Comment passer à côté de l’interview de ce jour, parue dans les colonnes du quotidien bruxellois « Le Soir » (p.4) du professeur Nathan Clumeck, pionnier de la lutte contre le sida, et chef de service honoraire des maladies infectieuses de l’hôpital St-Pierre à Bruxelles ? J’en cite ici le dernier paragraphe :
Question : les éléments de cette équation sont connus depuis mars. Pourquoi n’a-t-on rien fait ? N. Clumeck – Parce qu’on fonctionne dans le déni. Malgré l’expérience du passé. Ce qui change tout dans cette épidémie, c’est que le virus frappe en zone urbaine. Jusqu’ici, les épidémies d’Ebola avaient frappé des villages isolés. Ils implosaient et une personne sur dix parfois seulement survivait. Mais peut-on voir une ville comme Lagos, avec 20 millions d’habitants, évoluer vers une fin similaire ? Sommes-nous prêts à vivre avec cela ? Ou faut-il entrer en résilience, combattre tous ensemble ce péril ? Il est urgent que la planète s’unisse contre Ebola. On n’a que trop tardé. Il faut arrêter le déni face à cette épidémie qui n’est plus sous contrôle. Dépassons l’émotion et retroussons-nous les manches contre cette menace. Ce doit être la réponse coordonnée de l’être humain, de l’humanité, contre un virus qui veut le détruire. Sinon la panique va flamber et le virus gagner chaque jour. Il faut accepter aussi de dépenser de l’argent pour des systèmes de défense qui ne serviront peut-être jamais. Et revoir notre manière de nous développer et de consommer : si l’humain n’avait pas construit des villes monstrueuses, qui coagulent sans égouts, sans évacuation des déchets, à la place de la jungle, jamais le virus, qui y a vécu sans doute discrètement des centaines d’années, ne serait entré dans la ville…
J’apprends ce jour qu’une série de malades d’Ebola se sont évadés d’un hôpital du Liberia. Et si – par désir de survivre ou téléguidé par un réseau malintentionné – l’un d’entre eux se retrouvait en Europe, dans les rues d’une de nos brillantes capitales ? Alors, ce fléau lointain pourrait devenir bien autre chose qu’une rubrique catastrophe en ces mois de vacances. Déjà un Guinéen de 13 ans, atteint de fièvre, se trouve en quarantaine à Ostende. Ne l’oublions jamais – notre monde est devenu un village.
Les voies du Seigneur sont impénétrables .