Ci-dessous, voici ma chronique, parue cette semaine en p.10 de M… Belgique. (Chronique rédigée avant le drame Charlie Hebdo.) Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:
«Pas en mon nom». Par ces mots, des musulmans britanniques mobilisèrent leurs coreligionnaires contre DAESH. Une campagne lancée sur les réseaux sociaux suite à l’assassinat de l’humanitaire anglais David Haines. Depuis, des centaines de milliers de tweets avec le mot-clé #NotInMyName ont été publiés. Pareille initiative ne fait pas l’unanimité. “Pourquoi m’assigne-t-on à condamner ces actes?” s’interroge suite au massacre chez Charlie Hebdo, Fateh Kimouche, fondateur du site musulman AlKanz : “Premièrement, de très nombreuses mosquées condamnent toute l’année durant le terrorisme, mais personne ne semble vouloir les entendre. Deuxièmement, j’aimerais rappeler que je n’ai rien fait moi. J’ai l’impression qu’une telle demande signifie que l’on me soupçonne d’être content. Elle témoigne aussi d’un regard de suspicion que l’on porte sur nous au quotidien. C’est pénible.” (La Libre, 9 janvier p.8)
Bien sûr que c’est pénible. Comparaison n’est pas raison, mais nombre de mes collègues prêtres et moi-même avons eu à supporter un regard de suspicion suite aux scandales de pédophilie. Encore très récemment sur la page Facebook d’un journaliste, un petit comique écrivit : « De Beukelaer et ses biscuits… fourrés! Ils devraient aussi penser à un centre International de désintoxication pédophilie ». Dois-je crier à la diffamation ? Non, par respect pour les victimes de la pédophilie, qui souffrent tellement plus. Et parce que la tentation de l’amalgame fait partie de la nature humaine. Je préfère donc rétorquer #NotInMyName. Amis musulmans, faites de même – pour l’amour de Dieu.
Bonjour mon Père,
Loin de moi l’idée de condamner les musulmans (même ceux qui ont commis ces atrocités), qui sont du point de vue chrétien autant nos frères que tous les autres (chrétiens divers, athées, agnostiques,…). Né dans une famille athée, je ne peux que comprendre leur recherche de sens, de valeurs qui soient autres que les tristes solutions matérialistes modernes (démarche par ailleurs totalement insobdable pour nos médias, incapables d’envisager d’autres horizons que celle de la « réussite » sociale : « ils sont méchants parce que pauvres). Néanmoins, et à défaut d’incriminer les individus, comment ne pas s’intéresser de manière posée, froide et rationelle sur l’Islam en lui-même, et sur le Coran en particulier?
Sauf erreur de ma part, ce dernier étant incréé, écrit de la main de Dieu indirectement, il est difficile de ne pas le prendre à la lettre (contrairement à la Bible, texte dit « inspiré », de l’ordre du témoignage, qui fait que la littéralité est difficilement envisageable ; cf. Benoît 16 : « le sens est à rechercher dans la symphonie des textes, et non dans leur monodie »). Et force est de constater que, même si certains passages prônent la miséricorde (en général, souvent pour les convertis…), la violence est loin d’être exclue pour la diffusion de la foi (« tuez-les tous, partout où vous les trouverez », « le meurtre vaut mieux que la subversion », « oeil pour oeil », etc.). Bref, en général on est loin du tendre l’autre joue, en priant pour nos persécuteurs. Par ailleurs, ce qui m’a choqué, par rapport à la doctrine catholique (« nous sommes tous des pécheurs en chemin »), c’est la dialectique purs/impurs, honnêtes/perfides, musulmans/mécréants. Enfin voilà, en curieux et sans animosité, je m’interroge, loin de la guimauve philosophique du « vivrensemble » proposée par les médias mainstream (« tout le monde il est beau »). Au plaisir de vous lire.
De nombreux musulmans professent que l’islam est une religion de paix et que les terroristes ne peuvent se réclamer du Coran pour justifier leurs actes.
J’ai parcouru le Coran (traduction de Kasimirski) pour me faire ma propre opinion et j’y ai trouvé quelques passages qui ne sont pas de nature à étayer cette thèse. En voici quelques-uns :
Sourate V
56 – O croyants ! Ne prenez point pour amis les juifs et les chrétiens ; ils sont amis les uns des autres. Celui qui les prend pour amis finira par leur ressembler et Dieu ne sera point le guide des pervers.
Sourate IX
29 – Faites la guerre à ceux qui ne croient pas en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son Apôtre ont défendu, et à ceux d’entre les hommes des Ecritures qui ne professent pas la vraie religion. Faites leur la guerre jusqu’à ce qu’ils payent le tribu de leurs propre mains et qu’ils soient soumis.
30 – Les juifs disent : Ozaïr est le fils de Dieu. Les chrétiens disent : Moïse est le fils de Dieu. Telles sont les paroles de leurs bouches ; elles ressemblent à celles des infidèles d’autrefois. Que Dieu leur fasse la guerre ! Qu’ils marchent à rebours !
Sourate XLI
25 – Les infidèles disent : N’écoutez pas la lecture du Coran, ou bien : Parlez haut pour couvrir la voix de ceux qui le lisent.
26 – Nous ferons subir aux infidèles un châtiment terrible.
27 – Nous rétribuerons avec usure leurs mauvaises actions.
28 – La récompense des ennemis de Dieu, c’est le feu ; il leur servira d’éternelle demeure, parce qu’ils ont nié nos miracles.
Sourate XLVII
4 – Quand vous rencontrerez les infidèles, tuez-les jusqu’à en faire un grand carnage, et serrez les entraves des captifs que vous aurez faits.
On m’objectera que l’on trouve dans le Coran d’autres commandements plus pacifiques que ceux-là mais c’est précisément là que réside le problème. On trouve dans le Coran tout et son contraire. Par comparaison, les Évangiles des chrétiens sont d’une limpidité aveuglante ; ils peuvent se résumer en ces quelques mots : « Aimez-vous les uns les autres ».
J’ai cherché en vain les mots « aimer » et « amour » dans le Coran. Je ne les ai pas trouvés.