Royaume-Uni – Le destin shakespearien de l’autre David

Alors que David Cameron s’installe pour 5 années de plus à Downing Street, depuis New-York – un autre David contemple la Grande-Bretagne en se posant des questions sur son avenir. David Miliband, frère aîné d’Ed, y dirige l’International Rescue Committee (IRC), une ONG reconnue internationalement.

Secrétaire au Foreign Office (ministre des affaires étrangères) sous le gouvernement de Gordon Brown, ce politicien charismatique et populaire qui avait 41 ans, était alors considéré comme le dauphin de Tony Blair. Lorsque Brown perdit l’élection et quitta la direction de son parti, David Miliband fut unanimement pressenti pour devenir chef de l’opposition. C’est en vue de cette perspective qu’il avait renoncé, quelques mois plus tôt, à diriger la diplomatie européenne, laissant la place à la timide lady Ashton. Mal lui en pris. Les syndicats virent d’un mauvais œil la perspective de voir une personnalité trop « blairiste » reprendre les rênes du Labour. Ils encouragèrent Ed, le jeune frère plus effacé, à entrer en campagne. Fort de leur soutien, l’éternel second battit son brillant frère en 2010 d’une courte marge – au terme d’une lutte fratricide digne d’une tragédie shakespearienne – et devint chef de l’opposition à sa place. L’aîné quitta le Shadow cabinet (équipe dirigeante de l’opposition), afin de ne pas apparaître comme un rival. En 2013, il démissionna également du parlement et entra dans l’action humanitaire. Lors de la récente campagne électorale, il soutint loyalement son cadet et jamais n’exprima publiquement d’aigreur

Aujourd’hui, c’est le jeune frère qui démissionne de la direction du Labour party, assumant avec dignité, l’entière responsabilité de la débâcle de son parti. Ce n’est pas vrai, bien sûr, même si beaucoup voient en son manque de charisme une des causes de son cuisant échec électoral. De là à rêver au retour du brillant frère évincé ? Dès le soir de l’élection, alors que les sondages à la sortie des urnes pointaient vers une large victoire conservatrice, la romancière JK Rowling – maman d’Harry Potter et soutien du parti – twittait : ‘I can’t be the only person currently obsessing over what’s going through David Miliband’s head, can I?’ L’intéressé ne répond pas et se contente pour l’instant d’inviter – toujours via twitter – à envisager une refonte du parti : ‘Deep and honest thinking required to rebuild progressive politics’. La suite au prochain épisode. Comme quoi, au Royaume-Uni, même sur la politique plane l’ombre de Shakespeare.

 

 

 

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