi et les revenus fiscaux, menant à de nouvelles contractions fiscales….une spirale déflationniste, en fait.
Et ces conséquences que nous voyons aujourd’hui auraient pu être évitées si la Grèce avait respecté ses engagements: sa croissance était repartie à la hausse, le secteur financier était stabilisé, la plupart des indicateurs macroéconomiques reprenaient le bon chemin, et puis voilà, patatras, la Grèce de Syriza refait le grand plongeon.
Des politiques d’austérité (je préfère parler de rigueur quand il s’agit simplement de viser un équilibre des comptes publics) ne sont pas l’idéal en pleine crise, mais la Grèce n’a malheureusement pas constitué le buffer nécessaire dans les bonnes années pour ensuite pouvoir mener une politique expansionniste dans les mauvaises… Du reste, si l’austérité a effectivement des effets négatifs à court terme sur la demande intérieure, à plus long terme, c’est la stratégie qui fonctionne le mieux. Mais je reconnais que les premières années, le citoyen déguste. Au gouvernement à répartir l’effort de la manière la plus juste quoi soit en épargnant au maximum les plus défavorisés.
Je traduirais Schuld avec culpabilité plutôt que faute. Sinon, bonne analyse.
Cher Eric,
Tu affirmes que « tout le monde sait que la Grèce ne pourra jamais rembourser l’intégralité de ses dettes ». Ce n’est pas correct. Beaucoup d’experts pensent que le niveau de la dette grecque est, en soi, parfaitement soutenable. Les taux d’intérêts accordés sont extrêmement bas, les échéances très longues: la part du PIB que la Grèce doit sacrifier chaque année au payement de sa dette est modeste et inférieure à ce que subissent d’autres pays.
Qu’entend-on par dette soutenable? Un ratio dette/GDP inférieur à un certain seuil (mais c’est une règle simpliste et arbitraire)? Ou une dette qui permet au pays de se financer sur les marchés à un taux raisonnable (càd avec une probabilité de défaut relativement basse) tout en gardant ses finances publiques sous contrôle? Dans cette acceptation, la dette grecque est raisonnable pourvu que le pays fasse les réformes économiques indispensables (bref, l’inverse de ce qui s’est produit depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza).
Le ministre qui dit que l’Europe refuse d’envisager une restructuration de la dette est mal informé. D’abord la restructuration de la dette grecque, elle a déjà eu lieu: en février 2012, les investisseurs privés ont laissé tomber pas moins de 100 milliards d’euros de dette grecque. Jamais dans l’histoire un pays n’avait bénéficié d’un tel geste de ses créanciers. Les créanciers privés ont perdu 75% de la valeur de leurs créances dans cette opération (avec les conséquences très lourdes qui s’en sont suivies pour les banques Chypriotes, et ailleurs dans l’UE, y compris en Belgique).
Ensuite, l’Eurogroupe a défini les termes d’une seconde restructuration en novembre 2012, pourvu que la Grèce implémente les réformes promises à l’époque. Si la Grèce tient ses engagements, elle bénéficiera automatiquement de cette seconde restructuration.
Le blocage n’est pas émotionnel. Il a peu à voir avec des raisons religieuses. Les Polonais et les Slovaques, plutôt catholiques, ne sont guère plus enclins que les Allemands et les Néerlandais à continuer à investir à fonds perdus dans un pays si réticent à se réformer. C’est d’abord et avant tout une question de justice et d’équité. La Grèce a promis une série de réformes, mais elle n’a pas tenu ses engagements. En outre, il me semble moralement discutable de récompenser une Grèce incapable de remplir ses engagements et sa part du contrat, continuer à déverser des dizaines de milliards d’euros dans ce tonneau des Danaïdes, alors qu’Espagnols, Portugais, Irlandais et Chypriotes n’ont bénéficié d’aucun allègement de leur dette et ont rempli la plupart de leurs engagements. Et que dire des autres pays pauvres de l’Union, plus pauvres que la Grèce, à qui on demande de faire des efforts supplémentaires pour renflouer les Grecs, plus riches et plus aisés qu’eux? Elle est où la justice?
Personne ne nie que la Grèce a fait des erreurs, erreurs graves mêmes lorsqu’il y fraude. Personne ne nie que la Grèce souffre d’un problème sérieux de corruption et d’évasion fiscale, problèmes qui exigent des réformes urgentes, dans ce domaine là comme dans beaucoup d’autres.
Le problème d’une politique d’ajustement basée sur un double volet de contraction fiscale et de réformes structurelles est que la contraction fiscale a des effets négatifs immédiats sur la demande alors que les réformes de structures n’ont des effets positifs sur la croissance qu’à beaucoup plus long terme. La Grèce a été très lente à appliquer les réformes qu’elle a promises, mais cela n’explique pas pourquoi elle a perdu 25 por-cent des son PIB en 4 ans.
Quant au niveau de sa dette, c’est vrai que c’est soutenable moyennant un niveau de croissance d’au moins 2 pour-cent, ce qui est peu, mais inatteignable sans stimulation de la deande….
Pour ce qui est votre affirmation que « jamais un pays n’ a bénéficié d’un tel geste de ses créanciers » , elle est curieuse: l’histoire est jonchée de tels exemples sur tous les continents…( voyez par ex. le Plan Dawes pour l’Allemagne pendant l’entre-deux-guerres, ou encore la suppression de la dette allemande en 1953).
Enfin, j’attire votre attention sur la recommendation faite par le FMI cette semaine que 30 por-cent de la dette grèque soit annulée….
Les exemples de remise de dette allemande que vous citez datent un peu et sont relatifs à une dette contractée dans une situation de guerre, et dont le caractère raisonnable (traité de Versailles) a été amplement débattu. Ici, la dette grecque s’est construite en temps de paix.
Quant au FMI, cela vaut la peine de lire le résumé de leur analyse:
https://www.imf.org/external/pubs/cat/longres.aspx?sk=43044.0
Ils disent clairement que la dette grecque aurait été soutenable si les Grecs avaient continué à appliquer le programme.
« By late summer 2014, with interest rates having declined further, it appeared that no further debt relief would have been needed under the November 2012 framework, if the program were to have been implemented as agreed. »
Et puis Tsipras est arrivé et a tout foutu en l’air. C’est un peu facile d’organiser son insolvabilité et puis d’aller demander une remise de dette… Bonjour l’aléa moral…
Enfin, le FMI dit que des haircuts ne seront nécessaires que si la Grèce continue à faire n’importe quoi. Si elle reprend les réformes, pas besoin de haircuts au sens strict (mais bien d’une certaine restructuration sous forme d’allongement des maturités).
Je vous ai cité l’exemple des dettes allemandes, mais j’aurais pu mentionner l’Argentine, le Mexique etc.
Quant à la distinction dette en temps de guerre vs dette en temps de paix, peu importe ( water under the bridge, if you prefer). Tout ce qui compte c’est de savoir si elle est soutenable ou pas et cela se laisse appréhender en fonction des charges d’intérêt et du taux de croissance économique, entre autres.
Quant à la restructuration de la dette, elle est la plupart du temps une forme cachée d’annulation ( p. ex. en allongeant l’échéance de dettes portant des taux très bas)
Oui c’est vrai: une restructuration équivaut très souvent à une perte de valeur pour les créanciers et donc à un forme d’annulation partielle. Mais politiquement parlant, la pilule est plus facile à faire passer qu’une annulation pure et dure qui dit son nom.
Subventionner les taux d’intérêt et prolonger les échéances à multiples reprises est déjà une preuve que la dette ne saura pas être remboursée. Mathématiquement c’est parfaitement équivalent à supprimer une partie de la dette. C’est un compromis à la con qui permet de Angela Merkel de ne pas perdre son visage en admettant que l’argent est perdu.
C’est vraiment dans le langage et l’histoire de l’Allemagne que se trouve la différence je pense. Depuis cinq ans, je suis cette affaire dans les médias germanophones francophones et anglophones. Les Allemands sont comme sur une autre planète, ils ne comprennent même pas de quoi ça parle quand on essaie de leur expliquer l’absurdité d’une stratégie d’austérité au plein milieu de la crise. Ils pensent presque uniquement dans les catégories du pécheur qui doit être puni pour accéder l’absolution. Et le mot Schuld est en effet révélateur:
« Ich bin schuldig » = je suis coupable
« Ich habe Schulden » = j’ai des dettes
Le problème avec cette approche est assez bien résumé ici:
http://www.huffingtonpost.com/2012/06/21/paul-krugman-europe-crisis_n_1616725.html
A long terme, des réformes sont indispensables. Mais ils ne montreront pas d’effet avant 10 ou 15 ans dans le scénario le plus optimiste. La question est donc si on veut refaire 10 ou 15 ans de bricolage politique de la même sorte qu’on a vu depuis 2010.
Ce n’est pas une question de justice, d’équité, de mérite ou de culpabilité parce que tous ces catégories font référence au passé. En économie, les coûts perdus du passé sont totalement irrelevants, ou du moins ils devraient l’être si on veut éviter de jetter du bon argent après le mauvais. Je pense que le Grexit est la seule option viable mais les raisons que vous invoqués ne me croisent même pas l’esprit dans cette réflexion.
Vous avez raison.
En termes économiques et financiers, je pense que le Grexit est inévitable.
En termes geo-politiques cependant ce serait un désastre, non seulement pour les Grecs, mais pour le monde: la Grèce, c’est la Métiterranée orientale, c.a.d le Moyen Orient, c’est aussi très près de la Mer Noire…
Le moment ne pouvait pas être plus mal choisi.
Si un Grexit implique une sortie de l’UE, alors je suis d’accord avec vous: géopolitiquement parlant, ce n’est pas une bonne affaire.
Mais je doute que la sortie de l’euro implique, au moins en pratique, une sortie de l’UE. Les juristes puristes ne seront sans doute pas d’accord avec moi, mais politiquement, je suis certain qu’il y aura une volonté des 28 Etats Membres de trouver une solution créative pour faire sortir la Grèce de l’euro sans l’exclure de l’UE.
Si nous avons un Grexit la semaine prochaine et une implosion du système bancaire grec, le chaos sera tel que la société grecque en sera complètement déstabilisée. L’UE parle déjà d’aides humanitaires pour couvrir les besoins les plus urgents… C’est incroyable que nous en soyons arrivés là. Vous croyez vraiment que les Grecs se sentiront encore membre de l’UE?
Je ne sais pas quel sera le sentiment des Grecs, mais le sentiment est une chose, et être membre de l’UE en est une autre. Qu’ils aiment l’UE ou pas, ils seront toujours obligés de se conformer à ses traités et à ses libertés fondamentales, sauf à les dénoncer. Et là, ils seront vraiment out.
Réduire le problème grec à un blocage allemand n’est pas correct. La plupart des Etats Membres partagent le point de vue allemand, et certains pays sont encore bien plus durs qu’eux (FI, NL, LV, PL, …), et tous ces pays ne sont pas germaniques et « protestants ». Il n’y a guère que la France et l’Italie à jouer le good cop et à brosser de temps à temps Tsipras dans le sens du poil…
Le problème est plus général que celui d’un blocage émotionnel sur le cas grec. Il est celui de la coordination des politiques d’ajustement au sein de l’eurozone.
Lorsqu’il y a un déséquilibre des balances commerciales entre membres de l’eurozone, la charge de l’ajustement doit en principe tomber autant sur les pays en excédent -via une stimulation de leur demande- que sur les pays en déficit-via une contraction de leur demande. Le problème est que les Allemands refusent catégoriquement de stimuler leur demande et que tout l’ajustement retombe sur les pays en déficit.
Stimuler la demande, mais comment? Une politique monétaire accomodante? Mais ce n’est plus la prérogative de la Bundesbank, c’est la BCE qui tire les ficelles. Et pour l’instant, avec ce qu’ils injectent comme liquidités dans le système et le niveau des taux, on ne peut pas dire qu’ils ne font pas tout ce qu’ils peuvent pour stimuler cette demande.
Les salaires? Mais à moins d’opter pour une planification centrale à la soviétique, le gouvernement n’a que peu de pouvoir dessus: un salaire, c’est la rencontre d’une offre et d’une demande. Il n’y a guère qu’au niveau des salaires minimums que le gouvernement a une marge de manœuvre, et ils les ont relevés il n’y a pas longtemps.
Et puis, quand bien même le gouvernement allemand aurait les moyens nécessaires pour relancer la demande intérieure, ce n’est pas ça qui va nécessairement détériorer la balance commerciale allemande… si tous les allemands continuent à acheter des produits et services allemands, on n’est pas plus avancé…
La balance commerciale, c’est une question de compétitivité. Difficile de demander aux Allemands d’être moins productifs… C’est un peu comme demander au premier de la classe de réfléchir un peu moins vite pour ne pas démoraliser ses petits camarades…
Protestante, l’Allemagne? Qu’en pensent des catholiques?
http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/du_jour/eglises-du-monde-allemagne/00061484
Répose à T de Launois 19.05
Stimulation de le demande par une relachement de la politique fiscale: baisse des impôts, augmentation de dépenses publiques.
Le budget allemand laisse beaucoup de marge pour cela et les opportunités dans l’économie réelle ne manquent pas, surtout en matière d’infrastrucures et d’investissements énergétiques.
C’est vrai que cela n’implique pas automatiquement une augmentation des importations allemandes, cet effet là sera d’autant plus important que l’on s’approche du niveau de plein-emploi allemand , ou que l’inflation allemande augmente. malheureusement, ce message a été communiqué « time and again » aux autorités allemandes, sans le moindre succès. Ils se trouvent en effet, comme vous dites, le meilleur élève de la classe. C’est LE déséquilibre fondamental au sein de la zone euro.
Cher tous,
Il est rare qu’un échange d’une telle qualité se fasse sur mon blog. Merci pour cela.
Parmi toutes vos contributions, je me sens le plus proche de celles de Kees. Question de génération, je pense.
@Tanguy, je répondrai que – bien entendu – ma chronique de 1500 signes pour M…Belgique, ne se voulait pas une analyse exhaustive des raisons de la crise actuelle. Il s’agit plutôt – telle une caricature de presse – d’un regard qui grossit « un » des aspects de la tragédie grecque.
Lequel? Celui qui empêche l’Allemagne de relancer sa demande au sein de la zone Euro (comme le pointe Kees) et de consentir à une restructuration de la dette grecque.
Mon propos n’est pas ici d’exonérer Syriza de sa responsabilité, mais bien de trouver une issue à une crise qui est « in fine » géo-politique (comme Kees le souligne, une fois encore, à bon escient).
Et bien sûr que l’Allemagne est AUSSI catholique. Et bien sûr que d’autres pays (Slovaquie, etc) sont tout aussi durs par rapport à la dette grecque. MAIS… Avec l’actuelle faiblesse de la France et la « superb isolation » du Royaume-Uni (pour de bonnes ou mauvaises raisons, là n’est pas la question), l’actuel cheffe de l’Union européenne en général – et de l’Eurogroupe en particulier – s’appelle Angela Merkel. Si demain l’Allemagne plaide pour une restructuration de la dette grecque, personne ne s’y opposera.
Une fois encore, je ne dis pas que tout cela est bien, moral, juste, etc… J’essaie de trouver a « feasible working solution ».
Ceci étant dit, je crains que, sauf miracle, nous allions vers le Grexit. Autant dire, vers l’inconnu.
Tout peut se passer fort calmement et être bénéfique pour tous. Mais avec l’actuel dévissage de la bourse chinoise et la guerre au Moyen-Orient, cela pourrait également annoncer les prémisses de ce que Gordon Brown a fait éviter au monde après la crise des subprimes. A l’inverse de ce que disait Churchill, non pas « the end of the beginning », mais cette fois « the beginning of the end ». J’espère sincèrement me que je dramatise, mais je ne puis exclure le pire. Pour rappel, de très éminents économistes m’ont glissé que, sans la garantie des états lors de la crise Lehman-Brothers (plan Brown-Sarkozy), nous étions à J-10 de l’apocalypse boursier. Aujourd’hui, les états européens n’ont plus de quoi garantir les dettes.
Bref, ‘wait and see… and pray’.
Sorry for turning your blog into a macro-economics seminar, Eric!
cheers
Kees
That’s what it’s all about, isn’t it, Kees? Take care and God bless.
L’Allemagne n’est pas opposée à une restructuration de la dette, mais elle exige que cette restructuration intervienne ex-post et non ex-ante, sur base de réformes correctement implémentées. Un âne ne butte pas deux fois sur la même pierre, et chat échaudé craint l’eau froide… Les institutions et les états-membres commencent à en avoir un peu marre de se faire prendre pour des c… En interne, l’exaspération est palpable.
Oui, le Grexit présente des risques. Et garder la Grèce présente aussi des risques. C’est un trade-off. A titre personnel, je pense que l’équilibre de la balance a changé de côté. On verra bien ce que les Grecs vont proposer. Wait and see… and pray, comme tu dis.
Je suis assez d’accord avec vous: les Allemands pourraient effectivement relâcher un peu leur contrainte budgétaire, en augmentant les investissements notamment. Mais il ne faut pas oublier qu’ils sont soumis, comme tous les autres membres de l’Union, au pacte de stabilité et de croissance, et notamment à l’objectif de 60% du ratio de dette publique. Or l’Allemagne atteignait 74.7% en 2014. Ils sont donc tenus de suivre une trajectoire les ramenant sous les 60% endéans un certain laps de temps. A défaut, la Commission se verrait obligée d’ouvrir une procédure pour déficit excessif… Je ne vous dis pas ce que cela constituerait comme signal envoyé à tous les autres états membres, si l’Allemagne prenait des libertés avec ce pacte de stabilité qu’elle défend si ardemment. Donc la marge de manoeuvre allemande est finalement assez limitée. Et puis, il faut bien qu’ils donnent le bon exemple, question de crédibilité…
« Chacun convient que les Grecs ont leur part de responsabilité dans ce marasme ». Il faut dire que les Grecs sont ENTIEREMENT responsables de ce qui leur arrive. C’est beau le socialisme.