« Talent caché – talent gâché » – 33e dimanche, Année A

«J’ai eu peur et je suis allé enfouir ton talent dans la terre» (Matthieu 25, 14-30)

La parabole des talents est bien connue. Et chacun s’étonne de la colère du maître. En effet, le serviteur qui n’a reçu qu’un seul talent (grosse somme tout de même) n’a rien fait de malhonnête. Il rend l’argent confié. Et pourtant, son patron le traite de « mauvais et paresseux ».

Pourquoi ? Parce que – plutôt que d’oser prendre des risques – cet homme a écouté sa peur et a caché le talent qu’il aurait pu faire fructifier. La somme d’argent vise ici nos potentialités. C’est d’ailleurs le sens que le mot « talent » a reçu dans le langage courant – suite à cette parabole.

Tous nous avons de reçu des talents. Certains plus que d’autres. Cela fait partie de la vie. Certains connaîtront l’échec. Dieu ne nous en voudra pas d’avoir essayé et échoué. La seule chose qui nous sera reprochée, c’est d’avoir caché nos talents par peur de rater. Talent caché – talent gâché.

9 réflexions sur « « Talent caché – talent gâché » – 33e dimanche, Année A »

  1. ils étaient 10 , 9 ont mis en valeur leurs talents…quel magnifique encouragement dans la négativité ambiante, si 9 sur 10 à travaillent à construire notre société, nous construirons la plus magnifique des civilisations possibles…pourquoi n’arrivons-nous pas à le croire?
    d’autre part, regardant en arrière dans ma propre histoire , je pense avoir gâché pas mal des talents qui me furent donnés , si vous me dîtes que non , je ne vous croirai pas tout-à-fait….et tout-au-fond de moi je me dis qu’il y a là quelque chose qui me dépasse , je préfère donc confier le tout à celui qui m’aime aujourd’hui comme hier et avant-hier ; celui qui m’a aidé et continue de m’aider à main forte, à bras levé à traverser la mer rouge vers ce qui est ma vérité à moi parmi ceux que j’aime et qui m’ont été (en partie) confiés . Béni soit-il dans les siècles des siècles. Amen

    1. ils n’étaient pas 10 , mais 3 : étrange mémoire…les 10 se trouvent dans Luc , pas dans Matthieu…étonnants , surprenants évangiles …car dans Luc (19,11-27)
      il est écrit au sujet de celui qui a eu peur… : « je te juge selon ta bouche, mauvais serviteur  »
      …et qui parle ainsi  » un homme bien né va dans un pays lointain pour recevoir la royauté et revenir  » , impressionnant ….

  2. saurais-je vous dire, vous expliquer et que l’on puisse comprendre ? merci de me le proposer, je vais essayer
    2 paraboles l’une chez Matthieu ,25,14-30 l’autre chez Luc 18 ,11-27
    elles se ressemblent mais en lisant au plus près elle diffèrent fort
    dans Luc « un homme bien né …..donne à 10 de ses serviteurs 10 « mines »
    dans Matthieu il s’agit d’un homme qui part du pays, il donne à l’un 5 talents, à un autre 2, à un autre 1
    mon commentaire 1er s’adresse donc aux 10 hommes qui font fructifier les mines qui leur sont confiées (dans l’évangile de Luc : chacun a reçu une mine -somme colossale, ne l’oublions pas -) parmi les 10 un seul a gardé sa mine déposée dans un linge « car j’avais peur de toi » dit-il, 1 sur 10 je trouve cela magnifique …cela veut dire qu’ils furent 9 sur 10 à chercher à mettre en valeur , à faire fructifier la mine reçue : cette parabole fait plaisir, elle a confiance en la débrouillardise, l’esprit d’initiative des serviteurs…aujourd’hui au XXe siècle pouvons-nous dire que 9 sur 10 vont essayer de faire fructifier ce qu’ils ont reçu ? alors que nos journaux sont remplis de tout ce qui se passe mal, de tout ce qui fonctionne mal dans nos pays et dans le monde ? lorsque je regarde ce que font nos enfants, ce que font nos proches, nos neveux , je me dis que oui 9 sur 10 œuvrent , travaillent, construisent notre monde chacun à sa manière , oui, ils sont des hommes et femmes actifs et engagés
    …dans l’évangile de ce dimanche, celui de Matthieu le maître appellent ses serviteurs (combien nous ne savons pas ) et suit ce que font 3 d’entre eux (Luc lui aussi n’avait suivi que 3 des serviteurs )
    Le maître donne à chacun selon ses capacités,les 2 1ers serviteurs font fructifier les talents reçus….le maître les louange : » bon et fidèle serviteur,en peu de choses tu as été fidèle ( oh là ce n’était guère en peu de choses, c’était en beaucoup, me semble-t-il)…. entre dans la joie de ton maître »(n’est-ce pas magnifique? la joie n’est-elle pas le bien le plus essentiel?)
    le jugement enfin de celui qui n’a rien entrepris
    « ….Aussi, pris de peur, je suis allé enfouir ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien. »
    Mais son maître lui répondit : «Serviteur mauvais et paresseux ! tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que je ramasse où je n’ai rien répandu ?
    Eh bien ! tu aurais dû placer mon argent chez les banquiers, et à mon retour j’aurais recouvré mon bien avec un intérêt »
    ce n’est pas tout
    « Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents.
    Car à tout homme qui a, l’on donnera et il aura du surplus ; mais à celui qui n’a pas, on enlèvera ce qu’il a.
    Et ce propre à rien de serviteur, jetez-le dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents. » »
    notre chère Église a souvent évité de nous transmettre la dureté du propos évangélique, je crois qu’il est venu le moment de les lire tout haut,
    les propos du Maître dans Luc rejoignent, eux, les meilleurs acquis de la psychanalyse la plus récente, ils me semblent tellement pertinents, tellement vrais, correspondant à ce qu’est la Vie sur notre terre
    « Je te juge, lui dit-il, sur tes propres paroles, mauvais serviteur. »Chouraqui traduit : « selon ta bouche »
    ce sont les pensées de notre coeur, l’expression des pensées les plus enfouies à l’intérieur de nous qui nous jugent bien plus qu’un Dieu tout puissant, qui n’est qu’une projection humaine. Lui Dieu est « Amour » il a à l’intérieur de nous sa demeure si nous l’accueillons

  3. @ Godelieve : Merci pour votre réponse et votre explication de votre premier texte. Non seulement Dieu est en nous, mais il nous demande de nous projeter « hors de nous » vers les autres, fort de son Amour…mais qu’il est difficile d’être chrétien…a + :-)

  4. Tout cela étant fort bien écrit, il reste toutefois à préciser, me semble-t-il, ce qu’est un talent.

    Il y a bien entendu les « talents naturels », ceux dont « dame nature » nous a dotés : notre corps et les diverses facultés qui en dépendent telles la force physique, la résistance aux maladies, la capacité d’adaptation, les perceptions sensorielles. Il y a aussi ce que saint Bernard appelle « les trois facultés de l’âme » : intelligence, volonté, mémoire. Tout cela reste imparfait dans cette vie et a en outre été distribué de façon inégale entre les hommes, faut-il le préciser ? Nous pouvons d’ailleurs en user pour faire le bien comme pour commettre le mal et nous pouvons même n’en rien faire !

    Certes, en utilisant ces dons, l’homme peut contribuer à la création. Il peut l’embellir, la rendre plus juste, la contempler comme un reflet de la gloire d’un créateur. C’est à cela que tous les hommes sont appelés par une loi morale inscrite au fond de leur cœur.

    Je gage toutefois qu’en racontant cette parabole, Jésus avait en vue d’autres talents : ceux que par pure grâce Dieu dépose dans le cœur des hommes pour qu’ils croient et espèrent en lui et surtout pour qu’ils l’aiment. Je veux parler des vertus théologales de foi, d’espérance et de charité. Ce sont les vrais talents du chrétien, reçus en germe au baptême et qu’il doit faire fructifier en menant une vie digne de ceux que Dieu a « prédestinés à reproduire l’image de son Fils » (Rm 8,29). Quand nous paraîtrons devant « le redoutable tribunal du Christ », il ne demandera pas à ceux qui se réclament de lui s’ils ont composé de la bonne musique en fonction des dispositions qui étaient les leurs, ni s’ils ont bien réfléchi au sens des choses s’ils avaient reçu le don de philosopher, ni s’ils ont réussi à être des gens équilibrés, bien dans leur peau. Il nous demandera : m’as-tu fais confiance jusqu’à abandonner tes propres projets et à renoncer à toi-même jusque dans ton propre corps ? As-tu attendu, dans la vigilance, ma venue dans ta vie de tous les jours, et au moment de ta mort, et à la fin des temps ? M’as-tu aimé tel que j’ai voulu être pour toi ou t’es-tu fabriqué une image de moi au travers de laquelle tu t’aimais toi-même ? As-tu cru m’aimer alors que tu n’aimais pas tes frères ou as-tu cru aimer tes frères alors que tu ne m’aimais pas ?

    Dieu ne se contente pas des miettes : il veut tout. Il veut le capital avec les intérêts. Sinon, il ne serait pas Dieu. Et nous ne pouvons en effet lui rendre grâce qu’en lui cédant tout ce qu’avec son aide et celle de l’Eglise, nous aurons réussi à faire de notre foi, de notre espérance et de notre charité, même si le plus souvent il s’agit de bien peu de chose.

  5. @ Pierre Libert : Dieu veut tout ? Non,Dieu nous demande tout…Là est la nuance entre une « volonté divine » et une exigence « divine »: c’est là l’espace de liberté…A chacun de nous d’y répondre en son « âme et conscience » et surtout dans sa contingence et par ses actes…Laissons à Dieu, ce jugement final, en « arrêt de cassation » diraient les Juristes…Il est plus important d’agir, au jour le jour, avec nos faiblesses et nos convictions…
    A + ?

  6. « intelligence, volonté, mémoire. Tout cela reste imparfait dans cette vie et a en outre été distribué de façon inégale entre les hommes, faut-il le préciser ?  »
    Oui cher Monsieur, car en ces domaines, comme ailleurs, y a t’il quelque chose de figé?

    Récemment, j’assistait à un exposé sur la philosophie, dans laquelle conférencier disait que d’après son expérience personnelle, une personne qui apprends à maîtriser ses passions, devient plus intelligente, car notre horizon intellectuel vient souvent du parasitage de notre esprit par nos passions et notre part animale, qui font obstacles à la prise de possession de ces facultés.
    Il disait, et je le crois, qu’il avait assisté à des floraisons dans le domaine de l’intelligence, lorsque les gens avaient trouvé un apaisement émotionnel.

    Je pense que dans les autres domaine, cela peut être vrai aussi.

    La vie palpitant en nous avec plus de richesse, il devient sans doute plus facile de sentir qu’elle provient d’un inconnu qui nous dépasse, l’abandon dont vous rappelez l’importance à juste titre je crois, me semblerait donc non déconnecté de nos capacités propres.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.