Philippe Lamberts dans La Libre de ce WE

Intéressante interview en pp.4-5 du quotidien bruxellois « La Libre » de notre compatriote Philippe Lamberts, actuel co-président du groupe parlementaire des Verts au parlement européen. L’homme se distingue souvent pas un regard audacieux et libre sur l’actualité. J’ai fait sa connaissance en 2006 lors des rencontres de Taizé à Bruxelles, auxquelles il collabora activement. Il n’est pas de mon ressort de commenter les parties plus partisanes de son interview, mais je voudrais m’arrêter à deux de ses interventions, aux portées plus philosophiques :

« L’exercice du pouvoir, même si ce pouvoir est limité, a quelque chose d’addictif. J’en ai fait l’expérience. J’ai fait l’objet d’une certaine attention médiatique lors de mon combat visant à limiter les bonus dans le secteur bancaire. Quand cette attention a disparu, j’ai ressenti un manque. Je pensais pourtant être prémuni contre cela. Pour moi, l’idée même d’avoir une classe politique est incompatible avec la démocratie. Cela veut dire qu’il y a des gens qui vivent de la politique et qui ne font que cela. Donc pour moi, oui, il faudrait pouvoir dire qu’on fait au maximum 2 voire 3 mandats, et puis basta. Il faut une limite dure dans le temps. »  Voilà une belle lucidité. Je pense comme Philippe Lamberts que la meilleure façon de résister à l’addiction du pouvoir et/ou de la médiatisation – est de comprendre qu’il n’épargne personne. D’où l’utilité d’instaurer des mandats, qui soient non-renouvelables après une série de répétition. Et cela ne vaut pas que pour les politiques. Quand j’ai achevé ma mission de porte-parole des évêques, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre de très nombreuses personnes me demander si je m’étais disputé avec eux. Était-il donc si difficile de comprendre que – après 9 années – il était temps de céder la place ?

« C’est simplement de dire qu’il faut concevoir le système sans croissance. (…) Avec de la croissance, le politique peut promettre quelque chose à tous ses électeurs. Le citoyen en bas de l’échelle aura 3 miettes en plus, celui qui est en haut aura un porte-avions en plus. Mais tout le monde a quelque chose. Dans un monde sans croissance économique, la question de l’égalité revient sur le devant de la scène politique. Et c’est une question délicate pour le monde politique. Parce qu’il faut parler de redistribution. » Ici, je nuancerais l’affirmation. Le besoin de croissance fait partie de la nature humaine, qui cherche le dépassement – comme l’illustre le monde du sport. Un monde « sans croissance » serait donc le signe d’une vie en stagnation. Cependant, il s’agit d’apprendre à ne plus calculer la croissance de façon aveuglément quantitative. Car dans ce cas, même les catastrophes sont bonnes pour le PNB – en ce qu’elles mettent en œuvre des services de secours, assurances, etc. C’est à un concept de croissance qualitative qu’il s’agit de tendre. Concept qui inclurait négativement tout ce qui appauvrit les ressources de la planète (« empreinte écologique » développée par le WWF) et positivement, ce qui permet une qualité d’humanisation plus grande.

4 réflexions sur « Philippe Lamberts dans La Libre de ce WE »

    1. Vous avez sans doute raison. Mais je me demande si je ne l’ai pas plus tôt rencontré lors de Bruxelles-Toussaint 2006. Ah, la mémoire… ;-)

      1. La mémoire, je connais :-) !
        j’ai un souvenir assez précis de cette merveilleuse rencontre car j’ai eu le privilège d’accueillir durant 4 mois une bénévole de Taizé ! Grande expérience et amitié durable …
        Pour la « durabilité » des mandats, je suis du même avis; je pense même que nos politiciens devraient être nommés pour une période déterminée, garder le droit de reprendre leur emploi précédent et être « défrayés » au lieu de « rémunérés »… cela donnerait à réfléchir aux ambitieux personnels …

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