Ce vendredi 3 avril, est parue une carte blanche cosignée par Jean-Pascal Labille et votre serviteur, tous deux membres de la Fondation « Ceci n’est pas une crise ». Pour lire cette chronique, cliquez sur Pour ne pas en finir avec le « vivre-ensemble ».
Merci à la rédaction du Soir de nous offrir cet espace d’expression.
(texte également ci-dessous)
Pour ne pas en finir avec le «vivre-ensemble»
Jean-Pascal Labille (président) et Eric de Beukelaer, Fondation «Ceci n’est pas une crise»
Mis en ligne vendredi 3 avril 2015, 09h39
Réponse à la carte blanche « Pour en finir avec le vivre-ensemble ! », publiée le 26 mars dernier dans « Le Soir ».
L e vivre-ensemble – degré zéro de l’imagination politique – s’est imposé au cours de ces deux dernières décennies comme l’impératif de la pensée politique et culturelle. Conséquence de sociétés qui n’arrivent plus à se projeter dans l’avenir, le vivre-ensemble tient tant du concept fourre-tout, du prêt-à-penser minimaliste de la diversité que de l’incantation. »
Ainsi s’expriment Ismaël Saïdi et Michael Privot dans « Pour en finir avec le vivre-ensemble ! » – une carte blanche publiée ce 26 mars dans les colonnes du Soir. Plutôt que de chercher à délimiter un hypothétique socle du vivre-ensemble, ils proposent de s’investir dans un « faire-ensemble », relançant une action politique commune digne de ce nom.
Les deux jeunes intellectuels soulignent à juste titre qu’une société sans horizon humanisant s’atomise pour se transformer en une jungle, ayant la cupidité pour unique loi. C’est tout le drame d’une mondialisation trop exclusivement financière et d’un projet européen en souffrance. Comment cependant se projeter sur un quelconque horizon dans une société atomisée ? Ce qui nous ramène au « vivre-ensemble », concept socio-politique d’autant plus actuel qu’il est malmené.
Aucune région de notre planète n’échappe aujourd’hui à la tentation du repli sur soi, en réaction à une mondialisation vécue comme négation des identités : culture, langue, traditions, religion… Repli sous sa version hard et meurtrière (les guerres saintes au nom d’un idéal religieux, antireligieux, nationaliste…), ou sous une version plus soft et pacifique – mais non moins mortifère : celle d’une société momifiée en petits ghettos, séparant les « eux » des « nous ». Société ouverte ou société fermée – telle est l’alternative. Une identité féconde invite à s’ouvrir au monde, non pas à se replier sur sa tribu.
Manipulation du terme
À l’instar d’Ismaël Saïdi et Michael Privot, les signataires de la présente chronique assument chacun à leur façon une identité forte. Le fait de partager un commun idéal au sein de la fondation « Ceci n’est pas une crise » ne signifie pas pour autant qu’ils s’accordent sur tous les débats de société.
Le « vivre-ensemble » n’implique, en effet, nullement d’abandonner une part de son identité, mais bien de ne pas se replier sur celle-ci. Que d’aucuns manipulent ce terme de « vivre-ensemble » au gré d’un trouble agenda politique, n’est donc pas une raison pour en décrédibiliser la notion. Ecrire cela fait-il de nous des « prêtres de la bien-pensance », selon la formule fleurie d’Ismaël Saïdi et Michael Privot ? Peut-être. Nous assumons la bien-pensance au sens de « pensée adéquate au bien de l’homme ». Quant au terme de prêtre, il ne correspond qu’à l’identité d’un des deux signataires du présent billet. C’est déjà ça.
Article apparemment réservé aux seuls abonnés du « Soir », hélas.
Je viens de placer le texte. A bientôt Dominique.
Merci !